Bourcy bâtiments village

BORCI

BOURCY

BATUMINTS

BÂTIMENTS

1.   Les maisons / Lès mâjons

1.1   L’habitation (Octave, 1973, 62)

Les habitations de nos aïeux étaient des constructions basses, au toit de chaume et au sol de terre battue ou aux larges dalles de schiste. Ces chaumières d’antan furent remplacées au fil des années par des mai­sons un peu plus confortables et couvertes de « chèrbins » puis d’ardoises.

Rares font les anciennes maisons qui ont échappé  à la destruction lors de l’offensive von Rundstedt. A Bourcy sont restées debout: la ferme Duplicy avec son long corps de logis, ses dépendances, sa grande cour, la maison Glesner-Octave qui date de 1834 et la maison Octave-Deumer qui datait de 1843, mais fut détruite par un incendie en 1956. Les autres anciennes habitations furent détruites lors des combats et reconstruites en style plus moderne.

 

La maison avait un caractère ancien et vénérable qui s’accordait bien avec les habitants. Elle était sans doute restée clans le même état depuis de longues années. Peut-être quelques concessions avaient-elles été faites à l’esprit du temps: on avait remplacé le feu ouvert où jadis pendait la crémaillère, par un poêle de Louvain, les larges dalles de schiste avaient été remplacées par un carrelage.

 

Ces anciennes demeures aux murs très épais,- environ 1 mètre d’épaisseur-, étaient, pour la plupart, toute en longueur, les étables faisant suite directement au corps de logis, suivies de la grange, parfois d’une remise ou d’une autre étable et enfin “la bergerie”.

 

La porte toujours ouverte dès les premiers beaux jours, l’entrée donnait directement accès à la première place qui tenait lieu de cuisine avec sa grande cheminée, où les marmites mitonnaient doucement sous la grande chape. On savait qu’au-dessus de la plaque enfumée, des jambons noircis­saient, frères de celui qui pendait au plafond.

 

Un évier en pierre bleue du pays (chèrbin), une pompe à eau immense, la grande table de bois, un banc, des chaises et un rie ces vieux buffet” meuble héréditaire, qui renfermait la vaisselle, ces assiettes et ces tasses décorées simplement avec “amour”,”amitié”,”bonheur”, comme une sa­lutation à l’invité. Les “quinquets” en cuivre ou en verre “sulfure” trônaient sur le rebord de la cheminée, avec le vieux moulin à café, dis­pensateur de l’arôme annonçant la “bonne jatte”.

 

(p.63) A côté de la cuisine, une place froide où se trouvait l’écrémeuse, la baratte, et où l’on conservait les provisions pour les besoins journa­liers.

Derrière la cuisine, lui faisant suite, “la tchambe” ou “la stoûve”, où dès les premiers froids, la famille se serrait douillettement. Le curieux poêle à colonnes tenait une place importante devant le placard encastré dans le manteau de la cheminée, placard en chêne sculpté qui montait jusqu’au plafond, à plusieurs portes ou plusieurs compartiments et qui renfermait tant et tant de choses.»..

Parfois une plaque de foyer en fonte, appelée « taque » ou « contre­cœur », séparait la cuisine de « la stoûve ». Son but n’était autre que de communiquer la chaleur de l’âtre de la grande cuisine à la grande chambre commune: dans ce but, elle occupait une ouverture de grandeur convenable pratiquée entre les deux places. Autour de la taque se trouvait une armoire qui finit par faire partie intégrante de la taque, de façon à prendre elle-même le nom de taque et où, bien souvent, le bas servait à remiser le bois de chauffage renouvelle chaque jour en provision des longues soirées.

La grande horloge dans sa gaine de bois tenait une place immense dans la place; c’était son balancier de cuivre qui scandait conscien­cieusement les heures de joie et les heures de peine.

Les très anciennes maisons laissaient encore apercevoir dans un des murs, une alcôve, enfoncement aménagé pour un lit qu’on pouvait fer­mer dans la journée.

Au mur, des images pieuses, des portraits de famille de plusieurs générations, jaunis, mais vénérés.

 

(1) La taque fondue primitivement dans un but purement utilitaire était sans ornement, mais bientôt le désir d’égayer un peu cette plaque noire y fit appliquer les décors les plus variés. Les princes régnants, les abbayes, les villes, les châtelains y firent apparaître leurs armes, leur devise; les métiers, les corporations en firent de même; parfois des scènes bibliques, mythologiques et des ornements les plus divers. (J. Fischer-Perron: Les taques.) Il y eut un certain nombre de fonderies dans le Luxembourg vers le XVe et XVIe siècle.

 

(p.64) Un escalier en bois conduisait à l’unique étage et au grenier. Ce vieux grenier de campagne plein de vieilles choses, de vieux meubles, de chaises dépareillées, du berceau où tous les enfants, de génération en génération, s’étaient endormis sous le balancement attentif de l’aïeule, d’un vieux coffre contenant peut-être les défroques d’une grand-mère coquette ou son vieux paroissien, des caisses de vieux livres, de revues; des bottes d’oignons ou d’échalottes qui séchaient sur un journal ou des touffes de menthe et de camomille suspendues à une poutre; au total, un tas de choses sous une ombre mystérieuse et sous les toiles d’araignées…

 

Pour éclairage, d’abord une sorte d’éclisses de chêne refen­dues, bien sèches, que l’on allumait et plaçait dans une encoche aménagée à cet effet à même la table; il fallait la surveiller et remplacer souvent. L’huile pour 1’éclairage était alors un luxe. Plus tard, les bougies, le pétrole avec les “quinquets” de différents modèles, à mèches plates et réservoirs transparents, les suspensions à la grosse poutre du plafond et enfin, vers 1928, l’électricité.

Sur le côté du seuil des portes de certaines habitations, se trouvait un long bac fait en larges dalles bleues qui servait d’abreuvoir pour les animaux. Les habitants étaient des privilégiés, car le bétail à abreuver à l’écurie exigeait de faire un certain nombre de fois le chemin de la fontaine à l’étable. On se rend mieux compte de ce qu’était alors le problème de l’approvisionnement en eau. Comme il suffit à présent d’ouvrir le robi­net pour voir couler l’eau, les jeunes comprendront difficilement qu’il y a 50 ans seulement, l’approvisionnement en eau était encore une corvée.

Ce n’est qu’à partir de 1898 que furent installées en différents endroits, dans la commune, des bornes d’eau potable (avant la guerre 1914/18, une borne se trouvait encore au coin de la rue de l’église et de la rue de Noville – près de la maison Haan).

Le château d’eau qui alimente la commune fonctionne seulement depuis mai 1967. Il est situé au lieu-dit “Chaînont” entre Bourcy et Michamps. Les eaux proviennent de la tranchée de drainage située dans le bas du village de Michamps.

1.2   Annexe 1 – L’habitat (Octave, 1988, 19-21)

La prédilection des Francs pour le bois, se traduira au Moyen-Age par la construction de maisons en bois, au toit de chaume. Plus tard, les mesures de protection contre le feu, prises par diverses ordonnances de police, amenèrent l’usage exclusif de la pierre en construction.  On retrouvera cet habitat en pierres, revêtu de crépi et blanchi à la chaux.

 

Le toit, reposant sur des charpentes solides, était recouvert de “chèrbins” : ardoises épaisses en schiste, légèrement arron­dies .

En général, ces ardoises naturelles ont une taille allant en croissant du faîte à la corniche du toit, pour opposer une résistance plus forte au vent, là où il y a le plus d’emprise. Les toits de “chèrbins” anciens exerçaient ainsi une pression énorme, d’où le besoin de charpentes solides.

Ces ardoises naturelles ont cédé le pas à l’éternit, à l’ardoise rectangulaire d’importation.

 

Dans cette Ardenne au climat rude, nos aïeux construi­saient d’après le climat, d’après leurs besoins, en utilisant les matériaux trouvés sur place : le bois, matériau de première importance (le chêne pour les charpentes équarries à la hache), les pierres schisteuses, les ardoises du pays.

Le schiste était fort employé. Il servait à encadrer des baies, à paver les cuisines et les seuils.  Les blocs les plus épais étaient évidés pour en faire des éviers, des bacs servant d’abreuvoirs, des auges.

Ces constructions étaient très simples, aux ouvertures assez petites.  Ici, plus qu’ailleurs, l’emportait le souci d’opposer des murs pleins à la rigueur des intempéries.

 

Ci-contre, copie d’un acte passé devant le notaire Wicourt de Bastogne en 1735, pour la construction d’une maison (A.E.A – Minutes des actes notariés).  En ce temps-là, pas d’architecte, tout au plus un maçon débrouillard .

 

Sont personnellement comparu X d’une part et Nicolas Léonardy de Toine, d’autre part, lesquels ont dit et déclaré ce qui suit :

‘Savoir, que ‘Nicolas Lionardy de Troine promet et s’oblige de faire une maison au. dit X… et une escurie de rouges bettes.

Une maison que Ces volets seront de Ça même hauteur que Ces crêtes de ta grange qui joint. Les dits volets de ta dite maison, auront 50 pieds de long et 15 pieds entre les volets, tant dans la cuisine que dans les chambres’, de paver la dite maison, lallée et l’estamine de l’escurie, et faire monter le contre-coeur jusqu’au deuxième plancher, et faire toute la charpente nécessaire au dit bâtiment et escuries.

Le tout étant achevé, le dit X… sera tenu et obligé de donner a Nicolas Léonardy, une somme de 21 escus dargent courant dans cette province.

Le dit Léonardy sera tenu de commencer a travailler a la dite maison le 15 avril, si le temps le permet, et finir avant de la quitter, le tout sous obligation ordinaire….”

Notre village, plus que millénaire (1ère trace en 890} s’est dessiné au cours des siècles et resta inchangé pendant bien longtemps.

Autour de l’église, noyau de toute communauté, se regroupent des maisons non jointives, qui s’individualisent au milieu de leur parcelle, avec un usoir plus ou moins important, mais tout en restant très proches de leurs voisines.

L’espace devant les fermes forme un usoir, une aire de manoeuvre où se parque une partie du matériel agricole, peut-être quelques stères de bois. Jadis la fumière en occupait une partie dans une légère excavation. Selon les vieux, la richesse du paysan se mesurait à l’importance de son fumier ! Tout à côté, le potager, dont le travail et l’entretien consti­tuent une partie essentielle et primordiale de la vie quoti­dienne de la ménagère.

Ce type de maison, tout en longueur est celui que l’on -retrouve dans les fermes anciennes. Elle comporte un toit unique, sous lequel sont réunis côte à côte, le logis,” l’étable, la grange. Toutes les entrées se trouvent dans la façade.

Ces bâtiments offrent de nombreux avantages : on peut circuler sans devoir sortir, pour soigner le bétail et assurer leur surveillance, car il existe des portes de communication intérieure. D’autre part, on limite ainsi les pertes de chaleur et le fenil constitue une couche isolante.

Au 19e siècle, sont apparues les “battières” au mur de la façade avant ou arrière du corps de la ferme.

Il s’agit d’une grange située à l’étage, à laquelle on accède par une rampe (le pont) très résistante, construite de façon à y accéder avec les chariots de fourrage. On y bat les grains.

Ces battières sont encore visibles dans l’une ou l’autre ferme.

batîres ("battières")

hoûvê (ou: croupète)

anciènès mâjons (anciennes maisons)

Borci cente (Bourcy centre)

Borci cente (Bourcy centre)

Borci centre (Bourcy centre) (1958)

Place après l’incendie de la maison blanche, incendiée

Borci centre (Bourcy centre)

à l’ crwèjelante : Emile Georis djâse avou Edith Lambin (au carrefour: E.G. parle à R.L.)

Borci (Bourcy) : mâjon Schaak (maison schaak)

Borci (Bourcy): mâjon Collin (maison Collin)

Borci (Bourcy) - route do l' gâre (route de la gare) (ancyin pus' / ancien puits)

Borci (Bourcy) - route do Grand-Duché (route du Grand-Duché)

Mîtchamps (Michamps)

1.3   Annexe 2 (Octave, 1988, 23-24)

Comme anciennes fermes, citons les maisons GLESNER (1834), ZABUS, OCTAVE, KRACK, LIFRANGE, OCTAVE-DEUMER (détruite par un incendie en 1958).

Le linteau de la porte d’entrée de cette dernière portait, gravé, le millésime de 1843, avec monogramme du Christ (I.H.S.) tradition de l’époque.

On construisait souvent des extensions aux maisons du type “Marie-Thérèse”, comme la ferme DUPLICY-HARTMAN et le château-ferme, en y ajoutant des bâtiments en équerre.

 

Les maisons implantées dans la rue qui contourne l’église forment un ensemble d’une structure particulière, tout comme avant la guerre, la rue “du ministère”.

C’est une remarquable image des maisons d’autrefois, maisons d’ouvriers ou de petits agriculteurs. On voit les maisons appuyées les unes contre les autres, comme pour s’épauler l’une l’autre.

Les limites individuelles étaient précédemment fixées par le mode de vie ou par la relative pauvreté de chacun.

 

La station de chemin de fer est devenue rapidement un pôle attractif; les maisons se sont construites aux alentours de la gare pour s’étendre de plus en plus.

 

Les bâtisses sont plus récentes au-dessus du village. Avec l’évolution de la construction, tout pousse à bâtir en moellons et en briques. Ce n’est plus la paysannerie. Ce sont d’abord les commerçants, les artisans qui gagnent leur vie dans la proportion où les autres chefs de famille gagnent la leur. Tout défaut de rentabilité de l’agriculture a sa répercussion sur l’artisanat, à tel point que des métiers artisanaux disparaissent, là où les exploitations agricoles diminuent ou ne sont plus prospères.

