wallon carrefour linguistique Europe
LI LANGUE WALONE, CRWÈJELANTE LINGWISTIKE DI L’EÛROPE
Le wallon, carrefour linguistique de l’Europe
Introduction à une étude comparative – Introdwîjadje
Plan
“This is a well-known phenomenon: all speakers of minority languages (in comparative terms!) tend to learn foreign languages more readily.”
Van Roey, directeur de l’Institut des Langues Vivantes
“L’ ensemble des dialectes wallons forme une unité linguistique d’ un ordre supérieur. On peut convenir d’ appeler cette unité langue wallonne ou wallon.”
Feller, Jules, Notes de dialectologie wallonne, 1912, Liège, p.8
En lisant le ‘Dictionnaire des formes analogues en 7 langues (latin, italien, espagnol, français, anglais, néerlandais et allemand)’ de Raymond Geysen (éd. Duculot, 1985), il appert que le français et l’anglais sont les langues de liaison entre toutes ces langues. Mais si l’on prend le temps d’insérer les formes wallonnes correspondantes, il semble que la langue wallonne est bien plus le trait d’union entre toutes ces langues, quant à la syntaxe, la sémantique, la morphologie et la phonologie.
INTERLINGUISTIQUE
Dans le cadre de la branche appelée pour la première fois ‘interlinguistique’ par le linguiste danois Otto Jespersen (1860-1943), une étude scientifique approfondie pourrait faire apparaître cette propriété extrinsèque de la langue wallonne utilisée par une population qui n’est d’ailleurs jamais restée refermée sur elle-même. De tous temps, les habitants de la partie wallonne du pays ont été en contact avec des personnes s’exprimant dans d’autres langues et naguère, à Gueuzaine (en wallon: Gueûzéne), près de Malmedy, on entendait encore les petites filles réciter des comptines trilingues (wallon, allemand, français) et les marchands de Bastogne se recommander en allemand à la clientèle du pays des “Tiche” (personnes de langue germanique).
LANGUES ROMANES ET GERMANIQUES
Parmi les premiers à faire entrer la langue wallonne dans la ‘cour des grands’,- car le wallon est une langue avec 27 traits phonologiques, 54 traits morphologiques et surtout … 115 traits syntaxiques différents du français -, Léon Warnant, professeur à l’ULG, arrivait à la conclusion suivante dans une étude très fournie intitulée “La constitution phonique du mot wallon” (1956):
“Nous pouvons, d’ autre part, confronter la fréquence des monosyllabes en wallon, en français en anglais et en allemand:
Wallon | Français | Anglais | Allemand |
18,8 % | 10,18 % | 13,63 % | 11 % |
Comme on le constate, le pourcentage propre au wallon est supérieur à celui de l’anglais, pour lequel on parle de tendance au monosyllabisme.” (p.138)
Un philologue wallon, Roger Viroux, pour sa part a constaté la richesse phonologique du wallon: on y trouve 43 sons et diphtongues, c’est-à-dire 7 de plus qu’en français: ex. en w.: trêze (13), mi (moi) (en anglais: until), tchôd (chaud), houbion (houblon) (le ‘h’ de ‘Honda’ en japonais), åbe (un arbre) (c’est le ‘å’ liégeois qu’on retrouve dans ‘Aarhus’, grande ville du Danemark), mohe (mouche en liégeois) (le ‘j’ de Juan en espagnol), walon (bilabial comme en anglais ‘wild’ (sauvage)), eûwe (eau en namurois), tchèrète (charrette) (comme en tchèque), djeu (jeu) (comme en italien ‘giocare’ (jouer)); le français en possède 2 qui sont inconnus en wallon: le ‘eu’ de beurre, et le ‘ou’ de oui.
A la lisière des contrées germaniques, pour toutes sortes de raisons économiques et politiques, le wallon a subi des influences de l’allemand et du néerlandais. Comme l’anglais est leur langue soeur, influencée par les langues romanes et parfois proche du picard (comme dans ‘car’ (auto) qui voulait dire ‘char’ (cf le “Câr d’Ôr” du folklore montois en borain)), il n’était pas difficile de trouver des ressemblances entre le wallon et cette dernière.
Pour tout un chacun, la partie la plus visible d’une langue est sa phonologie. Ainsi, on remarque qu’en début de mot, le wallon possède toutes les combinaisons existant en français, sauf ‘blw’ et ‘grw’ comme dans ‘Blois’ et ‘groin’, plus d’autres que l’on retrouve dans une, deux ou les trois langues germaniques voisines.
