Semaine Sainte Belgique wallonne picarde gaumaise

LI PWIN.NEÛSE SAMWIN.NE

La Semaine Sainte

Li Pwin.neûse (ou pèneûse) Samwin.ne en Bèljike walone, picarde, gaumèse

La Semaine Sainte en Belgique wallonne, picarde, gaumaise (NB pèneûs / pwin.neûs: triste)

0.   Présentation / Présintâcion

La semaine sainte, in: Crétin-Thibault, 1991, p.21

 

La semaine juste avant Pâques

 

La semaine sainte commémore la passion du Christ, on l’appelle également la “semaine peineuse “.

 

Le jeudi saint

 

C’est l’anniversaire de la Cène (du latin: cena : repas du soir), dernier repas de  Jésus avec ses apôtres. Les chrétiens refont les gestes du Christ qui a partagé le pain et le vin : c’est la messe ou l’Eucharistie des catholiques, la Cène des protestants, la Divine liturgie des orthodoxes.

Les cloches des églises se taisent jusqu’à la veillée de pâques. Crécelles ou claquoirs les remplacent parfois, agités par des enfants.

 

Le vendredi saint

 

Le deuil et l’abstinence le jour de la crucifixion du Christ. Depuis le Moyen Age, de nombreuses confréries de pénitents font de pénibles “chemins de croix”.

Sous les roulements lugubres des tambours, les pénitents recouverts d’une cagoule cheminent dans l’anonymat, s’imposant parfois de cruelles mortifications, comme en Espagne, au Mexique ou aux Philippines.

 

Les Hot-Cross Buns

Ce sont de petits gâteaux à base d’épices et de farine qu’on mange en Angleterre le vendredi saint.

 

Les tournées des enfants de choeur

Pour rétribuer les services des enfants de choeur à la paroisse, on leur donne de l’ argent ou des oeufs.

 

Rose Thisse-Derouette, Survivances de rites anciens dans les chansons populaires, EW 1962, p.118-121

 

(p.120) La coutume de remplacer la sonnerie des cloches de l’église par des crécelles durant la semaine sainte.  Encore dans certains villages.

Le curé de la paroisse a recours à des enfants pour parcourir les rues du village et faire les appels aux offices religieux. Du jeudi saint à midi jusqu’au samedi à midi quand les cloches reviennent.

Ils vont ‘raketer’, ‘tarater’ (à Heyd), agiter une crécelle (rakète, tarata, …)

La quête a lieu le dimanche (récolte d’oeufs et de sous).

 

Tradicions do timps dè l' Pwin.neûse Samwin.ne (Traditions pendant la Semaine Sainte)

(VA, 10/04/2001)

1.   Traditions par régions / Tradicions pa réjions

1.0  Généralités / Jènèrâlités

in : EMVW, TII, 15-16, 1927, p.65-79

 

(p.65) Les crécelles de la semaine sainte

 

Les coutumes se rapportant à la semaine sainte, li pwin.neûse samwin.ne (pwin.neûs, de pwin.ne (peine)), sont nombreuses et variées. L’une d’elles, qui s’est maintenue dans beaucoup de localités, consiste à annoncer les offices religieux, du jeudi au samedi saints (jours pendant lesquels les cloches restent silen­cieuses), au moyen de crécelles et autres instruments sonores, en bois. Ces objets sont, le plus souvent, ceux dont on se sert à l’église pour remplacer les clochettes, absentes elles aussi. De jeunes garçons, spécialement les enfants de chœur, se répandent dans le village, en un ou plusieurs groupes, et chantent une courte mélopée qui alterne avec le bruit des crécelles. Le samedi, lorsque les cloches sont « revenues de Rome », les corâls (enfants de choeur) « enterrent » ou « chassent » le carême en allant recueillir de porte en porte leur salaire, qui consiste principalement en œufs. C’est souvent ce jour-là qu’ils portent aux paroissiens l’eau bénite nouvelle.

 

* * *

 

Voici comment cette coutume est encore observée à Boneffe (Hesbaye) :

 

1 Le jeudi saint — (A Namur : li blanc djwèdi, li djwèdi dès sètès-èglîses ; dans la région de Boneffe, plus simplement, li djûdi sint).

Lorsque le prêtre entonne le « gloria », les cloches se mettent en branle, les enfants de choeur agitent clochettes et carillons, — ce sont les cloches qui « partent pour Rome » pour « être bénies par le Pape ». Les grandes personnes se signent, et les petits, le nez en l’air, regardent passer les cloches gui s’en vont vers le midi ; et le plus beau du jeu, c’est qu’ils les voient : un nuage qui file à l’horizon, un oiseau qui traverse l’espace comme un éclair, traçant dans le bleu du ciel le sillon d’une ombre noi; e qui s’enfuit, il n’en faut pas davantage à l’imagination de l’enfant pour qu’il s’écrie, avec des transports de joie : « Man ! dj’ a vèyu passer one clotche».

 

(p.66) 2 Le vendredi saint — (A Namur : li pwin.neûs vinrdi, li vinrdi dè l’ pwin.neûse samwin.ne ; à Boneffe et environs : li vinrdi saint, li vinrdi dè l’ pèleûse samwin.ne).

Les enfants de chœur, munis de crécelles (rakètes) et de clipotias ramassés dans le village (les Allemands en ont laissé un tas pendant la guerre) se rassemblent sur une petite place longeant les murs de l’église et jont un vacarme assourdissant en criant à tue-tête : « À mèsse, à mèsse, po l’ prumî côp! » — puis, un quart d’heure plus tard : « À messe, à mèsse, po l’ dérin côp !» — Les fidèles arrivent; l’office commence.

 

Dans le courant de la journée, les enfants de chœur se répandent dans le village et vont agiter crécelles et dipotias devant chaque mai­son, en annonçant les offices du soir et du lendemain matin. Le soir, réunis de nouveau devant l’église, ils recommencent leur vacarme en criant : « Au salut ! au salut ! po 1′ prumî côp! », puis, un quart d’heure après : « Au salut ! au salut ! po 1′ dérin côp! ».

 

3 Le samedi saint — A peine l’officiant a-t-il entonné le chant du « gloria » que toutes les cloches se mettent en branle, accompagnées du tintement des clochettes et des carillons. Les petits, levés de grand matin, attendent avec impatience les voyageuses revenant de Rome, les robes de bronze remplies de beaux œufs aux couleurs les plus (p.67) variées. A peine la grosse cloche a-t-elle fait entendre sa voix, que les enfants se précipitent au jardin pour dénicher les œujs dans les haies, les bordures de buis, les ruches, trépignant de bonheur à chaque œuf qu’ils découvrent. Les plus grands jouent a cocogne : tenant l’œuf dans la main fermée, ne laissant passer qu’un bout, ils cognent les œufs l’un contre l’autre; l’œuf cassé appartient à celui qui le casse.

C’est le jour aussi où les enfants de chœur vont de maison en maison porter l’eau que le prêtre a bénie le matin pour les Saints-Fonts.

 

L’un porte le seau à l’eau bénite, l’autre un panier, un troisième la sonnette, et on leur donne des œuf s, des gros sous, qu’ils partagent à la fin de la journée. Habituellement, ils recueillent chacun un demi-quarteron d’œufs et une vingtaine de francs (1). Le croirait-on ? l’affaire s’industrialise — signe des temps ! Les enfants de chœur donnent trois francs à un gros bêta pour porter les seaux, et eux, ils se contentent de recevoir les gratifications.

 

1926, Boneffe                                                                       R. HOTTELET

 

(l) A Honnay (prov. de Namur), je me souviens avoir eu la dernière fois pour ma part, 60 centimes et quatre œufs. C’était en 1890. Nous trouvions ce salaire magnifique. (Note de M. Désiré Robe, de Couillet).

 

(p.68) En Ardenne, l’usage des crécelles pascales est encore très répandu :

A Grandmenil, à Amonines, pendant que les cloches sont à Rome, les jeunes garçons, ordinairement ceux qui serrent la messe, sont chargés de les remplacer. Ils circulent en maniant des crécelles (rahètcs ou taratas) et, tout en les manœuvrant, s’époumonnent à crier sur un ton de mélopée : « Sone, sone â proumî côp ! » ou « Sone, sone â deûsême côp ! ». Pour les offices des ténèbres, la phrase diffère: « Proumî côp âs ténêbes! » ou « Deusême côp âs ténêbes ! »

Après l’office du samedi saint, la bande de tarateûs, beaucoup plus dense que les jours précédents, se rend devant chaque porte pour obtenir le prix de ses peines. Celui-ci consiste en œufs et en argent. Dans certaines contrées (Remagne), les enfants en profitent pour porter l’eau bénite à domicile. Les taratas font ce jour-là un vacarme étourdissant, enlevant ainsi tout motif d’excuse à ceux qui ne seraient pas prêts à se libérer (a). En se présentant devant

 

(2) A Fauvillers, un des quémandeurs salue chaque don d’un tour de crécelle, en guise de remerciement. (Note de M. L. Mernier). A Wibrin, on criait : « Carème èvôye ! ». On lançait des quolibets variés aux habitants qui refusaient de s’exécuter : « Carème à l’ take ! » criait-on en élevant la voix, ce qui peut se traduire : « Ici, l’on est avare ! ». (Note de M. l’abbé Schmitz, curé de Wibrin). Il s’agit sans doute de la taque du foyer, et le cri signifiait :« Carême reste au foyer ! » C’était un souhait ou une constatation, à moins que ce ne soit une corruption de « carème è l’  tahe!», carême dans la poche.

 

(p.69) chaque demeure, les enfants célèbrent, par le chant que voici, la « Mort du carême » :

Taratata,

Cwèrème è va,

Tchârnale rivint,

Voci l’ bon timps,

Cakans lès-oûs,

Cwèrème èst foû (3).

 

(3) Traduction : Taratata, Carême s’en va, « Charnal » revient. Voici le bon temps, Cognons les œufs, Carême est fini (litt. : dehors).

– Le mot « Charnal »n’est plus compris aujourd’hui, ou on le prend de travers. Par confusion avec l’arbre qui s’appelle tchârnale, certains traduisent : « Le charme repousse ». Nous y voyons l’ancien français charnal (pièce de viande) ou une corruption de charnage (époque où l’on peut manger de la chair). Dans le texte de la Famenne que nous donnons ci-après, le populaire en a fait Tchalmagne, rapprochant ce mot du nom de Charlemagne, qui se prononçait souvent Challemaine au moyen âge. Il y a eu sans doute jeu de mots plus ou moins conscient avec tchâr (chair), magne (mange). (Note de M. J. Haust).

(p.70)

A Grandmenil la fin diffère :

Cwèrème è foû,

Dji vin quèri mès-oûs (4).

Le tour terminé, les enfants gagnent la sacristie, où le curé leur partage le butin, parfois considérable.

 

1927, Graudmenil                                                                       Ch. PALEM Remagne

 

 

Pour la Famenne, M. Olivier Verdin a naguère décrit en wallon la même scène (5). Voici la fin de son tableau.

Chaque côp qui l’ binde inteure dins one mohon po vinde si bénite êwe, c’ è-st-one arèdje à n’ pus s’ètinde; lès taratas èt lès makas vont d’ leû pus reûd ; on faît l’ toûr dès plèces en s’ sîhant quawe à quawe, taratant èt makant, èt en criyant : « Tchèssans cwarème èvôye ! »

On tchante ossi :

Tarata !                                     Voci 1′ bon timps !

Cwarème è va !                         Crokans lès-oûs !

Tchalmagne rivint !                   Cwarème est foû ! (6)

 

A Roclenge-sur-Geer, d’après M. François Olyff (7), les enfants célèbrent la mort du carême par un chant analogue, en traînant par les rues de vieilles marmites et de vieux seaux sur lesquels ils frappent avec des bâtons en cherchant à faire le plus de bruit possible.

 

***

 

La tournée faite, les œufs et l’argent sont répartis entre les jeunes gens par le curé ou une autre personne. Souvent aussi les enfants procèdent eux-mêmes au partage, lequel se fait, parfois,

 

(4) Traduction : Carême est fini, Je viens chercher mes œufs.

(5) Bull, de la Soc. de Litt. wall, t. 54,1912, p. 17.

(6) Traduction : Chaque fois que la bande entre dans une maison pour vendre son eau bénite, c’est un tintamarre à ne plus s’entendre ; les crécelles et les marteaux vont au plus vite ; on fait le tour des pièces en se suivant à la queue leu leu, jouant de la crécelle et du marteau, et en criant : « Chassons Carême au loin l » On chante aussi : « Tarata ! Carême s’en val Charlemagne (?) revient! Voici le bon temps ! Croquons les œufs ! Carême est fini ! ».

(7) Wallonia, t. 17, 1909, p. 173.

 

(p.71) proportionnellement à l’âge et surtout à la taille des gamins (8). Généralement, on retranche un œuf pour chaque absence ou arrivée tardive.

Le chant par lequel les offices sont annoncés ne varie guère, ni pour le texte, ni pour la musique. L’un et l’autre méritent cependant d’être soigneusement recueillis par nos correspondants.

 

Voici une notation faite à Beauraing dans la première moitié du XIXe siècle. Nous l’avons trouvée dans un journal de famille qu’a bien voulu nous communiquer M. Lucien Debatty, d’Ougrée.

1.   Le jeudi saint, le salut est annoncé comme suit, par les joueurs de rakètes :

Au salut, au salut de Note Seigneur, li prèmî côp, li prèmî côp !

Puis : l’ deûsême côp ! Puis enfin : li dérin côp !

2.  Le vendredi saint, la messe s’annonce en ces termes : « À matines, à matines de Note Seigneur ; li prèmî côp…».

3.  Le vendredi soir, comme au n° 1.

4.  Pour la messe du samedi : « On r’bènit, on r’bènit lès fonts de Note Seigneur… ».

 

Une notation faite à Beauraing en 1925, par M. Hospel, de Namur, donne, à un siècle de distance, une version à peu près identique.

A Beauraing, c’est après l’annonce que les raketeûs font tourner leurs crécelles. Ailleurs, le bruit de celles-ci précède l’annonce.

Les instruments utilisés en cette circonstance sont de formes variées. Les deux plus répandus sont la crécelle et la tapette. Cette dernière est une sorte de marteau à manche articulé dont la tête retombe alternativement sur les deux extrémités d’un plateau, tenu par un manche placé à sa partie inférieure. Ces deux objets sont aussi employés par certains marchands de la rue, pour s’annoncer à leurs clients. Ils servent aussi à « sonner le réveil » dans les communautés religieuses.

 

M. le juge L. Mernier, de Fauvillers, a relevé quatre types d’instruments utilisés parles clapeteûs de Fauvillers. C’est d’abord la griyale ou crécelle. Elle s’appelle tartèle à Neufchâteau, tarata

 

(8) E. Liégeois, Lexique du patois gaumel. Bull, de la Soc. de Litt. Wall, t. 37, 1897, p. 304.

 

(p.72) à Nassogne et broyeû à Virton. Vient ensuite le martê ou tapette, décrite plus haut. C’est encore la clapète, cliquette rap­pelant celle des lépreux. Elle est composée de trois lames, celle du milieu faisant corps avec le manche, tandis que les deux autres, mobiles, sont rattachées à la première par des lamelles de cuir. Enfin, c’est la martale, appelée ailleurs moulin, boîte (p.73) sonore à laquelle est adaptée une crécelle. Elle se porte sur la poitrine et on l’actionne en tournant une manivelle. Quand elle est de grandes dimensions, le gamin la pose à terre et la maintient immobile a l’aide des genoux, pendant qu’il tourne d’une main la manivelle. « La martale n’est pas employée partout, remarque M. Mernier, et son usage commence à disparaître. Celle de Fauvillers faisait, par sa grosseur, l’envie des environs ».

Cette martale, au son lugubre et puissant, s’appelle à Bodange (hameau de Fauvillers, à la frontière linguistique), une roubel, mot emprunté au bas-allemand. M. l’abbé Dubois, de Malmédy, en a procuré un magnifique exemplaire à notre Musée. C’est peut-être celle dont il a rappelé les exploits dans ses charmantes Vieilles choses d’Ardenne (8).

 

(8) Dans la petite chapelle de Bodange, que ne desservait aucun prêtre, raconte l’abbé Dubois, les paysans se rassemblaient le soir, pour réciter le chapelet en commun. Nous autres, avec nos claquettes, nos crécelles et nos « roubels », nous étions installés sur les marches du

 

(p.74) Dans le Hainaut, où l’usage des crécelles de la semaine sainte est aussi très répandu, on les appelle généralement èscalètes ou ragalètes. A Gottignies, d’après M. Léon Bassette, de Soignies, il existe une grosse crécelle à quatre marteaux, activés par des broches en bois fixées sur le tambour, et une petite crécelle dont le tambour à rainures fait bruire une lamelle unique. Cette petite crécelle remplace la sonnette à l’intérieur de l’église. Elle se manœuvre à bras plus ou moins tendu. C’est la ragalète. La grosse, lèscalète à brokes, sort a l’annonce des offices par les chèrveûs. Elle se manie à deux mains, l’extrémilc du manche s’appuyant sur la cuisse.

 

***

 

Dans certains villages, les crécelles et marteaux sont conserves à l’église. Ailleurs, ils sont la propriété des familles, qui se les transmettent de père en fils.

Nos correspondants connaissent-ils des instruments de ce genre portant des inscriptions ? Existe-t-il dans leur région des types de crécelles ou marteaux différant de ceux que nous venons de décrire ? Pourraient-ils nous en procurer un exem­plaire ? Y a-t-il eu, dans les églises de leur région, des cloches en bois destinées au même usage ?

Qu’ils n’oublient pas de relever les noms wallons des instru­ments et de ceux qui s’en servent, ainsi que les verbes désignant cette action. Ces expressions sont extrêmement variées, comme on pourra s’en convaincre par la communication de M. J. Haust qu’on trouvera plus loin.

maître-autel, plus préoccupés de nos instruments que de la prière qui déferlait vers la Mère de Dieu.

La cérémonie se terminait par les Litanies et par l’Angélus. C’était la minute solennelle. Le tambour-major calait sous son genou la plus sonore des « roubels ».

—  « L’ange du Seigneur annonça à Marie qu’elle serait la Mère du Sauveur… », disait le chœur des hommes.

— Cran ! cran ! cran ! ronflait la « roubel » de Victor.

—  « Je vous salue, Marie… »

—  « Voici la servante du Seigneur.., »

—  Cran ! cran I cran I

— « Et le verbe s’est fait chair… »

— Cran I cran ! cran I

— « Je vous salue… Sainte Marie, Mère de Dieu… »

Puis c’était un vacarme assourdissant. Tous les instruments partaient à la fois en une cacophonie épouvantable. Hommes et femmes s’en­fuyaient, pendant que les écoliers, la langue entre les dents pour mieux taper, grincer et tourner, achevaient leur musique de diable pour faire plaisir au bon Dieu.

 

Abbé dubois, Vieilles choses d’Ardenne, Bruxelles, 1928, p. 26.

 

(p.76) Ceux de nos correspondants qui pourront nous documenter à cet égard nous obligeront en nous décrivant aussi les autres coutumes pascales, notamment celles qui concernent :

Les Rameaux: qui les fournit, comment a lieu leur bénédiction, les usages divers du buis bénit, les « feux » des Rameaux ;

Le jeudi saint : coutumes relatives à la visite des églises, au lavement des pieds, aux étalages des bouchers et autres corps de métiers, au cortège du bœuf gras ;

Le vendredi saint : ce que l’on dit du pain cuit ou de la lessive faite ce jour-là;

Le samedi saint : comment l’on procède à la bénédiction du feu nouveau, de l’eau, du sel ;

Les croyances et usages relatifs au cierge pascal ; aux œufs de Pâques : comment on les décore, à qui on les offre, les jeux dont ils sont l’occasion ;

Les fêtes et pèlerinages ayant lieu les dimanche, lundi ou mardi de Pâques.

 

J. M. R.

 

(p.76) Les Noms des Crécelles et Marteaux

 

Il convient de distinguer quatre espèces d’instruments : 1° la crécelle (tournante), 2° la tapette, 3° la cliquette, 4° le moulin (ou crécelle dans une caisse). Ces objets ont été décrits plus haut. Voici une série de noms dialectaux qui s’y rapportent.

 

1° crécelle :

briyole, f., Gedinne; voy. crèyole.

brouwan, ni., Bohan, Bagimont.

brouya, m., Bastogne ; brûya Cherain; broûyan Tintigny, Ste-Marie-sur-Semois ; broûyon Habay ; broyan Rossignol ; broyeû Virton, St-Mard, Ructte ; broya Dampicourt, St-Lcger ; bruwène Pétigny-lez-Couvin.

carakète Chéoux-Rendeux.

crakète Verviers et environs.

cratchot Pecq [littéralement « craquot »].

crèyole Montigny-le-Tilleul ; voy. criyole.

cricrik, s. m., Kain-lez-Tournai.

crin-nète St-Jean-Geest, Longueville, Thorembais-St-Trond, Marbais, Trazegnies, Fleurus, Arsimont, Landelies, Gozée ; rin-nète Crehen, Gembloux, Genappe, Gourdinne, Binche.

criyole Chapelle-lez-Herlaimont, Godarville, Monceau-sur-Sambre ; criyèle Viesville ; voy. briyole, driyèle, griyale.

driyèle Huy, Neuville-sous-Huy ; voy. criyole.