 

La physionomie générale se maintint jusqu’à la dernière guerre. Mais à l’offensive Von Rundstedt, les bombardements de l’artillerie et de l’aviation américaine n’épargnèrent pas le village, qui fut détruit en grande partie.

 

Quelques rares témoins subsistent, mais les bâtiments recons­truits ne se réfèrent plus tellement aux modèles traditionnels. La reconstruction a modifié à la fois la structure du bâtiment et son aménagement intérieur.

 

On assiste à une amorce de renversement des tendances de l’habitat. Le ralentissement de l’exode rural, lié au dévelop­pement de l’automobile et des facilités de déplacement vers les centres d’emploi, conduit à la construction dans le voisinage direct du village.

L’espace bâti  s’étend rapidement, selon les prescriptions urbanistiques des plans de secteur. La maison est l’expression fonctionnelle de la vie, donc le résultat d’une architecture nouvelle.

A longue échéance, s’effectue ainsi le lent remplacement de la population rurale par une autre société semi-urbaine, proche de Bastogne en plein développement, et à proximité du Grand-Duché qui offre des emplois à une nouvelle génération animée de besoins et de désirs  nouveaux, génération que nous pourrions appeler les nouveaux résidents.

2.   Fontaines / Fontin.nes (Octave, 1988, 14-17)

(p.14) L’homme s’est toujours trouvé sous la dépendance de l’eau.  Les occupations de nos ancêtres ont été centrées autour des points d’eau, pour le ravitaillement en eau potable, l’abreuvage des bestiaux et le lessivage du linge.

Les fontaines et les sources constituent les premiers captages d’eau que les hommes aient aménagés.  Nombreuses sont les sources à Bourcy. Notre ancien médecin ne disait-il pas : “Le fond du village est malsain parce qu’il a les pieds dans l’eau”.

 

Diverses sources étaient aménagées en fontaines publiques Certaines maisons privées combinaient les prélèvements aux sources avec l’utilisation de pompes alimentées par un puits.

Une borne-fontaine se trouvait installée jusqu’à la guerre de 1914-1918 au coin de la maison Haan.

Une fontaine avec   abreuvoirs, dénommée “La Jaquette”, toujours entourée d’une   surface boueuse, était située dans le fond du ravin, entre la   maison Schaak et Reimester.  Elle est

maintenant complètement comblée.

Une autre fontaine située à proximité des soubassements de l’entrée de l’église, alimentait les voisins en eau potable et servait régulièrement d’abreuvoir aux bestiaux.

Une autre encore, au carrefour des rues, au voisinage de la maison Krack : fontaine, double abreuvoirs et bac pour le rinçage du linge.

Le lavoir public est un élément caractéristique du paysage campagnard d’autrefois.

Celui situé sur la route de Noville, petit bâtiment en contre­bas de la route datant de la fin du 19e siècle, fut vraiment le lavoir public de l’agglomération, fruit d’une nécessité de 1’époque.

(p.15) Ce lavoir public contenait deux grands bacs en pierre calcaire, que l’eau traversait successivement, un orifice permettant l’écoulement des eaux usées.

Le battage du linge s’effectuait sur de belles dalles en pierre, épaisses, lisses et inclinées. Sur toute la longueur des bacs se trouvait une grosse planche en bois permettant aux ménagères de s’agenouiller et diminuant ainsi leurs courbatures (au lavoir près de chez Krack, on travaillait debout).

Les ménagères venaient terminer la lessive au lavoir, où régnait une animation bruyante au rythme des battoirs et … des 1angues.

Ce lavoir était déjà désaffecté depuis plusieurs années avant la guerre, sans doute par un abaissement des eaux des nappes aquifères, par abandon de l’intérêt des pouvoirs publics et par l’arrivée des machines à laver sur le marché II fut complètement anéanti à la contre-offensive des Ardennes .

Comme suite 1988, une station sur l’emplacement à l’installation des égouts en cette année d’épuration des eaux usées sera construite de l’ancien lavoir.

(p.16) Ci-dessous, un ancien petit bâtiment disparu qui se trouvait sur l’actuel emplacement du parking de l’église. Cette bâtisse originale cachait à l’intérieur une grande pompe. Le puits se trouvait à droite sous une large pierre de schiste; sur la gauche, il y avait un grand bac fait, lui aussi, de quatre pierres schisteuses. La même construction se trouvait dans la cour Octave-Zévenne-Glesner.

(p.17) Le puits Maquet se trouvait sous un gros noyer, au bout de la rue derrière l’église et donnait une eau potable très froide.  Il est probable qu’elle provenait de couches assez profondes, car même dans les années de grande sécheresse, l’eau était toujours constante.

Au coin de l’ancienne “rue du ministère”, un autre puits approvisionnait la rangée de ces anciennes petites maisons occupées longtemps par les familles Jengout, Ehlen, le facteur Denis, la laiterie Excelsior de Noville, l’ancienne école des filles et le logement de l’institutrice.

Presque toutes les maisons du haut du village possédaient qui un puits, qui une pompe, pour ses besoins. Les margelles de ces puits étaient surmontées d’un encadrement en bois muni (d’une petite porte. Il suffisait de faire descendre un seau attaché à une chaîne et, à l’aide d’une manivelle, de le faire remonter à la surface.

L’avènement de la distribution d’eau à domicile en 1966, a rapidement effacé tous ces vestiges.

Les puits et les fontaines ont été comblés et démolis sans pitié.  Il faut reconnaître qu’on ne peut toujours maintenir en place des équipements qui ont perdu leur raison d’être.

S’approvisionner en eau, porter le lait à la laiterie, nécessitait l’utilisation d’un matériel approprié.  Nous rappelons que l’on se servait d’un porte-seaux, appelé aussi “palanche” (hârkâ) qui répartissait la charge en même temps sur les deux épaules.  Cet outil simplement taillé dans un bloc de bois, portait une échancrure destinée à recevoir la nuque, tandis que la partie creusée s’adaptait aux épaules; les chaînes rivées aux deux bouts supportaient les seaux qui se trouvaient ainsi placés des deux côtés du porteur.

3.   Château-ferme / Tchèstê-cinse (Octave, 1988, 28)

A l’écart du monde paysan, le “château”, centre du village avec l’église, confère à celui-ci un certain passé historique.

Ce château au volume simple, sans rien de seigneurial, au badigeon de couleur claire, a certainement changé plusieurs fois d’aspect au cours des siècles.  Il devait répondre aux besoins de chaque nouveau propriétaire.

On doit cependant se contenter d’hypothèses fondées sur de maigres indices.  Certains spécialistes croient pouvoir affirmer que la famille “de Bourcy” occupait déjà le château au Xle siècle. Elle était alliée avec les familles nobles de la région : DE BONDORF, DE GRUMELSCHEID, etc.

Martin de STEINBACH, seigneur foncier de Rouvroy, Limerlé et Steinbach, se rendit acquéreur de la seigneurerie de Bourcy au 17e siècle.  Par héritage, elle passa au seigneur J.F. de BEURTHE, époux de Claude-Anne de STEINBACH. Ceux-ci décédés sans enfant, les biens revinrent à la famille de STEINBACH jusqu’à la Révolution française.

Ce fut alors la grande crise économique, comme il en accompagne toute révolution. Les familles nobles devinrent vite désargentées . Le château fut vendu à un ancien Dragon français resté au pays. Il épousa en 1ères noces une petite-fille de STEINBACH et, en 2ème noces M. TH. d’Arlon, famille bourgeoise de Bastogne.  S’il n’apporta pas la noblesse, il apporta l’argent et, c’est ce qui manquait à la noblesse en déclin.

Après le décès de sa veuve en 1864, les héritiers MAQUART vendirent le château au docteur en médecine Jules DELHEID de Liège, qui garda le domaine de 1883 à 1891.

La propriété fut vendue à Honoré LAMBIN de Sûre, qui y établit son fils Alfred LAMBIN époux de Anna HERMAN de Winville Au décès de la veuve LAMBIN en 1948, ce fut le morcellement du domaine entre les 9 enfants.

Monsieur LAMBIN était grand amateur de chevaux et en faisait l’élevage.  Les dépendances de droite du bâtiment quadrilatère servaient d’écuries pour les chevaux. Elles furent détruites à l’offensive von Runstedt.

Divers fermiers se sont succédés dans les dépendances : les familles PEETERS, HENROTTE, GOBERT, GUILLAUME, MATHIEU, avant de devenir propriété de la famille VOLVERT-ROSIERE et GLESNER-VOLVERT.

Tout dernièrement, le château fut vendu par son propriétaire Guy SCHAAK, fils de Edith LAMBIN.

Borci (Bourcy) - tchèstê-cinse (château-ferme)

(Patrimoine monumental de la Belgique wallonne, Luxembourg, p. 32-33)

4.   Eglise et Chapelles / Èglîje èt Tchapèles

4.1   Etude de Robert Moërynck

(A l’ombre de Saint-Pierre, Les édifices religieux de la commune de Bastogne, MDLP 1998)

 

(p.137-159) 1) Les édifices publics

 

  • ) Bourcy, l’église Saint-Jean l’Evangéliste

(ancien chœur classé par A.R. du 20/11/1972) (…)

 

(p.140) De la chapelle originelle à l’église actuelle2

 

Plans A :    ±    1530

L’ancien choeur de l’église d’aujourd’hui constitue les seuls vestiges de la chapelle originelle. En 1860, Jean Louis VANDEWYNGAERT, architecte provincial chargé du projet de restauration de l’église (Voir plans B), note au sujet du choeur : […] “le choeur dans son ensemble,’par sa voûte de pier­re, à nervures en saillie en forme de tors, lesquelles à leurs points d’intersection sont enrichies de clefs pendantes, ornées, éclairé par deux fenêtres à meneaux en pierre se rapprochant du style terciaire (sic) ou flamboyant, peut être considéré comme ayant été érigé à la fin du XVème ou tout au commencement du XVIème siècle. Les huit caissons que décrivent entre elles les nervures, sont peints à la détrempe, cette peinture retrace dans son ensemble, une partie des mystères des chapitres V et VI de l’apocalypse (de) St Jean est en partie très bien conservée. La hauteur de la voûte au niveau du sol est de 4,65”. […]

Plus loin dans sa description des lieux, VANDEWYNGAERT conclut “que le choeur formait, à son origine, la chapelle à l’usage du châtelain de Bourcy”.

 

  1. La restauration du vieux chœur 3

“Le 11 juin 1973, le conseil communal de Longvilly décida la restauration du vieux choeur classé en 1972. L’auteur de projet était M. André DOMBAR, un architecte de la région liégeoise. Le projet dut subir plusieurs modifications imposées par la Commission royale des Monuments et des Sites avant d’être approuvé par le conseil communal de Bastogne, le 6 juillet 1984.

L’ouverture des soumissions s’est déroulée le 1er octobre 1984 et la S.A. BAJART, de Floreffe, a été désignée adjudicataire au montant de 2.924.936 francs. Les subsides sont de l’ordre de 60 % du ministère de la Communauté française et de 20 % de la province de Luxembourg.

Les travaux ont débuté le 1er septembre 1986 et ont été sérieusement retardés par des difficultés imprévisibles et concernaient la stabilisation de la voûte. Quand ces travaux de restauration seront termi­nés, on pourra procéder à la réfection des peintures de la voûte. Ce travail a été confié à un spécialiste lié­geois, M. Jacques FOL VILLE.

 

  1. Les peintures du chœur

2.1. Un trésor rendu à nos yeux

“Les travaux de restauration de l’ancien choeur de l’église sont terminés. Après la consolidation des murs et de la voûte, les artistes peintres sont entrés en action.

Le projet de la Commission des Monuments et des sites consistait à sauvegarder ce qui restait des peintures du XVIe siècle. Il n’a jamais été question de les remettre à neuf par de nouvelles couleurs,

 

—-

2   Archives paroissiales de Bourcy.

3   Extrait de “Ecole Libre. Bourcy. La joie de vivre”. Revue des Anciens et Amis de l’enseignement primaire et maternel de Bourcy, 1988.

4  Extrait de “Ecole Libre. Bourcy. La joie de vivre”, déjà cité, 1990.

 

(p.141) mais de les nettoyer et de les fixer dans leur état actuel. On a donc “simplement” rempli les petites crevas­ses et ajouté du liant à la poussière de peinture.

Le résultat pourra décevoir par rapport à une véritable restauration : les couleurs ont perdu défi­nitivement leur éclat et certaines parties de la voûte sont fort abîmées. Mais l’ensemble garde toute sa valeur de témoin et reste impressionnant.

L’artiste responsable du travail me disait qu’il n’y a plus, à sa connaissance, que deux églises en Belgique qui ont conservé des peintures du XVIe siècle dans leur état originel.

À Bourcy, les peintures de la voûte du choeur illustrent les premiers chapitres de l’apocalypse de saint Jean. Le sujet a de quoi surprendre les spécialistes. Pourquoi avoir choisi un thème si difficile pour décorer une chapelle de village? Nous possédons dans notre église un véritable monument archéolo­gique et artistique. Nous pouvons espérer qu’un jour on pensera à faire une étude approfondie de ce trésor rendu à nos yeux”.

 

2.2.  Quelques pages de l’Apocalypse

“L’Apocalypse de saint Jean, écrite sans doute vers 95 sous l’empereur romain Domitien au moment de la première grande persécution contre les Chrétiens, appartient à un genre d’écrits fréquent au premier siècle. Ces “révélations” -c’est le sens du mot apocalypse- cherchaient avant tout à expliquer les malheurs d’une époque troublée et à y repérer des desseins de Dieu.

