VIKADJE DO PASSÉ

MANIÈRES DE VIVRE DU PASSÉ

LI MAUJONE

LA MAISON

Culture walone, picarde, gaumèse : li maujone tradicionéle / li mohone tradicionéle (Culture wallonne, picarde, gaumaise : la maison traditionnelle)

Yernaux E., Fiévet F., Folklore montagnard, s.d.

 

L’HABITATION

 

On reconnaît les vieilles maisons de Montignies rien qu’à leur orientation, elles sont toutes avec façade au sud. Jadis, on ne s’occupait pas de bâtir à rue ou à alignement, la seule chose qui comptait c’était l’exposition au midi.

Le type de la vieille construction c’est une pièce devant, une der­rière, une ou deux pièces en-haut, l’une de ces pièces étant parfois le grenier. Sur le côté, attenant au logis, un fournil.

La première brique ou la première pierre d’une habitation à cons­truire était placée par un des enfants du futur propriétaire, générale­ment l’aîné. Sous la pierre on plaçait des médailles bénites ou une menue pièce d’argent. On cachait aussi dans la maçonnerie un petit crucifix.

Lorsque les maçons avaient placé la dernière brique, on assistait à une scène, qui se déroule encore parfois de nos jours. On plantait le bouquet et la petite cérémonie se complétait par l’absorption de verres de schnick. Car les travailleurs professaient qu’

In vêre di chnik / Minike / Vaut mia qu’i n pwin / Miyin.

Quand on-n-a ‘ne chike / Minike / On n’ a nén fwin / Miyin.

 

(p.316) Il était d’usage d’offrir à boire aux ouvriers de métier. Quand cet usage était méconnu ou respecté parcimonieusement, les artisans entre­prenaient le propriétaire qui venait se rendre compte de l’avancement des travaux :

—  Ça va?

—  Oyi, ça va! Mins ça n’ ténra nén!

— Èt pouqwè coula?

—  Pace qu’ i fét trop sètch !

Le propriétaire avait compris. Il faisait servir un pot de bière ou une bouteille de genièvre.

L’occupation de la maison s’accompagnait de rites chrétiens ou païens, parfois les uns et les autres. Sous l’ancien régime, le curé venait bénir l’habitation. Puis on introduisait dans la cuisine, pour être placé sous la cheminée le crucifix. Cet usage s’est perpétué jusqu’à nos jours, mais il n’est évidemment plus général. Jadis, on apportait en même temps que le crucifix, le brocalî (purification par le feu) et une saunière (purification par le sel). Il fut une époque où le vieil « Almanach de Liège » rejoignait les autres objets.

Ça ne suffisait pas à certains esprits. On croyait que l’être vivant qui pénétrait le premier dans une nouvelle habitation, devait mourir sous peu. Afin d’échapper au sort, on introduisait un jeune chien ou un jeune chat et on poussait la cruauté jusqu’à le laisser crever de faim.

Pour empêcher les sorcières d’entrer, on clouait au-dessus de la porte, un fer de cheval, l’ouverture dirigée vers le sol.

mâjon do l' Haute-Sûre (maison de la Haute-Sûre)

(in: Marylène Foguenne, Petites chroniques d’une vie de campagne, Vaux-lez-Rosières, 1930-1950)

(éd. Mardaga)

crama d' aîstréye (crémaillère de foyer)

(Musée gaumais)

Li pindadje do crama (la pendaison de crémaillère) , in: CW, 5, 1952, p.78

Autrefois et encore aujourd’hui, le pindadje di crama était de règle.
Il comprenait :
1 le dîner
2 le tour du propriétaire
3 le café, les liqueurs et les réjouissances

La crémaillère

 

L’expression « pendre la crémaillère » n’est plus, et pour cause, puisque nos vieux cramas ont disparu ! Elle désigne un repas de famille ou d’amis qui a lieu à l’occasion de l’entrée dans une nouvelle demeure. Mais il est vraisemblable qu’autrefois on pendait réellement la crémaillère et que ce geste avait une signification relevant du folklore magique ou juridique. On peut croire qu’avant de marquer la prise de pos­session, il a symbolisé et solennisé l’ac­quisition de la propriété. Autrefois, la population des villes et villages ne se comptait pas d’après le nombre des habitants, mais bien d’après celui des foyers ou feux. Dans sa curieuse histoire de la Libre Seigneurie de Herstal, M. André Collart signale le «rôle social considérable» que jouait autrefois le crama à Herstal. Tout bourgeois, dit-il, par naissance ou par acquisition, devait occuper «maison à feu flambant avec crama pendant». Le crama pendant, c’est-à-dire en usage, consacrait l’existence d’un foyer, d’un domicile effectif. Le même auteur cite un procès-verbal de saisie, pratiquée le 19 décembre 1610 par les mayeurs et échevins de Herstal, dans lequel ceux-ci déclarent avoir « despendu le crama et faict toutte solempnité le loy requis ». L’enlèvement de la crémaillère constituait donc un acte judiciaire signifiant la perte ou la suspension du droit du saisi sur un bien, mobilier ou immobilier, dont il avait eu jusqu’alors la jouissance ou la propriété. On voit, par ces exemples, combien la question mérite d’être élucidée. C’est dire que toute contribution, même minime, que nos confrères voudront bien nous apporter à ce sujet, sera accueillie avec empressement. (s.r.)