En voici quelques exemples, hormis des emprunts comme skate-board, …:
skr- | W scrèper | N – | E to scrape | D | F |
spl- | splinke | splijten | spleen | – | – |
spr- | spritchî | sprookje | spring | – | – |
str- | strinde | straat | street | – | – |
sk- | skèter | – | skating | – | – |
sl- | slaf | slapen | slang | – | – |
sm- | smiyî | smijten | small | – | – |
sn- | snazer | sneeuw | snake | – | – |
zw- | zwèper | zwart | – | – | – |
chl- | chlin | schlemiel | – | Schlange | – |
dj- | dji | – | judge | – | – |
tch- | tchèt | – | chicken | – | – |
skw- | skwêre | – | square | – | squame |
N.B. Comparés à ces langues, certaines combinaisons sont même typiquement wallonnes.
aon– | aonti: | humilier | strw- | strwèt: | étroit |
bj- | Bjin: | Vezin | zb- | sbassener: | gauler |
gngn- | gngno: | genou | zbr- | sbrogneté: | abîmé |
scl- | sclat: | éclat | zg- | sgoter: | égoutter |
spw- | spwè: | pic-vert | zgr- | sgrignî: | engueuler |
Dans les domaines de la morphologie, de la sémantique et de la syntaxe, voici quelques exemples présentant un certain intérêt pédagogique. Les cas présentés ici isolément peuvent parfois se retrouver dans plusieurs langues à la fois.
Le wallon ‘bîre’ donne en néerlandais ‘bier’. Le même son, alors qu’on dit ‘bière’ en français. De même le wallon ‘rosti’ se traduit par ‘roosteren’ en néerlandais, mais ‘rôtir’ en français. On retrouve les mêmes analogies dans le wallon ‘lèpe’, le néerlandais ‘lip’ alors que le français est ‘lèvre’. On dit en wallon du centre ‘ci meur-ci èst 10 mètes hôt’, en néerlandais ‘deze muur is 10 meter hoog’ mais en français, cela devient ‘ce mur a 10 mètres de haut’. Ou encore, en wallon de l’est, ‘nos-estîz nos deûs’ devient en néerlandais ‘we waren met ons beiden’ mais se dit en français ‘nous étions deux’.
En général, en anglais et en wallon, l’adjectif se place devant le nom auquel il se rattache. ‘A beautiful house’ donne en wallon du centre ‘one bèle maujone’, en wallon de l’est ‘ine bèle mohone’, et en français ‘une belle maison’. Mais on dira aussi en anglais ‘a white house’, en wallon du centre ‘one blanke maujone’, en wallon de l’est ‘ine blanke mohone’, tandis qu’on dit en français ‘une maison blanche’. Dans des combinaisons verbales telles que ‘to throw away’, le wallon du centre donne ‘taper èvôye’ quand on dit en français ‘jeter’. Ou encore ‘to brush away’ se traduit en wallon du centre ‘broucheter èvôye’ quand on dit en français ‘enlever avec un balai’.
En Allemagne, levez-vous ‘früh am Morgen’ (timpe au matin (tôt le matin)). Au marché, allez acheter un ‘Papagei’ (påpigåy (EW), perroquet), ne vous égarez pas (sich verlaufen, ‘su forlôper’ (EW)). Ici, ‘sie denken aneinander’, ‘chacun pense à l’autre’, ‘is pinsenut à n-on l’ôte’ (CW).
Au Grand-Duché de Luxembourg, vous aurez le ‘Allerséilendag’ le 2 novembre, ‘li djoû dès-âmes’ (le jour des morts). Vous pourrez y manger du ‘Kabes’ (cabus, chou), du ‘Stoffi’ (stofé, fromage blanc), des ‘Träipen’ (tripe, boudin), des ‘Porett’ (porète (EW), poireau) et une ‘Schalott (chalote, échalotte).
Les langues scandinaves ne doivent pas non plus être négligées.
Exemples:
WW | Français | Danois |
Norvégien (Bokmål) |
Suédois | Islandais |
djin ome |
homme (général) (opp. de femme) |
menneske mand |
menneske mann |
människa man |
maður karlmaður |
famile | famille | en familie | en familie | en familj | |
gordène | rideau | et gardin | ei/et gardin | en gardin | |
gade /t/ | chèvre | en ged | ei geit | en get | geit |
qwårt (EW) | quart | kvart | kvart | kvart | |
Il èst l’qwârt après 2. (EW) | … 2 h. quart. | … over 2 | … over 2 | … över 2 | … yfir 2 |
papî | et papir | et papir | pappír | ||
nut’ | nat | natt | natt | nótt |
De leur côté, les langues romanes présentent entre elles des simitudes car elles découlent du latin. Vu les formes de la conjugaison, du vocabulaire, il est même possible que le wallon en possède davantage avec le roumain, l’espagnol, l’italien, le portugais, voire le romanche, le corse, le catalan, l’occitan que le français. Nous serions donc plus ‘latins’ mais aussi plus ‘germains’ que les Français!