(p.77) èscalète, scalète Haine-St-Pierre, Gottignies, Harmigriies, Mesvin, Chiniay ; scolète Bourlers ; èscayète Rance, Froidchapelle.

griyale Fauvillers,Villers-la-Bonne-Eau, Hompré,Witry,Freux, Remagne, Morhet, Vaux-les-Rosières ; voy. çriyole.

kèrike Bras, Vesqueville ; tèrike St-Hubert, Tenneville.

martale Bercheux (Juseret). — Voyez 4°.

ragalète Mons, Maisières, Gottignies, Ath, Bassilly, Soignies, Braine-le-Comte, Ronquières, Lacleuze, Stambruges, Belœil, Houtain, Thieulain ; ragaguète Marche-lez-Ecaussinnes ; régalète Leuze ; récalète Wiers.

rahia, m., Liège, Vottem, Jupille, Fléron, Sprimont, Flémalle, Odeur, Huy, Les Waleffes ; rahiète, f., Strée, Borlon, Tohogne, Filot, Méan ; rahète, f., Melreux ; rachela, m., Limerlé; rahelète Bovigny ; rahieû Glons.

rake, f., St-Denis-Bovesse, Han-sur-Lesse ; rakète Thimister-Clermont, St-Jean-Sart (Aubel), Trembleur, Dalhem; Dion-le-Val, Tourinnes-St-Lambert ; Bas-Oha, Ben-Ahin, Héron, Seilles ; Forrières, Grupont, Awenne, Villance, Mirwart, Hatrival ; Ni­velles ; Houdeng ; arrondissements de Namur et de Dinant ; raguète Morialmé, Bourlers, Aublain, Cerfontaine, Clabecq.

râlé, m., Les Awirs ; râlé Hognoul, Bergilers.

ramehiète Arbrefontaine.

rârâ, m., Frameries.

ratata, voy. tarata.

rèbeûze, f., Willerzie ; rèbeûzer faire aller la crécelle.

rèkèkèk, f., Wasmes (Borinage). — rétchétchém, m., Pellaincs.

rin-nète, voy. crin-nète.

roûyoûre, f., Wodecq [N. B. L’Atlas de Gilliéron donne broû-youre à Lessines].

scalète, scayète, voy. èscalète.

taralète, f., Amberloup.

tarate, f., Grand-Han, Champion; tarata, m., Malmedy et environs, Stavelot, Wanne, Stoumont, Harzé, Ferrières, Chevron, Bra, Basse-Bodeux; Bende, Bomal-sur-Ourthe, Durbuy, Heyd, Villers-Ste-Gertrude ; Vielsalm, Bihain ; Laroche, Beausaint, Hives, Roy, Lavacherie ; ratata Faymonville, Petit-Thier, Lan-glire (Mont-le-Ban), Rettigny (Cherain), Houffalize ; tarara Amberloup, Remagne, Moircy, Arville.

tartèle, f., Anlier, Assenois, Rulles, Houdemont, Tintigny, Ste-Marie-sur-Semois, Termes, Chiny, Auby-sur-Semois, Bouillon, Recogne, Ochamps ; tartœle Offagne, Opont, Petit-Pays, Alle-sur-Semois ; tortille Villance. — Voyez 4°.

tarvale Tavigny (= anc. fr. tartevelle).

tèrike, voy.  kèrike.

 

(p.78) 2° tapette :

clabét Pecq [littéralement « clapet »].

clabot Stoumont, Esneux, Neuville-s.-Huy, Strée, Huy; Mirwart.

clabotia Cortil-Wodon.

clapète Flémalle-Haute ; Anlier; Villers-la-Bonne-Eau, Lincent,

clipotia, clébotia Pellaines, Orp-le-Qrand, Ciplet Boneffe.

clotche Lavacherie.

crêyelète Nivelles.

écalète Tournai.

maka   Dalliem ;   Recogne ; Crupet, Dinant; Witry (?) ;

martinèt Virton-St-Mard. mâtine Laroche (le marteau s’appelle maka). tchake-màrtê Bende. tarlata St-Hubert, Hatrival.

 

3° cliquette :

clakètes, pi., Liège, Fléron, Thimister, Cerfontaine. clapète Fauvillers; Borlon; Stavelot, Malmedy. ditchètes Tourcoing (J. Watteeuw) ; éclicotes Mons (Sigart). clicotias,  pl. Froidchapelle.

égalètes Kain-lez-Tournai (sert seulement au carnaval) ; écalètes Flandre française (Vermesse).

 

4° moulin :

martale Fauvillers.

moulignau Rance.

tarala Filot; tartale Virton-St-Mard, Dampicourt.

viole Vance (d’après l’Atlas de Gilliéron).

 

remarques :

1. La plupart de ces mots ont formé un verbe désignant l’action d’agiter la crécelle, la tapette, etc.

rakè Han-sur-Lesse ; raketer Malonne, etc. ; rakeè Ciney, etc. ; à Fosse-la-ville, on dit fé rèkeler l’ rakète; à Sény : crake1er.

raguèter Cerfontaine.

raheter Melreux; racheler Limerlé.

ronhier Arbrefontaine.

rèbeûser Willerzie.

tarater Laroche ; Lavacherie ;.-î Vielsalm ; tarare Remagne ; ratateler Faymonville ; ratater Rettigny (Cherain).

(p.79) tartèler .Chiny ; Anlier; -èy Ste-Marie-sur-Semois.

kèrikè Bras, Vesqueville.

criyoter Godarville ; griyalè Remagne ; briyoler Gedinne.

ragaler Belœil.

scaleter Chimay ; scayeter Rance ; scolter Bourlers ; etc.

D’où un dérivé en -eu (fr. -eur) pour désigner les enfants qui ont pour mission d’agiter la crécelle les trois derniers jours de la semaine sainte.

 

2.  Comme il arrive souvent dans les parlers populaires (par exemple pour les plantes), le même mot peut, à des endroits différents, s’appliquer à des objets différents. Le plus bel exemple de ce caméléonisme sémantique, c’est, dans notre liste, un mot du Hainaut, qui dérive de èscaye, escale « ardoise » ; le sens pre­mier est donc « cliquette, sorte de castagnettes formées de deux morceaux d’ardoise, etc. » (voy. 3° égalètes). Or nous le retrouvons dans le 1° (èscalète, èscayète) et dans le 2° (écalète). Comparez encore clapète (2°, 3°), tartele (1°, 4°), tarata (1°, 4°) tarlata (2°), martale (l°et 4°).

 

3.  Beaucoup de ces mots sont de pures onomatopées : cricrik, kèrikè ou tèrike, rake, rârâ, rèkèkèk, rétchétchém, tarata, ratata, tarara, tarlata, tcliake-martê. D’autres dérivent d’onomatopées : carakète, crakète, cratchot, rakète ou raguète, clabét, clabot, dabotia, clapete, clébotia, clakètes, éclicotes. — On perçoit aussi une ono­matopée  dans  briyole, criyole,  griyalè, driyèle. — Du  verbe « bruire », viennent brouwan ou -ant, brouya, etc., ainsi que roûyoûre. Aux verbes râler, rahî, crin.ner (grincer, liég. crîner) se rattachent râlé, rahia, crin.nète (comp. à Genève crénelle : cré­celle). — ragalète, récalète, etc., paraissent croisés de rakète et de èscalète. rèbeûse se rattache sans doute à l’allemand reiben (frotter). — créyelète paraît dériver de l’ancien français graile (trompette). — clotche (cloche) et viole sont des métaphores. — maka est proprement le marteau (qui sert à maker) ; mârtale le féminin de marte (marteau), et moulignau le diminutif de moulin. Quant à mâtine (qui signifie sans doute proprement l’instrument pour appeler aux offices du matin), nous retrouvons ce mot dans les Ardennes françaises, où M. Ch. Bruneau a noté : la mâtine à quote martes, planche sur laquelle quatre marteaux de bois, rabattus par un ressort, viennent frapper alternativement (*).

 

1928                                                                                          Jean HAUST

 

(1) Ch. Bruneau, Enquête linguistique, t. 1, v° crécelle.

 

 

1.1   L’ouest-wallon / L’ ouwès’-walon

Gabriel Bruaux, Les harengs du Jeudi-Saint à Rouveroy, in : MA, 5, 1981, p.93

 

Une coutume très curieuse et peut-être unique subsistait encore au début du siècle à Rouveroy (où je suis né en 1896).

Une personne pieuse et remplie de bonnes intentions avait légué… à la fabrique d’église… au bureau de bienfaisance… un terrain situé, si mes souvenirs sont bons, au lieu-dit « Castelet » non loin du camp romain. Le revenu de ce terain qui était connu sous l’appellation èl Têre as-èrins devait servir à distribuer des harengs, èrins, le jeudi-saint à tous les habitants de Rouveroy afin que chacun, bien pourvu de harengs, ne mange pas de viande le vendredi-saint.

La distribution avait lieu dans la matinée à la maison communale. Le garde-champêtre Louis appelait chaque ménage en indiquant le nombre auquel il avait droit. Après l’office du jeudi-saint, car j’étais enfant de chœur, je me présentais avec mon plat. Le distributeur, Charles Dutilleux dit Châles à bâtantes les manches retroussées plongeait dans un grand tonneau et les mains gluantes appliquait ma ration dans mon plat.

Quand il n’y avait plus de clients, le champète Louis s’en allait porter les rations de ceux qui ne s’étaient pas présentés. Cela méritait bien une bonne goutte à chaque place et comme Louis n’aimait pas aller sur une jambe…

Je pense que cette coutume a pris fin avec la guerre en 1914 mais j’ignore ce qu’il est advenu de la Têre as-èrins.

 

Gabriel Bruaux, Souvenirs d’un enfant de chœur / La semaine sainte à Rouveroy avant 1914, in : EM 10/1981, p.190-191

Nous étions quatre corâls, enfants de chœur, à Rouveroy dans les années 1903 à 1907. En ce temps là, les cloches partaient à Rome, le jeudi-saint, pendant le Gloria de la messe et réintégraient leur clocher le samedi-saint à la même heure, après avoir déversé dans les jardins de leur pa­roisse, à l’intention des enfants, les clokes rapportées de Rome. C’était le plus souvent des œufs cuits durs teintés diversement, mais aussi des œufs ou autres fantaisies en chocolat. De cette période naïve mais combien heu­reuse, j’ai gardé, après 75 ans, un vivace souvenir.

 

Nous sommes le jeudi-saint

 

La messe commence. Les quatre enfants de chœur se regardent et se montrent en souriant la sonnette que chacun tient en main. Aux premiers accords du Gloria la cloche de l’église se met en branle ; nos bras et même nos corps s’agitent ; c’est à qui sonnera le plus fort pour souhaiter un bon et fructueux voyage à notre brave cloche qui va s’envoler loin… bien loin-jusque Rome pour s’y approvisionner… à notre intention.

Mais que le Gloria paraît long à nos bras qui n’en peuvent plus d’agiter la sonnette. Enfin « Amen » arrive et c’est le dernier battement de la cloche qui s’envole et le dernier tintement de nos sonnettes qui resteront muettes jusque samedi. Celles-ci seront remplacées à l’église par le crac… crac… de nos crécelles appelées èscalètes.

Cependant, notre cloche étant en voyage, il fallait informer les habitants de Rouveroy de l’heure des prochains offices. Et c’est nous, les quatre corâles, qui nous en chargions.

Après quatre heures, tous les quatre ensemble, nous nous mettions en route, chacun muni de son èscalète. Nous parcourions toutes les rues du village, nous arrêtant tous les 200 mètres et chantant alors ensemble :’ « A (‘premier’ fois Stabat, à 7 heures et demi du soir » et aussitôt les èscalètes de tourner crac… crac… crac… Et cette ritournelle se répétait devant les maisons éloignées et les fermes isolées. Ici il fallait parfois insister jusqu’à ce que le fermier ou la fermière vienne nous dire qu’ils nous avaient bien entendus. (C’est qu’il fallait mériter notre récolte des œufs de Pâques, samedi.

Après six heures, nous recommencions la même tournée mais en chantant cette fois « A (‘dernier’ fois Stabat à 7 heures et demi du soir » et crac… crac… crac…

Je dois dire que cet appel du jeudi-saint était alors entendu, car ce soir-là pour le Stabat l’église était comble.  Car notre vieux curé  Magnus n’hésitait pas à faire venir un prédicateur étranger pour le sermon de la Passion. C’était toujours un Prémontré de Bois-Seigneur-Isaac.

 

Nous sommes le vendredi-saint

 

Dès le matin, chaudement vêtu, nous nous remettions en route tous les quatre, mais nous ne faisions qu’une seule tournée parfois même en courant selon l’heure ou la température et en négligeant les fermes éloignées. Nous chantions cette fois. « A l’ preumière et dernière fois l’office de Dieu à 8 heures du matin ». Et crac… crac… crac…

Après 4 heures, nous recommencions les deux tournées exactement comme la veille, mais en chantant cette fois : « A l’ preumière fois l’ chemin d’ la croix, à 7 heures et demi du soir » et crac… crac… crac… Pour la deuxième tournée, nous chantions, naturellement : « A l’ dernière fois l’chemin d’ la croix » etc… Mais cet office était loin d’avoir le succès du Stabat de la veille. Et nous voici le samedi-saint.

Dès le matin, ultime et unique tournée comme hier vendredi, mais pour annoncer cette fois : « A l’ première et dernière fois l’bénédiction des fonts à 7 heures du matin » et crac… et crac… crac…

Mais alors au Gloria de la messe quelle allégresse pour agiter les sonnettes et fêter le retour de la cloche qui tintait si Joyeusement dans son clocher retrouvé. Mais cette messe qui n’en finissait pas. C’est que nous étions impatients et pressés de courir au jardin pour y rechercher ce que notre brave cloche y avait laissé tomber à notre intention.

Tout n’était pas fini cependant… Après le travail, la récompense. Vers 10 heures, nous nous remettions en route mais sans notre èscalète ; les uns portant en bandoulière des cruches en grès remplies de l’eau bénite, iau d’ font, du matin, les autres portant au bras un panier à œufs contenant, au départ, du buis, pake, bénit le dimanche des rameaux. Chaque maison du village était visitée. Nous offrions à qui n’en possédait pas du buis bénit ou de l’eau bénite. Partout nous étions bien accueillis et partout nous rece­vions nos « cloches de Rome ». C’était de la menue monnaie allant de la mastoke (5 centimes) au demi-franc et même le franc, mais plus souvent des œufs, allant de la pièce au demi-quarteron (13). C’était très amusant.

Je me souviens notamment à la fin de la tournée. Nous arrivions à dernière maison du village, avant le cimetière. C’était un café tenu par la grosse Louise, et rareté à cette époque, il s’y trouvait une « machine par­lante » (grand pavillon, rouleaux…). Comme bienvenue, Louise nous offrait à chacun un canon (petit verre de bière à 5 centimes), et alors, le bouquet, 2 ou 3 airs à la mode sur sa machine parlante. Nous avions droit à « Ma Tonkiki, ma Tonkiki, ma Tonkinoise… » ou « Caroline, Caroline, mets tes p’tits souliers vernis… » etc… On était heureux, on chahutait… le carême était fini.

La récolte enfin terminée, nous allions vendre les œufs récoltés chez la marchande, Eugénie, le long de la grand’route. Et nous revenions chez moi compter la recette (vers 4 ou 5 heures). Nous arrivions chaque fois, vers les 19 francs et ma mère qui assistait à l’opération complétait la som­me pour arriver à 20 Fr. ; de sorte que chacun de nous recevait une pièce de 5 Francs qui généralement était versée à la Caisse d’Epargne après les vacances. Pour l’époque, c’était vraiment magnifique.

Et voilà. Nous avions bien rempli notre tâche, nous nous étions bien amusés, nous étions bien récompensés et tout le monde était satisfait. C’était le bon temps…!

 

E. Yernaux, F. Fiévet, Folklore montagnard, s.d.

 

(p.141) LE  JEUDI   SAINT

 

Le Jeudi saint, selon la tradition vieille comme le monde chrétien, les cloches se sont tues. Elles se sont transformées, dans l’esprit des gens du peuple, en êtres animés, doués de dons célestes. C’est pourquoi on admet la fiction du voyage des cloches à Rome.

Les offices religieux doivent cependant être annoncés. Ce sont les enfants qui suppléeront à la carence des cloches. Ils reçoivent mission du curé de créceller les offices et l’Angélus. Munis des crin.nètes et de bèrlicotiaus ils vont partout dans le village, répandant le grincement de leur moulinet à lame de ressort d’acier. Quand le bruit des instru­ments se tait, les gosses font leur annonce.

—  C’est pour la messe de huit heures.

—  C’est pour le salut.

Puis ils terminent sur deux roulements des crécelles en criant :

—  O Crux, Ave!

Jadis il était d’usage de promener le bœuf gras dans les rues de la commune.

 

E. Yernaux, F. Fiévet, Folklore montagnard, s.d.

 

(p.141-) LE  VENDREDI   SAINT

 

Le Vendredi saint, toutes les boucheries étaient fermées. Les bou­chers rivalisaient pour présenter le plus bel étalage. Depuis qu’ils achè­tent leurs viandes à l’abattoir, ils ne manquent jamais d’exposer la mé­daille de la bête primée. Cette coutume est encore à peu près généra­lement observée de nos jours.

Le jour du Vendredi saint, il est strictement interdit de manger de la viande, on mange du poisson, des œufs et du pain.

Jadis, on ne mangeait que du pain sec, cependant, par tolérance, on donnait aux enfants une tartine de sirop.

On cuisait le jour du Vendredi saint parce que les femmes se répé­taient, de génération à génération, la légende suivante que tout gosse nous entendions redire chaque année :

Un jour de Vendredi saint, le Christ revint sur la terre. Il marcha, marcha si longtemps qu’il fut fatigué et assoiffé. Il demanda à boire à une ménagère qui faisait sa lessive. Elle alla chercher un verre qu’elle remplit d’eau provenant de la cuvelle dans laquelle elle lavait son linge. Le Christ ne dit rien. Il but et s’en alla.

S’en alla si loin qu’il fut fatigué et affamé. Il s’arrêta dans une masure où la femme cuisait du pain. Elle le fit asseoir et lui offrit une miche toute croustillante et toute dorée. Le Christ la remercia et man­gea le bon pain.

(p.142) En quittant la maison hospitalière, il dit : « Bénie soit la femme qui cuit. » Maudite soit la femme qui lave. »

Le pain du bon vérdi et la tarte étaient réservés pour les repas de la grande fête de Pâques.

Le pain cuit le Vendredi saint peut se conserver une année entière.

A trois heures, on semait des fleurs car elles seraient de toutes les couleurs et doubles.

Les Montagnards de l’ancien régime pendaient un sorèt au plafond de la cuisine pour être débarrassés des mouches.

Les corâls faisaient six fois le tour de l’église en agitant leurs crécelles.

 

E. Yernaux, F. Fiévet, Folklore montagnard, s.d.

 

(p.142) ÈL PAUSKADJE OU LES CLOCHES DE ROME

 

Le samedi de Pâques, les cloches revenaient de Rome vers 10 heu­res du matin. Ressuscitées, elles lançaient, joyeuses dans les airs des « Alléluia » triomphants. Les enfants, à ce signal, se précipitaient dans le jardinet, se mettaient à la recherche des « cloches de Rome » ou des oûs d’ Pauskâdje. Ils en trouvaient nichés dans du papier aux pieds des groseilliers, dans les haies, dans les prairies, à même la terre et c’était des cris de joie, de bonheur à chacune des découvertes. Ces cris étaient répétés dans les jardins des grands-parents, des oncles et des tantes où les enfants renouvelaient leur précieuse moisson.

Pendant des siècles, les œufs du « pauscâtje » furent des œufs ordi­naires. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que les œufs colorés apparurent. La mode du colorage des cocottes vint de la cour de Louis XIV. Dans les « Mémoires de Saint-Simon », on peut lire qu’un marchand de Paris eut l’idée de colorer les œufs en rouge et d’en faire présent au Roi Soleil. Son innovation eut un grand succès; chaque année les Cabinets du grand roi furent inondés d’œufs colorés, dorés, parfois décorés par des artistes. L’usage s’en répandit partout et n’a pas encore disparu de nos jours.

Les œufs en sucre et en chocolat n’apparurent qu’à la fin du XIXe siècle.

Il était d’usage que les aînés aillent faire bénir leurs œufs conser­vés, qu’ils mangeaient en famille ou qu’ils offraient à des parents et à des amis.

Dans plusieurs régions du pays et vraisemblablement chez nous, des concours de dureté s’organisaient, entre gosses. Il s’agissait de briser la coquille d’un œuf en heurtant deux œufs l’un contre l’autre. Celui qui (p.143) avait cassé l’œuf de l’adversaire en devenait propriétaire. Pour ce genre de concours, on recherche de préférence les œufs allongés et pointus.

Pourquoi cette importance attribuée à l’œuf en ce cycle de Pâques ? Sans aucun doute parce que pour le peuple, il est le symbole du renou­veau, c’est la raison pour laquelle on le retrouve partout.

Les corâls, une fois les cloches revenues, faisaient neuf fois le tour de l’église en s’accompagnant du bruit des crécelles. Ensuite, ils allaient de porte en porte porter la pâque et l’eau bénite. Ils recevaient leur drénguèye et dans les fermes des œufs.