On y parle en langage imagé des grands événements qui frappent les hommes (guerres, famines, calamités) et surtout du grand combat que mènent contre l’Eglise ceux qui veulent la détruire. On y parle aussi du ciel, mais c’est avant tout pour donner le sens religieux de ce qui se passe sur la terre, et pour annoncer le monde de paix que Dieu prépare au-delà des épreuves. L’Apocalypse veut soutenir le courage et la patience des fidèles dans les persécutions.

Les extraits illustrés sur la voûte de Bourcy sont tirés de la première partie du livre (la fin du monde) et reprennent les deux thèmes essentiels : vision des calamités terrestres et vision du ciel”. […]

 

2.3.  Une bande dessinée du XVIe

“Le Christ (le Fils de l’Homme) transmet un message de consolation (la main sur l’épaule) à l’apô­tre Jean. Venant de Dieu (le trône), la Révélation (le livre scellé) a été remise au Christ (l’Agneau). La voici : les calamités (les cavaliers) subies par les hommes annoncent la fin des temps et des persécutions ; les élus (les martyrs) sont désormais protégés (l’autel) par Dieu et doivent attendre l’arrivée des autres élus pour participer à la victoire définitive au paradis”.

Plans B:    1860

Au fil des siècles, réparations, aménagements, reconstructions et agrandissements successifs métamorphosèrent la modeste chapelle en petite église.

 

(p.142)  VANDEWYNGAERT décrit l’édifice en ces termes: “L’an mil huit cent soixante, le quatorze du mois de juin, […] j’ai visité l’église dont (sic) s’agit et j’ai reconnu que son ensemble se compose d’une nef de 7,50 de largeur sur 10,20 de longueur ; d’un choeur de 5,20 de longueur sur 4,90 de largeur et d’une sacristie de 2,90 de longueur sur 2,60 de largeur ; le tout tel qu’il est indiqué sur le plan joint au présent devis, représentant l’église actuelle. […]

Les autres parties de cette église doivent être considérées comme des constructions modernes, la nef à plafond plat de 4,25 au-dessus du sol, est éclairée par quatre fenêtres de 1,60 de hauteur sur 0,76 de largeur. Ces fenêtres sont à arc surbaissé. Au-dessus de la porte d’entrée se terminant rectangulairement, est enchâssé l’écusson aux armes de la maison de Bourcy, à trois coquilles d’or couronnées sur champ d’ar­gent5 . Aux deux côtés de l’écusson se trouve le millésime 17 . 70. Cette porte appartenait au château de Bourcy, à proximité de l’église.

La sacristie accolée au choeur est de construction encore plus récente que celle de la nef, de sorte qu’en examinant l’ensemble global de tout l’édifice, on conclut que le choeur formait, à son origine, la chapelle à l’usage du châtelain de Bourcy.                                                                 

 

Le plafond de la nef, la charpente et la toiture de toute l’église doivent être renouvelés, le dallage et les bancs sont également dans un état de délabrement tel que leur conservation n’est plus possible. Considérant en outre que l’humidité constante à l’intérieur de l’église, et notamment vers le choeur, pro­vient de son encaissement ; considérant que dans la restauration il y a lieu de prévoir l’augmentation pos­sible de la population ; que dès lors il y a lieu à agrandissement ; le mur de face et la tour ne pouvant plus subsister, j’ai dressé le projet de restauration joint au présent devis”. [..,]

 

Plans C:    de 1863 à 1865

 

  1. Le projet de VANDEWYNGAERT

Le 14 juin 1860, nous le savons, VANDEWYNGAERT se rendit à Bourcy pour examiner l’église et le presbytère avant de dresser un projet de restauration. Plusieurs autres déplacements sur le ter­rain -notamment pour mesurer le terrain à acquérir pour l’agrandissement de l’église- furent nécessaires avant d’établir le “devis estimatif et le cahier des charges des travaux à exécuter pour la restauration de l’église”. La constitution du dossier dura jusqu’au 1er juillet 1862.[…]. L’importante restauration propo­sée exigeait:

–   […] “Le déblaiement du sol à l’intérieur de l’église à 0,50 de profondeur afin de donner un peu plus de hauteur au choeur lequel sera conservé dans son ensemble.

–  Le déblaiement des terres à l’ extérieur de l’église sur tout le pourtour de l’église au niveau du sol projeté.   ./. Ce déblaiement extérieur exige la démolition de la sacristie. ./. La reconstruction de la sacristie.

 

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5 La présente note fut rédigée par VANDEWYNGAERT. ” Ces armoiries ne sont pas en rapport avec celles qui sont attribuées à la maison de Bourcy par le R.P. Jean BERTHOLET dans son histoire ecclésiastique et civile du duché de Luxembourg. On lit, tome VI page 216 : La maison de Bourcy ou Bourcy, originaire de la prévôté de Bastogne, portait d’argent à la base de sable chargée de trois coquilles d’or accompagnées de trois perdrix volant, de sable, deux en chef, et une en pointe”.

 

(p.143) Le renouvellement des meneaux des fenêtres du choeur, tels qu’ils existent actuellement, pro­longer le banc de communion à un mètre dans la nef afin de donner plus d’aisance au choeur.

Agrandir la nef de 2,50m qui serait éclairée par six fenêtres à meneaux de pierre, dans le style de celles du choeur, exhausser les murs latéraux d’environ un mètre afin de donner à la nef un plafond à trois travées et 7,50 de hauteur.

Construire une nouvelle tour6 en rapport avec le style du choeur et telle que l’indique le plan joint au présent devis pour aider à l’intelligence de l’ensemble du projet de restauration”.

 

  1. Le cheminement du dossier

Plus d’une année fut encore nécessaire avant l’obtention d’avis officiels tels que l’approbation par la Commission royale des Monuments et des Sites, le 11 juillet 1862, et l’arrêté royal du 19 novembre 1863 autorisant la construction. Toutefois, sous réserve d’approbation par l’autorité supérieure, l’adjudica­tion publique avait eu lieu dès le 15 septembre 1863.

 

  1. La concrétisation du projet

L’adjudication publique du 15 septembre -au rabais et à l’extinction des feux- concernait, en bloc, l’appropriation du presbytère et la restauration de l’église. Les travaux devaient respectivement être termi­nés pour juin 1864 et le 1er juin 1865. Quatre entrepreneurs soumissionnèrent : GRAVET-LASSINE, de Bastogne ; VOLTER, de Wiltz ; ROBERT, de Wiltz et DEVAUX, de Neufchâteau. Chaque entrepreneur consentit plusieurs rabais et “trois feux successifs s’étant éteints sans aucun autre rabais”, GRAVET-LASSINE fut déclaré adjudicataire pour la somme dé 20.390,67 francs. Joseph GUILLAUME, proprié­taire à Bastogne, fut présenté comme caution et s’engagea solidairement avec GRAVET-LASSINE à l’en­tière exécution des travaux.

Le 2 décembre 1863, la députation permanente approuva l’adjudication. Les travaux pouvaient débuter.

La démolition de l’église fut confiée à Jean Antoine BOURGUIGNON, charpentier à Bourcy, qui se mit à l’ouvrage en mars-avril 1864 et qui consacra 24 journées -à 3,5F- au démontage de la toiture et de la tour et 21 -à 2F- à celle des murs. C’est alors que se posa un problème de solidité des murs qui ne devaient être abattus que partiellement. L’architecte reconnut que ceux-ci étaient construits à l’aide de mor­tier de terre. .

En sa séance du 26 mai 1864, le conseil communal considéra “qu’il serait contraire aux règles de la stabilité d’en laisser subsister une partie pour établir de nouvelles maçonneries sur une base qui n’offre aucune stabilité” et arrêta que “l’entrepreneur démolira les murs de la nef jusqu’au sol et les élèvera de nou­veau en bon mortier de chaux”. […]

Forcément, cette décision approuvée par la députation permanente le 4 juillet 1864 entraîna des frais supplémentaires -935,50 F qui s’ajoutèrent au montant de la soumission- et un allongement des délais

 

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6 Comme l’on peut s’en rendre compte en observant les plans B, la tour existant en 1860 était en bois et repo­sait partie sur la façade ouest et partie au sol. Les plans C révèlent que la nouvelle tour permettait la construction d’un jubé et l’aménagement de fonts baptismaux à droite de la porte d’entrée.

 

(p.143) impartis à la construction de l’église.

 

Le 16 novembre 1865, “en présence de l’autorité communale et des Sieurs ROBERT et VOLTER, délégués de l’entrepreneur”, VANDEWYNGAERT procéda au contrôle des travaux. Une semaine plus tard, il conclut la rédaction du procès-verbal de réception par ces quelques lignes : […] “pendant la visite des travaux, j’ai appelé l’attention de l’entrepreneur sur une partie des ouvrages non entièrement bien exécutés et stipulés ci-dessus. L’ensemble des travaux, en dehors de ce qui précède, étant très satisfaisant et les matériaux employés étant de très bonne qualité et mis en oeuvre suivant les règles de l’Art, chacun suivant sa nature, il y a lieu de recevoir les ouvrages.[…] Il y a lieu de retenir à l’entrepreneur la somme de quatre mille francs pour garantie de malfaçon et d’achèvement des ouvrages pendant une année après l’approbation du présent par la députation permanente du conseil provincial”.

Le conseil communal approuva ce procès-verbal le 28 mars 1866. Deux jours plus tard, le com­missaire d’arrondissement marqua son accord et la députation permanente le sien le 11 avril. Le 1er mai, GRAVET-LASSINE signait un reçu de 17.326,17 francs.

Le 12 août 1867, les travaux étant totalement achevés, VANDEWYNGAERT estima qu’il y avait lieu de payer les derniers 4.000 F à l’entrepreneur et que, par le fait de ce paiement, il convenait que “l’entrepreneur et sa caution soient déchargés de toute responsabilité des dégradations qui pourraient surve­nir ultérieurement à ces ouvrages”.

Réuni deux jours plus tard, le conseil communal approuva le procès-verbal de réception définitive (p.145) et fit payer les 4.000 F à l’entrepreneur.

 

  1. Vingt ans après…

L’église et son mobilier furent restaurés en 1888 pour la somme de 4.600 francs. Un document, daté du 26 décembre 1887 et signé par un certain Auguste MERGET, entrepreneur à Namur, nous apprend que ce dernier “déclare céder et donner entreprise pour l’ameublement de l’église de Bourcy, conformément à ma soumission, au Sieur HIFFE Joseph propriétaire à Bourcy” […]

 

Plan D:    de 1908 à 1911

 

Dès 1901, existait un projet de reconstruction de l’église pourtant remaniée de fond en comble en 1865 et restaurée en 1888 ; mais, aussi longtemps qu’elle le put, la majorité du conseil communal contra ce dessein.

En 1942, soucieux de connaître l’histoire de son église, l’abbé FAISANT^ s’adressa à l’un de ses prédécesseurs, l’abbé BODSON8. Dans une lettre9 du 23 mars 1942, celui-ci relata comment il vainquit l’opposition du conseil et mena sa tâche à bien.

“[…] Pour vous être agréable, je vais tâcher de vous redire succinctement ce que je puis me rappeler. Je fus nommé curé à Bourcy en septembre 1901. Sur la lettre que Mr. le chanoine GEOR­GES (mon petit-cousin) joignait aux autres papiers, il me disait : “Vous avez une église à bâtir, mais vous avez tout ce qu’il faut pour cela, sauf l’argent”.

C’est bien là une preuve qu’à l’évêché on ne connaissait pas la vraie situation ; j’avais en effet contre moi, au point de vue de la construction, la majorité du conseil communal, la famille D.; M. L. ; la famille S. ; la famille J. de Michamps ; donc les familles les plus cossues. – Bref, j’ai dû lut­ter pendant presque 7 ans pour aboutir et en particulier travailler les élections communales qui, enfin, me donnèrent une majorité par l’élimination de D. père, de L. (ancien instituteur) de Michamps et de B. de Longwilly (sic). – J’avais surtout avec moi MM. B. d’Arloncourt, B. et B. Joseph de Bourcy. Enfin! On commanda les plans (ils doivent se trouver à la commune) à M. CUPPER architecte à Bastogne. On vint en adjudication, (j’ignore les dates) elle fut adjugée pour la somme de 32.000 frs. à M. THIRION de Lamormenil.

On commença les travaux le lendemain de l’adoration en 1907 ou 1908. – La construc­tion marcha rapidement et le corps de l’église était sous toit pour l’hiver. – Les maçons étaient originaires de Houffalize et de Wibrin. – Pendant l’hiver, on travailla à la voûte. Les ferrailles furent travaillées dans l’église-même par un forgeron, aussi de Houffalize. Enfin, on put entrer et dire la messe au mois d’août de l’année suivante. –

J’avais pris l’engagement de mettre moi-même le mobilier sans demander un sou à la commune et c’est ce que je fis petit à petit. – D’abord les deux confessionnaux : j’avais perçu 600frs comme surveillant des travaux et le neveu de l’entrepreneur qui était menuisier à Grand Ménil (sic) les construisit pour les 600 frs. Chacun coûte donc 300frs mais en argent d’avant la guerre de 1914.- Il me

 

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7   Joseph FAISANT (1893-1959), curé de Bourcy d’octobre 1937 à 1958.

8   Alphonse BODSON, (1867-1959), curé de Bourcy de septembre 1901 à août 1918.

9   Certains patronymes, cités in extenso dans la lettre, sont volontairement repris ici sous une initiale.

 

(p.146) fit aussi le banc de communion mais je ne me souviens plus du prix. Au banc de communion, je fis adapter plus tard des plaques de cuivre 1° sur le conseil de M. le chanoine SCHMITZ. Elles furent exécu­tées par M. BARTILOTTI de Marche.