En Italie, le son /I/ (de ritche) existe aussi comme dans ‘Napoli, mi’. Attention si vous voyez une ‘vespa’ (en W: wèspe, F: guêpe)! Sur la RAI, vous pouvez regarder la ‘tappa’ (W: tape, F: étape) du Giro. A la fin de la course, vous entendrez un coureur s’écrier: “Sono stanco morto. (= W du Centre: Dji so scrans mwârt: je suis extrêmement fatigué). Pour l’essence, il vous faudra ‘una sosta DAL benzinaio’, ‘on-arèt DÉ L’pompisse‘, ‘un arrêt chez le pompiste’. En conjugaison, ‘venire’ au futur aura les formes ‘verrò, verrai, verrà’, en wallon: ‘dji vêrè, ti vêrès, i vêrè’ (CW), en français: ‘Je viendrai, tu viendras, il viendra’; au conditionnel, ‘verrei, verresti, …’, en w. ‘dji vêreu, ti vêreu, ..’, en F: ‘je viendrais, tu viendrais, …’.
Quelle fête choisirez-vous pour visiter l’Espagne? ‘Los Reyes’ (lès Rwès, la fête des Rois), la ‘Cuaresma’ (Cwarème, Carême) ou la ‘Pentecostes’ (Pintecosse, Pentecôte)? Vous y dégusterez du ‘conejo’ (conin, lapin), de la ‘sopa’ (sope, soupe). S’il fait trop chaud, vous achèterez ‘un sombrero DE papel’, ‘on tchapia D’papî’, ‘un chapeau en papier’. Quand un Wallon dira ‘Rind-me lès!’, un Espagnol répétera en disant ‘Devúelmelas’, un Français ‘Rends-les moi!’. Avant d’aller dormir dans votre appartement, n’oubliez pas de ‘cerrar’ (sèrer, fermer) la porte d’entrée à clé!
A Porto, les dates fonctionnent comme en wallon: 1 de Dezembro de 1640 (1 d’décimbe 1640). On y mange un ‘bocado’ (bokèt, morceau) de ‘carne’ (tchâr / tchau, viande). On aime bien de vous ‘mostrar’ (mostrer, montrer) des curiosités. On y entend des bourdons ‘zunir’ (zûner, bruire) pendant la sieste. A Lisbonne, si on vous indique le chemin qui conduit au Tage, vous pourrez demander ‘A que distância?’ (A qué distance?’ , ‘A quelle distance?’.
En Roumanie, désobéir, ne pas obéir, devient ‘a nu asculta’ (nin choûter’); déboucher ‘a destupa’ (distoper); studiu (stude, étude), etc.
Parmi les langues romanes moins répandues, on trouve même des rapprochements entre le wallon et le corse:
u melu | li mèlêye (EW) ou pomî | le pommier |
Noms de fleuves ou de rivières: gén. sans article (p.147): ex.: Golu: le Golo: cf Moûse (la Meuse), Oûte (l’Ourthe). | ||
Voli piova. | I vout ploûre. | Le temps est à la pluie |
u pugnu /u/ | li pougn | le poing |
N’oublions pas que, par rapport au français, le wallon se rapproche davantage du latin en bien des points, avec stramen – strin – paille, censa – cinse – ferme, malvitius – mauvi – merle, sororius – sorodje – beau-frère, rivus – ri (CW)/ rèw (EW) – ruisseau, in via – èvôye – en route, trectorium – traîtwè / trêteû – entonnoir, fasciare – fachî / fahî – emmaillotter, etc.
LES EMPRUNTS AU GREC ET AU LATIN : ORTHOGRAPHE ET PRONONCIATION
Il est intéressant de s’attarder sur l’orthographe des mots empruntés au vocabulaire gréco-latin dans les langues à travers l’Europe. On s’aperçoit que le wallon,- écrit dans l’orthographe commune appelée orthographe Feller (du nom de l’auteur Jules Feller qui établit les règles modernes de l’orthographe wallonne au début du 20e siècle) -, est bien souvent plus proche que le français de règles utilisées sur tous les continents.