Avant de terminer sur cette question des crécelles, notons que la coutume d’utiliser du Jeudi-Saint jusqu’au Samedi-Saint des instruments produisant des bruits a été très répandue dans le monde chrétien. Elle a peut-être été universelle. M. Van Genepp les signale un peu partout en France et notamment dans le Dauphiné où ils prenaient le nom de ténèbres. Aujourd’hui, à Montignies, on ne les utilise plus que dans le porche de l’église. La collecte des œufs a complètement disparu.

 

in:  Robert Dascotte, Trois suppléments au dictionnaire du wallon du Centre, in : Bibliothèque des Cahiers de l’Institut de Linguistique de Louvain, 28, Louvain-la-Neuve, 1985

 

sêmêne (grigneûse _), s. f., semaine sainte (Ecaussinnes, Marche-É., Mignault): on-intindoût lès scalètes (crécelles) daler pindant 1′ grigneûse sèmène. Variante: pèneûse sèmène.

 

in:  Robert Dascotte, Trois suppléments au dictionnaire du wallon du Centre, in : Bibliothèque des Cahiers de l’Institut de Linguistique de Louvain, 28, Louvain-la-Neuve, 1985

 

pangn du bon Dieu: jusque avant 1914, aux hameaux de la Ronce, èl Ronche, et du bois des Nauwes, èl bos dès Naus, à Seneffe, les habitants cuisaient du pain le jour du vendredi saint, èl djoû du bon vérdi, mais à la pâte ordinaire, on ajoutait du beurre et des oeufs; ce pain était mangé à Pâques, à l’ grande Pâke. Avec un peu de cette pâte, on modelait un petit pain de 7 à 9 centimètre de diamètre et on le trouait, en son centre, avec le doigt. Celui-ci était mis de côté pendant un an et il ne moisissait pas; il était censé assurer aux familles du pain pendant toute l’année. Au bout d’un an, on le donnait aux poules. Ce petit pain était appelé pangn du Bon Dieu ou pârt du Bon Dieu et mangé à Pâques. Il est à noter que les familles pauvres n’ajoutaient pas de beurre ni d’oeufs à la pâte.

 

in:  Robert Dascotte, Trois suppléments au dictionnaire du wallon du Centre, in : Bibliothèque des Cahiers de l’Institut de Linguistique de Louvain, 28, Louvain-la-Neuve, 1985

iau d’ font, eau bénite.

 

A Grand-Reng, quand on croit qu’une personne qui vous veut du mal se trouve parmi les gens qui sont à votre table, on verse une goutte d’eau bénite dans le café que l’on est en train de passer. On remplit ensui­te les tasses sans les placer devant les personnes présentes et on dit: “Chèrvèz-vous“. On est assuré que celui ou celle qui a de mauvaises intentions ne se servira pas à cause de l’eau bé­nite versée dans le café.

 

A Thoricourt, les habitants faisaient prendre de l’eau bénite le Samedi saint, en conservaient une partie pour la mélanger avec l’eau bénite de la Pentecôte et celle du dimanche de la Trinité; on attribuait une vertu particulière au mélange de l’eau bénite de ces trois jours.

 

in: Roger Pinon, Cris et formulettes du calendrier folklorique, p.52

 

CWARÈME È VA

 

Formule de quête des enfants le samedi saint notée par Émile Jacoby dans La Terre wallonne de Charleroi, VII, 1922. p. 114 et 115.

 

Ce jour-là, les enfants allaient porter l’eau bénite de porte en porte. Après la messe, ils élisaient plusieurs dignitaires : les enfants de choeur portent les bidons d’eau bénite . deux autres garçons portent la bourse aux sous et le panier aux oeufs. Il y avait même souvent des boursiers et porte-paniers adjoints. À chaque maisont on leur donnait des oeufs ou de l’argent contre de l’eau bénite. Si on ne leur donnait rient ils souhaitaient que carême s’accrochât aux mourês ou murs de ltâtre ; et ils hurlaient pour que tout le village le sût :

 

Li poye s’ a bouté foû ! Li poye s’ a bouté foû !”

” La poule a une chute du rectum ! La poule a une chute du rectum ! “

 

Lès clokes di Rome, in: EB, 44, 1953

 

«  Les  clokes di Rome sont-st-èvoye à Rome.

Èles rivêront sèmedi matin !  »

Deûs par deûs, come dès-omes.

Vos  wèyoz, pa tous timps,
Les  crin.neûs  li  long dè l’ pavéye,
Qu’ è vont, fiérs, en colones sèréyes,        
Crin.nète en mwin

Tchantant li r’frin :

«  Les  fiâtes di  Rome sont-st-èvoye à  Rome.

Èles riveront sèmedi matin  »

Lès  chèfs,  mésse crin.neûs  qu’ on  lès  lome,

Avou su leû tièsse in bobo d’ lancier

Rotenut  su l’  costé  come  dès-oficiers.

Is-ont dins leû pougn in baston, ène bwache

Qu’ is-ossenut dins l’ ér en tchantant sins r’lache :

«   C’ èst  d’mwin  qu’ on lève lès-oûs

A l’ cinse di Maurtinrou ! »

« Marîye èt Marguèrite ont stî lèver lès-oûs

Dins  l’ ruwale Brascoûp !  »

Pou-z-animer lès p’tits,  on  lieû fét dès promèsses :

Èn-oû pou lès céns qui  tchantenut li d’pus.

Pou l’ cén qui n’ dit rén, èn-oû d’ rabatu;

Alôrs’ is tchantenut

Sins djoke, à tûwe-tièsse :

«   Crin.né,  crin.né, au  sèrvice Djeû

C’ èst li dvwêr dès crin.neûs.  »

Mins  là l’  mésse qui crîye tout en fiant dès djèsses,

Bén seûr, is vont ièsse atakés

Pauzès  crin.neûs d’ ène  reuwe vwèsine.

Lès p’tits sont mètus su l’ costé

Èt  l’ bataye comince.  Fine…   Pêne…  Fine…

À côps d’ bastons,

Avou  leûs pougns,

À côps d’ burtons

On s’ racabougne;

Gn-a dès céns qui  bréyenut  pace qu’ is-ont des boûrsias,

Dès-autes pètenut èvoye peu d’ frèchi leû pania.

Mins là lès parints qui s’ mèlenut d’ l’ afére,

Èt non di skètwére,

Saquants  bons pètârds,  tout-èst  rapaujî.

Lès bindes sont r’fôrméyes, lès rangs rarindjîs :

«   Gn-a  pont d’  si grande  misére

Què la guére, què la guére,

Gn-a pont d’  si grande  misére

Què la guére au  réjiment

Plan,  plan,  plan.  »

Bréyenut lès batus, l’ orâye rabateuwe,

Du timps qu’ lès gangnants fiéremint dins leû reuwc

Tchantenut sins s’ lassî

A tout spiyî :

« Marchons sans bruit, is-ont stî rakassîs (bis)

Halte-là ! on n’ passe pas  (bis)

Timps qui 1′ reuwe Delvaux èst là ! »  (bis)

Dins 1′ reuwe da costé

On  l’s-ètind tchanter :

I gn-a rén d’ si comike

Qu’ ène feume,  qu’ ène feume,

I gn’a rén d’ si comike

Qu’ ène feume en élastike, tike, tike ! »

Ène miyète pus lon, C’ è-st-ène aute tchanson :

« À douze eûres à l’ djote, à sèt’ eûres an Sabat.

À  quatre eûres au pwin sètch.

Marîe Soyète Fifine Madjète.  »

Après tout ça,

Quand  arive  li  sèmedi, qui  lès clokes sont ruvneuwes,

On  wèt   lès  mésses  crin.neûs,   pa-t’t-avau  toutes lès  reuwes

Ènn’ aler d’ uch en-uch,  ci bouchî, là  soner,

Riçuvwèr,   tout  bunauje,   çu   qu’ on   vout   lieû doner ;

Yink  ou  deûs-oûs  cuts  deurs,  in  d’mi   franc,  ène mastoke,

Tout ça dèpind dès djins. I gn-a min.me, pou leûs clokes

Qui   sins   pus  d’ embaras, lieû clapenut l’ uch au  nez.

Quand l’ toùrnéye èst finîye.

On fét 1′ partadje dès béns.

Mins c’ èst là come dins l’ vîye

 

L’ cén qu’ prind  prèmî,  prind  bén ;

Ossi  vos wèyoz  lès  mésses

Eraler  bén  kèrtchîs

Timps qu’  lès ptits, disbautchîs,

S’ partadjenut 1′ fond dè l’ késse…

Dins 1′ djârdén mès-èfants

Zèls   oussi   sont-st-à   fièsse

Riyant,  tchantant,  sautlant,  criyant,

Is ont l’ér d’ awè pièrdu 1′ tièsse,

Timps  qu’   lès  clokes di  l’èglîje sonenut

À r’lâye lès clokes di Rome tchéyenut…

Mins v’là qui tout d’ in côp, dji wè mi p’tite dérène

Lès brès tindus au cièl, qui ratind sins boudjî. –

«  Qwè fyons’ là,  mi  ptit tchèt ? — I gn-aurè quékefîye iène

Qui tchérè dins mès mwins ! — In’ faut nén z-î sondjî. — Èt pouqwè nin mi d’abôrd » di-st-èle, moustrant toute  fiére

Li  drénguèle qu’ in mouchon, a lyî tchér en passant.

Dji  lyi  rèspond, riyant :

« C’ èst dè 1′ crin.me, du fondant. »

Mins  l’ èfant,  wèyant  qwè,  mi  rèspond,  prèsse à brére :

Ça   fét   qu’ insi   papa,   i   gn-a   dès- oûs  poûris

Dins  l’  paradis ?  »

 

Baron d’ Fleûru

 

Quand les Cloches sont à Rome, in: Almanach Wallon 1949.

 

pendant les deux jours qui précèdent le Samedi-Saint, à Fleurus, des cortèges d’en­fants parcourent les rues, en chantant au son des crécelles, pour annoncer l’heure en l’ab­sence des cloches. J’espère qu’un grave savant écrira un jour quelque thèse sur cette curieuse ins­titution d’utilité publique, mais en attendant, je vais vous relater, pour copie conforme, les impres­sions d’un certain petit bambin qui a rempli ponc­tuellement ses devoirs civiques, à cette époque, au rythme de refrains qu’il ne devait plus oublier.

Imaginez donc, très loin dans le passé, quel­que jeudi matin de la semaine pascale. En quit­tant sa maison, l’enfant est étonné de la douceur éblouissante de l’air. Le printemps, comme un miracle, vient d’écarter les voiles de la pluie. Le ciel, papillotant de lumière, est bleu et frais comme de l’eau profonde ; et il faut y voir nager les oiseaux, aussi éperdus et inlassables que si tout le bonheur du monde était en eux !

 

Cric, crac ! L’enfant fait tourner sa crécelle, sa « crénette », comme on dit là-bas ; et il rejoint les petits déjà rangés sur le trottoir de chez Misson. C’est Arthur Dehasse qui commande, un grand garçon doux que chacun aime. Personne n’ignore les règles de la hiérarchie qui s’est éta­blie, de mémoire de galopin, parmi les joueurs de crécelle, et qui se maintient, intacte, à travers les âges. On commence par être « créneur » ou simple soldat. L’année suivante, quand tout va bien, on devient « maître-créneur », puis « sous-maître »; quelques privilégiés sont promus au rang de « maître », couronnement d’une courte et bruyante carrière. Mais des forces mystérieuses opèrent bien des éliminations.

En toute hâte, l’enfant gagne la petite troupe qui se mettait en route, et craint de pleurer parce que son arrivée tardive lui inflige la dernière place. En ordre correct, deux par deux, les petits s’avancent. Le grand Arthur, à qui ses longues jambes permettent de ne faire que deux pas quand les autres en font trois, marche à quelque distance et marque le rythme en agitant son bâton.

Toutes les « crénettes » secouent en cadence leur crissement aigre, et dans le matin triomphal, une chanson aiguë s’élève…

Cette première chanson est comme une entrée en matière, l’énoncé d’une vérité générale, sorte d’introduction aux joies imminentes :

 

Lès clokes di Rome sont-st-èvôye à Rome. Èles rivéront sèmedi matin.

Ah ! Souvenirs, souvenirs ! Au premier rang, le petit René Darras avait un tablier de toile écrue, tout neuf, et aveuglant quand il passait dans le soleil. Il était dix heures… Il y avait en­core deux grandes heures lumineuses avant midi… On eût dit que l’univers avait soudain cessé de durer et se recueillit, dans un rayonnement… Et sous la brise qui venait froide des lointains ar­gentés, par ce jour lamelle d’or et d’azur, les bonnes gens qui traversaient la place n’avaient même pas un mouvement de surprise en aperce­vant le minuscule cortège, qui seul leur rappelait la marche du temps.

Car à l’aube du Jeudi-Saint, les cloches par­taient pour Rome. Lindor Dehasse m’a raconté qu’il avait assisté, un matin, à ce départ : la vieille tour de pierre était toute rosé et deux fois plus haute, eût-on dit, dans l’aurore glaciale. Par une lucarne qui s’ouvrait vers le soleil levant, ce fut soudain un effarant tumulte de cloches ; elles jappaient, se bousculaient, se querellaient, avec de clairs battements d’ailes ; les unes faisaient gronder une lourde colère ; les autres exhalaient leur impatience dans une plainte plus fine. Et, une à une, elles prenaient leur vol, sombraient dans l’or, happées par l’aurore dominatrice, puis s’effaçaient dans l’éclat du jour.

Combien de fois, pendant leur équipée, les petits ne levaient-ils pas les yeux vers la grosse figure carrée du clocher, qui semblait les regarder d’un air si goguenard ! Mais l’heure était muette au cadran dédoré ; et même à l’Angélus, le son grandiose des cloches n’élargissait plus sur la villette son dôme frissonnant.

« Elles revenaient le samedi matin », renver­sées comme des amphores et remplies à pleins bords d’ceufs de Pâques, qu’elles dispersaient avant de rentrer dans la tour… Si vous aviez été bien sage, vous en trouviez partout dans votre maison. Mais c’est aux jardins surtout qu’il y en avait ! Dans l’herbe renouvelée, dans les parcs qu’on venait de tracer brillaient les œufs rouges, les œufs bleus, les œufs bronzés…

Les vaillants « créneurs » avaient leur part. Le Vendredi-Saint, la population faisait bon accueil à une collecte organisée par les sous-maîtres ; c’était sa façon de remercier les petits ténors. Et la répartition se faisait suivant le mérite de cha­cun. Qand un gosse s’égosillait plus fort que les autres, un « maître-créneur » surgissait, admiratif, l’index tendu, et s’écriait « En où d’ pu ! » (un œuf de plus ! ). Ces interventions stimulaient encore le zèle, et certains en demeuraient aphones jusqu’au dimanche de Quasimodo !

… Ce sont de tels espoirs qui hallucinent dou­cement l’enfant, tandis qu’il fait tournoyer, avec sa crécelle, le refrain aigre et monotone. En bon ordre, les petits ont longé les trottoirs de la Grand’Place, du Marché-aux-Chèvres, du Petit-Fleurus ; ils se sont même enhardis jusqu’à visiter l’avant-cour de la maison blanche où habite le notaire Soupart, haut et souriant protecteur. Mais il est dangereux, comme on va le voir, d’al­ler plus loin. Revenus au point de départ, on se sépare au milieu d’un dernier et immense roule­ment de « crénettes s> tandis que le bon Arthur rappelle d’un ton paterne :

— A douze heures, chez Misson !

* * *

Car la troupe se reforme quatre ou cinq fois par jour, pour annoncer à cris endiablés, dans la rue tranquille, le rythme banal et éternel du temps qui passe. A midi, chanson courte et mon­tante, gaie comme l’appétit :

A douze eûres, à l’ djoute

A douze eûres, à l’ djoute…

A quatre heures, au moment de « r’suner », quand le cultivateur s’arrête et s’éponge le front dans la solitude des campagnes, le cortège circule aussi, et la chanson s’adorne de quelque fioriture :

A quatre eûres, au pwin sètch Marîye-Soyète, Fifine Magnète.

 

Au crépuscule, le clocher muet est tout noir à contre-jour : le vieux Meuclet revient de son jardin avec sa bêche sur l’épaule ; les femmes de la distillerie Bivort repassent dans un grand ap­plaudissement de sabots ; au café Victor, devant son broc d’étain, le bon Paul Vassart, patron des folkloristes fleurusiens, s’attendrit en regardant par la fenêtre l’aimable aquarelle que compose sa petite ville. Le cortège vient le faire penser à s’en aller :

A sèt’ eûres, à l’ salade…

Le matin du vendredi, variante. Les banalités des repas sont momentanément négligées : de­main est le grand jour. En un chant rapide et victorieux, d’un entrain frénétique, les petits clament :

C’ èst d’mwin qu’ on lève lès-oûs

A 1′ cinse di Maurtinrou…

C’est partout qu’on « lève » les œufs et le der­nier vers n’est là que pour la rime. Du reste, la fantaisie du poète anonyme a parfois des détours inattendus. N’est-ce pas elle qui rappelle le sou­venir de quelque innocent larcin, peut-être légen­daire :

 

C’ èst Marîye èt Marguèrite

Qu’ ont stî lèver lès-oûs

Dins l’ rouwale Brascoup

C’ èst Marîye, etc…

 

D’autres chants sont franchement hétéroclites et laisseront désemparé le chroniqueur le plus sagace :

I gn-a ré d’ si comike,

Qu’ène  feûme,

Qu’ ène feume,

I gn-a ré d’ si comike,

Qu’ ène feume en élastike, tik, tik.

Et parfois, sur le même air :

Gn-a pont d’ si grande misére

Qu’ la guêre,

Qu’ la guêre,

Gn-a pont d’si grande misére

Qu’ la guêre au réjiment, ment, ment.

 

Robert Dascotte, in : MA, 3, 1982, p.56-57

 

Sauf lorsque la localisation est indiquée, ces données concernent Bellecourt, Fayt-lez-Manage, Godarville, La Hestre, Morlanwelz et Seneffe. La Semaine sainte, èl pèneûse sèmène. Mercredi saint, mércrèdi sint, mércrèdi d’ Pâke. Jeudi saint, djeudi sint, djeudi d’ Pâke, blanc djeudi : le salut du jeudi saint s’appelle l’ èstâbat’ ; lès clokes s’ in vont à Rome, èles nè sounetèt pus ; pour annoncer les offices, on emploie la crécelle, raguète (Bellecourt, Fayt-lez-Manage, La Hestre, Morlanwelz, Obaix, Seneffe), criyole (Godarville), racaya (Maurage). Jusqu’au jeudi saint, les enfants de chœur, corâls, parcourent les rues et annoncent les heures des offices en agitant la crécelle, in raguètant, in criyolant, pour attirer l’attention. Ces jours-là, les enfants de chœur sont appelés raguèteûs, criyoleûs. A Chapelle-lez-Herlaimont, Godarville et Seneffe, on dit que lorsque le soleil luit sur l’autel le jeudi saint, l’été sera généralement beau.

Vendredi saint, vérdi sint, djoû dou bon verdi. Dictons : pou fé croler lès tch’veûs d’ in.n-èfant, i faut lyi couper èl djoû dou bon vérdi ; lès pouyons, poussins, skèpis, nés, è’ç djoû-là candjetèt d’couleûr tous lès-ans ; èl pangn cût au bon vérdi dèmeure toudi bon à m’gnî ; lès fleûrs qu’ on plante adon candjetèt d’ couleûr pus d’ in coup ; on plante lès fèves èl vérdi sint pou qu’ èles nè s’ indjèlistèt nîn.

A Familleureux, Godarville et Seneffe, si on plante les haricots le vendredi saint avant-midi, ils s’enrouleront eux-mêmes autour des échalas. On dit èl djoû dou bon vérdi, èl feume qui cût èst bénite èyèt l’ ciène qui fét s’ buwéye, lessive, èst maudite. A. Harou (1) explique ce dicton comme suit :

« Jésus et saint Pierre se promenait un jour sur la terre lorsque le premier, pris tout à coup d’une soif ardente, avisa une femme qui faisait sa lessive : « Femme ! lui dit-Il, j’ai soif, donne-moi à boire ». La femme tendit à Jésus une tasse de lessive qu’il but sans mot dire. Plus loin, nos deux excursionnistes, apercevant une femme qui cuisait son pain, lui demandèrent à manger. Celle-ci s’empressa d’offrir aux étrangers un beau petit pain, bien chaud. Jésus l’ayant pris, dit : « Maudite soit la femme qui lave bénite soit la femme qui cuit ». Depuis lors, la femme qui cuit le vendredi saint voit son pain bénit durant le restant de l’année ». On connaît la même légende à La Hestre avec la variante suivante : la lavandière Lui jeta une tasse d’eau à la figure.

A Chapelle-lez-Herlaimont et au hameau de Rosseignies (Obaix), on dit : « Alors que des soldats malmenaient le Christ, une mégère qui sortait de sa maison pour vider un seau d’eau de lessive jeta cette eau sur le Seigneur. Attendrie une autre femme s’avança pour Lui offrir de sécher ses vêtements trempés près du four où son pain achevait de cuire, et l’offre ne fut pas refusée ».

