ON.AYE
Onhaye
FOLKLÔRE
Folklore
Folklôre: pris dins on laudje sins / Folklore: pris au sens large
PLAN
1 Tradicions r’lijieûses / Traditions religieuses
1.1 Li Sint-Vauyî / La Saint-Walhère
1.2 Ôtès tradicions / Autres traditions
2 Ôtès tradicions
2.1 Lès fièsses / Les fêtes
2.2 Lès chîjes / Les soirées entre amis
2.3 Lès djeus / Les jeux
2.4 Di tot / Divers
1 Tradicions r’lijieûses / Traditions religieuses
1.1 Li Sint-Vauyî / La Saint-Walhère
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.149) La SAINT-WALHÈRE
L’origine de Saint-Walhère, son histoire et son culte ont été traités avec une profusion de détails et d’analyses historiques par Monsieur l’abbé Janus, dans son livre auquel nous faisons référence.
Nous jugeons donc opportun de n’en donner qu’un résumé succinct et de nous borner à évoquer des souvenirs anciens et une savoureuse anecdote, car la « dicauce » de Saint-Walhère a perdu maintenant le caractère folklorique qu’elle avait autrefois.
1 L’histoire et la légende de Saint-Walhère
Le martyr s’appelait Waller et non Walhère : ce dernier nom lui reste acquis par coutume de cinq siècles. Il est né vers 1128-1139 et tout porte à croire que son lieu d’origine est Bouvignes (voir croquis). Sitôt après son ordination, il devint vicaire du curé d’Onhaye, où sa présence est signalée dans la paroisse en 1160 et il lui succède comme curé en 1163.
En 1187 (ou avant), il est doyen de Florennes.
Saint Walhère mourut pour la justice, à Hastière, le 23 juin 1199, dans des circonstances qui méritent quelques explications. Walhère ne fut jamais curé à.Hastière ; mais alors pourquoi y est-il allé et y fut-il occis ? Monsieur l’abbé Janus croit qu’à la base de la scène, qui coûta la vie au curé, se trouve une longue et scandaleuse question d’intérêts et de prédominance qui divisa les moines de Waulsort et d’Hastière. Une violente querelle se produisit et le vicaire d’Hastière fut révoqué.
Devant ce scandale public, le bon et vertueux curé d’Onhaye, qui aimait ses voisins les moines, crut de son devoir d’user de son influence (p.150) pour persuader le vicaire de quitter son poste docilement et pour amener l’apaisement entre les deux parties. Il se rendit donc à Hastière-par-delà. Mal lui en prit : à Hastière, le parti-pris était trop acerbe et prêt à tout. D’autre part, Walhère fut, dans sa vertu, intransigeant sur les questions de principe, d’autorité, d’honneur, de justice enfin. Et c’est ainsi que pour avoir défendu « La Justice », Walhère subit à Hastière son glorieux martyre.
Par qui fut-il tué ? Evidemment par le vicaire d’Hastière, dont Monsieur l’abbé Janus pense qu’il s’appelait Francon et qui, selon Gilles Monin, rapportant des racontars, croit qu’il était le neveu de Walhère.
C’est donc pendant le passage de la Meuse, en barquette, que le saint fut tué ou blessé à coups de rame, puis jeté à l’eau. Ce crime se produisit au retour, à la nuit tombante, après la fameuse discussion au presbytère. Le corps ne fut retrouvé que le lendemain matin.
2 Le culte de Saint-Walhère
Ce culte se manifesta, dès le 24 juin 1199 au matin, lorsque des pêcheurs découvrirent, retenu par des ajoncs, le corps du martyr.
Selon la tradition populaire, on plaça le corps sur un chariot pour le conduire à Waulsort, mais les chevaux attelés refusèrent d’avancer et le chariot resta inébranlable. On attela alors au chariot deux génisses qui n’avaient jamais porté le joug et qui avaient été offertes par une veuve pieuse d’Onhaye. Aussitôt, les génisses, laissées sans guide, prirent la direction d’Onhaye et, selon la tradition locale, s’arrêtèrent là où fut élevée la chapelle Saint Walhère, à Bon Air, sur la grand’route Dinant-Philippeville.
Le joyau de l’histoire ecclésiastique d’Onhaye est Saint Walhère, qui est aussi un des saints les plus populaires du diocèse. On l’invoque principalement pour obtenir la guérison des maux et blessures de la tête (c’est à la tête qu’il fut frappé mortellement) et aussi la préservation et la guérison des maladies du bétail (ce sont deux génisses qui ont ramené son corps à Onhayé).
L’histoire ignore tout d’une canonisation proprement dite de l’ancien curé d’Onhaye. Selon Monsieur l’abbé Janus, Walhère fut qualifié de « Saint » parce qu’il fut vénéré comme « Martyr ».
3 Le pèlerinage
Le pèlerinage est l’événement sensationnel, chaque année, dans la paroisse d’Onhaye. Il a lieu le dimanche après le 24 juin. Les fidèles viennent de France, des Ardennes, de la Famenne, du Condroz, de l’Entre-Sambre et Meuse, du Brabant, du Hainaut, écrit Monsieur l’abbé Janus (p.154) qui, forcément, ne se souvient que des pèlerinages de l’immédiat après-guerre. Ils assistent à la grand’messe qui est chantée à 11 heures puis participent à la procession, derrière les cavaliers et la fanfare (la même remarque s’impose ici, car, dans notre jeunesse, il n’y avait ni cavalier, ni fanfare). Le cortège suit traditionnellement le même trajet : il fait halte devant la chapelle Saint Roch, puis devant celle de Bon Air, puis au « Grand Bon Dieu », calvaire encadré de cinq arbres séculaires (malheureusement abattus maintenant…), devant la chapelle de Notre Dame de Bonne Espérance et rentrent à l’église. Les étrangers se disputent l’honneur de porter, pendant quelques mètres, la châsse du saint ou sa statue. Ils terminent leurs pieux exercices à l’église, en se faisant imposer sur la tête, comme les habitants d’Onhaye, le reliquaire doré qu’ils baisent ensuite, sur l’améthyste qui l’orne.