Ainsi,
- le ‘ph’ en français va s’écrire ‘f’ comme dans ‘fosfori’ en finnois (phosphore), ‘asfalt’ en serbo-croate, ‘fizika’ en hongrois, ‘filosof’ en suédois, ‘alfabetisk’ en frison, ‘catastrofe’ en espagnol, ‘telefon’ en danois, ‘telefona’ en letton, ‘telefon’ en serbo-croate et en estonien
(= en wallon: fosfôre, asfal(t)e, fizike, filozofe, alfabètike, catastrofe, tèlèfone);
- ‘th’ va s’écrire ‘t’ en ‘aritmética, etnografia’ en portugais, ‘teologo’ en italien, ‘teater’ en danois, ‘metode’ en norvégien
(= aritmètike, ètnografîye, tèyologue, tèyâte, mètôde);
- ‘ch’ devant ‘r’ devient ‘c’ en italien et en espagnol: ‘crisantemo’, en roumain:
‘crestin’
( = crisantin.me (= sinte-catrine (OW)), crètyin (= crustin (EW));
- ‘y’ se transforme en ‘i’ en ‘anonim’ en turc, ‘analisi’ en italien
(= anonime, analise);
- ‘-tion’ /sj/ devient ‘-sjon’ (‘imitasjon, stasjon’) en norvégien, ‘-ción’ en espagnol (‘atención) (= imitâcion, stâcion, atincion);
- ‘x’ devient ‘ekstra’ en turc, ‘egzamin, egzotyczny en polonais, fikseerata en finnois (fixer en photographie) suivant la prononciation
(= èstra; ègzamin, ègzotike; ficser);
- des consonnes géminées en français s’écrivent avec une seule lettre ailleurs quand on n’en prononce qu’une: ‘alumeto’ en esperanto, ‘cigareta’ en tchèque, ‘túnel’ en espagnol et en italien
(= alumète (= brocale), cigarète, tunél);
- ‘rh’ devient ‘r’ en italien ‘reuma’ (= reûme: français: rhume);
- ‘-que’ devient ‘k’ en letton: banka (pank en estonien), att parkera (parquer) en suédois, å risikere (risquer) en norvégien; teknik en danois
(= banke, pârker, risker, tècnike); …
Les prononciations des mots empruntés dans ce pot commun et de bien d’autres mots présentent des rapprochements parfois surprenants.
La prononciation /ε/ pour la lettre ‘e’ (è en wallon) correspondant à ‘é’ en français dans les emprunts est très répandue dans toute l’Europe:
italien: aritmetica – aritmètike – arithmétique; teatro – tèyâte – théâtre; telefono – tèlèfone – téléphone; serbo-croate: akadèmija, akadèmik – acadèmîye, acadèmike – académie, académique; hongrois: reklam – rèclame – réclame; portugais: sistema – sistème- système; turc: ekonomi – èconomîye- économie; polonais: aerodynamica – aèrodinamike – aérodynamique; grec: telejerik – tèlèfèrike – téléphérique.
Le /j/ de liaison entre 2 voyelles: serbo-croate: vijadukt – vi(y)aduk; piyano, biyoloji en turc – piyanô, biyolojîye.
Le ‘eu’ (de deux; w.: eû): desertør (danois), möbler (suédois), direktør (en norvégien),
aktör, tractör (turc) – d’zârteû, meûbes, dirècteûr, acteûr, tracteûr.
Le ‘tch’ en letton, en lituanien, en italien, … comme en wallon ‘tchiminéye’ (cheminée); le ‘dj’ en hongrois ‘magiar’, en indonésien’Jakarta’ et en wallon ‘djus’ (jus), ‘djaurner’ (germer).
Le /lj/ dans ‘bataljun’ en serbo-croate, ‘biljart’ en néerlandais – batalion, biliârd au lieu de /j/ en français: bataillon, billard.
La consonne finale originelle disparaît dans ‘kontak, direk’ en turc – contak, dîrèk.
Le ‘s’ étymologique comme dans ‘kështjella’ (château) en albanais, ‘at feste’ (fêter) en danois – tchèstia / tchèstê, fièster.
Le ‘sp-, st-’ dans ‘spinaq’ (épinards) en albanais,’å studere’ en norvégien, ‘studiu’ (étude) en roumain, en grec ‘stomaci‘ (estomac): spinach, studyî, stude, stomak.
Le ‘sk-’ að skrifa (en islandais), at skrive (en danois), scriobham (en gaélique) – scrîre. Le ‘sb-’ comme en italien ‘sbagliare’, en gallois ‘Sbaen’ (Espagne) – en wallon, on a ‘sbârer’ (étonner).
Le ‘sg-’ comme en gallois: ‘sglefrio’ (patiner) – en wallon ‘sglite’ (traîneau).
La consonne finale change de prononciation.
L’islandais prononcera /d/ dans ‘dagur’ mais /t/ dans ‘öld’ comme en wallon ‘salade’ /t/, /b/ dans bati mais /p/ dans ‘lamb’ comme en wallon ‘mimbe’ (membre) /p/. Une ‘geit’ sera une chèvre (gade /t/) .