Samedi saint, sèmedi sint ; les clokes èrviènetèt d’ Rome, rapportant des cadeaux de Pâques, les pauskâdjes ; pour les enfants, ce sont dès-us d’ Pâke, dès clokes dè Rome. Les enfants de chœur parcouraient la paroisse en portant de l’eau bénite, iau d’ font, de porte en porte et recueillaient, par la même occasion, leurs pauscâdjes : œufs, friandises, argent, etc… Ce jour-là, les parents, avant la première sonnerie de cloches, déposent les clokes dè Rome dans le jardin, à l’intention des enfants qui ne peuvent les ramasser que lorsque les cloches ont recommencé à sonner, sous peine que èl pètite pouye dou bon Dieu ne ponde pas. Le même jour, les enfants parcouraient les rues en criyant : Pauskâdjes, pauskâdjes, nos n’ vérons pus qu’ à lès Pâkes, et recevaient de menus cadeaux comme les enfants de chœur. Dans l’ère prospectée et à Chapelle-lez-Herlaimont, un morceau de cierge pascal préserve de tous maux ceux qui le possèdent ; dans la même ère, à Arquennes, Chapelle-Iez-Herlaimont, Familleureux et à Feluy, le vent qui souffle le samedi saint sera le vent dominant de l’année et on dit c’ èst dou vint pou chîs s’mènes dè long. Depuis peu de temps, les enfants de chœur ne portent plus de l’eau bénite à domicile, les fidèles vont la chercher à l’église.

Pâques ; lès Pâkes, èl grande Pâke, èl djoû dès Pâkes. S’il fait de l’orage, on recueille l’eau de pluie qui a le don de chasser les mouches des maisons. Dictons : vèrt Nowé, blankès Pâkes ; blanc Nowé, vèrtès Pâkes ; c’ èst dès figues d’ après Pâke, ce n’est plus de circonstance ; c’ èst l’ lundi d’ Pâke qu’ on rin.mote, butte, lès pètotes timprîjes, pommes de terre hâtives, dè twâs leunes. Ce jour est aussi recommandé pour planter les pommes de terre.

 

(1) Le folklore de Godarville, Anvers, 1893, pp. 60-61.

(2) Les divisions du temps, l’année traditionnelle et les phénomènes atmos­phériques dans quelques communes du Centre, dans « Dialectes Belgo-Romans », t. 22, 1965, pp. 133-182  (pp. 161-164). J’y ai ajouté la légende du Christ malmené, relevée à Seneffe et à Rosseignies.

 

Robert Dascotte, Le blanc d’œuf et la religion populaire, in : MA, 4, 1984, p.64-67

 

Dans le Centre, le Vendredi Saint à 15 heures (heure de la mort du Christ), en faisant un vœu, on verse le blanc d’un œuf dans un verre d’eau; si le blanc prend la forme d’une crèche, d’une chapelle ou d’une église, le vœu sera exaucé.

A Maurage, Strépy-Bracquegnies et Trivières (où la coutume ci-dessus ast aussi connue), le jour de la Saint-Pierre, le 29 juin, on frotte un œuf dans la rosée du matin et le blanc est versé dans un verre d’eau en formulant également un vœu. Si le blanc prend la forme d’un bateau (sans doute parce que saint Pierre était pêcheur), ce vœu sera aussi exaucé.

 

Robert Dascotte, Le pain du Bon Dieu, in : MA, 7, 1980, p.120

 

Dans notre revue d’avril 1980, p. 58, je parlais du pangn du Bon Dieu appelé aussi pârt du Bon Dieu qui était un petit pain cuit le jour du vendredi saint dans deux hameaux de Seneffe.

Il y a lieu de noter qu’à Bellecourt, La Hestre et Seneffe, lorsqu’on dresse la table et que l’on place une assiette ou une tasse en trop, par distraction, on dit : c’ èst l’ pârt du Bon Dieu.

A noter aussi que la grand-mère de mon informatrice est décédée en 1928 et non en 1982.

 

Virelles, procession des Pénitents

 

En 1953, année du bicentenaire de l’église de Virelles, M. L’Abbé deknudt, prêtre à l’époque, voulut marquer cette année d’une façon spéciale en y laissant un souvenir.  Se rappelant une procession qui sedéroulait dans sa Flandre natale, il prit la décision de faire célébrer pareille procession dans sa petite paroisse de Virelles.  Il s’agit de la Procession des Pénitents.

dans la soirée du Vendredi Saint, le cortège va, durant une heure, parcourir les rues du village, s’arrêtant à chacune des 14 croix rustiques qui rappellent les 14 stations du chemin de croix.

 

Fleûru (Fleurus) - lès crin.nètes (les crécelles)

(in: Henri Pétrez, Fleûru dins m’ vikérîye, éd. du Bourdon, s.d.)

Souvrèt (Souvret) - Sèmedi d' Pauke (Samedi de Pâques)

(in: Jean-Baptiste Marcelle, Mon vieux Souvret, 1980)

Cargnére - Marlan.wè (Carnières - Morlanwelz) - Sint Panchârd è l' Pwin.neûse Samwin.ne

(in: Anne-Marie Marré-Muis, Ene kèrtinéye dè fleûrs, Fédération wallonne du Brabant, 1961)

Cèrfontène (Cerfontaine) - raguète (crécelle)

(Arthur Balle, s.t., s.d.)

Montegnî (Montigny-le-Tilleul) - pwin.neûse samwin.ne (semaine triste)

(in: Henry Bury, Montigny-le-Tilleul, 1975)

1.2   La Picardie – Mons-Borinage / Li Picardîye – Mont-Borinâje

 

Jules Dewert, La vie de nos pères dans une petite ville du Hainaut / Quelques aspects de la vie à Ath au 18e siècle, in : VW, T.3, 1922-1923, p.49-69

 

(p.66-67) A la fin du Carême, il faut empêcher les enfants de frapper avec des marteaux sur les portes, de parcourir les rues avec des crécelles vulgairement dites ragalètes ou clipotiaus. C’était l’ abus d’un usage pratiqué encore par les enfants de chœur les derniers jours de la Semaine Sainte, afin d’appeler les croyants aux offices pendant l’absence des cloches « qui sont allées à Rome », d’où elles reviennent le Samedi-Saint, à 8 heures du matin, rapportant les œufs de Pâques, tous œufs naturels en ces temps là.

Le premier et le deuxième dimanches de carême, une ordon­nance de police défend à tous habitants, de parcourir les rues de la ville, avec des torches de paille, dites escouvillons (g février 1731). Elle est fréquemment rappelée : 2 mars 1732, 27 février 1735, 19 février 1736, 7 mars 1745, 15 février 1759. Défense aussi de faire de grands feux, à la Saint-Jean d’été, le 24 juin. C’était alors que les enfants allaient de porte en porte, sollicitant le don de fagots:

 

Sint Djan èst kèyu à l’ iau,

Sint Djan èst kèyu à l’ iau,

Sint Piêre l’ a ratrapé ;

N’ avez nieu ène noke* dè bos

Pou l’ rèscaufer?

 

Allusion transparente aux pluies du solstice d’été.

 

* morceau

 

Lessines / La procession des pénitents noirs, in: Clio 70, 1974

 

Lieu : à 15 km au nord d’Ath.

Date : le vendredi saint

La procession, qui remonterait au XVe siècle (1475), part de l’église Saint-Pierre vers 20 h et y revient après avoir effectué un périple dans les rues de la cité.

Tout de noir habillés, la tête couverte d’une cagoule, les pénitents sont semblables à ceux de Furnes et de Séville. Ils portent les divers instruments de la Passion.

Cette procession à caractère religieux défile dans un grand recueillement, rythmé par le roulement sourd et lancinant des tambours; elle se termine dans l’église par la célébration de la mise au tombeau du Christ.

 

Lessines.  La procession des pénitents

 

Chaque Vendredi Saint, dès la tombée de la nuit, se déroule la Procession des Pénitents noirs de Lessines, dite de la Mise au Tombeau.  Cette tradition remonte au moins à 1475 et a conservé une grande authenticité.  Les pénitents déambulent dans le noir absolu à la seule lueur des torches, au son des crécelles et des tambours.  La procession suit une partie du tracé des anciens remparts avant de regagner la chapelle Sainte-Barbe du 15e siècle de l’église Saint-Pierre où se déroule la mise au tombeau du gisant du Christ.

 

Lèssine (Lessines) - porcèssion dès Pènitints (procession des Pénitents)

(Le Soir, 01/04/1992)

Èl Grati - Hove (Le Graty - Hoves) - ragalètes èt poscate (crécelles et collecte)

(in: Le folklore à Hoves et à Graty, Annales du Cercle archéologique d’Enghien, 1973-78)  NB Erreur dans l’article: “poscate” veut dire ‘collecte” (erreur d’interprétation de l’auteur ou déformation de ‘pourcache’ (wallon: portchès) de ‘pourcachî’ (collecter)).

1.3   Le centre-wallon / Li cente-walon

Jean-Jacques Gaziaux, Parler wallon et vie rurale au pays de Jodoigne, LLN 1987, BCILL 38

 

La semaine sainte, lë pèleûse samin.ne, est généralement associée dans l’esprit des ruraux à une période de mauvais temps.

 

 Le jeudi saint, lë djudë sint : l’office commémore la dernière Cène. On va bauji ‘baiser’ l’ crwès, on va à l’ èspônsëcion dè l’ sint sacrëment. Les bruits de la crécelle, dè l’ crin.nète, remplacent les sonneries des cloches et des sonnettes. Lès clokes è vont a Rome.

Le vendredi saint, lë djou dè bon vinrdë, jour de jeûne et d’abstinence en souvenir de la passion du Christ. On va au ch’min d’ la Crwès. De nombreuses croyances étaient liées à ce jour. La coutume voulait que la poule née d’un oeuf mis à couver le vendredi saint fût chinée, chënêye, ou qu’elle changeât de plumage, dë livrêye, dë plëmadje, chaque année. D’aucuns prétendaient que les poussins nés ce jour-là présentaient la même caractéristique : lès poyons dësclôs l’ djou dè l’ bon vinrdë tchandjenèt d’ coleûr tos l’s-ans. De même si l’on sème des fleurs annuelles : on ‘nn’a d’ totes lès coleûrs. Coupez les  cheveux des enfants pour la première fois si vous désirez qu’ils deviennent bouclés, crolés ! En outre, “le bon Dieu bénit la femme qui cuit, maudit celle qui lave” ; lë pwin dèl bon vinrdë së consèrve todë.

 

 Le samedi saint, lë sèmedë sint : pendant le très long office du matin, on bénissait notamment l’eau. Lès clokes rëvënenèt (p.262) au gloriya ; lès-èfants ont fêt leûs nëds po qu’ lès clokes passenèche. Lès corals ‘enfants de choeur’ pwârtin’ dè l’ bènëte êwe aus maujones : i r’çuvin’ dès-ous ou dès côrs.

 

Alzir, Gilbert et André Noël, Onhaye et ses environs, 1984

 

(p.128) Avec le Jeudi Saint, on assistait au départ des cloches pour Rome. Les enfants de chœur remisaient leurs clochettes et utilisaient des crécelles pendant les offices.

Le Vendredi Saint, Monsieur le curé bénissait de l’eau et les enfants de chœur, munis de cruches et de seaux, allaient en distribuer de porte en porte, moyennant dringuèle et ce jusqu’aux fermes les plus éloignées, dont celle de Melin. Avec leur cagnotte ainsi constituée, certains en profi­taient pour acheter et fumer leur première cigarette…

Avec le Samedi Saint, on peut considérer que le printemps était revenu. La veille, les mamans avaient acheté quelques œufs en chocolat et surtout teint en diverses couleurs des œufs cuits durs. Le samedi, tôt le matin, elles allaient les dissimuler dans des recoins du jardin. Et ensuite, c’était la joie : celle des enfants cherchant les petits trésors cachés et celle des parents heureux d’assister à cette recherche.

Des tautes avaient aussi été préparées et cuites soit dans le four, soit chez Monsieur Xavier Pirson, en vue de la fête de Pâques, qui mar­quait le renouveau, l’annonce du beau temps.

Pendant les vacances de Pâques, les cinsîs et cultivateurs tondaient les haies d’épines, nombreuses à l’époque, et les branches coupées étaient ensuite brûlées. Ils procédaient aussi à la réparation des clôtures des prai­ries : les pieux en bois abîmés ou cassés étaient remplacés par des nou­veaux. Ceux-ci, dont un bout avait été effilé à la hachette, étaient enfouis en terre à coup de grosse masse marqués de « hans » d’efforts. Les fils de fer barbelés étaient aussi vérifiés et éventuellement remplacés. Chez nous, c’est au « pré Sizaire » dont une partie est boisée, que nous allions prépa­rer les pieux, après avoir abattu quelques troncs d’arbres. En plus des pieux, on sciait des morceaux de bois qui servaient à alimenter la plate-buse et, avec les petits bois, on confectionnait des fagots. Ceux qui ne pos­sédaient pas de bois dans leur propriété, pouvaient, moyennant prix avan­tageux, acheter un morceau de taille dans un bois communal, comme c’était le cas en descendant vers Hastière.

 

Cerfontaine / Tradition locale, in : VA 26/04/1990

 

La tradition pascale a été res­pectée cette année à Cerfontaine, car contrairement à l’an passé, où l’on avait oublié de motiver les intéressés, les petits jeunes gens qui vont faire leur profession de foi ont raguèté autre­ment dit, ils ont parcouru les rues en agitant les crécelles ty­piques à la localité, dotées d’une manivelle.

Rappelons qu’en fait, ils rem­plaçaient les cloches parties à Rome, en annonçant l’heure des offices. Le samedi-saint, ils ont fait du porte à porte pour récla­mer leurs pauskâdjes, c’est-à-dire des friandises, des oeufs ou de l’argent, chacun sachant que tout travail mérite salaire.

 

in : Félix Rousseau, Légendes et coutumes du Pays de Namur, Trad. wallonne, 2006

 

(p.116) Pendant l’office du samedi saint, le diacre revêtu de la dalmatique bénit le cierge pascal qui renferme, comme on sait, cinq grains d’encens dessinant une croix et maintenus par des clous de cire. Ces clous, appelés en wallon claus de cirion, étaient considérés comme d’excellents préservatifs contre les sorts, les maléfices, les pompes et les oeuvres de Satan.

 

Li mèyeû dès raîsons

Conte li démon, c’ èst l’ clau d’cirion,

 

dit une chanson de Philippe Lagrange. A Namur, des gens du peuple en demandaient chaque année au sacristain de la cathédrale. A Andenne, lorsqu’on construisait une maison, on glissait un clou de cirion sous le seuil de la porte. A Houyet, si l’on supposait que des sorcières se trouvaient à la messe, on pouvait les empêcher de sortir de l’église, en mettant au-dessus du porche des claus d’cîge (clous de cierge).

Autrefois, les trois derniers jours de la semaine sainte, à Namur, les gamins s’armaient de marteaux, de rakètes et de tapas (marteaux mobiles montés sur une planchette), puis s’en allaient par la ville, frappant sur les portes et fenêtres, faisant un bruit infernal : po tchèssi cwarème, disaient-ils.

 

in : M.M., Tradition respectée au Congo, VA 20/04/2001

 

Ciney (Congo) – Le samedi de Pâques, distribution de l’eau pascale.

Les enfants avertissent : « Carème è va, c’ èst l’ dêrin djoû, spiyant lès-oûs. »

 

Jules Fivèz, Istwêre di Bièmeréye, èt di vint’-deûs-ôtes viladjes d’ avaurci dispûs noûf cints swèssante-quate, avou l’ concoûrs dès Bièrmèrwès, 1972

 

Li Samwin.ne sinte ou pèneûse samwin.ne

 

Li djudi-sint — Au Glôriya, lès clotches è vont à Rome. Ci djoû-là, après mèsse, lès corâls, avou dès rakètes mwin.nenut brût, passenut dins totes lès vôyes: rûwes, ruwales et pîd-sintes do viladje pou-z-î anonci lès-eûres dès-ofices do londemwin.

 

Li vinrdi-sint — Après mèsse, lès corâls fèyenut co 1′ toû do viladje pou-z-anonci lès-eûres dès-ofices do londemwin.

On raconte qui c’ èst 1′ pus grigneûs djoû dè l’ samwin.ne sinte.

Susmètant qui lès clotches dimèrenut à Rome, lès momans qu’ ont dès-èfants qui n’ savenut nin co qwè cujenut dès-oûs deurs en lès tindant di totes sôtes di couleûrs : bleuw, brun, djane, rosé, vèt’ oudôbin ôtrumint. Èles aprèstéyenut dès catchètes qui sièvront pou rascoude lès-ous qui lès clotches laîront tchèy en rivenant d’ Rome dimwin au matin.

Si on n’ pout nin fè 1′ buwéye li djoû di vinrdi-sint, il èst rèkis d’ cûre ci djoû-là pace qui 1′ pwin qu’ èst cût 1′ vinrdi-sint sera co pwin l’ anéye d’ après en 1′ mètant bin à sètch. On raconte co : s’ i djale li vinrdi-sint, ça r’mèt 1′ timps, oudôbin co çoci : li djaléye do vinrdi-sint ni faît pont d’ twârt aus fleûrs.

 

Li sèmedi-sint — Au Glôriya dè 1′ grand-mèsse, lès clotches arivenut d’ Rome. Èles ramwin.nenut dès-ous d’ Pauke qu’ èles lèyenut tchèy dins lès catchètes qui lès momans ont aprèstè èyîr. Lès-èfants ont bran.mint do plaîji en cachant après. Ossi rade qu’ is l’ vèyenut, is sont bin binaujes èt leû moman ostant qu’ zèls.

(p.54) C’ èst 1′ sèmedi-sint qui 1′ curé bènit l’ êwe qui lès corâls pwatenut dins totes lès maujons do viladje. Quausumint totes lès familes, pou n’ nin dîre tortotes, è pudenut èt lès djins donenut ène dringuèle aus corâls, nin pou 1′ bènite êwe, mins pace qu’ il-avint stî dîre lès-eûres dès-ofices.

Li djoû d’ odjoûrdu,  tot ça est disparu. C’ èst bin damadje, mins insi va 1′ vîye!

 

Rimârke. — Tot 1′ timps dè 1′ samwin.ne sinte èt co quinze djoûs après, lès crwèyants ènn’ alint à cofèsse pou fé leû paukes — come on d’jeut adon èt qu’ on dit co odjoûrdu — pace qu’ i faut bin r’churè s’ tchôdron tanawète in p’tit côp pou qu’ i fuche prôpe. I gn-a nèlu qu’ a ène saqwè à r’dîre à ça pace qui chakin faît à s’ môde. D’ alieûrs, i n’ faut jamaîs critiker l’s-ôtes si on n’ vout nin li min.me ièsse mètu d’ssu 1′ sèlète.

I faut todi bin fé à s’ môde, mins tofêr bin lèyi fè lès-ôtes à 1′ leûr. Pou çoci, c’ èst l’ afaîre dès bièrdjîs di ramwin.nè lès bèrbis qui sont-èvôyes pa ène mwaîje vôye, à condicion di lès r’trouvè rade assez !…

 

Le folklore au pays de Namur, 1930, Guide-programme de l’exposition de folklore et d’industries anciennes, A.R. de Namur

 

(p.24) JEUDI-SAINT. — « Djoû des sètès-Eglîjes » : il est dit, en effet, que ce jour-là, les fidèles doivent visiter sept temples et prier devant sept reposoirs.

Profitant de cette circulation intense, les commerçants ont fait du jeudi-saint, la fête des étalages, où ils exposent leurs nouveautés esti­vales ; les bouchers célèbrent la fin du carême par une débauche de victuailles et le cortège des bœufs gras.

A Dinant, on se rend à la chapelle du Calvaire, d’où l’on prétend en collant l’oreille contre terre, entendre chanter le Coq de Palestine.

 

VENDREDI-SAINT — Une légende rapporte que Jésus, por­tant sa croix, demanda à boire à une Juive qui lessivait ; mais celle-ci lui lança la savonnée à la face. Plus loin il demanda à manger à une autre Juive occupée à cuire le pain ; et celle-ci n’hésita pas à le ras­sasier ; c’est de là que provient ce dicton : « Je bénis la cuiresse et je maudis la laveresse ». Aussi, toute ménagère s’empresse-t-elle de cuire, ne fut-ce qu’une galette, et s’abstient-elle de plonger les mains dans l’eau… du moins pour la lessive.

 

SAMEDI-SAINT — Les cloches sonnent à toute volée : elles rentrent de Rome, centre de la chrétienté, où elles étaient parties depuis le jeudi. Sur leurs passages, elles sèment les œufs de Pâques ; œufs cuits durs, teintés à la chicorée ou à la pelure d’oignon, œufs en sucre ou en chocolat, que les enfants récoltent dans les coins les plus reculés de la maison et du jardin.

 

Maurice Chapelle, in : Coup d’œil sur Fosses-la-Ville, 1941, S.I. de Fosses-la-Ville

 

(p.40) Le Vendredi-Saint

 

A Sart-Eustache, la coutume persiste que le jour du Vendredi-Saint les enfants du village accompagnés des enfants de chœur fassent le tour de la localité en fiant rèkeler l’ crin.nète pour annoncer les différents offices aux paroissiens, car  lès clokes sont-rèvôye à Rome .

Ils profitent de la circonstance pour quémander leur récompense pour avoir remplacé les cloches. A défaut d’oeufs durs ou en chocolat, ils reçoivent des pièces d’argent. Ils se partagent le tout dès que la tournée est terminée.