D’autres précisions que notre jeunesse nous rappelle complètent nos remarques précédentes. Lors de cette procession, le cortège était précédé du reliquaire de saint Walhère, suivi d’habitants d’Onhaye qui, en deux rangées, portaient en main des luminaires qui, pendant le reste de l’année, étaient suspendus à des sortes d’archelles le long du mur de la petite nef droite de l’église.
Ils précédaient Monsieur le curé qui portait l’ostensoir, sous un dais soutenu par des Onhayois. Des chanteurs suivaient, la statue de la Vierge était portée par des jeunes filles d’Onhaye qui se relayaient et des Onhayois portaient des bannières.
Suivait ensuite un cortège formé de pèlerins et d’habitants d’Onhaye.
D’autres souvenirs nous reviennent de notre jeunesse.
Tout d’abord, le grand nombre de pèlerins qui arrivaient par le petit tram à vapeur qui s’arrêtait derrière la maison familiale à l’Abbye.
Le long de la route de l’Abbye à Bon Air, des camelots s’étaient installés et proposaient aux pèlerins des jeux de cartes truquées. D’autres fidèles arrivaient près de l’église en camions, parfois en autocars, rares à l’époque.
Ensuite, à l’arrêt de la procession à la chapelle saint Walhère, on « tirèt lès tchambes » derrière les maisons au sud de la place de Bon Air. Les « tchambes » étaient des tubes en fonte, orientés en oblique vers le sud du village. Elles étaient bourrées de poudre et faisaient un bruit de tonnerre. Que de souvenirs ont disparu !
Mais bien avant nous, le pèlerinage d’Onhaye avait un autre folklore.
Laissons notre cher oncle Marcel Noël relater ses souvenirs qui évoquent la personnalité de notre arrière-grand-père, en l’occurrence son grand-père, Sylvain Noël, qui habitait au Forbot, dans une petite maison derrière le « Grand Bon Dieu ».
(p.157) De mémoire d’homme, Onhaye n’a produit ni stratèges, ni célébrités, tout au plus quelques citoyens originaux.
Suivez-moi : l’histoire que je vous raconte se passe dans les années soixante du siècle dernier, elle touche à l’exploit…
A cette époque, à l’instar de ce qui existait dans d’autres communes de l’Entre-Sambre et Meuse, Onhaye avait sa compagnie de marcheurs, une trentaine de gars qui ne sortaient qu’aux grandes occasions, dont la plus importante, sans nul doute, était la fête de Saint-Walhère.
Parmi eux, il y avait cette année-là, mon grand-père paternel, Sylvain Noël, qui, à quelque six mois près, faillit vivre un siècle.
Imaginez la fièvre qui devait secouer ces valeureux guerriers à l’approche de l’événement.
Armés de vieilles pétoires, vestiges ou imitations de l’Empire, ils attendaient avec impatience le moment tant attendu de libérer le feu de leurs engins.
Leur mission principale : accompagner le Saint Sacrement pendant la procession et exécuter leur ballet lors des arrêts prévus aux trois chapelles du village ainsi qu’au lieu-dit : Au Grand Bon Dieu où était érigé un reposoir pour la circonstance.
A chaque halte, après l’Elévation suivie elle-même du Tantum ergo, la garde entrait en action et ses décharges allaient se perdre dans l’espace…
Cette année-là, à la chapelle de saint Walhère dans le haut du village, la cérémonie dérapa quelque peu. Au commandement « Feu », la charge du fusil de mon grand-père n’éclata pas. Fureur du grand Sylvain, comme on l’appelait, il se ressaisit, rechargea fébrilement son arme et à haute voix au milieu d’une assemblée recueillie, lança son fameux cri de guerre : « I faut qui t’ pètes, nom di D… »
Alors, seul et bien après les autres, il expédia sa charge de poudre en direction du soleil qui, ce jour-là, se trouvait au rendez-vous.
Cette apostrophe, non prévue au programme racontait-on, glaça la foule des fidèles. Elle frisait le sacrilège.
Mais il paraît qu’on lui pardonna facilement et on disait même que le curé, qui pourtant se trouvait en première loge, avait esquissé un sourire compatissant.
Longtemps, bien longtemps après cet incident fâcheux, on ironisait encore à ce sujet en disant lorsque quelque chose fonctionnait mal : « Ça va come li fusik do grand Silvin !
Remarques: hagiographie, iconographie de saint Walhère et patrimoine (s.r.)
23 juin / la Saint-Walhère (en langue wallonne: li Sint-Vauyî)
Hagiographie
Walhère vécut dans le courant du XIIe siècle; il serait originaire de Bouvignes. Il était curé de la paroisse d’Onhaye, sur la rive gauche de la Meuse. Au moment où il fut martyrisé, Walhère était doyen de la chrétienté de Florennes.