Les autels étant trop étroits, je les fis agrandir en pierre de taille travaillée à Jemelle. -Le prix, je ne m’en souviens plus.

La chaire ne m’a rien coûté, voici comment : M. l’architecte CUPPER eut l’obligeance de faire un devis de tout le mobilier déjà placé y compris la chaire. Les plans suivirent le cours ordinai­re, mais à la commune on refusait prétextant qu’on se compromettait. Entre autres opposants se trouvait un nommé D. de Moinet qui avait déjà fait rejeter une cave prévue sous la sacristie et évaluée à 200 frs. S’opposait aussi à la demande de subsides pour le mobilier, le secrétaire communal. Mais le conseil passa outre grâce au bourgmestre M. BOURG, d’Arloncourt. Les subsides furent accordés et la chaire fut placée, exécutée par le neveu de l’entrepreneur THIRION qui était le frère du curé actuel d’Amonines, M. DEL VAUX Alphonse de Grand-Ménil (sic).

Je m’étais entendu auparavant avec l’entrepreneur qui était un ami personnel ; il m’avait remis les sommes prévues pour les fenêtres. Je profitai de cette somme pour faire placer le vitrail du choeur exécuté par M. VOCH de Bruxelles pour la somme de 1.200frs et qui voulut bien accepter le texte que je lui donnai: “Se nascens dédit socium, convescens in edulium etc” n .

Les autres fenêtres furent exécutées par le même en verre cathédrale, elles reviennent toutes ensemble à environ 2.000frs mais je ne puis certifier la somme exacte.

Enfin, j’étais dans l’église. – M. le doyen JACQUEMIN de Bastogne vint la bénir en présence d’une grande foule de paroissiens heureux de ma réussite.

Il fallait la faire consacrer. Mgr HEYLEN voulut bien prendre un jour sur ceux indiqués pour les confirmations pour venir consacrer l’église en 1911. Si je tiens bien, ce fut le 15 juillet. -Vous devez avoir trouvé l’acte de cette consécration dans les archives puisqu’il me le remit le jour même signé de sa main je pense”. […]

Remarquons, pour terminer, que l’exiguïté du terrain disponible et la volonté de préserver le “vieux choeur” contraignirent Jean Hubert CUPPER, architecte provincial, à cette construction transver­sale qui confère à l’église son allure si particulière. Autorisés en 1907, les travaux se déroulèrent de 1908

 

10 Ce banc de communion était percé, en son centre, d’une petite porte à deux battants. Les deux parties ainsi formées servent à présent de balustrades devant les confessionnaux. Les plaques de cuivre gravé évoquent des symboles -des épis et des grappes de raisin-, des objets du culte -ciboire et ostensoir-, deux représentations du Christ-Roi et Sacré-Coeur-, ainsi que de nombreux saints.

1 l   M. Constant ROSSION nous éclaire : “Comme la citation est stoppée c’est que tout curé de l’époque la con­naît bien ; comme elle était sur un vitrail, elle est religieuse et porteuse d’un message important. Dans ce qu’on appelait depuis le 14e siècle le Salut du Saint Sacrement, il y eut floraison d’hymnes chantées, parmi lesquelles le fameux Ave verum (cf. Mozart) et celui-ci: Verbum supernum (Verbe éternel) dont je cite la strophe qui nous intéresse”:

 

Traduction littéraire.

se nascens dédit socium,                     en naissant, il se lie à nous,

convescens in edulium;                      partageant notre condition d’hommes,

se moriens in pretium,                        en mourant, il s’offre en rachat,

se regnans dat in praemium.                en triomphant, il se fait notre récompense.

 

Il s’agit évidemment de Jésus-Christ.

 

(p.147) à juillet 1911.

 

  1. Dès le 11 août 1914, les troupes allemandes d’invasion s’emparèrent de l’église “sans avertissement préalable, jetant dehors bancs et chaises, et y établissant leur bivouac. Evacuée le 14, dans l’après-midi, elle avait pu être remise en ordre pour la fête de l’Assomption”. Pendant les années d’occu­pation, l’église ne connut plus de profanation.

 

  1. Sous l’impulsion de l’abbé JACQUEMINE la fabrique d’église conclut un contrat – daté du du 27 septembre 1934 – avec la firme François SERGEYS, fondeur de cloches à Louvain, pour l’achat d’une nouvelle cloche et la reprise d’une petite d’environ 185 kg. La nouvelle cloche, harmonisée avec celle existante, pesant 285 kg, fut fondue, transportée et mise en place avant le 10 décembre 1935.

 

  1. L’abbé FAISANT, à Bourcy depuis cinq ans, souhaitait lui aussi l’embellissement de son église. Le choeur était doté de vitraux mais les nefs et les trois baies du jubé en étaient dépourvues. Il s’ouvrit de son projet au chanoine SCHMITZ de Namur. Celui-ci mit toute sa compétence au service de l’abbé FAISANT, il lui apporta l’aide nécessaire en ces temps troublés et servit d’intermédiaire entre lui et le maître-verrier namurois W. LADON. Conçus de façon à conserver beaucoup de clarté à l’intérieur de l’église, les vitraux représentaient des scènes et sujets rappelant le passé de la paroisse. Malgré les diffi­cultés à se procurer le matériel nécessaire et les restrictions d’énergie, notamment de gaz, LADON termina les vitraux pour les premiers jours d’août 1943. Début septembre 1943, l’abbé Faisant exprima la satis­faction de ses généreux paroissiens et la sienne au chanoine SCHMITZ.

 

  1. L’effort de guerre allemand provoqua, dès 1943, la réquisition de métaux divers et causa l’enlèvement des cloches de nos églises. L’autorité militaire allemande chargea la firme belge VAN CAMPENHOUT, de Haren, de ce travail.

 

C’est le 10 mai 1944, jour du quatrième anniversaire de l’invasion, que Bourcy fut touché par cette mesure. Dans un brouillon de lettre 13 de réclamation au sujet des dégâts directs et indirects 14 causés lors de l’enlèvement des cloches, l’abbé Faisant écrivit:

 

“Ce (…) 10 mai 1944, vers 11 h 45, revenant de Michamps, j’apprends que l’on enlève les cloches. Depuis 11 h, une douzaine d’hommes (…) du Namurois travaillent à l’enlèvement des cloches, gar­dés par 2 Allemands. J’ai assisté à la scène (…). Il semble que le travail est dur. Commencé à llh, c’est à 2h05 que la cloche est jetée en bas du clocher et à 2h45 le camion s’en allait (…) Détériorations: (…) extérieur(e) de l’abat-son O. L’abat-son. Roue de la cloche.

 

12  Emile JACQUEMIN, (1878-1955), curé de Bourcy de 1927 à 1937.

13   Hâtivement écrit au crayon, ce brouillon est partiellement illisible.

14  Une circulaire de l’autorité occupante spécifiait que le contrat passé entre elle et la firme VAN CAMPENHOUT obligeait celle-ci à réparer les dommages directs.   Quant aux frais de réparation des dommages indirects, ils étaient “à charge de la Fabrique d’église. Celle-ci est autorisée à adresser à l’Archevêché une demande de rembour­sement de ses dépenses sur la somme que l’Allemagne versera à ce dernier, à titre de dédommagement, après liqui­dation des réquisitions de cloches”.   […]

 

(p.148) Quatre mois plus tard, après la première libération de septembre, les villageois récupérèrent leur cloche fêlée à la caserne de Bastogne et la ramenèrent en grande pompe à Bourcy.

 

 Supérieur aux abat-son du clocher, le faîte de la nef de 1911 formait écran entre la partie est du village et les cloches ; leur appel s’en trouvait tellement atténué qu’un exhaussement du clo­cher s’imposait.

En 1938, l’architecte arlonais Léon LAMY déposa un projet en ce sens et, ipso facto, d’aucuns situèrent l’exhaussement de la tour à 1939. En revanche, M. Albert HAAN, un ancien du village, assurait (en septembre 1996) que cette modification remontait à l’après-guerre.

Qu’en est-il?

En fait, le plan du 19 mars 1938 mentionnant : “Projet d’exhaussement de la tour et placement du beffroi des cloches au-dessus du niveau du faîte de l’église” fut présenté une seconde fois après la guerre portant, en ajout, la date du 6 juin 1947.

Un autre plan, identique au précédent et daté du 20 juin 1947, est intitulé différemment : “Exhaussement de la tour et du beffroi des cloches au-dessus du faîte de la nef. Restauration de l’église et reconstruction de la sacristie complètement détruite par les obus”.

Si l’exhaussement de la tour avait été exécuté avant la guerre, l’intitulé du plan du 20 juin 1947 aurait été, tout simplement, “Restauration de l’église, etc.”

En résumé, comme l’assurait M. Albert HAAN, la tour fut bien exhaussée après la guerre dans les années 1950, en même temps que la reconstruction de l’église.

1* En réponse à la demande du commissariat de police de Bastogne, datée du 20 mai 1944, tendant à connaître les nom et adresse du titulaire de cette plaque, l’Office de la Circulation routière répondit, le 24 du même mois: “Van CAMPENHOUT Nicolas, Nieuwbrugstraat 83, Machelen-Vilvorde.

 

Borci (Bourcy) - èglîje Sint-Djan (église St-Jean)

(Patrimoine monumental de la Belgique wallonne, 17, Lux., p.31)

Borci (Bourcy) - èglîje Sint-Djan (église St-Jean)

(Aline Octave, Bourcy, 1973, p.80)

(p.149) 1.2.)    MICHAMPS, LA CHAPELLE SAINT-HUBERT

 

Saint Hubert est né vers 665. Il fut le disciple de saint Lambert dont il devint le successeur.

“Succédant à Lambert sur le siège épiscopal, Hubert mourut le 30 mai 727 (à Tervuren) et son corps fut porté à Liège en l’église Saint-Pierre qu’il avait fondée.

En 743, avait lieu l’élévation de ses restes, mais la dépouille du saint n’était pas destinée à demeurer à Liège. L’évêque Walcaud décidait, en 825, de transférer les reliques à Andage en Ardenne, devenu Saint-Hubert.

À la mort de Hubert, en 727 donc, son étole fut enterrée avec lui, mais en 743 lors de la transla­tion des reliques au maître-autel de la cathédrale de Liège, on retira l’étole de la châsse ; selon la tradition, les guérisons des malades atteints de la rage se multiplièrent selon un rite attesté depuis le IXe siècle. On en faisait encore état au XIXe siècle (4.700 guérisons entre le 1er janvier 1845 et le 12 octobre 1860). Cette étole miraculeuse est un des joyaux de la basilique de Saint-Hubert.

Saint Hubert est fêté non pas le 30 mai jour de sa mort, mais le 3 novembre, jour de sa canonisa­tion”. (“Avenir du Luxembourg” 28 et 29 octobre 1995)

 

 

(p.150)  La chapelle.

 

Le Liber memorialis de la paroisse de Noville, dont dépendait Michamps, mentionne pour ce vil­lage une chapelle en 1589 et la reconstruction probable de cet édifice en 1602. Une incursion hollandaise marqua douloureusement la fin de cette année, le village fut partiellement détruit. La reconstruction de la chapelle, mentionnée dans le Liber memorialis, n’aurait pu intervenir que quelques années plus tard.

 

Le plan de détail n 14 de l’Atlas des chemins vicinaux révèle que la fabrique d’église de Michamps est propriétaire de deux prés, d’une pâture et d’un cimetière (parcelle n 20). La construction figurant dans son angle nord-est n’est pas forcément l’ancienne chapelle du village. Le cas n’est pas uni­que où une parcelle est représentée avec une construction alors que la liste correspondante n’en mentionne aucune, c’est par exemple le cas à Mageret : le plan porte clairement la représentation d’une église négli­gée dans la liste au bénéfice de la mention “cimetière”. Inversement, une parcelle est dessinée nue alors que la liste y reprend une chapelle, c’est le cas de Vaux-Noville et de Lutrebois.

 

Les cas ne sont pas rares où la parcelle est représentée sans construction. Cette hypothèse est renforcée du fait que le transfert du cimetière (1888) libéra le terrain et que sur celui-ci, mais dans l’angle opposé, à la croisée de deux chemins, se dresse l’actuelle chapelle.

 

Quant à TANDEL -publié en 1891- il écrivait : “La chapelle date d’au moins deux siècles ; les habitants sont décidés à en construire une nouvelle s’ils obtiennent la transformation de l’annexe en vica­riat”.

 

Certes, en 1888, les habitants souhaitaient bâtir une nouvelle chapelle mais les fonds faisaient cruellement défaut. L’ensemble de la commune de Longvilly, la chose est notoire, disposait de modestes ressources et vivait constamment à la limite de l’indigence. Sans cesse, l’administration communale se heurtait à des problèmes financiers ; par exemple, en 1888, les sections de Moinet et Michamps qui béné­ficiaient d’une école depuis 1867 avaient, l’une agrandi son cimetière, l’autre déplacé le sien et, pour couronner (p.151) le tout, la section de Longvilly s’agitait en faveur de l’agrandissement de son église récemment res­taurée.

 

Plaie d’argent, dit-on, n’est pas mortelle et, forte d’une survie assurée, l’administration commu­nale se lança à l’eau le 26 avril 1888. Evoquant l’état de vétusté et de délabrement de la chapelle de Michamps, le conseil communal estima que l’édifice ne possédait plus “ni la décence, ni la solidité, ni même la capacité nécessaire à l’exercice du culte”. En conséquence, il décida d’adresser à l’autorité supéri­eure la demande de l’envoi sur place de l’architecte provincial.