 

 

Maurice Chapelle, LI “FOLKLORE” A FOSSES-LA-VILLE

 

LI VINRDI-SINT

 

Au Saut-à-Statche, li pli dure todi qui l’ djoû do Vinrdi-Sint, lès corâls faîyenut l’ toû di totes lès reuwes en fiant “rèkeler l’ crin.nète” po anoncî,  auzès djins dè l’ parotche, lès difèrints-ofices è l’èglîje pace qui  “lès clokes sont rèvôye à Rome ” .

Is profitenut d’ l’ ocâsion po d’mander, à chaque maujo, leû rècompinse. A dèfaut d’ oûs cûts deur ou d’ oûs en chocolat, on leû done dès pîces di manôye qu’ is paurtadjenut quand l’ toûrnéye èst finîye.

 

Cèrfontène (Cerfontaine) - raguètadje

(in: VA, 08/04/1983) (corr. : ‘raguèté’ et ‘raguètadje’)

Fèlène (Felenne) - tradicions d' Pauke (traditions pascales)

                                   (in: Georges Perpète, Felenne, mon village, s.d.)

Warejou (Warisoulx) - lès rakètes (les crécelles)

(in: Warisoulx, mon village, 1987)

Andène (Andenne) - caker lès-oûs

(in: Le Guetteur Wallon, 8, 1924)  corr.: caker (au lieu de ‘haker / haquer’)

Faumène - Condro (Famenne - Condroz) - li samwin.ne divant Pauke (la semaine avant Pâques)

(in: Des gens d’ici racontent, Douze villages entre Famenne et Condroz au début du /20e/ siècle, T1, s.d.)

Payis d' Nameur - Blanc Djudi, Bon Vinrdi, Sèmedi Sint

(Bernard Louis, in: Les Cahiers Wallons, s.d.)

1.4   L’est-wallon / L’ ès’-walon

Benoît Samray (Cortil-Bovigny), Montleban èt sès ratatas: in: Le Luxembourg dialectal

 

Qué djôye po lès-èfants d’ Montleban li samwin.ne divant Pâke ! Â « Gloria » do Djoûdi sint, totes lès clotches ‘nn’è vont so Rome. Èt nos-autes, lès-èfants di primère, nos corans avâ totes lès rowes do viyèdje avu nos ratatas po anoncî lès-ofices èt l’ anjèlus di non.ne.

Li londi d’ Pâke, c’ èst 1′ pus bê djoûr, ca nos f’sans l’ toûr do viyèdje tot pwèrtant on grand sèyê d’ bénite êwe do Samedi sint azès djins qu’ ènnè v’lèt. Tot do long dè l’ vôye, nos ratateans tot brèyant pus fwèrt qui dès vês :

« Ratata ! Cwarème è va !

D’nez-me vos-oûs !

Cwèrème èst foû ! ».

Lès djins abrokèt fou d’ leûs manhons èt d’vins nos tchènas, is mètèt dès-oûs di totes lès coleûrs, do chocolat, dès biscwîts ou one bone dringuèle.

Nosse toûr fini, adon c’ è-st-à moncheû 1′ curî d’ fé lès pârts. Èt tot binâjes, nos rivenans amon nos-autes avou dès potches qui sonèt djoyeûsemint come dès clotches.

 

Coutumes pascales

 

Il existe à Roclenge une autre coutume pascale encore. Le dernier jour du Carême, c’est-à-dire le samedi avant Pâques, les enfants se promènent par les rues en traînant de vieux seaux, de vieilles marmites ou de vieux chaudrons, sur lesquels ils frappent avec des bâtons pour faire le plus de bruit possible ; et ils chantent à tue-tête :

 

Quarème qu’ èst foû :

Cakons les oûs.

Pètons lès-as :

Carème qu’ è va.

Ç ‘ sèrè d’min Pâke !

 

(Carême est fini : / Choquons les oeufs. / Pelons les aulx / Carême s’en va. /

Ce sera demain Pâques !)

 

Dans les villages de Châtillon et d’Oppagne-Wéris, comme un peu partout dans la province de Luxembourg et au sud de celle de Liège, les enfants de chœur et les écoliers annon­cent les services religieux du jeudi au samedi-saint au son de crécelles de la semaine-sainte, en l’absence des cloches “parties à Rome”. A Oppagne, ils vont en outre tarater (créceller) le lundi de Pâques en offrant de l’eau bénite en échange de laquelle ils reçoivent des œufs. Le thème de la formulette parlée ou chantée est alors la fin du carême.

 

Léon Marquet, Le folklore ardennais dans la littérature, p.31-50, in : Tradition wallonne, 5, 1988

 

(p.47) Usmard Legros a publié en 1950 des Contes Ardennais, dont un chapitre consacré à la Semaine sainte, li pèneûse samin.ne, se rapporte aux gamins ou enfants de chœur parcourant en groupe la paroisse pour annoncer les offices avec leurs bruyantes crécelles, appelées taratas. Ils chantent leur chanson traditionnelle :

 

Taratata,                                                     

Qwarème è va,                                             

Tcharnale rivint                                            

Signe di bon timps                                         

Cakant lès-oûs,                                        

Qwarème èst foû.                                           

 

(Taratata, / Carême s’en va / Le temps de la chair revient / Signe de bon temps / Choquons les œufs / Carême est fini)

 

Les enfantines liégeoises, d’après Joseph Defrecheux, Supplément, pp.1-8, in: La Wallonne, 1/2005

 

LE BOEUF GRAS

 

La promenade du bœuf gras s’accomplissait autrefois dans l’après-midi du Jeudi Saint. Un long cortège, dans lequel figuraient les plus beaux spécimens de la race bovine, parcourait les principales rues de la ville. Les animaux primés avaient le front garni de fleurs artificielles et, à leur cou, se balançait une large médaille retenue par un ruban de couleur.

 

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la promenade du bœuf gras a été remplacée par l’exhibition des bêtes dépecées et les bouchers faisaient circuler, par toutes les rues, des chars ornés de drapeaux et de fleurs, sur lesquels étaient étalés les plus appétissants quartiers des puissants animaux qu’ils avaient fait abattre à l’occasion des fêtes de Pâques.

Comme bien on le pense, des bandes d’enfants tenaient la tête du cortège en chantant ce refrain :

Vive li boûf da Mågnêye,

c’ èst l’ pus bê, l’ pus gros!

Vive l boûf d’a Mågnêye,

c’ èst l’ pus crås d’ l’ an.nêye

 

Louis Vieuxtemps, Tradition pascale à Marcourt, in : AO 05/05/2001

La tournée des petits tarateûs

 

Depuis 8 ans, la tournée pascale des crécelles a été remise à l’hon­neur par le Comité des Fêtes de Marcourt, présidé par Jacques Martin. Les rues du village se sont ainsi animées du grinçant tournoiement des «taratas». Ils étaient une quinzaine d’enfants, poussant la brouette avec la cruche remplie à ras bord d’eau bénite, une grosse brassée de buis et les paniers en osier destinés aux œufs reçus. Il y avait aussi le petit âne gris, celui de la crèche peut-être, revenu pour la fête pascale! On sonne à chaque porte, et c’est en chantant que se fait la quête des œufs et de la menue monnaie:

 

«Ta ra ta ta, cwarème èva,

Cakans lès-oûs,

Tcharnèle rivint,

Vo-r’-ci l’ bon timps. »

 

suivi des remerciements aux généreux donateurs:

«Remercions ces gens d’honneur / Qui ont donné à ces chanteurs / Un jour viendra / Dieu le rendre – Alléluia!»

si quelqu’un est dur à la détente (ça arrive parfois, mais très rare­ment !), les enfants tiennent dans leur arsenal un petit «couplet de blâme» :

«Perrette a mis sa poule à couver / Afin de nous rien donner. / Un jour viendra / Le diable l’emportera – Alléluia!»

 

Joseph Defrecheux,  ENFANTINES DE WALLONIE,  p.6-17

 

Avec la crécelle

 

Vocial carnaval,

Crotale ! (Crécelle)

 

N’s magnerans dè pan doré

Croté ! (Crécelle)

 

Vocial Pâke(Crécelle)

L’ ci qu’ a dès-oûs lès fricasse, (Crécelle)

L’ ci qu’ ènn’ a nin, s’ ènnè passe. (Crécelle)

 

 

(Voici le carnaval, / Crotale ! / Nous mangerons des pains dorés / Croté !

Voici Pâques, / Celui qui a des œufs, les fricasse, / Celui qui n’en a pas,

s’en passe.)

 

Avec le bâton de pluie (manipulé par un adulte)

 

4 sôrtes di raguètes (4 types de crécelles)

(in: André-Gérard Krupa, Nadine Dubois-Maquet, Françoise Lempereur, EMVW, Crédit Communal, s.d.)

Payis d' Oûte (Pays de l'Ourthe) - dècorâcion dès-oûs d' Pauke (décoration des oeufs de Pâques)

(in: Annonces de l’Ourthe, 03/03/2014)

Dotchamp (Dochamps) - li samwin.ne divant Pauke (la semaine pascale)

(in: Annonces de l’Ourthe, 13/03/2014)

Payis d' Oûte (Pays de l'Ourthe) - li feu d' Pauke (le feu pascal)

(in: Annonces de l’Ourthe, 04/2016)

Liès' - Meurmwète (Liers - Milmort) - lès cocognes (les oeufs de Pâques)

(in: Herstal, Un patrimoine pour une nouvelle commune, s.d.)

Vau d' In.ne (Val d'Aisne) - lès tarateûs (les créceleurs)

(in: Joseph Bonmariage, Mon village là-bas en Ardenne, Terroir du Val d’Aisne, 1984)

réjion di Spå, Nivezé - li Pèneûse Samin.ne (la Semaine Sainte)

(in: Recherches sur le folklore de Spa, Wallonia, 1899, p. 187-196)

1.5   Le sud-wallon / Li sûd-walon

Le pays de Bastogne au gré de sa mémoire, 1982

 

Le jeudi saint, lors de la récitation du Gloria, les cloches «partent pour Rome», d’où elles reviendront chargées d’œufs. Dès ce moment, les offices sont annoncés au moyen de crécelles par les enfants. Si la coutume a disparu aujourd’hui, on a retenu, même à Bastogne, les formules des créceleurs: lorqu’ils montaient la pavêye, ils criaient «Âs Tènêbes po l’ purmî côp», puis en redes­cendant «Âs Tènêbes po l’ deûsime côp»: ‘Aux Ténèbres (office liturgique du soir) pour le premier coup’, ‘Aux Ténèbres pour le deuxième coup’.

Le samedi saint est un jour faste; les enfants portent l’eau bénite pendant l’office pascal, de maison en maison; en échange, ils reçoivent des œufs teints, des friandises, rarement de l’argent. Le curé se charge de répartir équitablement tous ces cadeaux. Pendant le même office, plus précisément à la récitation du Gloria, les cloches ont réintégré leur clocher. De leur lointain voyage auprès du saint Père, elle ne rentrent pas bredouilles.

 

Les «tarateux» de Compogne, in : Reflets 26/04/1990

 

Dans nos villages d’Ardenne, des gamins continuent à perpétuer les vieilles coutu­mes. Et les fêtes pascales sont riches en traditions religieuses !

Ainsi, le jour du Vendredi Saint, un groupe de «tara­teux» déambulait dans les rues de Compogne, comme dans beaucoup d’autres vil­lages. Agitant leurs crécelles, ces enfants annonçaient la messe de 17 heures. Ils sup­pléaient ainsi à la carence des cloches parties pour Rome.

Des anciens du village, M. et Mme Joseph Wenkin; Mme Léa Kirsch se souvien­nent de leur jeunesse…

«En agitant les taratas, nous parcourions les rues.

Après le charivari, nous criions suivants les moments de la journée : « À l’ ofice do bon dju »,  « â tch’min d’ crwas », « à tchapelèt ». Nous invitions les habitants à par­ticiper à ces offices. Et le samedi lorsque les cloches étaient revenues, nous al­lions de ferme en ferme récolter les oeufs. Précédés par la cacophonie des mou­linets grinçant autour de la roue à dents, nous clamions bien haut : « Taratata, l’ Carème è va, chamaille ruvint, vo-r’-ci l’ bon timps, houmant lès-oûs, l’ carème èst foû, foû, foû ». Ce qui signi­fie : le carême s’en va, les rameaux et buissons revien­nent, revoici le bon temps, gobons les oeufs, le carême est fini, fini, fini».

Lorsqu’une personne ne don­nait rien, le petit groupe criait : « Quate pèlés d’vant. Quate pèlés podrî. La gran­de Sidonîe â mitan». (Qua­tre pelés devant, quatre pelés derrière, la grande Sidonie au milieu).

A l’issue de la récolte, les tarateûs se retrouvaient derrière une ferme pour effectuer le partage, ce qui donnait lieu parfois à des disputes. Dans la suite, le curé Waltzing procéda au partage, arrondissant la ré­colte afin que chacun reçoi­vent sa part». Actuellement à Compogne, le ramassage se fait le lundi de Pâques.                     

 

Li pèneûse samin.ne, in : Singuliers, 1, 1997, p.17-23

 

Nous publions ci-après les données recueillies lors d’enquêtes menées dans la commune de La Roche par Virginie Borremans, Isabelle Carpe et Sabrina Michel (Institut du Sacré-Cœur) sous la direction de leur professeur Joël Thiry. Nous les félicitons chaleureusement pour cette initiative, qui vient compléter une documentation déjà bien fournie sur les traditions populaires liées à la semaine sainte.

 

Maman n’ avéve nin fwart malâhi di m’ dispièrter cès djoûs-mà. I n’ èstéve qwand min.me qui chîj eûres, i f’séve co nut’ èt freûd. Lès walêyes èstint sovint do l’ pârtèye. Mins ça n’ nos djin.néve wêre.

Li dîmègne di dvant, c’ èstéve li dîmègne do l’ Florèye Pâke. Avou Papa, nos-avins pâketé totes les pièces do l’ mohon, lès stâves, li cina et min.me lès tchamps. Après ça, nos-avins pris nos râyètes fou d’ 1′ ârmâre po nos-è sièrvi li djoûdi.

Li Djoûdi sint, dji m’ trovéve o l’ sacristèye pus timpe qui d’ abitude. André — on 1′ surnoméve ‘li Tutus’ — èstéve li pus vî dès-èfants d’ keûr. I nos f’séve tirer à coûrt fistu po vèy li cî qu’ îreût avou lu o coridôr di 1′ èglîje po soner lès clotches qui pârtint po Rome.

Po l’ mèsse do djoû, c’ èst co lès clotches qui sonint li prèmî èt 1′ deûsin.me côps. Quékès minutes après, Djosèf, li vî mârlî, anoncéve à l’ armoniom’ lès prèmîrès notes do Gloria. Tutus’, avou 1′ èfant d’ keûr qu’ avéve sètou tchûsi po ça, quitint l’ keûr po 1′ pwace èt i s’ pindint âs cwades dès clotches. Nosse amûsemint èstéve di nos-acrotcher à l’ cwade qwand 1′ clotche en balançant nos-èpwartéve avou lèy djusk’ â plafond. On s’ amûséve tant à fé 1′ acrobate qu’ on 1′ fèséve durer. I nos faléve co griper â jubé po-z-î sètcher lès

cwades èt qwand nos rintrans o keûr, nosse curé s’ ritoûrnéve po nos fé dès lêds gros-oûys. Nos-avins 1′ engueûlâde après mèsse.

Asteûre qui lès clotches èstint voye à Rome, i nos faléve anoncer o viyèdje lès momints lès pus bês dès treûs djoûs qui v’nint.

L’ anjélus’ d’ abôrd. Li mêsse di scole nos f’séve quiter li scole a onze eûres. On pârtéve nosse troupe è deûs èt on coréve li viyèdje en criyant: « Il èst non.ne ! » èt en f’sant dès toûrnikèts avou l’ râyète.

Li vinrdi sint, i faléve si lèver co pus timpe por anoncer: « À mèsse à cink eûres ! ». Mês s’ il avéve falou, nos-ârins dwèrmou tot moussés télemint qui c’ èstéve gué. Après non.ne, c’ èstéve li tch’min d’ creûs. On criyéve: « Â tch’min d’ creûs â treûs-eûres ! »

Li sèmedi sint, tos lès-èfants d’ keûr èstint sûr là ! Tutus’ nos pârtéve è deûs troupes. Li prèmî groupe aléve d’ on costé do viyèdje avou dès bidons d’ bénite êwe, l’ ôte aléve di 1′ ôte costé avou dès banses plin.nes di soyeûre.

So 1′ sou di totes lès mohons, li prèmî groupe tchantéve:

Pâke èt Pâke a raprotché

Cwarème è va

N’ fât-i nin do l’ bénite êwe ?

 

Qwand lès bidons èstint trop pèsants à pwarter po cori dès centin.nes di mètes intèr deûs cinses, ni one ni deûs, on lès stâréve o fossé èt on lès rimplichéve avou d’ l’ êwe on pô mwins bénite à l’ fontin.ne ou â robinet do stâve.

Li deûsin.me groupe tchantéve:

Taratata

Cwarème è va

Signe di bon timps

Crokans lès-oûs – oû- oû – oû.

 

(p.19) Nos d’mindins dins lès mohons li récompinse po lès sièrvices di l’ âté. On nos dènéve dès-oûs qu’ on mètéve dins 1′ soyeûre, ou bin dès sous. Lès margayes advint qwand lès deûs groupes si rèscontrint. Lès-armes, c’ èstéve dès grands côps d’ boule di nîve, dès grands-aspèrjès’ di bénite êwe ou dès pakèts d’ soyeûre.

Li pârtèdje si f’séve amon l’ curé. Po l’ Tutus’, c’ èst li dj’vau qui gangne l’ avon.ne qui deût l’ magner. I pârtéve à si-idêye. Onk n’ avéve nin stî à totes lès mèsses, l” ôte ni s’ avéve nin lèvé li sèmedi â matin.

Sovint trimpé èt tronlant d’ freûd, dji m’ rafiéve di raler o l’ mohon, doû qu’ maman avéve aprusté dès noks1, qui nos loumins dès « traus-d’-cou ». On l’s-avéve bin mètou â mîtan do l’ tâve, à costé d’ on plat d’ oûs deûrs tindous avou dès pèlotes d’ ognons. Tot-à-fét èstéve magné su deûs, treûs djoûs !

 

Totes cès vîhès sovnances provenant dès vièdjes do l’ comune do l’ Rotche. Lès tchansons sont d’ Bouchon. Seûlemint, i gn-a dès difèrinces d’ on viyèdje à l’ ôte.

Insi, por anoncer l’ Anjélus’ à Sam’ré, on criyéve: « I sone non.ne ! »; à l’ Rotche: « Malète ! ». À Mwin.ni, c’ èstéve è francès:

Ding ding ding ding dong / Voici l’Angélus qui sonne / Ding ding ding ding dong / Tout le beau ciel en résonne !

Po li tchmin d’ creûs à Sam’ré: « I sone po l’ sèrvice d’ â bon Dju ». À Mâbodje: « Il èst timps d’ aler bâjer lès pîds d’ â bon Dju ».

 

(1)   Lès noks, c’ èstéve one pâsse à dorèye qu’ on f’séve lèver. On l’ rôléve èt on 1′ discôpéve à 25-30 cm. Avou ça, on f’séve dès noks. On lès passéve o l’ friteûre, pwis on mètéve do souke. Lès noks qu’ èstint mâ fét o l’ friteûre, c’ èstéve lès « traus-d’-cou ».

 

(p.20) Por anoncer 1′ ofice (do vinrdi sint) à l’ Rotche: « C’ èst l’prèmî côp », pwis « c’ èst 1′ djèrin côp ». A Sam’ré: « I sone li prèmî (/ djèrin) côp à messe». À Mwin.ni, i faléve fé deûs côps 1′ toûr do viyèdje: « à 1′ ofice di nosse sègneûr â prèmî côp ! », pwis « à 1′ ofice di nosse sègneûr â djèrin côp ! » A Haleû, lès-èfants n’ brâyint qu’ on côp: « C’ èst 1′ ofice di nosse sègneûr ! »

 

Quékès tchansonètes po lès toûrnêyes do sèmedi ou do londi d’ Pâke.

 

À Ortô

Taratata

Cwarème è va

Signe di bon timps

Houmans lès-oûs

Crakans lès-oûs

Cwarème est foû !

 

A Sam’ré 2           

Taratata

Cwarème è va

Tchârnale rivint

Vorci l ‘ bon timps

Dènez-me mès-oûs

Cwarème èst foû !

[Èst-ce qui lès payes ont brâmint ponou

por achever a Haleû,

[oû po oû à Mâbodje]

 

A Nizrâmont

Mès-oûs, mès-oûs

Cwarème èst foû.

 

 Mwin.ni  :       

Nos-èstans lès ptits sièrveûs do Mwin.ni

Si nos-avans bin fé nosse service

Dènez dès-oûs sins-avarice

Plin nosse panî !

 

(2) A Hive, li tchansonète èst fwart li min.me. Seûlemint, si 1′ djin ni drovéve nin 1′ uch ou si èle ni dènéve rin, lès-èfants d’ keûr ènn-alint âvâ 1′ viyèdje tot beûrlant: « Li leûp a tchî mon… ».

 

(p.21) A Vècmont        

Dènez, dènez à cès tchanteûs

Qui tchantèt lès louwanjes do Sègneûr

On djoû vinrè

Djeû vos l’ rindrè

Alélouyâ !

On djoû vinrè

Djeû vos l’ rindrè

Alélouyâ !