Dans le cadre de sa charge, il avait, entre autres, la surveillance des clercs séculiers de son doyenné. C’est ainsi que l’on explique que, le 23 juin 1199, il traversa la Meuse pour se rendre chez le vicaire de Hastière-par-delà, afin de lui faire des remarques sur sa conduite, semble-t-il peu conciliable avec l’état ecclésiastique. Ce que l’on ne dit pas c’est que, en traversant le fleuve, il passait du doyenné de Florennes, dans l’archidiaconé de Hainaut, au doyenné de Graide, dans l’archidiaconé de Famenne. Il sortait de sa juridiction et n’avait là, théoriquement, aucun droit sur les clercs de l’endroit. Certains ont expliqué qu’en fait le vicaire de Hastière était son neveu et que c’est paternellement qu’il venait lui faire des reproches. Lesquels? L’histoire ne le dit pas.
Le soir venu, le vicaire, irrité au plus haut point, reconduisit Walhère, en barque, de l’autre côté de la Meuse. Profitant de l’obscurité crépusculaire, il frappa mortellement Walhère avec une rame. Il jeta son corps dans la rivière et retourna chez lui.
Grâce à son intercession, en 1669, une mortalité importante du bétail de Marche fut stoppée net après que les Marchois, conduits par leur vicaire, se rendirent, sur le conseil de l’abbé de Saint-Hubert, en pèlerinage à son tombeau, à Onhaye.
Saint Walhère est honoré dans de nombreuses localités qui relevaient autrefois du doyenné de Graide (Villance, Redu, Bellevaux…), ainsi qu’à Tintigny qui possède depuis 1754 une parcelle du crâne de saint Walhère, et à Sesselich (Wolkrange). A Tintigny, saint Walhère, appelé aussi « sint Vauyî », est fêté le dimanche, jour de la « petite fête », précédant le premier lundi de juillet. Une messe à saint Walhère est célébrée le lundi; les fidèles baisent la relique à toutes les messes, du samedi au lundi.
Iconographie
Saint Walhère est représenté vêtu de la soutane, portant un surplis et une étole, la tête couverte de la barrette. Une vache est habituellement couchée à ses pieds et il tient, comme à Tintigny par exemple, une rame qui rappelle la manière dont il fut assassiné.
Patrimoine
XVIIIe siècle:
– statue en bois polychrome, vers 1733, église de l’Assomption à Tintigny;
– statue en bois polychrome, chapelle Saint-Rombaut à Sesselich;
– scènes de la vie de saint Walhère sur le trône d’exposition de l’autel lat. N, chêne église de l’Assomption à Tintigny;
– reliquaire, église de l’Assomption à Tintigny.
XIXe siècle :
– cloche nommée Walhère, par les ateliers Causard de Tellin, église de l’Assomption à Tintigny.
XXe siècle :
- vitrail, 1924, église de l’Assomption à Tintigny.
(VA, 22/08/1986)
On.aye èt l' Sint-Vauyî / Onhaye et la Saint-Walhère
(VA, 22/08/1986)
(in: Les Cahiers Wallons, 2002)
drapelèt d’ pèlèrinadje / ‘drapelet’ de pèlerinage
(2015)
On.aye (Onhaye) - li fî da sint Vauyî (la châsse de saint Walhère)
On.aye (Onaye) - programe do pèlèrinadje à sint Vauyî (programme du pèlerinage à saint Walhère)
(2009)
(2013)
Li Confrèrîye "Li Crochon" (La confrérie "Li Crochon")
(2009)
Li porcèssion / La procession
(anéyes 1970 ou 1980 / années 1970 ou 1980) (s.r.)
1.2 Ôtès tradicions r’lijieûses / Autres traditions religieuses
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.127) A la Chandeleur, on partait pour l’église avec des cierges et des bougies qui étaient bénites par Monsieur le Curé. Ensuite, on les ramenait à la maison car ces objets avaient, selon la coutume, le don de protéger contre les orages. Et quand il y avait un orage violent et qu’un éclair tombait, l’électricité était coupée pendant quelques heures. Il fallait en effet avertir le cabinier qui habitait Waulsort et lui laisser le temps de venir à la cabine au Forbot (elle n’existe plus) pour rétablir le courant électrique. (…)
Le mercredi des cendres, les pratiquants allaient à l’église et se faisaient apposer sur le front, par Monsieur le Curé, une croix faite avec de la cendre de buis qu’ils veillaient à ne pas effacer.
Et puis arrivait bientôt le dimanche des Rameaux et sa coutume. Le vendredi ou le samedi précédent, les enfants de chœurs descendaient avec leurs couperets la route d’Hastière. Là, sur un coteau dominant la route, il y avait un endroit rempli de buis dont ils coupaient des branches qu’il ramenaient à l’église. Le dimanche des Rameaux, Monsieur le Curé bénissait le buis et chacun en emportait quelques brindilles dont certaines étaient disposées sur les tombes des morts de la famille. Les autres étaient ramenées à la maison et disposées un peu partout et notamment dans des petits bénitiers et sur des Christ en cuivre, d’autres enfin étaient placées dans les étables et les écuries.
(p.128) Avec le Jeudi Saint, on assistait au départ des cloches pour Rome. Les enfants de chœur remisaient leurs clochettes et utilisaient des crécelles pendant les offices.
Le Vendredi Saint, Monsieur le curé bénissait de l’eau et les enfants de chœur, munis de cruches et de seaux, allaient en distribuer de porte en porte, moyennant dringuelle et ce jusqu’aux fermes les plus éloignées, dont celle de Melin. Avec leur cagnotte ainsi constituée, certains en profitaient pour acheter et fumer leur première cigarette…
Avec le Samedi Saint, on peut considérer que le printemps était revenu. La veille, les mamans avaient acheté quelques œufs en chocolat et surtout teint en diverses couleurs des œufs cuits durs. Le samedi, tôt le matin, elles allaient les dissimuler dans des recoins du jardin. Et ensuite, c’était la joie : celle des enfants cherchant les petits trésors cachés et celle des parents heureux d’assister à cette recherche.