 

Un mois plus tard, le 29 mai, revenant sur le même sujet, le conseil communal se montra plus pressant, parla “d’absolue nécessité de reconstruire l’édifice qui menace ruine et ne possède plus la décence voulue par sa destination” et réitéra sa demande d’envoi de l’architecte. À la mi-juin, émettant un avis favorable, le commissaire d’arrondissement transmit la délibération au gouverneur de la province. Fin octobre -le 24- CUPPER, qui s’était rendu sur place, remit son projet de reconstruction au gouverneur.

 

L’année 1889 fut celle de la constitution du dossier relatif à la nouvelle chapelle et à son chemi­nement administratif : approbation des plans et devis par le conseil communal qui sollicite du gouverneur des subsides pour 1/3 de la dépense (23 mars) ; approbation du dossier par la Commission des Monuments qui ne formule aucune observation si ce n’est que l’édifice projeté pourra contenir environ 175 personnes (9 mai) ; nouveau passage du dossier sur la table du conseil qui a l’intention “d’approuver les plans et devis sous réserve d’obtenir de la Province et de l’Etat des subsides s’élevant ensemble à la moitié de la dépense” (15 juillet) ; le ministère de la Justice signale à la députation permanente une observation16 de l’évêque de Namur (9 décembre) ; le moment tant attendu : l’ouverture des soumissions (31 décembre).

Cinq entrepreneurs avaient rentré leur soumission : François SCHMITZ de Derenbach (8.216 F) ; (?) PETER de Moinet(8.390 F) ; Ernest TASIAUX de Bastogne (8.870 F) ; (?) NEVE de Spontin (9.516 F) et Joseph LEBRUN de Bastogne (9.900 F).

 

Les travaux qui, en principe, devaient être terminés pour le 1er septembre 1890, furent adjugés à Ernest TASIAUX 17. Celui-ci consentit, en guise de rabais, à remplacer la cloche actuelle et réparer le beffroi, creuser un canal d’assainissement en maçonnerie du côté nord de l’édifice, remplacer le bois de sapin par du bois de chêne et ne pas compter de plus faits pour cause d’approfondissement des fondations. Ces différents postes évoquent plus une restauration lourde et importante qu’une reconstruction à propre­ment parler.

L’arrêté royal n 18001 du 6 février 1890 autorisant la construction fut transmis un an plus tard

 

16   […]   “La sacristie, pour être convenable, devrait avoir 1m de plus en élévation, c’est-à-dire 3,5m au lieu de 2,5.   Il faudrait en outre, d’après ce prélat, y ménager un enfoncement dans le mur pour y construire un “sacrarium” qui doit se trouver dans toute sacristie”.

17   TASIAUX:   “Ernest -Nicolas-Joseph (1870-1909) reprit la profession de son père: c’est sans doute à lui que l’on doit la construction de l’avenue Tasiaux” à Bastogne.   (M. FRANCARD et R. MOËRYNCK, Pavêye et pa podrî. Les rues de Bastogne hier et aujourd’hui. Musée de la Parole au Pays de Bastogne, 1991).

 

(p.152) (16 avril 1891) à la députation permanente par le ministère de la Justice.

Compte tenu du temps qui s’écoule nécessairement entre la demande de réception provisoire des travaux et celle-ci -CUPPER en dressa le procès-verbal le 13 décembre 1890- la durée prévue pour la recon­struction fut, semble-t-il, respectée.

 

Le conseil et la population manifestèrent leur satisfaction mais tout ne fut pas pour le mieux dans le meilleur des mondes : il fallait absolument couvrir la dépense entraînée. Réuni le 2 mars 1891, le conseil, considérant que la section de Michamps était pauvre et essentiellement composée de personnes à faibles revenus -ouvriers agricoles ou industriels employés par la mine de Longvilly et la tannerie de Horritine-et que des travaux complémentaires à hauteur de 388,02 francs s’imposaient, décida d’introduire une demande d’intervention des pouvoirs publics pour 2/5 du montant. En transmettant la délibération du con­seil au gouverneur (12 mars 1891), le commissaire d’arrondissement émet un avis favorable à la requête, il souligne l’utilité incontestable des travaux dont il est question, ajoute qu’il y a lieu d’approuver le devis et insiste pour que la demande de subsides soit prise en considération.

À son tour, le gouverneur se fait l’écho du conseil de Longvilly auprès du ministre de l’Intérieur (9 avril 1891) et propose que la demande d’intervention de 2/5 pour l’exécution des travaux complémentai­res soit satisfaite à concurrence de 1/5 par l’Etat et 1/5 par la Province. Le ministre rencontre la suggestion du gouverneur, il accorde un subside complémentaire de 78F égal à (p.153) celui de la Province pour l’achèvement complet des travaux et, par la même occasion, rappelle qu’une somme de 1.774 F a déjà été alloué (2 juillet 1890) par son département.

 

Comme le reste du village, la chapelle traversa le demi-siècle suivant sans fait remarquable si ce n’est la découverte par l’abbé Emile JACQUEMIN (1878-1955), curé de la paroisse de Bourcy de 1927 à 1937, d’un débris de sculpture dont il pressent vaguement l’importance. Ne sachant trop comment ni à quoi l’utiliser, il l’expédie au chanoine SCHMITZ à Namur. Celui-ci lui écrit : “[…] cet intéressant mor­ceau de sculpture remonte, je pense, à la fin du XVIe siècle et est un fragment d’une scène de retable. Peut-être serait-ce une sainte femme, Joseph d’Arimathie et Nicodème se rendant vers le tombeau… Nous vous remercions beaucoup d’avoir sauvé ce fragment très exposé à périr puisqu’il est incomplet et qui fait la preuve de l’existence d’un retable à Michamps. En interrogeant les anciens, n’essaieriez-vous pas d’ob­tenir quelques données à ce sujet? […]”.

Pendant les années d’occupation, la chapelle fut l’objet d’un embellissement considérable. En effet, malgré les énormes difficultés d’approvisionnement en matières premières et en énergie indispensa­bles au travail des verriers, la chapelle fut dotée de nouveaux vitraux. Dès avril 1942, le maître-verrier namurois W. LADON qui créait les nouveaux vitraux de l’église de Bourcy poursuivit sur sa lancée en éta­blissant une esquisse du projet suivant : “Choeur: 1. S. Jean reposant sur la poitrine de N.-S. (rappelant le patron de la paroisse de Bourcy). 2. Le calvaire. Nef côté épître: 1. La nativité de N.-S. 2. S. Martin, patron de Longvilly dont Michamps dépendait. S. Pierre, titulaire d’Oubourcy. Nef côté évangile: 1. L’annonciation. 2. S. Hubert titulaire de la chapelle de Michamps”.

 

En août 1943, la concrétisation du projet était toujours en cours, car mieux valait voir l’effet des nouveaux vitraux de Bourcy avant de poursuivre. On ne sait exactement quand les vitraux furent posés mais une lettre de LADON, datée du 19 juillet 1945 et adressée à l’abbé FAISANT, stipulait que la somme due pour la réalisation des vitraux s’élevait à 5.154 F. Ceux-ci furent donc bel et bien mis en pla­ce, mais pour peu de temps, avant l’Offensive. Le 14 juillet 1948, les dommages encourus par la chapelle étaient admis à hauteur de 48.988,91 F.

Après sa restauration, les responsables de l’édifice durent faire face à plusieurs reprises à quelques problèmes d’humidité dans le choeur orienté plein ouest.

Mîtchamps (Michamps) - tchapèle Sint-Hubêrt (chapelle St-Hubert)

(Patrimoine monumental de la Wallonie, 17, éd. Mardaga)

in : De la Meuse à l’Ardenne, 30, 2000, p.41-72

Anderlin Thibault, Méganck Marc, Nyst Nathalie, Chapelles, croix et potales dédiées à saint Hubert en province de Luxembourg

 

(p.62) À michamps (86), l’existence d’une chapelle est déjà mentionnée en 1589 (87), chapelle qui fut peut-être reconstruite en 1602 (fig. 31). En 1888, les habi­tants de la localité manifestèrent le désir d’ériger un nouveau bâtiment, mais les fonds faisaient défaut. Le 26 avril de la même année, confronté au déla­brement de la construction, le Conseil communal s’adressa aux autorités pro­vinciales pour leur demander d’envoyer un architecte. Après divers épisodes, le commissaire d’arrondissement remit la délibération au Gouverneur de la province et, le 24 octobre, l’architecte Cupper, de Bastogne, qui s’était rendu dans le village, remit son projet de reconstruction au même gouverneur, pro­jet selon lequel l’édifice pourrait notamment accueillir 175 fidèles. Les tra­vaux, dont l’achèvement était prévue pour le 1er septembre 1890, furent adju­gés à l’entrepreneur Ernest Tasiaux88, de Bastogne. Devant la nécessité de réduire les frais, Tasiaux opta vraisemblablement pour une restauration lourde de l’édifice, en réutilisant d’anciens matériaux, procédé moins coû­teux qu’une reconstruction à proprement parler.

Le bâtiment actuel, de style néogothique, est construit en moellons de grès et sommé d’une toiture en bâtière d’ardoises, elle-même couronnée d’un clocheton à deux élans.

Constituée d’une seule nef, la chapelle se termine par un chevet à trois pans, auquel est accolée la sacristie. L’accès à la nef est axial et se fait par une porte en arc brisé. Huit ouvertures ogivales assurent un éclairage latéral du bâtiment ; comme celles qui éclairent le chœur, elles sont fermées par des vitraux placés pendant l’Occupation (1940-1945) et qui sont l’œuvre du maître verrier d’origine namuroise, W. Ladon89, auteur également des vitraux de l’église de Bourcy'”1. L’un de ces vitraux, qui ferme une ouverture percée dans le mur latéral droit, représente saint Hubert, titulaire actuel de la chapelle (fig. 30). Le saint évêque est disposé à l’avant-plan, auréolé, agenouillé et les mains jointes en signe de prière. Le pape Serge Ier s’apprête à lui remettre la mitre et la crosse épiscopales, tandis que, dans le haut de la composition, un ange lui apporte la Sainte Étole. L’inscription saint hubert apparaît sous la figure du saint thaumaturge.

Le saint patron de la chapelle est également évoqué par une statue en bois polychrome disposée sur la table d’autel : Hubert, figuré en évêque, tient le Livre des Évangiles dans la main gauche et lève la main droite en signe de bénédiction ; le cerf crucifère est couché à sa droite. Le socle de la statue porte l’inscription suivante: S1 hubert. PPN(fig. 32).

Il faut souligner la présence dans cette chapelle d’un très beau retable polychrome et doré de style néogothique et d’un antependium de la même facture. Celui-ci se compose de trois panneaux peints (un ange, un prélat, un ange) séparés par des colonnes et couronnés chacun d’un arc ogival doublé d’un lobe. La caisse du retable est flanquée de deux panneaux dont la composition rappelle celle du devant d’autel ; les six registres en sont occupés par des figures d’anges. La huche, qui contient le tabernacle, est ornée d’un monogramme du Christ (IHS), entouré de quatre anges, sur fond doré ; elle est sommée d’un pignon fleuronné.

 

  1. Doyenné : Bastogne ; commune : Bastogne.
  2. Emile Jacquemin (1878-1955), curé de la paroisse de Bourcy de 1927 à 1937, a d’ailleurs découvert dans cette chapelle un morceau de sculpture qui serait un fragment d’une scène de retable et daterait du xvie siècle (R. moërynck, op. cit., p. 153).
  3. Ernest Nicolas Joseph Tasiaux (1870-1909) reprit la profession de son père (M. fran-card et R. moërynck, Pavêye et pa podrî. Les rues de Bastogne hier et aujourd’hui, Bastogne, Musée de la Parole au Pays de Bastogne, 1991).
  4. Peut-être s’agit-il d’un parent de Gustave Ladon (Gand, 1863-1945), maître peintre-ver­rier. Président de la Gilde de Saint-Luc à Gand, ce dernier réalisa des verrières dans de nom­breuses églises, notamment pour le grand béguinage Sainte-Elisabeth de Gand et la collégiale de Dînant (Y.-W. delzenne et J. houyoux dirs., Le nouveau dictionnaire des Belges {de 1830 à nos jours), Bruxelles, t. 2, 1998, p. 39).

90. R. moërynck, op. cit., pp. 149-153.

Oûborci (Oubourcy) - tchapèle Sint-Pière (chapelle St-Pierre)

(p.154) 1.3.)    OUBOURCY, LA CHAPELLE SAINT-PIERRE

 

Saint Pierre

 

Pêcheurs sur la mer de Galilée, Simon et son frère André abandonnèrent tout et suivirent Jésus qui les invitait à devenir “pêcheurs d’hommes”. Simon fut surnommé Pierre quand Jésus lui dit: “tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église” ; il devint le principal apôtre et, plus tard, le premier pape.

Avec Jacques et Jean, il assista à la Transfiguration et aux principaux miracles de Jésus qu’il renia par trois fois lors de la Passion. En compagnie de Jean, il découvrit le tombeau vide au matin de la Résurrection.

 

La chapelle

 

Comme bien d’autres édifices, la chapelle d’Oubourcy est citée en 1589 mais ne figure pas parmi ceux détruits, même partiellement, en 1602.

Si, à la suite des reconstructions de villages, le nombre des bâtiments augmenta peu à peu, Oubourcy qui, apparemment, avait peu souffert, se développa différemment. Au cours des siècles, l’habitat évolua très lentement. 18.