Todi a Vècmont, si 1′ uch dimoréve clôse ou si 1′ djin n’ dènéve rin:

Pèrète a mètou s’ poye à cover

Afin di n’ rin nos dèner

On djoû vinrè

L’ djâle l’ empôrteurè

Alélouyâ !

On djoû vinrè

L’ djâle l’ empôrteurè

Alélouyâ !

 

(p.22) Li pus sovint, on rimèrciyéve lès cîs qu’ avint sètou pus jènèreûs:

On v’ rimèrcèye â tchamp d’ oneûr

D’ avu dèné à cès tchanteûs

Qui tchantèt lès louwanjes do Sègneûr

On djoû vinrè

Djeû vos l’ rindrè

Alélouyâ !

On djoû vinrè

Djeû vos l’ rindrè

Alélouyâ !

 

A Cièle, c’ èstéve fwart li min.me qu’ à Vècmont, mins en francès. Èt li coplèt por ataker, c’ èstéve:

Réveillez-vous, coeurs endormis / Pour chanter les louanges de Jésus-Christ /

Afin qu’il vous conduise au Paradis / Alléluia Alléluia (4 fois).

 

A Bêssint, on tchantéve en francès:

Je vous salue avec honneur / N’oubliez pas les enfants de choeur/ Et le bon Dieu vous le rendra / Alléluia !

Si vos poulettes ont bien pondu / Vous donnerez bien entendu / Des oeufs au panier que voilà / Alléluia !

Ou bien si vous n ‘avez pas d’oeufs  / Donnez 20 francs, donnez-en 100 / Ou plus encore, ça nous ira Alléluia ! / (p.23) Le porteur de sac que voici / De grand coeur vous dira merci / Et ce soir pour vous sonnera alléluia !

 

Po r’trover totes ces sovnances, Virjinîe Borremans, Zabèle Carpe èt Sabrina Michel ont rèscontré Tchale èt Clara Parmentier di Sam’ré, Mme Gilles di Mâbodje, Djèrâ Lambert do l’ Rotche, Lèyon André èt sès scolîs d’ Bêssint, Djan-Marîe Billa di Vècmont, Mme Thomas di Haleû, M. Soreil di Cièle, Lucyin Lambert d’ Ortô, Mme Remy di Warimpâdje, Lucyin Petit di Bouchon, Louwis Renard di Hîve, M. Lemaire di Nizrâmont, Mme Cuissard di Mièrtchamp.

Lès treûs coméres ont sètou êdêye di Joël Thiry, di M. 1′ Dwayin R. Lejeune do l’ Rotche èt di Achile Barvaux di Grimbièmont.

 

Glossaire

 

pèneûse samin.ne = semaine sainte. / dispièrter = réveiller. / walêye = averse. / dîmè ne do l’ Florèye Pâke = dimanche des Rameaux (litt. « de la Pâque fleurie »). / pâketer = placer des branches de buis bénit. / cina – fenil. / rûyète = crécelle. / timpe = tôt. / tirer â court fistu = tirer à la courte paille / coridôr (di l’ èglîje) = porche (de l’église). / mârlî – sacristain (et organiste). / pwace = porche. / sètcher = tirer. / oûy = oeil. / parti – diviser. / sou = seuil. / fontin.ne = abreuvoir public. / âté = autel. / nîve = neige. / aspèrjès’ = (coup de) goupillon. / soyeûre = sciure. / magner = manger. / Bouchon = Buisson (village). / Sâm’ré = Samrée (village). / à l’ Rotche = La Roche. / Mwin.= Bérismenil. / Mâbodje = Maboge (village). / bâjer = baiser. / Haleû = Haleux (village). / brâyer = crier. / Ortô – Ortho (village). / houmer = gober (un œuf). / Hîve = Hives (village). / Nizrâmont = Nisramont (village). / Vècmont = Vècmont (village). / Cièle = Cielle (village). / Bêssint = Beausaint (village). / Mièrtchamp – Mierchamps (village).

 

M.-Th. Delperdanche-Cornette, Sovenances di Pâke

 

Quand dj’ asté djon.ne, la Sèmin.ne Sinte, ç’astét tote one afêre !

Lès prèmîs djoûrs, à l nut’, on-avét lès « Ténèbes ». Dj’ alins voltî pace qui ça nos tchindjét do salut, èt qu’ après chaque antiène, l’ afant d’ keûr distindét one boujîe avou on grand cwanetchê. On côp, ça alét ; on côp, ça n’ alét nin. On riét à catchète pace qui lès chères seûrs avint lès-ûs di tos lès costès. À l’ fin, quand i fèjét tot nwar, nosse Dwayin bouchét trwas côps su lès-ègrés divant l’ âté avu on gros lîve, èt pus on raloumét totes lès loumîres.

Èt l’ samedi sint, lès clotches rèvenint d’Rome. Come dj’ asté todi la djèrin.ne po m’ lèvè, dji n’ lès-ê jamês vèyu. One anée portant, a lès-atindant sonè, dj’ ê potchè foû do lit, vorè al fègnèsse, més èles-astint djà r’moussées dins l’ clotchî. Èles brokint come dès-aradjées po rintrè à l’ gayôle. Èt come nosse mâjon astét conte dè l’ èglîje, dj’ avins bin poûr, ma sœur èt mi, qu’ èles nu vèyinche nin 1′ pètit bokèt d’ corti qu’ nosse père n’ avét nin co foyé èt doû ç’ qu’ on-z-avét fêt lès nids ! Dji l dèrê tot d’ sûte qu’ i n’ an-è jamês ariyè !

On prétimps qui dj’ avé fêt aradjè mes parints, on m’ vét dit qu’ lès clotches nu passerint nin… Èt l’ samedi, après mèsse, dji m’ ê dispêtchè d’ alè rimpli ma botèye di bénite êwe et dj’ ê racouru à l’ mâjon.

Ç’-t-anée-là, i plovét à sèyês èt on-z-avét mètu lès nids s’ la grègne, à houriche, èt dj’ atindé m’ fré èt ma seûr qui criyint come dès vècheûs a vèyant qu’ lès clotches n’ avint nin passé oute. Dji n’ wasé nin rintrè. À l’ fin, nosse mère m’ è dit : « Va voir quand même ! » Dji n’ mu l’ ê nin fêt dire deûs côps. Èt là, dins 1′ nid du foûr, i gn-avét on-oû d’ chocolat, (Ç’ astét après la guère !) èt co dès-oûs durs. Seûlemint, lès clotches avint toûmé à coûrt èt èles-avint sûr rèponu à l’ djèrin.ne minute, pace qui l’ oû d’ chocolat avét on po fondu…

Ça fêt dès-anées. Portant, dji m’ a sovin si bin ! Dji n’ ê qu’ à clore lès-ûs èt dji r’vè co la « mèchante pitite gamine qui n’ avét nin mérité sès-oûs d’ Pâke »… èt qu’ è fini pa lès-avèr mâgré tot !

 

J.-M. Pierret, Quelques aspects du folklore chestrolais, in : La Vie Wallonne, 1967, p.165-sv

 

(p.168) Le vendredi saint est, chez nous, un jour important. On pré­tend qu’un enfant né ce jour-là a des pouvoirs de guérisseur [Marbay]. La ménagère se doit de faire la tarte pour Pâques mais elle ne peut lessiver car : èl Bon Dieu bènit la fame qui cût més i maudit la famé qui bûe ‘le Bon Dieu bénit la femme qui cuit (= faire le pain ou la tarte) mais il maudit la femme qui lessive’ [comm. de Longlier ; aussi à Marbay et à Verlaine]. Un pain cuit ce jour-là a la propriété de se conserver indéfini­ment. La maman a attendu le vendredi saint pour couper les cheveux pour la première fois à son dernier-né : ainsi, elle est sûre qu’il aura une belle chevelure bouclée. La fermière aime garder les œufs de ce jour. Elle en mettra couver une partie car les poussins issus de ces œufs changent la couleur de leur plumage chaque année. Les autres, elles les conservera soigneu­sement parce qu’ils ont le pouvoir d’arrêter les incendies. Le fermier n’est pas moins occupé : c’est ce jour-là qu’il choisit pour châtrer ses taurillons, ‘l’infection ne travaillant pas’ le vendredi saint.

Le jeudi saint, les cloches partent à Rome. Les enfants de chœur se mettent en route pour annoncer les offices. Tout en agitant leurs tartèles ‘crécelles’, ils crient :

C’ èst l’ preumiè côp ! et une demi-heure plus tard : C’ èst l’dèrniè côp !

 

(p.169) A Namoussart, ils disent :

C’est le premier coup, préparez-vous ! puis :

C’est le dernier coup, dépêchez-vous !

A Mellier, du jeudi saint après-midi au soir du samedi saint, ils font le «feu nouveau ». Un bûcher est élevé dans un endroit retiré du village et on ne le laissera pas s’éteindre durant trois jours. Le combustible est fourni par quelques villageois Les enfants de chœur se rassemblent autour de ce « feu nouveau » lorsqu’ils ont fait le tour du village avec leurs eréeelles.

Le lundi de Pâques (naguère, le samedi saint après l’office), ils portent l’eau bénite de maison en maison. En guise de paiement, ils réclament des œufs frais et même parfois de l’argent ; ils crient ou ils chantent :

 

An vièt vèy si l’cok è pounu ! “on vient voir si le coq a pondu I’ [Tournay].

 

Carême est mort !

Dieu les [= ?] rend forts.

Dieu les bénit.

Crakèz lès-yeus ! (‘) [Mellier].

 

Carême est mort,

Dion les bénit,

Dieu le confesse,

Craquent lès-ieus! [Neufchâteau] (*).

 

Carême est mort !

Crakèz lès-yeus! [Namoussart].

 

A Namoussart, ils chantent en plus (sur l’air 0 filii et filiae)

Je vous salue avec honneur.

N’oubliez pas les enfants de chœur

Et le Bon Dieu vous le rendra.

Alléluia.

Si votre poule a bien pondu.

Vous donnerez, bien entendu,

 

(1) Compris ‘cassez les œufs (pour les mangers)’. Comparer le liégeois caker lès-oûs cogner les œufs : jeu d’enfant qui se pratique surtout, à Pâques ; l’œuf cassé appartient à celui qui l’a défoncé (voir J. haust, Dict. liég. et aussi Atlas linguistique de la Wallonie, t. .11l, p. 335). On n’employait plus que le terme général tchokè ‘choquer, heurter’ (tchokè lès-ieus) pour un jeu légèrement différent pratiqué autrefois a Molinfaing : les enfants faisaient rouler un œuf cuit dur vers d’autres qu’ils avaient disposés en ligne ; l’œuf qu’ils parvenaient à toucher leur appartenait.

 

(2) D’après geubel-g., p. 408.

 

(p.170) Des œufs au panier que voilà.

Alléluia.

Ou bien, si vous n’avez pas d’œufs,

Donnez un franc, donnez-en deux

Et le Bon Dieu vous le rendra.

Alléluia.

 

Lorsqu’ils ne reçoivent rien, ils se vengent en chantant :

Marie a mis sa poule couver.

C’est pour ne pas nous en donner.

Mais un beau jour, sa poule creuvr’a.

Alléluia (1).

 

En fin de journée, ils vendent les œufs et se partagent l’argent.

Pendant la nuit pascale (naguère, le samedi saint au matin), les cloches reviennent de Rome. A Molinfaing, on faisait croire aux enfants que c’était celui qui avait reçu les cendres le dernier, le mercredi des cendres, qui était chargé d’aller rechercher les cloches à Rome. Les enfants ont pris soin d’aménager des nids douillets dans le jardin ; les cloches y déposent les œufs qu’elles rapportent. Jadis, ces œufs étaient bruns : on les teignait à la chicorée.

Les enfants reçoivent encore leur paukadje ‘cadeau de Pâques (des œufs cuits durs et teints)’ auprès des parents et des voisins, à Pâques et pendant toute la semaine qui suit. Jadis, tout le monde recevait son paukadje dans les cafés (2). Le lundi de Pâques, les jeunes gens se rendaient chez les jeunes filles qui leur donnaient leur paukadje. Le jour de ‘la blanche Pâques ( = dimanche après Pâques)’, on recevait des œufs blancs, qui n’étaient pas teints comme ceux de Pâques [Massul, Molinfaing, Tronquoy, Verlaine ; aussi Assenois (3)].

A Mellier, le lundi de Pâques, les jeunes gens allaient de porte en porte avec une hotte pour recueillir des œufs frais et du lard. Le soir, ils se réunissaient dans une maison où il y avait beau­coup de jeunes filles. Ils faisaient une omelette, buvaient ‘la goutte’ et dansaient jusqu’au matin.

 

(1) Les personnes interrogées prétendent que cette chanson de quête se chante depuis une trentaine d’années seulement. Elles ne savent pas qui a introduit cet usage.

(2) A Massul et à Molinfaing, on dit : an s’ré k’chitè dès-ojês si an n’ è riè d’ nieu à Pâke “on sera couvert de fiente par les oiseaux si on n’a pas de nouveau vêtement à Pâques’ ; aussi tous les enfants désirent recevoir quelque chose de neuf pour ce jour-là, fût-ce une cravate ou une pochette.

(3) Assenois, d’après l’ Atlas linguistique de la Wallonie,, t. III, p. 336.

 

Comune dè l’ Rotche, in: Li pèneûse samwin.ne, Singuliers, 1, 97, pp. 17-23

 

Li djudi sint, à place, on-z-anonce l’ anjélus’: “Il èst non.ne!”

Li vinrdi sint, “À mèsse à cink eûres!”; après non.ne, li tch’min d’ creûs: “Â tch’min d’ creûs à treûs-eûres!”

Li sèmedi sint, on groupe avou dè l’ bènite êwe tchantéve:

“Pâke èt Pâke a raprotché

Cwarème èva

N’ fât-i nin do l’ bènite êwe?”

Li deûsin.me avou dès banses plin.nes di soyeûre tchantéve:

 

“Taratata

Cwarème è va

Signe di bon tins

Crokans lès-oûs-oû-oû-oû.”

Is d’mandint dins lès mohons li récompinse po lès sèrvices di l’ âté.  On lzî d’néve dès-oûs qu’ is mètint dins l’ soyeûre, ou bin dès sous.

 

Por anoncî l’ Anjélus’, à Sâmré, on criyéve: I sone non.ne!”; à l’ Rotche: “Malète!”.

Po li tch’min d’ creûs à Sâmré: “I sone po l’ sèrvice d’ â Bon Dju”.

A Mâbodje: ‘Il èst timp d’ aler bâjer lès pîds d’ â Bon Dju.”

Por anoncî l’ ofice (do bon vinrdi) à l’ Rotche: “c’ èst l’ prèmî côp”, pwîs “c’ èst l’ djèrin côp”.  A Sâmré: “I sone li prèmî (/ djèrin) côp à mèsse.”

 Mwin.ni, i faléve fé deûs côps l’ toû do viyèdje: “À l’ ofice di nosse sègneûr â prèmî côp!”, pwîs “à l’ ofice di nosse sègneûr â djèrin côp!” 

A Haleû, lès-èfants n’ brâyint qu’ on côp: “C’ èst l’ ofice di nosse sègneûr!”

 

Eddy Varlet (Bercheux), Dèvant Pâke

 

Lès deûs djoûrs devant Pâke, come lès clotches nu sonant pus, lès-afants font l’ toûr do viladje avu leûs martales pou anoncè lès-eûres dès-ofices.

Pou nous r’mèrciè, lès djans dènant dès sous ou dès-yeus. Corne l’eau bénite n’est ni bènîe devant V Sam’di, on la distribue èl dîmantche ou èl lundi d’ Pâque.

Lès djon.nes gamins sont la tortos, eûreûs. I tchantant an-alant d’one mâjon a l’ôte, corne lès-ûjês qui sintant rév’nu èl printemps.

El djoûr de Pâque ô matin, lès p’tits-afants – sont tôt contints de nalè quèri lès-yeux catchès dins 1′ courti.

 

Georges Pècheur, Mirwart en Ardenne, XIXe-XXe s., Un village humilié, éd. Weyrich, 2002

 

Le crécelage

 

Le programme de la semaine sainte était particulièrement chargé puisqu’en l’absence des cloches parties à Rome, les enfants devaient annoncer les offices. Sous la conduite d’un maître-créceleur (on mêsse-raketeû), répartis en trois groupes, lès raketeûs parcouraient deux fois les culéyes du village en criant « au … prè … mî … côp ! (Au premier coup) ou au … dê … rin … côp (Au dernier coup !) et en « crécelant » à qui mieux mieux.

Le grand jour, c’était le samedi saint; à l’écart du village et à l’abri des regards, on procédait au partage des œufs et de l’argent récoltés dans les maisons (on paurtot l’ paukadje) … qui, naturellement, donnait lieu à des bagarres mémorables, les chefs se réservant la part du lion !

Helgé, Les crécelles de Pâques n’ont pas fini de faire entendre leur voix étrange, in : AL 04/04/1997

 

La tradition pascale des crécelles perd chaque année en importance. Dans notre province, pourtant, la coutume persiste dans de nom­breuses paroisses. Selon une enquête du Musée en Piconrue de Bastogne, elles étaient encore soixante-six à créceler en 1991.

Chacun connaît le principe de ce rituel pittoresque. Le vendredi et le samedi saints, alors que les cloches et carillons sont réduits au silence en mé­moire de la mort du Christ, les enfants de choeur patrouillent dans les rues pour annoncer les offices et « sonner » l’angélus avec leurs crécelles. En agitant leurs étranges instruments de bois, ils crient des formulettes traditionnelles, en wallon, en français ou en patois luxem­bourgeois, selon les régions.

Dans les petits villages d’au­trefois, les enfants passaient jusqu’à trois fois pour appeler les fidèles à l’office, en mouli­nant énergiquement leur crécel­le et en criant : po l’ preumî côp (une demi-heure avant l’office) ; po l’ deusîme côp (au deuxième passage) ; et enfin, l’ dèrin côp.

En se maintenant, ces cou­tumes ont bien sûr évolué.

 

Les filles entrent en scène

 

C’est ainsi qu’à Carslbourg, les filles, entretemps devenues enfants de choeur, ont acquis le droit de créceler ; jusque là, c’était le privilège des garçons.

Autre évolution : les mes­sages, aujourd’hui, se donnent en français. On crécelle : l’angélus à 7 h 30 et 12 h ; le chemin de croix à 15 h ; l’office à 20 h ; la messe du samedi à 21 h. La tradition a également changé dans sa forme : le village s’est étendu et il y a des nouvelles rues. Ainsi, après le rassemble­ment, les créceleurs se disper­sent en plusieurs petits groupes, les enfants choisissant généralement de patrouiller dans leurs propres quartiers.

A Nollevaux, on crie d’abord en français : à 8 h, « Voilà qu’il est 8 heures » et à midi, « Voilà qu’il est 12 heures ». En wallon ensuite, et les deux coups, pour le chemin de la croix et les deux offices du soir.

A Messancy, où la coutume est restée très vivace (la paroisse possède un arsenal impression­nant de crécelles de toutes formes), on annonce aussi les heures mais en luxem­bourgeois. (‘t ass mëtteg: il est midi, etc…).

A Framont, le droit de créce­ler demeure l’apanage des gar­çons. En revanche, les formules sont passées du wallon au fran­çais.

A Fays-les-Veneurs, seuls les garçons s’occupent du « travail » ; ils se lèvent tôt ce jour-là, et réveillent même cer­tains habitants avec leurs cré­celles. Les offices sont annoncés en patois.

A Paliseul et à Maissin, com­me dans nombre d’autres pa­roisses de la province, la tradi­tion s’est perdue au cours des dernières années. Une des rai­sons : l’insécurité sur les grands-routes qui traversent les localités. A Opont, la coutume a cessé tout juste cette année.

 

in: Bernard Jacob, Warmifontaine, Mon village défiguré, s.d.

 

(p.100) Les tartèleûs

 

Respectueuses de la tradition, les deux cloches par­taient à Rome pendant la messe du jeudi saint pour se faire « rebénir » par le Pape ; elles en revenaient le samedi suivant… Par quel prodige pouvaient-elles parcourir, en un temps si court, un voyage que l’on devinait si long ?

Dès que leur dernier son s’était perdu dans les cam­pagnes, le sacristain grimpait au jubé et juché sur une escabelle, il hissait les deux grosses cordes jusqu’au plafond et les unissait dans un nœud inaccessible. Puis, il redescen­dait ranger l’escabelle dans un débarras dont lui seul possédait la clé.

Après la messe, les gamins allaient chercher les tartèles (crécelles) qui dormaient, depuis un an, dans quelque coin poussiéreux du grenier ou au fond d’une armoire qui sentait bon la menthe séchée. Pendant trois jours, à l’aide de ces instruments héréditaires, ils allaient se substituer (p.101) aux cloches pour annoncer l’heure des offices aux fidèles du village et des hameaux qui composaient la paroisse.

Le chœur des tartèles faisait un chahut terrible ; sui­vant l’épaisseur de la boîte et la tension de la planchette qui vibrait sur la dentelure du moulinet, il y avait des ténors, des barytons, des basses, des soprani…

Les remplaçants des cloches étaient divisés en deux équipes d’une dizaine de gamins : la première restait au village et tartèlét (crécelait) les deux coups en l’espace d’une demi-heure ; la seconde partait au moins une heure avant l’office et ne « sonnait » qu’un coup, parce qu’il fallait monter à Harfontaine, passer par le Plane et dégringoler la côte pour se présenter à temps à l’office. Comme le curé n’admettait pas de retard à l’église, les deux équipes se « donnaient le mot » pour y pénétrer en même temps !