De même, en turc: metre küp (m³) et en polonais teraz /s/ (maintenant) (en wallon: bâser /z/, one bâse /s/), juz (avec un ‘z pointé’) /juch/: déjà (en wallon: ène caje (OW) /ch/) (cage de charbonnage)), en grec: ‘salata‘ et en russe “salat” pour le wallon salade.
Toujours à propos du de la langue russe, John Westbury, dans “The status of regressive voicing assimilation as a rule of Russian, Texas linguistic forum 1, 1975, p. 132” , a déclaré ce qui suit:
‘The basis phonetic facts which must be comprehended in any treatment of the voicing of obstruents in Russian are as follows: word-finally, all obstruents (regardless of whether they are paired or unpaired for voicing) appear phonetically voiceless.
Thus /sud/ ‘lax, court’, /suda/ genitive singular ® [sut] [suda]; /glaz/ ‘eye’, /glaza/ genitive singular[glas] [glaza] ; /pirog/ ‘pie’, /piroga/ genitive singular ® [pirok] [piroga].”
L’assimilation progressive
Des ressemblances se retrouvent notamment entre le polonais et le wallon:
‘lekcja czwarta’ [tchfarta] comme en wallon dans: ‘tchivia’ /v/ va devenir ‘li tch’via’ /f/ (cheveu), ‘tchivau’ ‘on tch’vau’ /f/; latwy /watfy/: facile. (Ce ‘l’ est normalement barré en polonais.)
La morphologie
Le préfixe ‘dis-’ se retrouve chez les descendants du latin dans ‘desmanchar’ ‘dismantchî’ (défaire, démonter) en portugais, ‘disfare’ en italien (défaire = w. disfé (OW: dèsfé)), ‘despojar’ (dépouiller = dispouyî) en espagnol, ‘dezgustator’ (dégoûtant = disgostant) en roumain.
La sémantique peut faire l’objet de comparaisons très intéressantes.
Ainsi, dans les langues scandinaves, on trouve une traduction différente pour les deux sens de base du mot ‘homme’comme en wallon (cf ci-dessus).
Savez-vous qu’il existe un mot se rapprochant de ‘crompîre’ (EW) en slovène (krompir) (pomme de terre), d’ ‘ârmonika’ (accordéon) en tchèque (harmonika), et de ‘papî’ (papier) en hongrois (papír)?
Idem pour la syntaxe. La suite ADJECTIF + NOM se retrouve aussi en russe et en serbo-croate, tels: crvene kuce: des maisons rouges; bogata zena: la femme riche (= dès rodjès maujones (CW), li ritche fème; …
Dans le cadre des recherches sur les universaux, la comparaison entre le wallon et d’autres langues non européennes vaut aussi la peine d’être étudiée.
N’a-t-on pas en arabe: b(i)troûkîmîyâ: pètrochimîye; j(ou)grâfîyâ: jèyografîye; en
indonésien: ‘gorden’: rideau (w.: gordène), ‘turis’: touriste (en w.: tourisse)?
En hébreu, hachana habaa ( = l’anéye qui vint) signifie l’année prochaine (littérzalement: ‘qui vient’) et l’article défini se contracte lorsqu’il est précédé de ceraines prépositions comme en wallon: C’èst po L’banke, avou L’min.me ome (= C’est pour LA banque, avec LE même homme). En indonésien, ‘fille’ se traduit soit par ‘puteri’ (fèye = opposé de fils) ou par ‘gadis’ (bauchèle) (opposé de garçon); en gaélique, l’accent se porte sur la première syllabe du mot (comme les toponymes wallons ‘Mîtchamp’ (Michamps au Luxembourg), et ‘Mâmedi’ (Malmedy dans la province de Liège).
Pionnier en interlinguistique, Michel Francard, professeur à l’UCL, s’est penché sur le phénomène de l’épenthèse vocalique dans quelques langues étrangères (Voyelles instables en wallon: proposition pour une approche globale, CILL 7 1981, 3-4: Dialectol. en Wallonie, p. 169-200).
D’abord en bourouchaski (p.191). Tandis qu’en proto-bourouchaski, on utilise *sqam (bleu-vert), on dira ‘isqàm’ (au Yasin) et ‘siqàm’ (au Hounza), un peu comme ‘scole – one sicole’ (CW); en hindi-ourdou: voyelle épenthétique -I- pour les mots empruntés à l’ anglais: ex: school — sikul (u barré); en kintandu (dial. kikongo (Congo)), en général, les voyelles épenthétiques I et u pour les mots empruntés au portugais, ex.: escada — kikaàla, escola — íkòòla, espelho — kipélo, cruz — kulùnsi, trombete — tulumbeéta.