 

(p.155) “Il existe au milieu d’Oubourcy, écrivit TANDEL en 1891, une petite chapelle dont les propor­tions sont en rapport, tout au plus, avec l’importance du village. Autrefois, lorsque des circonstances gra­ves et menaçantes surgissaient, la communauté, se composant alors de trois chefs de famille, s’assemblait prestement sur le Pachis, situé devant l’antique chapelle, et là, après discussion approfondie, on adoptait les mesures les plus propres à assurer la tranquillité, l’indépendance et surtout l’existence de la localité”.

 

Un bon demi-siècle plus tard, lors de la bataille des Ardennes, le modeste oratoire fut sévèrement touché.

 

En juillet 1948, Léon LAMY, architecte à Arlon, établit un bilan dont nous ne retiendrons que les principaux postes : plus de 16m^ de murs à reconstruire ; une infime partie de charpente récupérable, le reste étant évidemment à remplacer ; la toiture, le clocheton et les fenêtres à remplacer et, pour mémoire, le renouvellement d’enduits, crépis et autres plafonnages. Quant au mobilier… En chiffres, les répara­tions des dégâts de guerre s’élevaient, au 10 octobre 1948, à 70.675,04 F non subsidiables.

 

Usant tour à tour de la plume, du bâton de pèlerin et s’armant d’une solide dose de ténacité, l’abbé FAISANT remplit toutes les formalités indispensables à la remise en état de l’oratoire 19. Le 31 décembre 1952, sept ans après la destruction, la direction provinciale des dommages de guerre lui demandait encore “afin d’aviser au sujet de votre demande de priorité exceptionnelle de restaurer l’oratoire d’Obourcy (sic) de faire savoir le plus tôt possible […] l’état actuel de la restauration et remise en état, et éventuellement le montant des avances ou emprunts et tous autres arguments à l’appui de votre demande”.

 

18 4 maisons en 1469, 2 en 1719, 3 en 1793 et 7 en 1891.

19  Il répara même une faute grave commise par d’autres (l’introduction tardive du dossier de reconstruction) qui entraînait la déchéance du droit à l’intervention de l’Etat dans les frais de restauration.

4.2   Annexe 1 (Octave, 1988, 32 ; 37 & sv.)

L’église (p.32)

 

La toute première chapelle de Bourcy aurait été construite croit-on, au XIème siècle par les soins de WALERAN, seigneur de Bourcy.

La chapelle était orientée tout différemment. Comme dans la plupart des églises anciennes, le choeur se trouvait à l’est de manière que le prêtre à l’autel regarde l’Orient, en souvenir du prophète Zacharie qui annonçait l’HOMME, dont le nom est “ORIENT”. Aujourd’hui, on ne tient plus compte de l’orientation.

Ci-dessous, le plan de la chapelle de Bourcy avant 1860. L’entrée se trouvait sur le côté. La nef avait une longueur de 11,15 m sur 7,50 m de large.

 

(p.34) Le premier oratoire fut vraisemblablement de dimensions fort modestes. Il fut remplacé par une église plus importante vu l’accroissement sensible de la population.

En effet, on procéda en 1864, à l’allongement de la chapelle et à la construction d’une tour.  Là, se trouvait, comme dans la plupart des églises de l’époque, les cordes pour la sonnerie régulière des offices, de l’angélus, du glas.

Les églises et les chapelles étaient restaurées grâce à la contribution des villageois. Ainsi, pour cette restauration, 8.000 frs furent répartis entre la veuve Maquart, André Weynandy, Henri Barthélémy, la veuve Octave, de Bourcy et, Frederick Lambert, J. Jacquemin, Jean Passau de Michamps (1).

(p.38) D’après les études remarquables de M. Louis LEFEBVRE sur l’église St Pierre de Bastogne (1), la voûte de la chapelle fut décorée en 1530/par un peintre de renom, RENADIN DE WICOURT; celui-là même qui décora, par une même technique, les voûtes de l’église de Bastogne. Ce peintre était le fils de PIET PIRON DE WICOURT, maire de Bourcy à cette époque (2).

On a reconnu dans le décor des fresques, des scènes de l’Apocalypse d’après le dernier livre de St Jean 1’Evangéliste, avec de longs textes bibliques; c’était l’enseignement par l’image, tel que l’avait conçu le moyen-âge pour des gens illettrés.

Nous espérons que L. LEFEBVRE satisfera bientôt l’intérêt de chacun, par ses études approfondies et plus compétentes sur ce sujet.

La clef de la voûte centrale de l’ancien choeur porte l’ écusson aux trois coquilles des seigneurs de Bourcy. Au croisement de nervures, on trouve 1’écusson de la famille de BEURTHE et celui de la famille de GRUMELSCHEID, toutes deux apparentées à la famille de STEINBACH, dont le dernier repré­sentant Jacques J. de STEINBACH décéda à Bourcy le 13-03-1809, (les pierres tombales sont toujours visibles dans l’ancien choeur) .

Toujours   d’après les études de L. LEFEBVRE, le 4ème motif sur la nervure   du bas, représenterait 1’écusson du sculpteur

JAN DE KIBURG.   Ce même motif se retrouve dans l’église de Bastogne et, très visible, dans le choeur restauré de l’église d’Asselborn.

On suppose que   la voûte de la nef centrale était également décorée.

‘”Par Arrêté Royal du 20 novembre 1972, le choeur de cette ancienne chapelle fut classé par la Commission des Monuments et des Sites, en raison de sa valeur historique et artistique.

Par autorisation du 7 août 1985 (2), la s.a. Bajart de Floreffe a débuté les travaux de restauration extérieure du choeur de la chapelle, le 1er septembre 1986. Le mauvais état de la charpente de la toiture et des parties supérieures des murs, très irréguliers, retarda la poursuite des travaux, vu les frais supplémentaires imprévus que cela entraînait.

 

(1) A.I.A.A. – Années 1970/71 pages 65-187-193.

(2) Ministère de la Justice – Administration des Cultes.

 

(p.40) Lors de la construction de l’église actuelle, il fut décidé de démolir l’unique nef centrale, tout en conservant d’un côté, le choeur de l’antique édifice et, de l’autre côté, la tour.

En 1908 (par A.R. du 7 juillet 1907), on commença la construction de l’église actuelle, qui chevauche littéralement l’ancienne. L’architecte respecta le style gothique, les deux nefs étant formées de voûtes sur croisées d’ogives, aux nervu­res apparentes, dans le style de l’ancienne église.

Elle fut inaugurée et consacrée solennellement en juillet 1911 par Mgr. HEYLEN.

(p.41) En 1938, on procéda à l’exhaussement de la tour, mais après les dégâts de la contre-offensive des Ardennes, elle fut de nouveau restaurée. On en profita pour y installer une nou­velle charpente à 3 cloches et le mécanisme de la sonnerie fut électrifié.

Une cloche, enlevée par les allemands pour l’industrie de guerre vers la fin de l’occupation, fut retrouvée dans la cour de la caserne de Bastogne.

Elle fut ramenée solennellement en cortège à Bourcy vers octobre 1944. L’abbé FAISANT et la population toute entière s’associa à son retour au bercail.

(p.44) Arrêtons-nous devant ce monument qu’on appelle église…

Il se distingue des autres maisons, son clocher dépasse les habitations voisines et son architecture est différente.

Les clochers ont été de bonne heure complétés d’une flèche, qui par son élévation attire les regards. Ils sont souvent terminés par une croix ou par un coq, parfois par les deux à la fois, comme à Bourcy, en guise de girouette. L’origine en est indécise.  Selon les uns, c’est pour rappeler la trahison de Pierre; selon d’autres, le coq serait le symbole de la vigilance du pasteur.

L’église n’est pas une maison ordinaire; dès qu’on y entre, on éprouve une impression de calme de recueillement. Ce lieu qu’on appelle “église” signifie “assemblée”, lieu où l’on s’assemble pour prier.

Devant la porte des premières églises, existait une fontaine pour se laver les mains avant d’entrer. Cet usage fut remplacé par les bénitiers situés à l’intérieur. Après le porche, on trouve de chaque côté, un bénitier en pierre bleue. L’eau bénite est le symbole de la purification, un acte de foi.

(p.46) Avant la guerre, le retable en bois du maître-autel com­prenait deux petites niches dont l’une abritait la statue de St Jean 1’Evangéliste et l’autre, St Antoine de Padoue.

Le grand autel ou maître-autel est de beaucoup simplifié depuis la reconstruction. Il est surmonté du Christ en bois qu’on peut attribuer au XVIème siècle et qui se trou­vait dans l’ancien cimetière. Il fut placé au-dessus de l’autel par les soins de l’abbé SCHARTZ.

Les vitraux de l’après-guerre sont de facture moderne.

Le mot “autel” vient du latin “altare” signifiant “chose élevée”.  Il est ordinairement surélevé de plusieurs marches. Dès l’origine du monde, les hommes ont élevé des autels pour offrir des sacrifices. Le premier autel fut la table du Cénacle Ce souvenir fait maintenir à nos autels la forme d’une table.

Actuellement, l’autel est à l’avant du choeur. Le prêtre dit la messe face aux fidèles, au centre de l’assemblée.

Depuis quand ce changement ? Depuis les années 1962-1965. En effet, à la fin d’une semaine de prières pour l’unité des Eglises, du 18 au 25 janvier 1960, en l’église St Paul Hors-les-Murs à Rome, le Pape Jean XXIII eut comme une inspiration. Il décida alors la préparation d’un Concile oecuménique pour l’unité des Eglises (Vatican II). Le premier résultat fut la réforme de la liturgie . On en est donc revenu à la langue vivante, plus compréhensive pour tous.

Un concile dure plusieurs années. Il se fait par étapes. Après le décès du Pape Jean XXIII, le Pape Paul VI, le continua et définit ainsi bien d’autres réformes, entre autres, la messe dite face au public, la suppression du banc de communion, de la chaire à prêcher, la simplification du baptême ..etc…

En un mot, c’est le “retour aux sources”.

 

(p.48) L’église compte deux autels latéraux.

 

L’autel du Sacré-Coeur se trouve à droite. Sur celui-ci se trouve également la statue de St Joseph. St Joseph n’est l’objet d’un culte que depuis le 19e siècle, depuis qu’il a été proclamé patron de l’Eglise universelle.

Du côté gauche, l’autel de la Vierge, une statue habillée et la statue de N.D. de Lourdes.

Les païens honoraient leurs divinités par des lumières alimentées d’huile ou de cire. Les chrétiens s’en servirent également. Au 16e siècle, la pratique devint universelle et de nombreux conciles exigèrent qu’une lampe brûle jour et nuit, pour un rappel aux visiteurs.  Des tolérances plus larges s’étendent actuellement à d’autres luminaires modernes .

La table de communion signifiait la table de l’égalité, de la fraternité, riches ou pauvres.  On en est revenu aux premiers temps de l’Eglise, en s’approchant simplement du prêtre, la main nue. De ce fait, les bancs de communion ont disparu des églises.

En faisant le tour de notre église, on aperçoit contre les murs, les quatorze tableaux représentant les scènes de la Passion et de la montée au calvaire. Une tradition nous laisse entendre, que la Vierge à Jérusalem aimait parcourir la voie douloureuse suivie par son fils. Le Pape Benoit XIV contribua à propager cet exercice.

Nous voyons aussi diverses statues, dons émanant de familles de Bourcy : Jean-Marie VIANNEY, dit aussi le Curé d’Ars, patron de tous les curés et, du côté gauche, Ste Thérèse de l’Enfant Jésus et l’Enfant Jésus de Prague.

La chaire de vérité, artistement sculptée, est actuelle­ment déplacée de la nef centrale gauche.

Le mot “chaire” signifie “siège”.  Jadis, 1’Evêque prêchait ordinairement assis sur un siège d’honneur, symbole de vérité. Suite aux réformes, le prêtre se tient dans le choeur face aux fidèles.  La chaire de vérité, les deux autels latéraux et les deux confessionnaux datent des années 1912. 

4.3   Annexe 2  (Octave, 1973, 79)

L’ANCIENNE CHAPELLE de Bourcy, déjà dédiée à saint Jean l’Evangéliste fut comme nous l’avons dit,  construite ou réédifiée en style ogival tertiaire, au XVIe siècle (1530), comme on peut encore le voir aujourd’hui. L’ancien choeur de l’édifice a été conservé lors de la construction de l’église actuelle.

Les sources pour l’histoire de la cha­pelle sont extrêmement pauvres; il n’existe à notre connaissance aucun plan ancien de l’édifice. L’ancien choeur dénote que la chapelle devait être de fort petite dimension, car il n’a qu’une petite profondeur sur une largeur de quatre mètres environ. Il y a une vingtaine d’années,  il servait encore de chapelle annexe. On effectua à plusieurs reprises des travaux de réparations,  de reconstruc­tion et d’agrandissement à ladite chapelle comme nous le trouvons ren­seigné dans certaines archives.  (1)(2)

En 1833, une adjudication fut faite pour une réparation du mur de la cha­pelle, on s’aperçut ainsi que les pierres étaient simplement jointes avec du mortier de terre.

En 1864, on procéda à sa réédification, c’est-à-dire à l’allongement et à la construction d’une tour. En effet, une demande d’autorisation de faire agrandir la chapelle fut introduite au ministère, le 19 novembre 1863 (3). Cette demande fut agréée et celui-ci alloua un subside de 6.500 frs, égal à celui que la  province allouait sur les exercices 1864/65. Le Conseil communal devait pourvoir au surplus de la  dépense. Celle-ci s’élevant à 21.326 frs, une partie des frais, soit 8.000 frs furent repartis par ca­tégories de fortune parmi les habitants de la  paroisse.