Le samedi saint, chaque équipe apportait à la messe une tirelire et une grande banse au fond tapissé de foin. Le retour des cloches était attendu avec une impatience fébrile. En tapinois, le sacristain était monté au jubé pour dénouer les cordes. Soudain, éclatait le « Gloria in excelsis » le plus joyeux de la liturgie. Au moment où l’harmonium préludait, les deux cloches revenues de Rome sans que personne n’ait pu observer leur plongée vers le clocher, se mettaient à sonner à toute volée. De concert, au pied de l’autel, les deux enfants de chœur agitaient frénétiquement la grosse et la petite sonnettes, pendant qu’un troisième balançait l’encensoir de plus en plus haut, dispersant une boûdrache (fumée épaisse) parfumée…

La messe durait toujours trop longtemps pour les tartèleûs. Enfin, ils pouvaient se précipiter dehors pour (p.102) entamer leur dernière tournée,  mais cette fois, c’était pour recueillir le fruit de leur zèle.

Au bruit des tartèles déchaînées, les ménagères appa­raissaient sur les seuils, apportant de beaux œufs frais, des œufs teints ou quelques sous. Il y avait des œufs rouges, des verts, des bleus, des jaunes, d’autres teints à la chicorée. Une fois, dans la tournée d’Harfontaine, une fermière avait donné un œuf multicolore. En redescendant (p.103) au village, le chef de l’équipe prétendit qu’il recevrait cet œuf extraordinaire en partage. De quel droit ? Les discussions s’envenimèrent et, des gros mots, on en vint aux mains. La banse fut posée au bord de la route, mais dans la bousculade générale, ses gardiens eurent beau réaliser des prodiges pour la préserver des mauvais coups : une grosse tartèle, échappée à dessein ou par mégarde de la mêlée, s’en fut atterrir en plein milieu, écrabouillant une demi-douzaine d’œufs, y compris le joyau multicolore que l’on avait malencontreusement placé au-dessus… pour mieux l’admirer !

Consternation générale, immédiatement suivie du verdict :

Nâ, tas d’ imbèciles, v’ astèz biè avancés, asteûre !… Pusquu c’ èst ça, lès cés qui s’ ant bati ârant lès câssés ! (1)

Après le partage des œufs et des sous, chacun s’en retournait chez soi sans traîner : il fallait encore visiter le jardin et chercher les nids où les cloches avaient largué des œufs en passant. Comment avaient-elles pu les semer de si haut sans les casser ?

 

(1) Na, tas d’imbéciles, vous êtes bien avancés, maintenant! Puisque c’est ça (ainsi), ceux qui se sont battus auront les (œufs) cassés !

 

J.-M. Pierret, Quelques aspects du folklore chestrolais, La Vie Wallonne, 1967

 

(p.168) “Pendant la semaine sainte, le temps est souvent exécrable: c’et parce que c’est la ‘semaine des Juifs’, dit-on à Tronquoy.”

Le jeudi saint, les cloches partent à Rome.

Les enfants de choeur se mettent en route pour annoncer les offices.  Tout en agitant leurs crécelles (tartèles), ils crient: “C’ èst l’ preumiè côp” et une demi-heure plus tard: “C’ èst l’ dèrniè côp!”

(p.169) (à Mellier, du jeudi saint p.m. au soir du samedi saint, ils font le ‘feu nouveau’.  un bûcher ne cessera de brûler durant ces 3 jours.)

Le lundi de Pâques (naguère le samedi saint après l’office), ils portent l’eau bénite de maison en maison.

En guise de paiement, ils réclament des oeufs frais et même parfois de l’argent; ils crient ou ils chantenet:

An vièt vèy si l’ cok è pounu!” (Tournay)

Carème èst môrt! Crakèz lès-ieus! (Namoussart)

 

Marie-Thérèse Pipeaux, Anloy, un siècle d’histoire 1900-2000, éd. Weyrich, 2004

 

Lès tartèleûs

 

Du jeudi saint au jour de Pâques, les cloches avaient coutume de faire un voyage à Rome afin de nous rapporter les œufs de Pâques. Ce départ des cloches privait les paroissiens des sonneries les invitant à partici­per aux offices religieux, si bien que les enfants de chœur, avec leur tartèle (crécelle en français) prenaient le relais et parcou­raient les rues du village en tartèlant un refrain : « Au service de Nôtre-Seigneur, la première fois, la première fois », un second passage était claironné d’un «Au service de Notre-Seigneur, la dernière fois, la dernière fois ».

Les jeunes garçons, seuls habilités autrefois à être enfants de chœur, se répartissaient les rues et les malheureux qui devaient desservir les maisons isolées du village, tels La Rochette, Banlon, Les Petelles et Wachamps, négociaient avec les habi­tants pour un passage unique. Anciennement le samedi saint, de nos jours la semaine après Pâques, une distribution d’eau (p.20) bénite permettait à tous ces jeunes garçons de réclamer leur «pauquage», leur récompense.

Les habitants s’acquittaient en leur offrant des œufs ou de l’argent. Dans les années 1950, l’abbé Henen, puis l’abbé Henet ensuite rassemblaient tous les dons afin de partager équitablement entre les enfants, ce qui évitait les bagarres pour aller quêter dans telle rue plus généreuse, plutôt que dans une autre ayant la réputation d’être plus radine.

Plus d’un enfant de chœur devenu adulte aujourd’hui a dans sa mémoire des souvenirs amusants à propos de cette coutume, je pense notamment à des bidons renversés et remplis au ruisseau afin de pouvoir continuer la distribution.

 

Michel Francard, Les  crécelles de la semaine sainte, in : Ké Novèle, 1, 1983, p.10-11

On connaît l’utilisation, largement répandu en Wallonie des crécelles.  A l’occasion de la semaine sainte, plus précisément du jeudi saint au samedi saint (moment où les cloches font le « voyadje » à Rome, d’où elles reviendront chargées d’oeufs), elles servent à annoncer les offices aux fidèles.

Cette coutume a aujourd’hui disparu dans le Pays de Bastogne, où elle a subsisté naguère.  Si ses manifestations variaient peu, par contre les types et les dénominations connaissent une belle diversité.  Le type le plus récent est la crécelle (fig. 1) dont nous avons relevé les dénominations suivantes :

brouya  tarata crakète  ratata griyale rachachela

 

La commune de Fauvillers connaît trois autres types :

le type “tapette” (w. martê), présentant un marteau à manche articulé, dont la tête frappe alternativement les deux extrémités d’un plateau fixé sur un manche (fig, 2):  le type “cliquette” (u. clakète), composé de trois lames, celle -du centre étant fixe, les deux autres étant mobiles et rattachées à la première par des lamelles de cuir (fig. 3); le type “moulin” (u. martale), constitué d’une boîte sonore à laquelle est adaptée une crécelle que l’on actionne au moyen d’une manivelle (fig. 4).

Ces trois types ne sont pas strictement localisés dans la seule commune de Fauvillers : nous avons vu un exemplaire de martale à Marvie, par exemple.  Mais la diversité des types de crécelles  – illustrée lors de notre exposition à Fauvillers en 1982 –  y est particulièrement remarquable.

 

En résumé: 4 types:

1) brouya = crakète = griyale = tarata = ratata = rachachela: crécelle

2) le type martê (tapette)

3) le type clakète (cliquette)

4) le type martale (moulin)

 

P.-J. Dosimont (Aurvaye), in: CW, 7, 1959

 

Pauke ruvint. Po lès djon.nes ça s’rè lès tararas.

La nîve languit, i djale do l’ nut’ èt pus la bîje

Chofèle po l’ Djudi-Sint.

C’ èst l’ mwins’ dès-embaras

À tant d’gamins qui v’nèt s’ astropelè conte l’ èglîje.

Lès deûs pus vis sont maîsses, aîdés pa quate sèrdjents,

Is s’ paurtèt à deûs tropes po soné fine vèsprée

Prèmî èt deuzime côp, pus l’ twasime è ruvenant

D’ avèr alèrté l’ viadje!

L’ èglîje, taîs-se, s’rè bôrée!

 

« Au miserere » qu’ on crîe, quand l’ maîsse lève lu tire.

« Au sièrvice do Bon Dieu », lu vèrdi po la mèsse,

« On r’bènit lès fonts », l’ sèmedi.

 

Tararas* tournèt

Caîsses, clip-clap’s rudondèt.

L’ brut èst faît po qu’ on s’ prèsse

Tint qu’ lès clotches sont à Rome!

Ossi quand èles ruvenèt.

Lès-us s’ paurtèt s’ l’ aclont po lès maîsses qu ‘ont do rèsse.

* crécelles

 

ratata (crécelle) (Bouyon / Muséye ducâl – Bouillon / Musée ducal)

Djin.ne (Gênes) - tradicion d' Pauke (tradition pascale)

(in: Si Gênes m’était conté, Mi èt tos l’s-ôtes, coll. histoire collecvtive du Luxembourg, s.d.)

Bouyon (Bouillon) - rasèter (créceler)

(VA, 05/05/1987)

(1930)

Ofagne (Offagne) - li samwin.ne di Pauke (la semaine de Pâques)

Ratchamp (Rachamps) - samin.ne di Pâke (semaine de Pâques)

(VA, 10/04/2001)

Vièrzîye (Willerzie) - rébeûses (crécelles)

(Bulletin du CEHG, 27, 2003)

Wice? (Où ?) (AL, 14/04/2012)

Ôtchamp (Ochamps) - tartèLEûs (créceleurs)

(VA, 14/04/2013)

Strintchamp (Strainchamps) - après l's-ofices (après les offices)

(in: André Lebeau, Strainchamps, s.d.)

Fêviè (Fauvillers) - Pèneûse Samwin.ne (Semaine Sainte)

(MVW, s.d.)

1.6   La Gaume / Li Gaume

in : Edmond P. Fouss, La Gaume, éd. Duculot, 1979, p.38-69

 

(p.50) Semaine sainte : Lès brouyans

Et nous voici au temps de la pénitence avec un seul jour de liesse, à la mi-carême.

La Semaine-Sainte est celle des brouyans, c’est-à-dire des crécelles qui remplacent les sonneries des cloches les quatre derniers jours. Edouard Liégeois, de Tintigny, décrit avec précision et enjouement la coutume pratiquée dans tous nos villages. On ne saurait mieux faire que de reproduire son texte.

« En temps ordinaires, les offices de l’église sont précédés des trois sonneries, premier, deuxième et dernier coup. Le mercredi-saint, après le départ des cloches pour Rome, commencent les sonneries aux cré­celles. La plupart des garçons de sept à douze ou treize ans, munis chacun du traditionnel « brouyan » — l’instrument passe parfois de père en fils pendant plusieurs générations —, se constituent en petite société dirigée par deux ou trois mates (maîtres) parmi les plus âgés ou les plus forts. Le quartier général de la société est à la porte du presby­tère d’où part le mot d’ordre ; aux heures habituelles des sonneries de l’église, la troupe s’ébranle, les maîtres en tête, pour faire le tour des rues du village. Pendant quelques instants, tous les brouyans s’agitent en des moulinets vertigineux et assourdissants, puis l’un des maîtres, vrai tambour-major aux petits pieds, pirouette sur le talon, fait face à la bande et d’un geste impérieux commande le silence. Aussitôt les cré­celles cessent leur bruit et de toutes les petites poitrines s’échappe la phrase habituelle, scandée en chœur sur un ton quasi lugubre :

«Au — au prèmî côp (/ deûsième ou dârni côp)

Câ — ârème èst môrt ; Nô — ône i dôt! ».

(« Au premier coup, carême est mort ; non mais il dort ».)

 

(p.51) Les offices ont lieu très tôt le matin, et les dormeurs ont souvent peine à se trouver au poste à l’heure réglementaire. Mal leur en prend, car les maîtres, rigides exécuteurs de la consigne, infligent aux retardataires des amendes qui consistent dans le retrait d’un ou de plusieurs œufs le jour du partage. Du plus loin qu’ils voient venir les paresseux, ils leur crient : « Trop târd, in-û d’ mwins’ », peine extrêmement sensible pour ceux qui en sont l’objet. Il est vrai qu’avec les maîtres il est souvent des accommodements et que le jour du partage beaucoup d’amendes sont tombées dans l’oubli.

Les sonneries aux crécelles durent jusqu’au retour des cloches qui a lieu le samedi-saint, à la messe. A l’issue de l’office, la société des brouyeûs va de maison en maison, recueillir le paiement (le brouyadje) des sonneries aux crécelles. Ce paiement consiste le plus ordinairement en œufs ou en menue monnaie (chez les gens qui n’ont pas de poules). La tournée terminée, on sort du village et, dans une prairie ou sur un pâquis des environs, on compte les œufs et les sous récoltés puis le partage se fait proportionnellement à l’âge et surtout à la taille des sociétaires. Il arrive aussi, pour éviter des disputes, que le curé lui-même se charge de faire ce partage.

En certaines localités on dit aussi au lieu de brouyan, tartèle et le verbe à la place de brouyi (agiter la crécelle) devient tartèlèye.

 

Propriétés des œufs du vendredi-saint

A Saint-Mard, dans certaines familles, on conservait les œufs du vendredi- saint. Ils avaient la propriété de se garder intacts. Les jeunes filles en donnaient parfois à leurs amoureux comme gage de la durée de leur affection. Ces mêmes œufs — couvés — donnaient naissance à des poules qui changeaient de couleur chaque année.

 

Pâques

A Tintigny, les enfants chantent :

« Alélouya, comére Cola

Tuèye vote tchin, v’ arèy d’ la tchâ,

Tuèye vote vatche.

V’ an-arèye co davantadje!

Tuèye vote tchuvau

V’ an-arèye co pus haut ».

(Alléluia, compère Cola, Tuez votre chien, vous aurez de la viande (de la chair), tuez votre vache vous en aurez encore davantage).

 

(p.52) Mais la fête de Pâques signifie aussi pour les enfants « œufs de Pâques ». Dès le jeudi ou le vendredi-saint, la mère fait cuire des œufs aussi durs que possible, dans le l’eau teintée aux pelures d’oignons ou dans du café très noir.

A Limes (Gérouville), un des très rares endroits en Gaume où fleurit l’anémone pulsatille, on coloriait les œufs avec les beaux pétales violets de la fleur.

Le dimanche de Pâques, les enfants, en plus des quelques œufs reçus de leur mère, allaient en réclamer chez le parrain ou la marraine ou d’autres membres de la famille. Il convenait d’en faire provision. On en mettait avec précaution dans les poches et on allait les jouer. Il y avait deux façons de les gagner ou de les perdre.

La première, en les tokant l’un contre l’autre. Celui dont la coquille était légèrement écrasée sous le choc (il fallait savoir cogner avec adresse) cédait son œuf à son partenaire.

La deuxième manière de jouer était peut-être propre à Saint-Mard, comme nous l’a assuré Prosper Michel, car il fallait une tuile creuse, dite aussi romaine comme on en trouve seulement dans les villages de l’extrême sud de la Gaume.

Sur une grosse pierre ou contre un mur, on appuyait la tuile plus ou moins inclinée. On jouait à deux. Le premier concurrent plaçait l’œuf dans le creux et le laissait rouler. Le deuxième joueur faisait de même. Le gagnant était celui dont l’œuf avait parcouru la plus longue distance.

 

Jean-Pierre Monhonval, En Gaume, les crécelles s’appellent les brouyans, AL 30/03/2002

 

Du Jeudi-Saint au dimanche de Pâques, les crécelleurs rythment toujours l’Angélus et les offices religieux

 

Les enfants, munis de leur crécelles, font le tour des rues du village.

Aux arrêts, ils chantent : « Au prèmî côp (deuxième ou dârin), Cârème èst môrt, Nô – ône î dôt … » (au premier coup (deuxième ou dernier), Carême est mort, non, mais il dort).

 

LES ÉQUIPES de petits crécel­leurs ne sont plus aussi fournies et nombreuses qu’il y a quelques années. La pratique du crécellage se perd, à l’image des assistances aux of­fices de la semaine et du dimanche qui sont de moins en moins fréquen­tés. Évolution des choses, du temps et des mentalités.

On les entend encore, cependant, du Jeudi-Saint, dans la soirée, quand les cloches partent pour Rome et le samedi soir, au terme de la veillée pascale, quand elles rentrent de leur lointain et mystérieux voyage. Sinon, c’est le lendemain matin, quand on a choisi de les faire à nouveau tinter le dimanche matin, plutôt que le sa­medi soir.

Les groupes de garçons et de fillet­tes circulent ainsi, de rue en rue et de quartier en quartier, pour rappeler aux paroissiens et aux habitants que c’est Pâques qui approche.

Les jeunes se préparent ainsi à la tournée dans le village, à la récolte des œufs et de la petite pièce de mon­naie. À l’omelette géante qu’on s’of­frira, le jour même ou le lendemain. Tous ensemble. Tous assis.

En pays gaumais, comme ailleurs sans doute, la pratique court tou­jours. On entend grincer les brou­yans d’ici et les breyons de là-bas.

 

2.   Traditions gastronomiques / Tradicions gastronomikes

Li pèneûse samin.ne, in : Singuliers, 1, 1997, p.17-23

 

Nous publions ci-après les données recueillies lors d’enquêtes menées dans la commune de La Roche par Virginie Borremans, Isabelle Carpe et Sabrina Michel (Institut du Sacré-Cœur) sous la direction de leur professeur Joël Thiry. Nous les félicitons chaleureusement pour cette initiative, qui vient compléter une documentation déjà bien fournie sur les traditions populaires liées à la semaine sainte.

 

Li sèmedi sint

 

(p.19) Sovint trimpé èt tronlant d’ freûd, dji m’ rafiéve di raler o l’ mohon, doû qu’ maman avéve aprusté dès noks1, qui nos loumins dès « traus-d’-cou ». On l’s-avéve bin mètou â mîtan do l’ tâve, à costé d’ on plat d’ oûs deûrs tindous avou dès pèlotes d’ ognons. Tot-à-fét èstéve magné su deûs, treûs djoûs !

 

  • Lès noks, c’ èstéve one pâsse à dorèye qu’ on f’séve lèver. On l’ rôléve èt on 1′ discôpéve à 25-30 cm. Avou ça, on f’séve dès noks. On lès passéve o l’ friteûre, pwis on mètéve do souke. Lès noks qu’ èstint mâ fét o l’ friteûre, c’ èstéve lès « traus-d’-cou ».

Li djoû dès lunètes (Le jour des 'lunettes')

(in: Jean Dourcy, Lambermont, mon village, éd. Hexachordos)

Vèrvî (Verviers) - lu djoû dès lunètes (le jour des 'lunettes')

(VA, 18/04/2019)

3.   Traditions musicales / Tradicions musicâles

Roger Pinon CRIS ET FORMULETTES DU CALENDRIER FOLKLORIQUE

 

(p.51) CWARÈME È VA . (CARÊME S’EN VA)

69. TARATA.

(Formule de quête pascale)  Grandménil

 

Ratata!*

Cwarème è va .

Houmans lès-oûs,

Cwarème èst foû!

 

(Ratata!  / Carême s’en va . Humons les oeufs, Carême est passé !)

 

* Onomatopée de la crécelle.

 

(p.52)  70. TARATA. TARATA.

(Formule de quête pascale) Grandménil

 

Tarata ! tarata !

Carême s’en va !

Tarata ,! tarata !

Cakans lès-oûs !

 

Tarata ! tarata ,

Carème èst foû !

 

( Tarata  ! tarata ! / Carême s’en va ! / Tarata ! tarata ! Heurtons les oeufs ! (jeu) / Tarata ! tarata ! / Carême est fini !)

 

Formule de quête des enfants le samedi saint notée par Émile Jacoby dans La Terre wallonne de Charleroi VIt 1922. p. 114 et 115. Ce jour-là, les enfants allaient porter l’eau bénite de porte en porte. Après la messe, ils élisaient plusieurs dignitaires : les enfants de choeur portent les bidons d’eau bénite . deux autres gaçons portent la bourse aux sous et le panier aux oeufs. Il y avait même souvent des boursiers et porte-paniers adjoints. À chaque maison, on leur donnait des oeufs ou de l’argent contre de l’eau bénite. Si on ne leur donnait rient ils souhaitaient que carême s’accrochât aux mourês ou murs de ltâtre ; et ils hurlaient pour que tout le village le sût .

Li poye s’ a bouté foû ! Li poye s’ a bouté foû !

« La poule a une chute du rectum ! La poule a une chute du rectum ! “

 

71. TARATA.   CWÈRÈME È VA . TARATA . (Formule de quête pascale)

 

Grandmenil

 

Tarata !*

Cwèrème è va .

Tcharnale rivint !

Voci l’ bon timps :

Cwèrème èst foû !

Dji vin quèri mès-oûs .

 

(Tarata! / Carême s’en va ! / Charnage revient ! / Voici le bon temps : Carême est passé. Je viens chercher mes oeufs .)

 

* Son de la crécelle.

 

Formule de quête du samedi-saint par les enfants qui vont porter l’eau bénite de porte en porte notée par M. Ch. Palem en 1927 dans les Enquêtes du musée de la Vie wallonnet 15-16, p. 70 ; notation différente et plus de détails sur la coutume dans la notation précédente.

 

(p.53) 72 I SONE  (Crécelage)

 

Mont-Houffalize

 

1. Si les gamins font trois fois le tour de la paroisse :

a. I sone li prumî côp à mèsse !