Des « tautes » avaient aussi été préparées et cuites soit dans le four, soit chez Monsieur Xavier Pirson, en vue de la fête de Pâques, qui marquait le renouveau, l’annonce du beau temps.
Pendant les vacances de Pâques, les cinsis et cultivateurs tondaient les haies d’épines, nombreuses à l’époque, et les branches coupées étaient ensuite brûlées. Ils procédaient aussi à la réparation des clôtures des prairies : les pieux en bois abîmés ou cassés étaient remplacés par des nouveaux. Ceux-ci, dont un bout avait été effilé à la hachette, étaient enfouis en terre à coup de grosse masse marqués de « hans » d’efforts. Les fils de fer barbelés étaient aussi vérifiés et éventuellement remplacés. Chez nous, c’est au « pré Sizaire » dont une partie est boisée, que nous allions préparer les pieux, après avoir abattu quelques troncs d’arbres. En plus des pieux, on sciait des morceaux de bois qui servaient à alimenter la plate-buse et, avec les petits bois, on confectionnait des fagots. Ceux qui ne possédaient pas de bois dans leur propriété, pouvaient, moyennant prix avantageux, acheter un morceau de taille dans un bois communal, comme c’était le cas en descendant vers Hastière.
Le 10 avril à l’Adoration, la coutume établie exigeait que les cinsîs et les cultivateurs sortent le bétail des étables pour le conduire en prairie. Sentant l’herbe fraîche, les vaches et les veaux sortaient en courant et en meuglant, guidés par les membres de la famille et ramenés à l’ordre par le chien bâtard.
Quand quelqu’un était mourant dans une famille, on envoyait une personne prévenir Monsieur le curé. Celui-ci, accompagné d’un enfant de chœur agitant une sonnette et portant la croix, venait alors administrer les derniers sacrements et l’extrême-onction. Tous ceux qui assistaient à son passage mettaient un genou par terre et faisaient le signe de croix. Lorsque (p.129) la mort était survenue, une femme allait de porte en porte annoncer le décès ainsi que le jour et l’heure de l’enterrement. A la maison du défunt, les volets étaient fermés et on faisait la veillée du mort. Du café avait été préparé mais aussi une bouteille de pèkèt. Et la veillée mortuaire n’était pas toujours triste. Le dimanche suivant les obsèques avait lieu un chemin de croix.
Avec le mois de mai, arrivait le mois de Marie. Chaque soir, il y avait un salut à l’église d’où partait une petite procession, animée par le chant « Ave, Ave Maria » allant à la petite chapelle consacrée à la Vierge, située au carrefour au-delà de la ferme d’ à l’ Sicaye.
Roger Tabareux (Somêre / Sommière)
Vèpes di Tossint
Dispû todi, l’ djoû do l’ Tossint,
Tot l’ monde faît r’comandè sès djins.
On va trouvè Mossieû l’ Curè
Qui scrît leûs noms su’ l’ nwâr biyèt.
Aus Vèpes dès mwarts, tos l’s-ans dj’ î r’va
Èt dj’ choûte voltî tos cès noms-là.
I m’ chone qui dj’ riveu leûs noms-là.
I m’ chone qui dj’ riveu leû visadje
Èt qu’ dj’è tind co tos leûs mèssadjes.
I gn-a brâmint o « Grand Pachis »
Qui n’ont pont d’ crwès èt qu’ sont rovyis.
Si on n’ lès fait pus r’comandè
Causez por zèls au vî Bon Diè.
Li Sint-Èlwè (la Saint-Eloi)
(VA, 22/11/2013)
Li Noyè / Noël - crèpe à Miavôye / crêche à Miavoye
(décimbe / décembre 2013)
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
Noël arrivait. Pas de sapin illuminé et garni comme maintenant. Simplement un bon repas le soir avec des cougnous avant d’aller à la Messe de Minuit d’où on revenait pour aller dormir car le lendemain, les cultivateurs devaient se lever tôt.
Lès batèmes / Les baptêmes
(batème da / baptême de Thomas Duval en 1986)
1.2 Ôtès tradicions / Autres traditions
1.2.1 Lès fièsses / Les fêtes
Li grand feu / Le grand feu
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.127) Le mardi-gras, déjà pour chasser l’hiver, selon une coutume d’origine païenne, on faisait le Grand Feu, avec un amas de paille et de bois. Dans notre jeunesse, cette coutume n’existait plus au niveau du village, mais nous nous souvenons que de petits feux étaient allumés ici et là.
li grand feu à On.aye / le grand feu à Onhaye
(VA, 23/02/2009; 24/02/2010; 22/02/2012)
Falayin - reuwe do Grand Feu / rue du Grand Feu
Li dicauce / La kermesse
Li dicauce / La kermesse
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.158) Festivités et folklore
Pour la « dicauce », on préparait dans pratiquement chaque maison une trentaine de « tautes ». Il y en avait d’abord une que l’on portait au curé ; deux ou trois étaient distribuées à des parents ou amis qui, selon la tradition, ne pouvaient pas en faire parce qu’un deuil les avait frappés. Les autres restaient à la maison, non seulement pour la consommation familiale, mais aussi pour être dégustées avec des parents ou amis venus au pèlerinage.