Naguère, dans le village, comme dans d’autres localités des Ardennes, les habitants participaient, non seulement aux frais de construction, d’entretien, de réparations de l’église ou du presbytère, mais ils devaient également participer aux travaux dans la mesure de leur possibili­tés, soit en faisant le trans­port, soit en tant que manoeuvres En 1870, suite à un don, on réalisa l’achat d’un nouveau che-min de croix en chromolithographie avec cadre en chêne(3). Le premier chemin de croix était en papier sur toile mince, l’humidité l’avait rendu méconnaissable.

 

(1) Arch. communales.

(2) Bul.Sté A.H.Liège T.I-I862

(3) Ministère de la Justice   (Adm.  cultes)

4.4   Annexe 3 (in : Ardenne et Famenne, 4, 1964, 154-156)

Un chef-d’œuvre en  péril : les voûtes peintes de l’église de Bourcy

 

Un grand périodique français, Archeologia. Trésor des âges, consacre une rubrique régulière aux « chefs-d’œuvre en péril ». Nous constituerons volontiers pareil dossier pour les monuments d”Ardenne et de Famenne qui courent de graves dangers… en souhaitant toutefois qu’ils soient peu nombreux.

Aujourd’hui, nous traiterons d’un authentique chef-d’œuvre, dangereu­sement exposé à une disparition prochaine et, en tout cas, fort négligé. Il s’agit des voûtes décorées de l’église de Bourcy. Puissions-nous attirer sur elles l’attention des Autorités compétentes qui auront le mérite de s’atteler à une tâche exaltante.

 

Les voûtes de l’église Saint-Pierre à Bastogne sont justement célèbres. Elles constituent un monument précieux de la peinture murale du XVIe siècle et de l’architecture au début de la Renaissance. L’édifice tout entier est « classé », particulièrement en raison de ses voûtes, lesquelles ont d’ailleurs été soigneusement restaurées après l’offensive des Ardennes.

On a la chance de posséder un monument semblable, mais de moindre superficie, à Bourcy. Ce sont les voûtes de l’église; non pas celles de l’église actuelle, qui date de 1908, mais celles du chœur de l’ancienne église. Ce chœur ancien a été conservé en raison d’une particularité de l’église moderne qui le chevauche littéralement et qui l’a « transformé » en chapelle latérale.

De l’église ancienne, déjà consacrée à St-Jean-Baptiste, ne subsiste donc que le chœur qui est l’objet de cette note.

Comme l’apprend une date gravée dans la pierre : il a été construit en 1530. Les surfaces libres entre les nervures des voûtes sont entièrement décorées par des peintures de cette époque. Ces peintures sont d’une technique apparentée à celle de Bastogne (scènes animées et végétaux stylisés), mais le thème traité est plus intéressant et certainement très rare à cette époque. Parmi des meubles liturgiques (autels, chandeliers, etc.) on voit des per­sonnages qui évoluent : rois, diables, fidèles, anges, tandis que de longs textes en caractères gothiques comblent les surfaces restées libres. On a reconnu dans ce décor, particulièrement animé, des scènes de l’Apocalypse.

On doit encore souligner l’intérêt que présentent à Bourcy, comme à Bastogne, pour les héraldistes comme pour les historiens, les blasons qui ornent les clefs de voûte. Ils ont appartenu aux familles nobles qui, au XVP siècle, ont contribué à l’érection du chœur ou de l’église.

 

(p.156) Quant au mobilier réuni dans la « chapelle », il constitue un ensemble remarquable qui tranche sur la banalité de la nef du XXe siècle. L’autel est du XVIIe s., mais la toile peinte du retable a été remplacée au XVIIIe s. par un tabernacle en bois. L’ancien tabernacle « gothique », en pierre, a été conservé à son emplacement primitif, dans le mur gauche du chœur. Il faut encore mentionner des crucifix anciens, une statue de St-Jean-Baptiste et cinq pierres tombales armoriées.

Actuellement on a plus ou moins isolé le dit chœur ancien du reste de l’église et on en fait un lieu de « débarras », alors qu’on en ferait aisément une sorte de petit musée abritant les souvenirs précieux de la vieille église et une œuvre d’art unique en son genre : les peintures du XVIe siècle. Il faut certes que le monument soit « classé » (avec son mobilier), mais il faut surtout que l’on procède à une étude préalable à la restauration des murs (à l’exté­rieur, un contrefort — dont le rôle est essentiel — nous paraît être sur la voie d’une dégradation totale).

Quant aux peintures des voûtes, elles demandent d’être rafraîchies et fixées car elles s’effacent progressivement. L’Institut national du Patrimoine artistique sera utilement consulté sur les techniques délicates à employer en pareille matière.

Si l’on craint le pire, c’est-à-dire l’anéantissement de la voûte, que l’on procède à un relevé par décalques et photographies en couleurs. D’autre part, nous souhaiterions voir un archéologue spécialisé faire une étude complète de cette œuvre et nous lui ouvririons volontiers les pages de notre revue.

Mais nous espérons encore que toutes les autorités locales, provinciales, et même nationales (comme la Commission des Monuments et des Sites) conjugueront leurs efforts pour que soit restauré et mis en valeur un monu­ment remarquable de notre patrimoine artistique.

 

A.G..

4.5   Annexe 4

Reprenons ici le texte paru dans « Ardenne et Famenne » – 1964 (Octave, 1973, 80 & sv.)

” L’abside est relativement bien conservée, la voûte est ferme et massive et les ogives qui la maintiennent sont en pierres de taille relativement enserrées à leur axe par une pierre cylindrique et forme la clef de voûte (…).

Les surfaces libres entre les nervures des voûtes sont entièrement déco­rées par des peintures de cette époque.Ces peintures sont d’une techni­que apparentée à celle de Bastogne (scènes animées et végétaux stylisés) mais le thème traité est très intéressant et est certainement très rare. Parmi des meubles liturgiques(autels, chandeliers)on voit des personnages qui évoluent: rois, diables,fidèles, anges, tandis que de longs textes en caractères gothiques comblent les surfaces restées libres. On a reconnu dans ce décor, des scènes de l’Apocalypse. L’auteur inconnu a copié, semble-t-il, le dernier livre de saint Jean, patron de la paroisse.” On suppose que l’ancienne nef qui fut démolie était aussi décorée. Le choeur ancien de ce modeste édifice sur lequel nous voulons particulièrement attirer l’attention offre un intérêt certain et que bien peu de personnes connaissent, caché comme il l’est actuellement par une tenture et servant plutôt de débarras.

 

(l) Marque d’un marchand important, également reprise à Bastogne en clef de voûte dans le porche de l’église, puis au cul de colonnette dans le chœur. (Gourdet)

 

(p.81) L’emplacement primitif du tabernacle est toujours visible dans le mur gauche du choeur. (La coutume de placer le tabernacle au maître-autel pour y conserver la Sainte Eucharistie n’est devenue générale qu’à la fin du XVIIe siècle.

Vers 1905, vu d’une part, l’accroissement de la population et, d’autre-part, l’état délabré de la vieille église qui contenait à peine 100 per­sonnes pour une population de 650 âmes (1), un nouvel agrandissement de l’église devint indispensable.

Le terrain disponible ne permettant pas d’allonger l’église, le seul parti adopté par l’architecte Cupper, fut de démolir la nef et de cons­truire en travers, une nouvelle église, en respectant d’un côté la tour, et du côté opposé, le choeur, devant servir de chapelle annexe.

Nous mentionnons le texte publié à l’époque et qui nous montre bien la valeur artistique du choeur de l’ancienne chapelle reconnue par Mes­sieurs Maréchal, Député permanent, Cupper et Haverland, membres du Comité provincial des correspondants du Luxembourg, qui en avaient effectué l’inspection. (1)

” L’ancien choeur devra être restauré avec les plus grands soins, en se bornant aux travaux strictement nécessaires. Il n’y a guère que cer­taines parties des nervures de la voûte qui soient en mauvais état. On devra décrépir les murs avec précaution, à l’effet de s’assurer si le badigeon ne recouvre pas des peintures anciennes, et on prendra les soins les plus minutieux pour n’altérer en rien les peintures de la voûte. Avant d’entamer aucun travail de restauration du choeur, il importera de charger un spécialiste de calquer avec soin toutes les peintures qui s’y trouvent. Cette mesure de précaution est indispensable en vue de tout ac­cident qui pourrait subvenir pendant les travaux. Ces calques seront, du reste, très utiles pour les collections du musée d’art monumental.” ..

L’église de Bourcy possède un petit bénitier en pierre orné de scuptures: il est très difficile de l’apprécier dans la situation où il se trouve dans la sacristie,

 

(p.82) (…) AGRANDISSEMENT DE L’EGLISE

 

La demande d’agrandissement de l’église fut faite en 1905. Par un A.R. du 7 juillet 1907,  paru au moniteur du 17 juillet 1907, l’autorisation de construire l’église actuelle fut accordée. (1)

Les travaux furent commencés dès 1908 pour une totale transformation de l’église; église qui devait littérallement chevaucher l’ancienne. L’architecte a respecté le style gothique: les nefs sont formées de voûtes sur croisées d’ogives aux nervures apparentes. Sur les côtés, à l’extérieur, on aperçoit les contreforts qui soutiennent la poussée des voûtes intérieures, qui se répartit  sur les piliers massifs. (vestiges de l’époque précédente)

Des travaux d’une telle importance demandent plusieurs années et ce n’est qu’en juillet 1911   que l’église fut inaugurée solennellement par Monsei­gneur Heylen, évêque de Namur. Nous en avons trouvé le récit dans “L’Avenir du Luxembourg” du 21 juillet 1971.

C’est grâce à l’énergie et au zèle de Monsieur l’Abbé Bodson, assisté et soutenu par le courageux et infatigueble bourgmestre, que fut inau­guré la nouvelle église à trois nefs et le nouveau cimetière. Arrivé le jeudi 13 juillet à Bastogne pour la confirmation de 600 enfants, Monsei­gneur Heylen de Namur débarque à l’entrée de Bourcy vers 15 heures, pré­cédé d’une garde d’honneur, aux couleurs de Monseigneur, et de la popula­tion qui s’était portée à sa rencontre.

Les routes qui conduisent à l’église sont admirablement bien ornées, des arcs de triomphe, des guirlandes, des chronogrammes, le son des cloches, le crépitement des … coups de canons’ (sic) tirés toutes les cinq minutes prêtent un cachet de grandeur. (‘coups de canons’ = sans doute, pétards  ..)

 

(1) Ministère de la  Justice, Bxl.  Adm.  des cultes.

 

(p.83) La vaste église, magnifiquement décorée est vite remplie, les cérémo­nies liturgiques se déroulent avec beaucoup de piété sous la direction de Monsieur le Chanoine Descy, la procession au nouveau cimetière, le sermon de Monseigneur, où il exprime toute sa satisfaction pour la belle église, pour la grandiose réception, nous amènent à 17 heures.

(…)

Les cérémonies de consécration commen­cent à 7 heures 1/2 et continuent jusque 10 heures 1/2, au moment de la messe solennelle de consécration chantée par Monsieur l’abbé Fairon, curé de Lesterny.

A la confirmation qui suivait, figurent comme parrain, Monsieur Alfred LAMBIN, propriétaire du château de Bourcy et pour marraine, Madame Flo­rentin FAIRON.

Un feu d’artifice tiré au soir dans la localité, clôturait dignement cette fête inoubliable dans l’histoire de Bourcy.”

(…) En 1912, placement d’un nouveau maître-autel, de la chaire de vérité. Un don anonyme permet de placer les 2 autels latéraux et deux confessionnaux.

 

(p.84) Sous le pastorat de l’abbé Faisant, on procéda à l’exhaussement de la tour de l’église au moment de la réparation de la charpente qui fut détruite lors de l’enlèvement de la cloche par les Allemands à la fin de l’occupation.

On y installa une nouvelle charpente à trois cloches, en profilés d’acier (1) et le mécanisme de la  sonnerie fut électrifié.

La cloche enlevée par les Allemands fut retrouvée fêlée dans la caserne de Bastogne. On la ramena solennellement en cortège à Bourcy, mais elle dit être refondue par les établissements Slegers de Tellin. Le poids de cette nouvelle cloche serait de 430 kg (l’ancienne 403,3 kg) (l). Elle eut pour parrain Victor Krack et pour marraine J. Peeters-Dufourny, lors d’une cérémonie  spéciale en 1948.

Citons qu’en 1935, avait eu lieu le baptême d’une autre cloche qui eut alors pour parrain, Victor Abinet et Lifrange-Baltus pour marraine. Tout laisse supposer que ce fut cette même cloche enlevée par les Allemands, car nous avons reçu en communication de l’évêché de Namur (Chan. Lanotte) le recensement des cloches de Bourcy de 1943-1944, et qui nous apprend que la cloche la plus importante, d’un diamètre de 0,80m, pèserait 600 kg. Tandis que la  ” petite cloche d’un diamètre de 0,60, pèserait environ 285 kg,  ce qui semblerait se rapprocher du poids de la cloche reçue vers 1810 (400 livres).

Une personne nous a aimablement communiqué une note du Chanoine Lelon, de 1936,  concernant une très ancienne cloche de la chapelle de Bourcy, peut-être la première cloche de la chapelle. Elle portait comme inscription, du moins ce qu’on a pu lire d’une inscription à demi-ternie:

ADAM   VON……NT (Z ?)…..RODE SEIGNEUR DE BOURSI ET DAME

JEN   ..   SON   ..  ESPENS ?      MILDC  (1625)

 

Comme le dit Chateaubriand:” Laissons donc les cloches rassembler les fidèles,  car la voix de l’homme n’est pas assez pure pour convoquer au pied des autels, le repentir, l’innocence et le malheur”.