En chinois, P. Kantor, dans “Le chinois sans peine” (ASSIMIL, T2, 1982, p.22) constate que “pour atténuer la force de certains verbes, on les répète:
“Ri zuo-zuo ba!” (Assieds-toi donc un peu!); “Kan-kan zhèige!” (Regarde un peu ça!);
“Ni shuo-shuo ba!” (Eh bien, vas-y, parle!)”.
En wallon, on atténue aussi certains adjectifs pour contredire les propos d’un locuteur:
– C’èsteut bia, ç’film-là! – Biabia! (CW) (- Ce film était beau! – Pas si beau que ça!)
Toujours en chinois, “le pronom relatif ‘où’, comme tous les pronoms relatifs français, se traduit en chinois par la particule DE”: (NB: il s’agit d’une particule de détermination) (p.212):
(- l’ endroit où je vais: …de … (= li place èwou-ce qui dj’va (CW) comme en fr.)
– là où j’ habite : … de … (= là wice-ce qui dji d’more (EW) aussi comme en fr.))
– les gens qui : … de … (= lès djins qui)
– la voiture que: … de … (= l’auto qui).
On retrouve en wallon et en mandarin le même mot pour traduire ‘qui’ et ‘que’ en français.
CONCLUSION
Encore naguère, les Wallons se faisaient punir à l’école quand ils parlaient wallon. Sous la torture psychique (la délation, la menace de corvées), ces jeunes enfants ont en majorité dû apprendre le français malheureusement au détriment de leur identité.
On peut parler à cet égard de linguicide, à distinguer du génocide, l’anéantissement physique d’un peuple. Ce mépris était dû notamment à une méconnaissance profonde du wallon de la part des enseignants et des dirigeants politiques.
Heureusement, ce temps est pratiquement révolu et comme ailleurs dans le monde, il est temps de passer au ‘reversing language shift’, où l’on voit des jeunes voulant s’exprimer plus librement et plus fièrement dans la langue du pays que les générations précédentes (au Pays de Galles, au Pays basque, en Catalogne, en Bretagne, chez les Maoris de Nouvelle-Zélande, les aborigènes d’Australie …).
Afin de promouvoir notre patrimoine wallon, il est grand temps d’évaluer le potentiel culturel et linguistique wallon non par l’étude de nos différences locales menée depuis plus d’un siècle, mais par la globalisation de nos traits d’identité. En d’autres termes, il s’agit de déterminer objectivement les composantes culturelles des Wallons à l’aide desquelles ils peuvent contribuer à l’enrichissement de notre civilisation occidentale.
Dans cette optique, la connaissance des atouts linguistiques du wallon, langue à part entière du point de vue scientifique, est primordiale notamment par la comparaison avec les langues environnantes et au-delà. L’étude comparée de la syntaxe, de la morpholo- gie, de la phonologie et de la sémantique au niveau synchronique dont on a présenté quelques extraits a abouti à la conclusion que le wallon est un carrefour linguistique incontournable en plein coeur de l’Europe occidentale avec l’anglais, entre les langues germaniques et romanes, deux des trois grands groupes linguistiques du continent.
Outre les formes communes au français, le wallon, c’est-à-dire les quatre dialectes pris sous la forme la moins francisée, possède des caractéristiques propres, partagées principalement avec les langues germaniques et les autres langues romanes et sporadiquement avec des langues plus éloignées comme le serbo-croate, le turc, sans oublier l’esperanto et le latin. Et souvent, cela nous mène plus loin que le stade du vocabulaire auquel on songe d’abord tout naturellement.
De l’“esposicione” italien (en wallon: èspôsicion) au “spinat” islandais (spinach en wallon du centre quand le français fait épinard), du “ desgostar ” portugais (disgoster en wallon) au “ biljar ” serbo-croate (biliârd en wallon) en passant par l’ auxiliaire ‘avoir’ au passé pour les verbes réfléchis en espagnol (‘siempre se han odiado’ devient en wallon de l’est ‘is s’ont tofèr hèyou’ alors qu’on dit en français ‘ils se sont toujours détestés’), l’Europe des langues semble s’ ouvrir aux jeunes Wallons si on leur donne l’occasion d’aviver leur soif de connaissances, de débloquer leur peur de parler autrement par la mise en lumière des rapprochements entre la “langue qui est le ciment de notre identité”, la “langue de notre accent ” et celles des peuples qui nous sont plus proches qu’on ne le croit.
