VIKADJE DO PASSÉ
MANIÈRES DE VIVRE DU PASSÉ
ÔTÈS BIÈSSES
AUTRES BÊTES

li nwâr tchèt (le chat noir)
Yernaux E., Fiévet F., Folklore montagnard, s.d.
Èl tchin à tchin.ne
(le chien avec une chaîne)
On croit que les sorciers peuvent se changer en animal. A Montignies, on imaginait qu’ils se transformaient en tchén à tchin.ne. M. J. Lemoine, dans « La Gazette de Charleroi » du 2 décembre 1890, décrit comme suit le chien à chaînes : « On se le figure comme un chien de taille monstrueuse, aux yeux grands et étincelants. Le monstre trotte lentement autour du voyageur en produisant un cliquetis semblable à un froissement de chaînes. »
Le tchén à tchin-ne, c’est le loup-garou. On y croyait encore fin du siècle dernier. La preuve, nous la trouvons dans cet article de « La Gazette de Charleroi » de septembre 1892 :
« Depuis quelques jours, grand émoi parmi la gent crédule du Sart-Allet ; on prétend qu’un « chien à chaînes » apparaît tous les soirs et, emboîtant le pas aux passants, les reconduit jusque chez eux. Des témoins oculaires racontent que le « chien à chaînes » a deux grands yeux brillants dans l’obscurité et mesurant de 10 à 15 cm. de diamètre. L’un d’eux raconte même que, dimanche dernier, passant vers 11 h. du soir dans un chemin peu fréquenté, il vit un homme arrêté qui lui dit : « Souhaite-moi le bonsoir, mon vieux. » Le passant, interdit, se retourna et vit que l’homme s’était transformé en un grand chien à longs poils noirs, qui le suivit jusque chez lui en faisant tinter ses chaînes. Une femme raconte, d’autre part, que revenant chez elle, vers 9 h. 30 du soir, elle vit un grand chien noir assis sur son derrière et ayant deux grands yeux brillants comme deux lumières. Comme elle arrivait à proximité du « chien à chaînes », il ouvrit la gueule en hurlant. La femme s’enfuit et tomba évanouie en arrivant chez elle. Les habitants s’arment le soir, depuis un jour ou deux, pour tâcher de surprendre le démoniaque. »
On croyait qu’on pouvait reconnaître le tchén à tchin-ne sous sa forme humaine en lui jetant dans la gueule un morceau de tissu ou une écharpe et en tirant de façon à laisser un bout d’étoffe entre les dents du monstre.
- le professeur Eugène Monseur (1) écrit qu’on fait presque partout le récit suivant : « Un matin, un jeune homme quitta sa femme. (p.269) A peine était-il sorti de la maison, qu’un loup y pénétra et se jeta sur la femme, sans toutefois la blesser et en se contentant de lui mettre son tablier en pièces. Quelques instants après que le loup eut quitté la maison, le mari rentra. Sa femme, qui le soupçonnait de sorcellerie, ne lui dit rien de ce qui s’était arrivé. Elle l’attira à elle et lui prit la tête sur son giron sous prétexte de lui chercher ses poux. Son mari ayant ouvert la bouche, elle vit dans ses dents des morceaux de son tablier. »
Quand on rencontrait in tchén à tchin.ne, il fallait éviter de le laisser derrière soi car il sautait sur votre dos et vous forçait à le porter jusqu’à votre domicile. (…)
- Le Folklore Wallon, par E. Monseur, professeur à l’U. L. B.