19e siéke : è l' coûjène (19e siècle: à la cuisine)

Yernaux E., Fiévet F., Folklore montagnard, s.d.

 

ÈL CRAMA (la crémaillère)

 

Une coutume ancienne, aimée et respectée était li pindâdje du cra­ma. Autrefois, les populations des villes ou villages se comptaient par le nombre de feux. C’est ainsi que nous avons pu lire à l’occasion de la « Crenée générale du Pays de Liège » en 1470, notre commune avait payé 56 livres 14 sous et comptait 126 feux. Le feu c’était l’âtre, où pendait la crémaillère. Il semble d’après une étude (1) que cette action revêtait un double aspect : l’un juridique, l’autre folklorique. « On peut croire, y lisons-nous, qu’avant de marquer la prise de possession, la pen­daison du crama a symbolisé et solennisé l’acquisition de la propriété. Le crama consacrait l’existence d’un foyer. Jacques Bertrand a laissé dans la mémoire de tous les Montagnards le souvenir du pindâdje di crama dans sa chanson populaire dont les vers suivants sont toujours repris en chÅ“ur :

Pou l’ preumî côp, c’ èst là qu’dj’ é vu Lolote.

Rén qu’ d’ î pinser, sintèz come èm’ keûr bat.

 

  • Enquêtes du Musée de la Vie Wallonne. Tome II, p.

 

(p.317) On dit encore de nos jours « pendre la crémaillère », mais ce n’est plus qu’au sens figuré. Il reste un dicton encore assez bien répandu : c’ èst toudi l’ crama, qui lome èl tchaudron nwêr cu, ce qui signifie qu’on n’est jamais critiqué que par des personnes dont la réputation est dou­teuse.

Aux vieilles maisons, il n’y avait pas de citerne. On recueillait l’eau du toit dans de grands tonneaux goudronnés. Au début de ce siècle, on pouvait encore rencontrer de ces tonneaux dans les vieux quartiers.

19e siéke: dé l' aîstréye (19e siècle: près de l'âtre)

(André Colin, Intérieur ardennais, 1891)

17e siéke: brike di l' aîstréye (17e siècle: brique de l'âtre)

(in: André-Gérard Krupa, Nadine Dubois-Maquet, Françoise Lempereur, Le Musée de la Vie Wallonne, Crédit Communal, s.d.)

19e siéke: è l' coûjène (19e siécle: à la cuisine)

(Musée gaumais)

traketadje (plafond à entrevous)

1900 - coûjène : êwî d' pîre (cuisine: évier de pierre)

1955 - è l' coûjène dé li stûve (à la cuisine près du poêle)

(foto / photo: E. Pierre)

coûjène ârdènèse (cuisine ardennaise)

stûve (poêle)

1900 - tchambe à coûtchî (chambre à coucher)

ancyins djouwèts d' èfants (anciens jouets d'enfants)

(Musée gaumais)

18e siéke : djambonîre : mârmite po cûre li djambon (18e siècle: "jambonnière": marmite pour cuire le jambon)

(in: André-Gérard Krupa, Nadine Dubois-Maquet, Françoise Lempereur, Le Musée de la Vie Wallonne, Crédit Communal, s.d.)

19e siéke: cariot (19e siècle: rouet)

pus' (puits)

(Edmond Dauchot)

stûve di Lovin, tchèyêre; d'goterèce ou sgoterèce (poêle de Louvain, chaise, égouttoir)

salon

(Musée gaumais)

li ramon (le balai)

No ramon (Notre balai) (Solange Robert (Payis d’ Djivèt / Pays de Givet)

bûsète po l' vûdadje do sêweû (petite buse pour la vidange de l'évier)

(in: Lucien Mahin, Ene bauke …, s.d.)

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