Le mot de la fin
Dans le journal ‘Le Monde’, M. Ambroise-Rendu, un Occitan, écrivait:
“A ceux qu’effraient les expériences de bilinguisme, les occitanistes répondent qu’une bonne connaissance de la langue d’oc constitue la meilleure préparation qui soit à l’étude de toutes les langues latines. Qu’elle renforce la qualité du français plutôt qu’elle ne l’affaiblit.” (in: II La reconquête passe par l’école, Voyages en Occitanie, Le Monde, 16/3/77)
Pour nous, il s’agit de bien plus vu notre situation ‘géolinguistique’ centrale…
Johan VIROUX
Professeur
Remarques
EW = est-wallon / OW: ouest-wallon / SW: sud-wallon / CW: centre-wallon.
RÈSUMÉ È WALON
Li walon è-st-one langue qu’a 4 dialèkes avou 43 sons èt diftongues, ça vout dîre 7 dipus qu’è francès. S’on studîye li fonolojîye, li morfolojîye, li sèmantike èt l’sintacse do walon, èt s’on r’mèt tot ça avou lès langues autoû d’lèye, èt surtout l’francès, on s’aporçût qu’gn-a bran.mint d’pus d’difèrinces qu’on n’crwèt: 27 di bâse en fonolojîye, 54 en morfolojîye èt … 115 po l’sintacse sins compter lès moncias d’difèrinces di sins. On profèsseûr di l’ULG, Léon Warnant, a min.me trové qui l’walon aveut d’pus d’mots avou one sillâbe qui l’anglès!
L’intèrlingwistike, qu’a stî lancîye pa on Danwès, Otto Jespersen, pêrmèt èto d’vôy ci qu’raprotche li walon d’s-ôtès langues dipus qui l’francès. C’èst sûr,- èt l’histwêre li mostère bin -, qui l’walon, qui s’trouve tot près do néerlandès èt d’alemand, a stî influwincé pa cès langues-là. L’anglès, li grande soû jèrmanike, a dès traîts lingwistikes qui r’chonenut au walon.
Insi, en fonolojîye, au c’mincemint do mot, on trouve dès combinaîsons come en néèrlandès (sn-: snazer – sneeuw; zw-: zwèper – zwart; …), en-anglès (dj-: djurer – judge; skw-: skwêre – square; …) èt en-alemand (chl-: chlin – Schlange).
En morfolojîye, ‘rosti’ si dîrè ‘roosteren’ en néerlandès, ‘lèpe’ ‘lip’ po ‘rôtir’ èt ‘lèvre’ è francès. ‘Ci meur-ci èst 10 mètes hôt’, ‘deze muur is 10 meter hoog’,’ce mur a 10 mètres de haut’.
L’adjèctif qu’èst sû pau nom en-anglès n’èst nin one saqwè d’drole po lès Walons: ‘a red house’ èst bin ‘one rodje maujone’ (CW), ‘ine rodje mohone’ (EW). ‘To throw away’, c’èst nosse ‘taper èvôye’, ‘to brush away’, ‘broucheter èvôye’, …
On ‘chorsè’ à Bastogne (SW), ci sèrè ‘Schürze’ en-Alemagne (un tablier), ‘sie denken aneinander’, ‘is pinsenut à n-on l’ôte’, ‘chacun pense à l’autre’ (litèralemint: à l’un l’autre).
Do Grand-Duché à l’Islande, gn-a nosse mot ‘famile’ qui s’prononce tos costé avou l’son ‘l’. Lès langues scandinâves ont deûs difèrints mots po ‘homme’ è francès, come ‘man’ èt ‘mens’ en néèrlandès, ‘djin’ èt ‘ome’ è walon.
Lès langues romanes, bin sûr, come èles vègnenut do latin, si r’chonenut fwârt inte zèles èt, en waîtant l’ vocabulaîre, li conjugaîson, on pinsereut qu’li walon richone dipus au roumin, à l’èspagnol, à l’italyin, au portuguès èt dès pus p’titès langues come li corse, li catalan ou l’ocsitan, … qui l’francès. Nos sèrins pus latins (èt pus jèrmins) qu’lès Francès! Li latin, leû mére come li nosse, li walon n’s’ènn’a nin d’trop distatchî quand on vèt ‘sorodje’ (ou bia-frére) po sororius (beau-frère), ‘strin’ po stramen (paille), ‘fachî’ po fasciare (emmaillotter), …
Grâce à Jules Feller, li prèmî qu’a tûzé sérieûsemint à dès régues po scrîre li walon, noste ôrtografîye si raprotche di régues qu’on vèt tos costés dins l’monde. Insi, dins l’s-èpronts au grèk èt au latin, li ‘ph’ a stî remplacé pa ‘f’ en danwès, en-èspagnol,
en-èstonyin; ‘th’ pa ‘t’ en portuguès, en-italyin, en norvéjyin; ‘ch’ pa-d’vant ‘r’ pa ‘c’ en roumin, en italyin, … come dé nos-ôtes: tèlèfone, tèyâte, crétyin, …
Come è walon, li son ‘è’ si r’touve dins aritmetica en-italyin, aritmètike, è walon, … On dit ‘Sbaen’ (Èspagne) en galwès avou sb- au c’mincemint comme ‘sbârer’ dé nos.