A la maison familiale, c’étaient marraine Juliette et maman qui s’occupaient de cette opération. Pendant que l’une pétrissait la pâte, l’autre faisait chauffer le four ; les briques blanchissaient, les flammes léchaient les parois formant une auréole rouge et noire dans le « fournil ». Elles avaient d’ailleurs soin de l’alimenter avec du bois très sec qui flambait comme des allumettes et « pétait » presque sans fumée. Pendant que le four chauffait, elles s’y mettaient à deux pour découper la pâte en petits « bokêts », dont elles garnissaient le fond des formes à « tautes ». Elles les recouvraient ensuite de pommes et de prunes, qui avaient séché dans le grenier, de riz, d’une préparation de sucre, d’œufs et de crème et enfin d’abricots qu’on achetait en boîtes de 5 kg dans les magasins du village.
Le four était alors bien blanc, chauffé à point. Il n’y avait plus qu’à racler les braises avec un « rauve », puis à brosser soigneusement les briques chaudes avec un « ramon ». Malheur à l’homme ou à l’enfant qui, à ce moment, se serait avisé d’ouvrir la porte du « fournil » risquant ainsi de refroidir le four ou la pâte !
Les « tôtes » étaient alors enfournées une à une, le four refermé et on attendait. Ah ! mes amis ! Quelle délicieuse odeur des tautes en cuisson : effluves embaumés de fruits, de sucre et de pâte…
Plus tard, la préparation et la surveillance des fours étant sans doute jugées trop longues, on portait à cuire chez le boulanger Xavier Pirson les « tautes » confectionnées.
Au printemps, les jeunes se choisissaient, parmi les célibataires mâles, 3 « chefs de jeunesse » dont un chef principal (André fut chef de jeunesse après la guerre 1940-45). C’est à eux que reviendra la responsabilité de prendre contact avec les forains et leurs carrousels, stands de tir, balançoires, friteries et, plus tard, un « auto-scooter » et de prévoir leurs emplacements à Bon Air et en bordure du « batî ».
C’est pendant la « dicauce » que les enfants achetaient non seulement des pistolets à bouchon ou à ressort, mais aussi des « mirlitons ». Ceux-ci étaient une forme de petite flûte dont on pouvait moduler les sons en bouchant avec un doigt — partiellement ou totalement — un orifice, sur la partie supérieure, muni d’une membrane vibrante. Quand celle-ci était (p.160)
abîmée, on la remplaçait tout simplement par un morceau de papier à cigarettes.
C’est aussi aux « Maîtres de jeunesse » qu’incombait l’organisation des festivités.
Quant aux « commères », elles se réunissaient pour préparer les cocardes, pliées en V, à la pointe desquelles était piquée une épingle. Le jour du pèlerinage, les « maîtres de jeunesse » épingleront ces cocardes, de gré ou de force, sur tous les habitants et pèlerins, moyennant une « dringuelle », dont la recette permettra de préparer les festivités de l’année suivante.
Quelques jours auparavant, les jeunes gens auront été couper dans les bois des « maies », qu’ils iront planter des deux côtés de la route que suivra le cortège, ainsi qu’autour des arrêts de celui-ci.
La veille, les « commères » auront coupé la tête des fleurs dans les jardins et le dimanche matin, elles iront en répandre les pétales sur le chemin de la procession.
Au cours de la « dicauce », se faisait la fameuse « passée aux tortias », sorte de vente aux enchères des « tautes » offertes par les habitants d’Onhaye. La tradition voulait que le Curé de la paroisse acquière le premier « tortia ». Les obtenteurs des autres les distribuaient aux nombreux pauvres présents. La recette de la « passée » servait à payer les honoraires des grand’messes de « Jeunesse » et des « Trépassés », chantées les lendemains et surlendemains.
Le lundi, jour de la « Jeunesse », étaient organisées des festivités réservées aux jeunes. Il y avait des courses à pied sur la route de Philippeville et des courses à vélo pour amateurs. Mais il existait un jeu étonnant et qui a disparu : le « Jeu du Tonneau ». Un tonneau, couvercle supérieur enlevé, était suspendu à sa partie supérieure par un câble tendu entre la maison de Monsieur Davin et la cabine électrique — qui n’existe plus — à l’entrée du Forbot. Ensuite, il était rempli d’eau. Plusieurs charrettes étaient alignées, attendant leur tour de joute. Sur chacune d’elles, un jeune homme, solidement planté sur les jambes, tenait en main un long manche en bois. La charrette était tirée par un autre jeune homme qui accélérait sa course pour passer sous le tonneau. L’habileté, pour le porteur de la lance, était d’abord de la ficher dans le bas du tonneau, de manière à ce que celui-ci se retourne, se vidant de son contenu, et, ensuite d’éviter que l’eau ne lui tombe sur le corps.
Si ces festivités se passaient dans le haut du village, d’autres se déroulaient dans le bas, près de l’église. On y pratiquait notamment deux courses :
(p.161) — la « course au sac » : les jeunes gens, les jambes enfouies dans un grand sac de jute, dont ils tenaient le haut par les mains, devaient en sautillant atteindre une ligne d’arrivée.
Mais que de chutes émaillaient la course !
— la « course au plateau » : portant sur le plat de la main un plateau chargé de verres de bière ou d’eau, les concurrents devaient marcher ou trottiner le plus vite possible pour atteindre la ligne d’arrivée, sans laisser tomber ni le plateau ni aucun verre.
Mais vous pensez bien qu’il y en avait des verres cassés !