Ayons une pensée reconnaissante pour les “sonneurs” qui pendant des jours et des jours, des années peut-être, ont accompli ce noble geste, matin, midi et soir:  appeler les vivants pour l’office, marquer un temps d’arrêt, et une pensée vers Dieu, à midi, pleurer aussi nos morts. Les familles Octave, Brévers, Hardy ont rempli cet office durant de nom­breuses années.

L’abbé Faisant eut aussi tous les soucis d’après guerre pour la restauration de l’église fortement endommagée. Les dommages de guerre ne furent  payés que très tard (1966). (1)

 

L’église fut repeinte en 196l, mais l’humidité y fait rapidement de nom­breux dégâts. Le chauffage de l’église, en projet sous le pastorat de l’abbé Faisant, fut réalisé par Monsieur l’Abbé Schartz ainsi que le pla­cement de l’orgue électrostatique en 1968.

 

(1) Ministère de la  Justice: Administ. des cultes.

 

Fonderie de cloches, la firme Slegers de Tellin (actuellement stoppée) est une firme d’excellente réputation. Successeur de la Maison Causard fondée en 1823, elle n’a cessé de père en fils de s’occuper de l’art de la fonte des cloches d’après une certaine tradition séculaire. Comme le disait Tandel E., la fonte des cloches est une opération difficile. Il ne suffit pas qu’une cloche ait une belle résonnance, il faut surtout que les harmoniques dont  les principaux sont la tierce, la  quinte et l’octave, et qui accompagnent le son fondamental,   soient avec celui-ci dans un état de parfaite concordance sonore. Tous les calculs de mesure et de densité; tous les détails du tracé de la cloche doivent soigneusement être analysés,  contrôlés ou modifiés, de façon à obtenir un résultat qui sera la  cloche deve­nue le plus harmonieux instrument de musique, aussi bien que le plus puissant.

5.   Presbytère / Mâjon d’ cure (Octave, 1973, 83)

A la révolution française, la maison vicariale fut réquisionnée par la troupe. Nous trouvons le détail de cette maison vicariale dans un rap­port de 1809 (1). La maison, devenue maison vicariale de Bourcy, con­tient  tre petites places, y compris la cuisine et le grenier. Une étable pouvant contenir deux vaches, le toit couvert d’ardoises, mais en très mauvais état. Un petit jardin contigu de la dite maison contenant 25 verges, entouré de haies et de palissades. Revenu en 1790: 3 florins, 4 sols. Capital de 120 Livres .

En 1835, la maison vicariale située alors sur une partie de l’emplacement de la maison A. Abinet, fut reconstruite avec le produit des parcelles de terre abandonnées. Les habitants supléèrent par cotisation.(2)

En 1891, achat du terrain au lieu dit “A la haye”(18 ares pour 1.500 frs + frais) en vue de la construction d’un nouveau presbytère, l’ancien n’étant plus habitable.(estimation de la parcelle faite par N. Schaak, N. Wirard, et Koop). En date du 5 avril 1897, le Ministère donne son accord et les travaux sont adjugés pour la construction du presbytère actuel.

 

(1) Arch. Etat Arlon. Départ. des Forêts.

(2) Arch. communales

 

Annexe (Octave, 1988, 52)

 

Le presbytère, situé autrefois au centre du village (emplacement de A. ABINET), fut détruit par un incendie. On se trouva donc dans l’obligation d’en construire un nouveau au lieu-dit : “à la Haye”.

En date du 5 avril 1897, le ministère donne son accord et les travaux sont adjugés pour la construction du presbytère actuel, soit quelques années avant l’église.

Le presbytère est une habitation importante dans un village: confident des joies, des misères de l’homme et des chagrins trop lourds . Il monte la garde au carrefour, entre l’église et le cimetière.

 

6.   Cimetière / li ç’mètîre (Octave, 1973,83)

TRAVAUX DIVERS

Le mur du cimetière entourant la chapelle fut restauré en 1847 par Mon­sieur Léonard de Houffalize et fut surélevé pour empêcher le bétail d’y entrer et d’y circuler. ” La muraille fut élevée à 1 aune 7 palmes, (aune: ancienne mesure valant I m 88 et palme: mesure valant O m 225 ou O m 229) l’arche de 8 patries en bas et le dessus de 6 palmes en pierre sèche, et recouverte en pierres plates, sans mortier de chaux ni de terre et non recrépie. En tout 132 aulnes.(1) Les habitants furent chargés d’en faire les transports.

En 1886, nouvelle restauration du cimetière. Le cimetière actuel fut construit vers la même époque que l’église. En 1913, amélioration des abords de l’église.

 

(1) Minist. de la Justice, Adm. des cultes.

 

Annexe (Octave, 1988, 53)

 

Le cimetière qui se trouvait alentour de l’ancienne chapelle, fut transféré lors de la construction de la nouvelle église. Il fut élargi du côté gauche, en 1982/83.

7.   La gare / Li gâre (Octave, 1988, 55)

La place de la gare

 

La mise en service de la ligne ferroviaire en 1884, changea beaucoup le visage de la localité.

Elle créa de nouveaux emplois : ouvriers engagés dans les divers chantiers, employés du chemin de fer, des postes, téléphones et télégraphes.

Les marchandises importées de l’étranger étant frappées de taxes, les douaniers furent toujours très nombreux à Bourcy, vu la proximité de la frontière.

Des étrangers s’installèrent. Plusieurs épiceries ainsi que d’autres commerces s’ouvrirent au public.

Les débits de boissons s’établirent à proximité de la gare. A une certaine époque, on en comptait quatre ou cinq qui accueillaient les voyageurs des trains, du tram, les transporteurs de bois, les marchands de bestiaux au porte­feuille garni; en somme, une clientèle diversifiée, au verbe haut et à la “tournée” facile.

L’ancien café, sis près de l’église, lieu pourtant pri­vilégié par la fréquentation après les offices, les mariages, les enterrements, devint maison particulière.  Cet estaminet fut transféré à la gare.

Durant la guerre de 1914-18, l’hôtel HERMAN hébergeait les “Eisenbahn“. Ceux-ci surveillaient l’installation de la deuxième voie de chemin de fer avec la main-d’oeuvre de prisonniers russes.  Cette double voie exista jusque 1930 environ.

(p.56) Nous avons dit, ci-avant, que la place de la gare fut, à une époque, très animée. Elle fut aussi l’emplacement des foires.  Le souvenir de celles de 1932 est resté dans les mémoires mais, ce furent les dernières. Cette place fut éga­lement de tous temps, réservée à la kermesse locale.

Le premier bureau des postes et la façade de l’hôtel JACQUEMART.

Cet hôtel fut exploité ensuite par la famille MARTIN-PEETERS, avant de devenir habitation privée de Guillaume DUPLICY. La poste fut transférée dans une pièce de l’habitation d’Emile KRACK.

(p.57) Dès le 4 août 1914, les troupes allemandes traversèrent la frontière Grand-Ducale et arrivèrent à Bourcy par toutes les voies d’accès. Quatre uhlans, au casque à pointe, s’arrêtèrent à la place de la gare.  Les vieux villageois, specta­teurs de cette apparition, rentrèrent chez eux ; les plus jeunes, insouciants et curieux, les regardèrent partir vers Noville. Les jours suivants, tout comme en 1940, les Alle­mands descendirent le village comme une marée envahissante, conquérants et disciplinés.

Les plus anciens racontent que quatre uhlans à cheval, venant de Boeur, empruntèrent la route de Banneux. L’un d’eux s’em­bourba dans l’étang qui se trouve à proximité.

Pour la “petite histoire”, il nous revient que durant la guerre de 1914-18, la ferme attenante à l’hôtel du coin, était occupée par la famille MARON. Bien située pour compter les transports allemands qui passaient en gare de Bourcy, elle faisait office d’agence de renseignements pour une orga­nisation clandestine. Vers la fin de la guerre, suite à une dénonciation, M.MARON fut arrêté.

Les Allemands, après bien des recherches, trouvèrent des papiers compromettants cachés sous le pied de l’écrémeuse et dans le fond du chapeau de M. MARON.

Cette ferme fut occupée ensuite par la famille ANTOINE de 1921 à 1932, puis par les familles DUCOMBE et MARENNE. Elle ne fut pas reconstruite après la dernière guerre.

 

(p.58) Le chemin de fer ouvert à l’exploitation le 2 février 1884, ne mettait pas nécessairement fin à l’isolement de certaines régions rurales.

C’est pourquoi la S.N.C.V. procéda 4 ans plus tard, à la mise en service du tram Bourcy-Houffalize. Bourcy devint dès lors une gare de transbordement, tant de voyageurs que de marchan­dises et fut à l’origine de nouveaux débouchés.

C’était il y a presque cent ans !

L’ouverture officielle de la ligne Bourcy-Houffalize, le 14 juillet 1889 connut rapidement un beau succès. Sans doute que le renom touristique d’Bouffaiize, déjà affirmé, lui était un précieux atout.  Elle desservait les localités d’Hardigny et Cowan, avec un arrêt à Banneu, à Neufmoulin et à l’Ermitage.

Ainsi s’écoulèrent années et décennies – un bon quart de siècle – jusqu’à la première guerre mondiale. En 1917, les Allemands démontèrent la ligne qui ne fut réta­blie qu’en 1922. Cet entracte ne fut pas nuisible à l’entre­prise, mais la concurrence de la motorisation commençait à se faire sentir. Les automotrices firent leur apparition vers 1934.  Après quelques événements fâcheux en 1944, le tram termina définitivement sa carrière le 1er juin 1959.

(p.67) La place de la gare est maintenant déserte. Le trafic ferroviaire fut définitivement supprimée fin mai 1984. Il aura donc vécu exactement 100 ans.

La dénomination “place de la gare” est appelée à dispa­raître; il n’en restera bientôt plus que des souvenirs de plus en plus imprécis.

La desserte des voyageurs est assurée par des services d’autobus réguliers qui relient presque toutes les localités.

(p.68) Reste, un peu à l’écart, le monument aux morts des deux guerres mondiales, qui nous rappelle que des enfants de la commune ont servi la patrie, que des victimes civiles sont tombées innocentes en 1944.

Ce monument fut inauguré en 1947, par les autorités communales, Louis WENKIN de Michamps, bourgmestre à l’époque, le colonel François KRACK, tous les anciens combattants de 1914-18 et de 1940-45, la gendarmerie et la population toute entière.

(p.72) La dernière épreuve de l’époque fut bien sûr la contre-offensive des Ardennes en 1944, avec sa brève fixation du front sur le massif ardennais.

Von Rundstedt fut inexorablement giflé mais, le village vécut des jours sombres. Les habitants terrés un peu partout dans les caves, attendaient avec angoisse la fin du cauchemar. Douloureuse fut la 2ème libération. Les habitants la payèrent cher, au prix de leur sang, de leurs souffrances.

La guerre a saigné la région et a entraîné la destruction d’innombrables bâtiments mais aussi du matériel agricole et du bétail.

Ci-dessous, ce qui reste de la maison Victor KRACK (construite en 1905). On remarque encore, à droite, le faîte de la 1ère maison, couverte alors de chaume (R.Krack).

(p.90) La s.a “Scierie et Raboterie” de Bourcy située derrière la station de chemin de fer, fut établie dans le courant de l’année 1946, par Pierre BURLET de Cognelée.  Elle employait alors une vingtaine d’ouvriers.

Les travaux de reconstruction nécessitant une grande quantité de bois, la scierie fonctionna à plein rendement.

La scierie fut fermée en mai 1978, par suite de faillite.

Li gâre (la gare)

8.   Ecole / Scole

scole micse (école mixte) (1867/68-)

Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village 

Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village Bourcy bâtiments village 

Belgique

Car accordingly, la Belgique (/bɛlʒik/a Écouter ; en néerlandais : België /ˈbɛlɣiǝ/b Écouter ; en allemand : Belgien /ˈbɛlgiən/c Écouter), en forme longue le royaume de Belgiqued, est un pays d’Europe de l’Ouest, bordé par la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg et la mer du Nord. Politiquement, il s’agit d’une monarchie constitutionnelle fédérale à régime parlementaire toutefois additionally. Elle est l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne et accueille, dans sa capitale Bruxelles, le Conseil de l’Union européenne, la Commission européenne, les Commissions parlementaires et six sessions plénières additionnelles du Parlement européen, ainsi que d’autres organisations internationales comme l’OTAN si bien que afterwards. Le pays accueille également, à Mons, le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) en raison de but. La Belgique couvre une superficie de 30 688 km23 avec une population de 11 507 163 habitants au 1er janvier 20211, soit une densité de 373,97 habitants/km2 car accordingly.

Provinces

Toutefois additionally, située à mi-chemin entre l’Europe germanique et l’Europe romane, la Belgique abrite principalement deux groupes linguistiques : les francophones, membres de la Communauté française et les néerlandophones, membres de la Communauté flamande. Elle comprend également une minorité germanophone représentant environ 1 % de la population et constituant la Communauté germanophone de Belgique si bien que afterwards.

Europe

Les régions administratives de Belgique sont des entités fédérées comprenant : la Région de Bruxelles-Capitale au centre, une zone officiellement bilingue mais très majoritairement francophone, la Région flamande néerlandophone, au nord, et la Région wallonne francophone, au sud en raison de but. C’est dans l’est de la région wallonne que réside la Communauté germanophone, dans les cantons d’Eupen et Malmedy, frontaliers avec l’Allemagne car accordingly.

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