On Russe prononcerè ‘salade’ come nos-ôtes avou on /t/ au d’bout; on-Islandès, ça n’lî chonerè nin drole qu’on dîye ‘malade’ avou /t/ pace qui li, i dit bin ‘öld’ avou /t/ mins ‘dagur’ avou /d/.
Foû d’l’Eûrope èt d’sès langues, gn-a dès fénomin.nes lingwistikes qui sont lès min.mes qu’è walon èt ça pout fé avancî li r’chêrche dins li stude dès-univèrsaus.
Po fini, i n’faut rovyî qu’on-z-a tapé l’walon à l’abat dès dîjin.nes d’anéyes d’asto. L’ensègnemint, en pûnichant lès cias qu’causin.n walon, èt l’politike s’ont mètu èchone po r’niyî l’walon. Asteûre, dins l’monde, on vèt on ‘reversing language shift’ qui mostère dès djon.nes prèt’s à disfinde leû langue èt leû culture pace qu’on l’zeû a mostré qu’èlles avin.n dè l’valeûr. C’è-st-à nosse toû d’présinter leûs vraîyès valeûrs po qui nos n’fuchanche jamaîs pus onteûs d’nos-ôtes!
EÛROPE
walon – langues romanes
walon – langues jèrmanikes
walon – langues cèltikes
walon – grèk
walon – langue finwèse
walon – langues slâves
walon – ôtès langues
walon – esperanto
ASÎYE
walon – indo-eûropèyin
walon – langues sèmitikes
walon – turk
walon – chinwès
walon – ôtès langues
AFRIKE
AMÈRIKE
OCÈYANÎYE
BIBLIYOGRÂFÎYE
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Arlon (Arel en arlonais1 et en allemandn 1) est une ville francophone de Belgique située en Wallonie. Il s’agit du chef-lieu de la province belge de Luxembourg, elle est également chef-lieu de son arrondissement administratif. L’ancienneté de la ville remonte à la période gallo-romaine. La langue luxembourgeoise y a longtemps été traditionnelle2,3. La ville est aujourd’hui un grand centre administratif et commercial dans la région. C’est l’agglomération la plus peuplée du Pays d’Arlon. Le secteur tertiaire, notamment l’enseignement, y développe ses activités (faculté universitaire et enseignement secondaire). Arlon (Arel en arlonais1 et en allemandn 1) est une ville francophone de Belgique située en Wallonie. Il s’agit du chef-lieu de la province belge de Luxembourg, elle est également chef-lieu de son arrondissement administratif. L’ancienneté de la ville remonte à la période gallo-romaine. La langue luxembourgeoise y a longtemps été traditionnelle2,3. La ville est aujourd’hui un grand centre administratif et commercial dans la région. C’est l’agglomération la plus peuplée du Pays d’Arlon. Le secteur tertiaire, notamment l’enseignement, y développe ses activités (faculté universitaire et enseignement secondaire). Arlon (Arel en arlonais1 et en allemandn 1) est une ville francophone de Belgique située en Wallonie. Il s’agit du chef-lieu de la province belge de Luxembourg, elle est également chef-lieu de son arrondissement administratif. L’ancienneté de la ville remonte à la période gallo-romaine. La langue luxembourgeoise y a longtemps été traditionnelle2,3. La ville est aujourd’hui un grand centre administratif et commercial dans la région. C’est l’agglomération la plus peuplée du Pays d’Arlon. Le secteur tertiaire, notamment l’enseignement, y développe ses activités (faculté universitaire et enseignement secondaire). Arlon (Arel en arlonais1 et en allemandn 1) est une ville francophone de Belgique située en Wallonie. Il s’agit du chef-lieu de la province belge de Luxembourg, elle est également chef-lieu de son arrondissement administratif. L’ancienneté de la ville remonte à la période gallo-romaine. La langue luxembourgeoise y a longtemps été traditionnelle2,3. La ville est aujourd’hui un grand centre administratif et commercial dans la région. C’est l’agglomération la plus peuplée du Pays d’Arlon. Le secteur tertiaire, notamment l’enseignement, y développe ses activités (faculté universitaire et enseignement secondaire).