Pendant les soirées et les nuits du dimanche et du lundi, les jeunes d’Onhaye et des alentours dansaient, dans les cafés du village, au son d’un accordéon parfois accompagné d’une batterie. Les mêmes festivités se déroulaient dans les villages environnants. Mais nous n’avons jamais pu y participer (sauf après la guerre), soit à cause de la sévérité de nos parents (qui pourtant en avaient profité dans leur jeunesse), soit aussi parce que la Saint-Walhère coïncidait avec la préparation de nos examens de fin d’année au collège de Bellevue et parce que, de son côté, André était trop jeune encore.
Notre grand-mère, Juliette Frérotte, qui était une « joyeuse commère », nous a raconté que, dans sa jeunesse, les danses étaient bien différentes et pour elle, plus gaies. Il y avait la polka, la mazurka, la valse évidemment, mais aussi le quadrille des lanciers. Elle s’en donnait à cœur joie à Bon Air… peut-être pas avec « parrain Zande » qui, selon elle, « ni saveut nin dansè ». Cela ne les a pas empêchés de former un couple exemplaire, marraine, couturière à Dinant et parrain, garde-chasse assermenté à Freyr et Melin.
Nous nous rappelons que notre oncle, Marcel Noël, très habile cavalier, fit à la Saint-Walhère, dans les années 1930, une étonnante démonstration de ses talents. Dans une tente, à Bon Air, il y avait un manège. Et ne voilà-t-il pas que l’oncle Marcel saute sur deux chevaux, dont il tenait la bride d’une main, et se met à faire plusieurs tours du manège au galop, un pied sur chaque cheval. Quel joyeux luron et quels applaudissements !
Avant la guerre 1940, il possédait un demi-sang nerveux. Que n’a-t-il pas fait peur à Alzir en le prenant en croupe et en galopant sur la route de Gailaipont. Habillé d’une culotte de cheval, chaussé de bottes munies d’éperons, il partait faire « le beau » dans les dicauces des villages des environs. Il fallait bien que jeunesse se passe…
Nous espérons qu’il ne s’en offusquera pas.
En novembre se déroulait aussi « li pitite dicauce » (la petite kermesse) à la Saint-Martin, saint auquel est d’ailleurs dédiée l’église d’Onhaye.
Il n’y avait que deux ou trois échoppes de forains.
in: Janus, R.E., Onhaye et saint Walhère, 1945, p.102
PASSÉYE AUS TORTIAS
Au cours de la kermesse qui débute après les cérémonies religieuses, se fait la fameuse « passéye aux tortias », sorte de vente aux enchères de tartes recueillies gratuitement chez les habitants. La tradition veut que le curé de la paroisse acquière la premier tortia. Les obtenteurs des tartes distribuent ensuite leurs acquisitions aux nombreux pauvres présents. La recette de la passée sert à payer les honoraires des grand’Messes de « Jeunesse » et des « Trépassés », chantées les lendemain et surlendemain,. C’est une belle coutume inspirée, comme on le voit, par la charité, la piété et le souvenir des défunts. Nous nous plaisons à souligner, à cette occasion, que les Onhayois se montrent toujours charitables et très hospitaliers.
(cortêje / cortège – 2009)
(André Noël)
awous’ / août – animâcions walones à Falayin / animations wallonnes à Falaën
(2008)
(VA, 09/08/2013)
sètimbe / septembre : li dicauce di Wèyin / la kermesse de Weillen
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.303) « Li dicauce » : « li dicauce » de Weillen avait lieu le dernier dimanche de septembre. Maintenant, cette « dicauce » se situe en été.
« A l’ dicauce », on jouait à un jeu avec un tonneau rempli d’eau comme dans tous les villages environnants.
La fête se passait dans les environs de l’église ; il n’y avait pas encore l’arbre du centenaire et le fermier prêtait sa pâture et on mettait le carrousel dans la pâture. On dansait dans les cafés. Il y avait une dizaine de cafés à Weillen. « Quand on aveut faît tos lès cabarèts, li dicauce èsteut iute ».
On faisait des tartes et beaucoup de gens ne mangeaient de la viande qu’à l’occasion de la fête.
lès lumerotes, noste “Halloween”
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
Comme ce doit être le cas en beaucoup d’endroits dans chaque village, nous nous souvenons aussi que notre père nous avait appris à confectionner des « lumerotes ». Après avoir tranché la tête et la queue d’une grosse betterave, on évidait celle-ci, on y pratiquait une ouverture et on y plaçait une bougie que l’on allumait le soir. Nous nous sommes amusés à en poser une sur un gros piquet de la barrière du petit verger à côté de notre maison familiale, soi-disant pour effrayer les gens qui remontaient l’Abbye vers le village, après être descendu du dernier tram venant de Dinant.
li Sint-Nicolès / la Saint-Nicolas
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
La Saint Nicolas, fête des enfants, n’avait pas à l’époque atteint l’ampleur exagérée qu’elle connaît aujourd’hui. Les enfants étant au lit, la veille au soir, étaient disposés sur une table ou au pied d’une cheminée des oranges, que l’on avait achetées à Monsieur Watrisse, des petits sujets en chocolat et quelques menus jouets : poupée ou corde à sauter pour les filles et pour les garçons ; jeu de construction en cubes de bois, petit chariot… Les plus grands avaient droit soit à un tricycle, soit un jeu de mécano ou une trottinette. Et le lendemain matin, les enfants étaient émerveillés par les dons du Grand Saint Nicolas… Les plus grands connaissaient la vérité mais gardaient soigneusement le secret envers leurs cadets encore non initiés.
li Novèl An / le Nouvel An
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
Enfin, c’était la nouvelle année. L’avant-veille, les commères avait préparé des galettes en grand nombre. Les plus jeunes allaient présenter leurs vœux chez les parents, sans oublier Monsieur le Curé et l’instituteur et revenaient avec une dringuelle. Les plus âgés se rendaient également visite et, selon la coutume, ils se voyaient offrir « one jate di cafè, one pitite gote avou one galète à costè ».
2.2 Lès chîjes / Les soirées entre amis
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.124) Au fil des saisons
Les travaux des champs terminés, l’hiver arrivait, calme et froid. C’est à cette période que les uns et les autres allaient alternativement « à l’ chîje ». La maîtresse de maison avait préparé des galettes, du café tenu au chaud sur la plate-buse et l’on se racontait des « fauves » tout en mangeant un peu, en buvant du café et une ou deux « gotes di pèket » pour les hommes. Durant les « chîjes » ou aussi certains après-midis, surtout le dimanche, on jouait au « couyon », un jeu de carte campagnard qui exigeait un sens acerbe d’observation et permettait de nombreuses ruses. Un des partenaires s’occupait de l’ardoise où étaient marquées les « croles » de chaque partie. Dans les cafés, des concours de « couyon » étaient aussi organisés, auxquels participaient ceux qui se considéraient comme des as de ce jeu.
Durant ces réunions, les hommes fumaient leur pipe ou leur cigarette roulée. Mais les « chîjes » ne s’éternisaient pas, car le lendemain matin tôt, il fallait se lever après avoir bu « one preumère jate di cafè passé au ramponau » ; (…).
2.3 Lès djeus / Les jeux
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
Lorsqu’il y avait de la neige, les gamins s’en donnaient à cœur joie, non seulement en confectionnant des bonshommes de neige, en se lançant des boules de neige mais aussi en allant à traîneau. On pouvait faire du traîneau à l’Abbye, mais l’endroit le plus couru était « li grande ruwale » ; la route descendant vers l’Eglise, maintenant appelée rue Hector Dujardin.
Mais pour les chevaux, dont on avait tout de même besoin pour certains petits transports, c’était un autre problème. Il fallait aller « è mon l’ marchau » pour mettre des fers avec des clous spéciaux. Et lorsqu’il y avait du verglas, les gens enfilaient, au-dessus de leurs gros souliers, des vieilles chaussettes de laine qui empêchaient de glisser.
(p.129) Les pères apprenaient à leurs fils à confectionner des jeux non coûteux. L’un était le sifflet taillé dans du bois de coudrier. L’autre était le bouffa, sorte de petite sarbacane. Dans un morceau de branche d’environ 5 cm de diamètre et 30 cm de long, on évidait le centre grâce à une tige de fer portée au rouge. Un autre morceau de même bois servait de poignée et était muni de la même tige de fer qui avait servi à creuser le trou. A l’extrémité de la grande tige, on bourrait le trou avec une boulette de papier mâché et la compression de l’air, provoquée par l’effet de pompe, envoyait le projectile à plusieurs mètres de distance.
Les jeux simples ne manquaient pas à l’époque pour garçons et filles qui pouvaient s’en donner à cœur joie dans les cours ou sur les routes désertes ou sur le bâti.
Les filles jouaient soit au saut à la corde, dont il existait plusieurs variétés, soit à la marelle, jeu pour lequel elles utilisaient une petite pierre plate ou un morceau de carrelage. Ces jeux existent encore. Elles jouaient aussi à la grosse balle de caoutchouc au mur, en faisant des comptines ou en se donnant la main et en sautillant ensemble.
Quant aux gamins, ils disposaient d’une plus grande variété de jeux. Certains se confectionnaient un arc en utilisant de préférence une branche d’églantier et une corde solide. Les flèches étaient taillées dans des branches (p.130) de noisetier ; un dernier raffinement consistait à empenner la queue avec des plumes de poules et à ferrer la tête en y enroulant du fil de fer fin. Ainsi armé, l’arc avait une grande puissance de tir. La plupart aussi avaient une arbalète (fronde) constituée tout simplement d’un bout de bois en Y et d’un élastique découpé dans une vieille chambre à air de pneu de vélo. Armé d’un petit caillou, cette arbalète avait aussi un tir puissant… contre les oiseaux.
Quand ils n’essayaient pas leur force à la lutte, les grands avaient aussi le jeu de mailles. Ah ! il ne s’agissait pas de mailles en verre coloré ; les petites étaient tout simplement en terre cuite, parfois en pierre, tandis que les grosses, les mats, étaient soit en pierre soit en métal. Plusieurs méthodes de ce jeu campagnard existaient. Ils jouaient aussi au cerceau, non pas avec le beau cerceau citadin, mais tout simple, puisqu’il s’agissait d’une vulgaire roue de vélo usagée où à Onhaye les gamins allaient se la procurer chez Robert Noël. Ils pratiquaient ce jeu de deux façons : l’une consistait à faire rouler la roue garnie de son pneu en la frappant avec un bâton, l’autre utilisait aussi un bâton lequel, glissé de biais dans la gorge de la roue démunie de son pneu, faisait rouler le cerceau à grande vitesse.
Un autre jeu, la catapulte, utilisait une sorte de bûche sur laquelle était disposé en oblique un petit bâton d’environ 40 cm de long. A l’aide d’un gros bâton, les gamins frappaient de toutes leurs forces l’extrémité haute de la petite tige disposée sur la bûche. Le bâton s’envolait alors, tournoyant dans l’air, pour aller atterrir à une distance de 20 à 40 mètres.
Ils s’exerçaient aussi au jeu de balle. Avec une balle « collège » plus légère qu’une vraie balle pelote, ils jouaient l’un contre l’autre à deux ou par équipe, ou encore contre une porte de grange ou un mur. De la même manière, ils jouaient contre un mur avec une grosse balle en caoutchouc mousse.
Les hommes, jeunes gens et gamins, pouvaient encore pratiquer d’autres jeux, notamment le dimanche après-midi. Il y avait tout d’abord le jeu du bouchon. Un bouchon, sur la tête duquel on avait disposé quelques pièces de menue monnaie, était placé au centre d’un cercle d’environ 30 cm de diamètre. Les joueurs étaient situés derrière une ligne tracée à 4 ou 5 mètres du bouchon et devaient, tour à tour, lancer une plaque métallique, de la taille d’une pièce de 10 francs actuelle, fabriquée par le « marchau » Armand Noël. L’art consistait à toucher le bouchon en faisant tomber les sous dans le cercle. Celui qui avait réussi ce coup était le gagnant des sous.
Un autre jeu, dont nous avons oublié le nom, lui ressemblait, sauf qu’il n’y avait pas de bouchon. A la même distance qu’au jeu de bouchon, les joueurs devaient lancer dans un cercle, aussi d’environ 30 cm de diamètre, (p.131) des pièces d’un ou cinq francs de manière à ce qu’elles tombent et restent dans le cercle. Comme à la pétanque, on tentait aussi d’éjecter du cercle la pièce d’un adversaire.
Enfin existait un jeu qui consistait à lancer un fer à cheval soit autour d’une tige métallique fichée dans le sol, soit sur les dents d’une herse dressée contre un mur.
Avec toutes ces activités, sans oublier le jeu de quilles dont l’un existait presqu’en face de l’actuelle maison communale d’Onhaye, qu’il était donc agréable de vivre dans un petit village de ce coin de l’Entre-Sambre et Meuse
(p.140) Fin juillet-début août était le temps des hannetons qui se réfugiaient et voltigeaient dans les marronniers du bâti. Les gamins et les djon.nes–omes s’amusaient à en attraper quelques-uns qu’ils enfermaient dans des boîtes d’allumettes. Avec une cruauté, dont ils ne se rendaient pas compte, il leur arrivait soit de couper les ailes de ces bestioles pour les empêcher de voler, soit de leur passer un fil à coudre dans la queue pour les faire virevolter. Et si l’école n’était pas finie, à certains moments, la classe, au grand dam de l’instituteur qui était pourtant habitué à cette farce classique, se remplissait de hannetons lâchés par les gamins. Une autre taquinerie consistait à se lancer des « botons-d’-sôdârts » qui poussaient sur les églantiers et dont les petites épines s’accrochaient aux cheveux et aux vêtements. Plus méchant était d’utiliser ces mêmes épines comme poil à gratter.
li djeu d' bale au tamis
(André Noël, op.citat., p.137)
Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984
(p.136) Déjà les gens se rassemblaient « po lès chîjes » assis sur des bancs disposés le long des façades des habitations, car l’été était là.
Si, dans les villages environnants, il y avait quelques équipes de balle pelote, la spécialité d’Onhaye était le jeu de la petite balle au tamis qui se pratiquait sur le bâti et dont l’équipe avait une excellente renommée. A cette époque, le bâti était encore longé par sept magnifiques marronniers centenaires et qui, malheureusement, ont été abattus. Quel dommage ! Nous ne nous souvenons plus de la composition exacte de l’équipe, mais toujours est-il qu’on créa une équipe où se trouvait, entre autres, Fernand Collignon, joueur de corde, Auguste François et notre père Désiré, joueur de petit milieu (succédant à notre oncle Gustave). Chaque livreur inclinait et réglait son tamis pour l’adapter à sa propre manière de servir.
Prenant son élan, le livreur lançait la balle sur le tamis qui la faisait rebondir et, poursuivant son élan sautillant, la lançait « à l’ èscoudéye » ou « à’ l’ tachelètte ». Il ajustait ses livrées selon la connaissance qu’il avait des forces et défauts de l’équipe adverse, soit en balle fusante vers les cordiers, soit vers le mauvais côté du petit ou du grand milieu soit enfin, pour les plus forts, pour aller taquiner le foncier voire le surmonter. Si la livrée se faisait à la main nue, les rechats s’exécutaient avec le grand gant (la losse) de cuir incurvé, bien graissé au savon noir. Les rechats pouvaient être très puissants ; c’est la raison pour laquelle toutes les fenêtres des maisons de l’autre côté de la route de Philippeville étaient protégées par un grillage amovible. La renommée de l’équipe d’Onhaye était telle qu’elle gagna plusieurs tournois et participa, au moins deux fois, à la grande finale qui se déroulait sur la place du Sablon à Bruxelles.
La petite balle était fabriquée à Ham-sur-Heure près de Charleroi. Formée d’une petite toile cousue à la main, qui enfermait des gravillons, elle était entourée d’une enveloppe en cuir blanc, également cousue à la main, et d’une forme sphérique quasi parfaite. Cette petite balle coûtait de plus en plus cher et, de plus, sa consommation, au cours d’une partie, était grande. En effet, le livreur rejetait d’office toute balle croquée pour avoir frappé un mur ou être retombée sur la route. Lorsque le mécénat cessa, les meilleurs joueurs d’Onhaye émigrèrent vers d’autres équipes de l’Entre-Sambre et Meuse : Biesmerée d’abord où Monsieur l’abbé Mabille était curé, et ensuite Bioul où le baron Vaxelaire pouvait encore se permettre de financer l’achat des balles.
2.4 Di tot / Divers
on-ancyin groupe di danse / un anien groupe de danse: "Lès pèsteleûs d' On.aye"
(pèstèler: piétiner: trépigner (d’impatience)) (s.r.)