I sone li deûsime côp à mèsse !

I sone li treûsime côp à mèsse !

b. I sone li prumî côp â salut !

I sone li deûsime côp â salut !

I sone li treûsime côp â salut !

c. I sone li prumî côp â tch’min d’ creûs !

I sone li deûsime côp â tch’min d’ creûs !

I sone li treûsime côp â tch’min d’ creûs !

 

2. Si les gamins ne font qu’une fois le tour de la paroisse :

a. I sone li prumî èt l’ djèrin côp à mèsse !

b. I sone li prumî èt l’ djèrin côp â salut !

c. I sone li prumî èt l’ djèrin côp â tch’min d’ creûs !

 

(Traduction

1. On sonne la première (deuxième, troisième) fois à messe ; ,.. au salut . au

… chemin de croix , 2. On sonne la première et la dernière fois à messe ; … au

salut ; … au chemin de croix !)

 

Document enregistré et transcrit par M. Paul Collaer; en outre, une lettre de l’instituteur de l’école du Centre en date du 7 janvier 1955, Crécelles de la semaine sainte   :                                       

 prèmï cwôp !                                                           

— Â darègn cwôp !                                                          

— Il èst midi, boun-apétit !

Èl chemin d’ crweûs à trwas-eûres prècises !                 

—    Â darègn cwôp, èl carème est mwôrt !

 

— Il èst doze-eûres !                                                        

— Â premî côp d’ mèsse !                                               

— Â dièrin côp d’ mèsse !                                                

–   I lût l’ solo d’ après li d’zos,                                         

C’ èst qu’ c’ èst l’ bôn timps :

Voci l’ prétimps ! Cwèrème èst foû !

Dès cents, dès-oûs, po l’ tchèsser foû !

 

Tarata ! Tarata !

(in: Roger Pinon, Ainsi chantait le pays de l’Ourthe, Coll. Mémoire, 1996)

4.   Traditions ludiques / Tradicions dès djeûs

co rin trové / encore rien trouvé

5.   Littérature / Scrîjadjes

Albert Matagne

 

Samwène pwèneûse

 

Samwène dè Pauke, samwène pèneûse,

Nos-astons là, come aflachis

Tout rastindus, l’ âme anoyeûse

Pace qu’ audjoûrdu, Dieu va mori.

 

I prind sur Li toutes nos miséres,

Nos crombîyerîyes, nos “t’as minti”,

I va payî nos dètes à s’ Pére

Pou nos rawè dins s’ Paradis.

 

Maîs dins trwès djoûs, cè s’ra l’ victwâre

Passè trwès djoûs, I s’ rastampera

Nos l’ èrvaîrons dins toute ès’ glwâre

Èt nos tchanterons “ALÉLOUYA”!

 

Eugène Dept (Jolimont), Èl vitrine du bouchî au bon vérdi, in : MA, 12, 1980, p.216

 

Èl chonkième djoû dè l’ sèmène, on ll’ apèle èl vérdi. I d-a l-insi cinkante èt iun qui sè rchènetèt dins l’ anéye. Èl cinkante deûsième, sans pou ça ièsse au cu des-autes, on ll’ apèle èl bon vérdi. C’ èst l’ cî qui tchét tous lès-ans deûs djoûs devant l’ grande Pâke.

È-st-i vrémint mèyeû què l’s-autes ?

Dins l’ temps, in tous cas, s’ i n’astoût nîn mèyeûs, i n’ leû rchènoût nîn foûrt maugrè qu’ i s’trouvoût ièsse èl dèrnîn djoû d’ ène longue sérîye ayu-ce qu’ on n’ avoût pus pont mindjî d’ viande, èl bouchî n’ vos-âroût nîn co chèrvi èç’ djoû-là èl mitan d’ in nwâr boudin pou vos scaper vo vîye. D’ alieûrs, vos n’ âriz nîn seû lyi d’mander pou vos chèrvi rîn du tout, èç’ vêrdi-là, ès’n-uch astoût sèré à l’ clitchète èt au vèria.

Tout dèrnièrement, in f’sant mès comissions à Djolimont, l’ idéye m’ a rvènu què dèspûs saquants-anéyes, lès bouchîs dèbitinetèt leûs biftèks èyèt leûs coûtelètes èç’ vèrdi-là t-aussi bîn què lès-autes. Maugrè tout çu qu’ on pût pinser, c’ èst l’preûve ètou què lès cwayances èn sont pus çu qu’ èles-astinetèt dins l’ temps.

Anciènemint, èl djoû dè d’vant qu’ on apèloût èl djeudi saint, lès bouchîs garnichinetèt leû n-ètalâdje d’ ène téle façon qu’ is l’ ârinetèt fét blèfer èl  mwins’ asgueûle du vilâdje. Lès quartîs d’ viande, lès pans d’ lârd, astinetèt garnis avû dès guirlandes dè papî. Lès tourèles à boudin astinetèt stokéyes dè chake costè come dès toûrs dè forteurèsse. Dès tchapelèts d’ saucisses inetèt pindus d’ in cwin à l’ aute ; dès motes dè sindoûs inetèt scultéyes come dès pièces montéyes dè patissiè. Su l’ tâblète èl pus waute dè s’n-ètalâdje, èl bouchî avoût stindu su in grand plat intourè d’ tomates èyèt d’ cornichons, in ptit pourcha bîn doré qui avoût stè cût au foû tout-intiér’, in-atindant d’ ièsse dèscoûpè in trinches pou l’ souper du lundemangn. Èn parlons nîn du moncha d’ tripes qui m’ fét blèfer rîn qu’ d’ î pinser.

Maîs l’ pièce dè chwas qui, lêye, astoût instaléye bîn in vûye asto dè l’ vitrine, ç’ astoût ène grosse tièsse dè pourcha, putète èl pére ou bîn èl mére du ptit qui stoût padrî. Èle avoût stè cute d’ ène pièce à l’ iau boulante. Bîn scrèpéye, bîn brouchetéye, sès platès-orêyes muchant à mitan sès blancs-îs… d’ pourcha ! Avû ène grosse oranje intrè ses dints èyèt s’ grougnèt èrlèvè, èle avoût l’ ér dè s’ foute dè vous èyèt d’ vos dmander si vos n’ voûrîz nîn pou in coup, ièsse à s’ place. I n’ avoût nîn à cwâre in l’ vèyant là, què deûs twâs djoûs d’vant, quand èle astoût co « pourcha su pates », qu’ èle pèstèloût dins s’ bwâre pou mindjî, qu’ èle sè troûyoût dins l’ bèrdouye pou s’ dèsfer d’ sès poûs, èyèt qu’ èle fougnoût dins l’ trau au fumîn pou trouver èl diâle sét què ?

Èl djeùdi au nût’, dins l’ vilâdje, ç’ astoût ‘ne vréye procèssion. Lès couméres dalinetèt d’ ène boucherîye à l’ aute in trin.nant à leûs cordèles leûs djambots qui rluminetèt des-îs d’ boufons èyèt qui ârinetèy bîn r’lètchî l’ vitrine si on n’s-avoût nîn rastènu pa l’ mangn.

Si audjordû, on-avoût co rèspècté lès tradicions du bon vî temps, avû l’ élèctricitè come lumière, on-aroût mis dès guirlandes dè p’titès lampes dè couleûr come au Nowé. Dju vos garanti què ça âroût stè télemint bia qu’ i d-a dès cîns qui ârinetèt tiré les vitrines in portrét.

Maîs du temps què d’ vos pâle, i n’ avoût què l’ pètrole ou bîn tékefwas in bèc dè gâz pou dèsparde ène maleûreûse lumière su tous lès bèlès pourchatrîyes qui vos f’sinetèt blèfer. Audjordû, on n’ passe pus s’ temps à ça.

Garni ‘ne vitrine pou in djoû ? Fut-ce min.me èl djoû du bon vèrdi ? Qu’ èst-ce quèvos pinsèz ? Ça d’mande bîn trop d’ ouvrâdje ! Èyèt come i n’ faut pus rîn à pèrsone, què lès ancyins pourmèneûs sont moûrts èyèt què lès nouvias en sâvetèt pus daler à pîds, èyèt qu’ in coup l’breùne tcheûde, is sont tèstous calés dèvant leû posse dè télévision, n’ insistons nîn èyèt contintons-nous dè nos souvenis !

 

Lès clokes di Rome, in: EB, 44, 1953

 

«  Les  clokes di Rome sont-st-èvoye à Rome.

Èles rivêront sèmedi matin !  »

Deûs par deûs, come dès-omes.

Vos  wèyoz, pa tous timps,
Les  crin.neûs  li  long dè l’ pavéyc,
Qu’ è vont, fiérs, en colones sèréyes,        
Crin.nète en mwin

Tchantant li r’frin :

«  Les  fiâtes di  Rome sont-st-èvoye à  Rome.

Èles riveront sèmedi matin  »

Lès  chèfs,  mésse crin.neûs  qu’ on  lès  lome,

Avou su leû tièsse in bobo d’ lancier

Rotenut  su l’  costé  come  dès-oficiers.

Is-ont dins leû pougn in baston, ène bwache

Qu’ is-ossenut dins l’ ér en tchantant sins r’lache :

«   C’ èst  d’mwin  qu’ on lève lès-oûs

A l’ cinse di Maurtinrou ! »

« Marîye èt Marguèrite ont stî lèver lès-oûs

Dins  l’ ruwale Brascoûp !  »

Pou-z-animer lès p’tits,  on  lieû fét dès promèsses :

Èn-oû pou lès céns qui  tchantenut li d’pus.

Pou l’ cén qui n’ dit rén, èn-oû d’ rabatu;

Alôrs’ is tchantenut

Sins djoke, à tûwe-tièsse :

«   Crin.né,  crin.né, au  sèrvice Djeû

C’ èst li dvwêr dès crin.neûs.  »

Mins  là l’  mésse qui crîye tout en fiant dès djèsses,

Bén seûr, is vont ièsse atakés

Pauzès  crin.neûs d’ ène  reuwe vwèsine.

Lès p’tits sont mètus su l’ costé

Èt  l’ bataye comince.  Fine…   Pêne…  Fine…

À côps d’ bastons,

Avou  leûs pougns,

À côps d’ burtons

On s’ racabougne;

Gn-a dès céns qui  bréyenut  pace qu’ is-ont des boûrsias,

Dès-autes pètenut èvoye peu d’ frèchi leû pania.

Mins là lès parints qui s’ mèlenut d’ l’ afére,

Èt non di skètwére,

Saquants  bons pètârds,  tout-èst  rapaujî.

Lès bindes sont r’fôrméyes, lès rangs rarindjîs :

«   Gn-a  pont d’  si grande  misére

Què la guére, què la guére,

Gn-a pont d’  si grande  misére

Què la guére au  réjiment

Plan,  plan,  plan.  »

Bréyenut lès batus, l’ orâye rabateuwe,

Du timps qu’ lès gangnants fiéremint dins leû reuwc

Tchantenut sins s’ lassî

A tout spiyî :

« Marchons sans bruit, is-ont stî rakassîs (bis)

Halte-là ! on n’ passe pas  (bis)

Timps qui 1′ reuwe Delvaux èst là ! »  (bis)

Dins 1′ reuwe da costé

On  l’s-ètind tchanter :

I gn-a rén d’ si comike

Qu’ ène feume,  qu’ ène feume,

I gn’a rén d’ si comike

Qu’ ène feume en élastike, tike, tike ! »

Ène miyète pus lon, C’ è-st-ène aute tchanson :

« À douze eûres à l’ djote, à sèt’ eûres an Sabat.

À  quatre eûres au pwin sètch.

Marîe Soyète Fifine Madjète.  »

Après tout ça,

Quand  arive  li  sèmedi, qui  lès clokes sont ruvneuwes,

On  wèt   lès  mésses  crin.neûs,   pa-t’t-avau  toutes lès  reuwes

Ènn’ aler d’ uch en-uch,  ci bouchî, là  soner,

Riçuvwèr,   tout  bunauje,   çu   qu’ on   vout   lieû doner ;

Yink  ou  deûs-oûs  cuts  deurs,  in  d’mi   franc,  ène mastoke,

Tout ça dèpind dès djins. I gn-a min.me, pou leûs clokes

Qui   sins   pus  d’ embaras, lieû clapenut l’ uch au  nez.

Quand l’ toùrnéye èst finîye.

On fét 1′ partadje dès béns.

Mins c’ èst là come dins l’ vîye

 

L’ cén qu’ prind  prèmî,  prind  bén ;

Ossi  vos wèyoz  lès  mésses

Eraler  bén  kèrtchîs

Timps qu’  lès ptits, disbautchîs,

S’ partadjenut 1′ fond dè l’ késse…

Dins 1′ djârdén mès-èfants

Zèls   oussi   sont-st-à   fièsse

Riyant,  tchantant,  sautlant,  criyant,

Is ont l’ér d’ awè pièrdu 1′ tièsse,

Timps  qu’   lès  clokes di  l’èglîje sonenut

À r’lâye lès clokes di Rome tchéyenut…

Mins v’là qui tout d’ in côp, dji wè mi p’tite dérène

Lès brès tindus au cièl, qui ratind sins boudjî. –

«  Qwè fyons’ là,  mi  ptit tchèt ? — I gn-aurè quékefîye iène

Qui tchérè dins mès mwins ! — In’ faut nén z-î sondjî. — Èt pouqwè nin mi d’abôrd » di-st-èle, moustrant toute  fiére

Li  drénguèle qu’ in mouchon, a lyî tchér en passant.

Dji  lyi  rèspond, riyant :

« C’ èst dè 1′ crin.me, du fondant. »

Mins  l’ èfant,  wèyant  qwè,  mi  rèspond,  prèsse à brére :

Ça   fét   qu’ insi   papa,   i   gn-a   dès- oûs  poûris

Dins  l’  paradis ?  »

 

Baron d’ Fleûru

 

Marc De Burges, in : EB, 80, 1956, p.134

 

PRIYÊRE  D’ IN VÊRDI-SINT

 

Ô bonès clokes en route pou Rome

Volez bén statè in momint

Pou choûtè 1′ vwès d’ trwès p’tits boulomes

Qui vos diront tous leûs tourmints.

 

Èst-ce que nos-in p’lons, bonès clokes

Si t’t-aleûre, in-ome tout gravé

Dur èt tièstu come ène vî soke

Boucheut dins l’ uch, a tout skèté?

 

Il a rademint inscrit su ‘ne fouye

Tout ç’  qu’ i voyeut dins no méson

Lès meûbes,  lès lîves,  djusqu’à nos poûyes.

No boune moman brét dispûs don.

 

Bonès clokes, v’là, wéz, ç’ qu’ on vos d’mande…

Nos frons bén sans nos-ous pou d’mwin.

Lèyèz tchér saquants francs dins l’ mande

Qui bauyera su 1′ voye du djârdin

Come èl platcha du timps d’ l’ ofrande.

 

André Robe

 

Li Tch’min dè l’ crwès

 

D’ abôrd, one pitite rimârke.

Dji n’ vous pont d’ner d’ lèçons vêci. À pèrson.ne.

Dji n’ prétind nin non pus qu’ dj’ a raîson. Qui bin do contraîre ! Dijans qu’ on m’ va ètinde causer tot seû. Di ç’ qui m’ tracasse. Di ç’ qui m’ toûrminte. Èt dj’ vos va dîre mi-idéye. À m’ maniére.

Poqwè-ce qui dj’ n’ aude nin ça por mi ?

Pace qui, po comincî, dj’ a dandjî d’ sawè èwou, comint, èt quand-ce qui dj’ n’ a nin vèyu jusse. Èt dj’ nè l’ saurè sawè qu’ en ‘nn’ alant à 1′ rèsconte dès-ôtes. Avou m’ papî. Po taper one divisse là-d’ssus.

Adon, dji m’ di ossi qu’ dj’ amwin.nerè quékefîye insi dès soçons à tûser d’ pus èt, tot tûsant, à s’ ièrtchî pus sovint là èwou-ce qui l’ ome mi parèt ièsse à plomb dins s’ rôle d’ orne pace qu’ il atauche si dèstin èt s’ consyince.

Pus bas, il èst si rade trop près dès bièsses èt de 1′ mècanike, mi chone-t-i. Sins v’lu dîre do mau dès bièsses èt dè 1′ mècanike, bin sûr. Zèls n’ ont pont d’ ôte place à cachî; on l’ sét bin. Èt là co bin qu’ on l’s-a !

Lès deûs tèmwins sont dès-ornes di leû timps, on timps qui n’ s’ èbarasse nin fwârt di sintimints. Is sont po 1′ justice, min.me si sès pwin.nes sont tènawète pâremint trop deures. Mins is sont conte lès jujemints à 1′ tachelète èt ossi conte l’ achârnèmint qu’ on mèt pacôps à fé soufri on condâné di pus qui d’ drwèt.

Is n’ sont nin fiérs di ç’ qu’ is vôyenut èt c’ èst dandjureûs po ça qu’ is chûvenut d’ au lon.

Li preumî aureut tendance à jujer surtout d’ après ç’ qu’ i vèt èt i n’ sèreut nin tot-à-faît ossi sensibe qui l’ deûzyin.me èt pwîs i sèreut co bin ossi one miète do jenre “tchôd-tchôd”.

Adon qu’ l’ ôte vièreut pus lon, rèflèchireut d’ pus, aureut on mèyeû keûr èt n’ s’ èfoufîyereut nin si aujîyemint.

Ci n’ èst nin dès-ornes qui s’ vont mète à crwêre; is sèrin.n seûlemint one miète tourmintés, dins lès transes tènawète, èt is d’meûreront su dès doutances.

 

Auguste Laloux (Dorène / Dorinne), in : CW, 2, 2010, p.46-47

Quand nn’ èstins corâls do l’ samwin.ne sinte *

 

Qué tribouye-mârtia, lès-ofices adon : mésse èt diâle qui c’ seûye : tot èsteut cu d’zeûs, cu d’zos. Li djûdi, ça r’choneut cor à one saqwè. Mins l’ vinrdi au matin! N’ n’ î èstins pus. Divant d’ atakè, nosse curè nos scoleut, èt brouyi èt nos cheûre : èt n’ nin co fè l’ warlokè come l’ an pass’ ! I n’ èsteut nin mwins’ èpoleté qu’ nos ; peû do lès mache ossi, su bayi.

Au plin mitan d’ l’ afaîre, tot d’on côp, i nos l’ choneut : C’ è-st-aus barètes !… Waîte-mu lès deûs bwargnasses, é ! avou leûs tèchons èt l’ curé qui n’ è vout nin. Nos lûtchins on p’tit côp do costè dès djins. Li vîye Taline nos fieut dès laîds-ouys come à dès maufiants. Rimètans lès canetias d’ abôrd èt l’ lève. Nos n’ èstins nin cor à place, là l’ curé qui s’ ritoûrneut po lavè sès mwins. On r’drayeut come à l’ coûsse en fiant volè l’ cotron.

Tos l’s-ans, on nos d’djeut l’ min.me : à Orate, fratres, on n’ rèspond nin. Bon ! on n’ dîrè rin d’ abôrd ; pus aujî insi. Au bon momint, on s’ riwaîteut. Li Pèwion ni s’ è saveut passè : roudoudouye li Suscipiat d’ one trake, èt l’s-ôtes après li à dadaye po l’ racsîre. Ci djoû-là, i tè l’ rèciteut, li malaujîye rèsponse, tot-ute sins-arokè.

Choûtoz, lès-omes, ènn’ aleut-i li p’tit Mèye, nosse maurlî, divant l’ mèsse : Quand ç’ sèrè po rakètè, dji vos frè sine. Waî : insi ! Èt i fieut tournè s’ deut. Boureû d’ flène ! Por mi, i nè l’ saveut nin mia qu’ nos-ôtes. T’aveus bau lûtchi après li : jamaîs rin. Li Pèwion aveut trouvé l’ truk, li. Nosse curé boudjeut d’ one pate : crak, crak ! Pchît’ ! fieut-i, l’ Mèye. Mau tchikè, tûse-t-i, l’ Pèwion. Taudje tot rade !… C’ èst l’ côp qui bouche, èt crak, crak ! èt r’pchît’ dau Mèye.

Sacré Mèye, ci qu’ i nos fieut assoti ! « Qu’ èst-ce qui c’ èst d’ ça po dès-omes, don ? Po couru l’ viyadje, is sont là. Mins po l’s-ofices au matin, i m’ faut fè leû sogne. »

– Faut rakètè au matin ossi ?

Dominé gosète ! Pusqu’ i gn-a pupont d’ clotches.

C’ èst timpe, ça !

– Timpe ou taurd, faut qu’ ça s’ fèye.

…Nè l’ crwès nin, sés-se’. Wête qui l’ Mèye va pètè one chârje avou s’ chaléye pa-t’t-avau l’ viyadje divant qu’ on n’ seûye lèvè. Bourdeûs !

Po l’ plaîre, il aureut falu fè paurt avou li dins lès dringuèles qu’ on r’choyeut en pwârtant l’ êwe, li sèmedi. É lès frères, ci n’ èst qu’ jusse. N’ èst-ce nin mi qui faît pus do mitan di vosse sogne, ci samwin.ne-ci. Mins il aveut ça à sès guètes. Divant do ralè è l’ èglîje, nos fyins l’ paurtadje su l’ place.

 

*

Li sèmedi, li curé p’leut bin atakè sins nos. I n’ aureut jamaîs ieû faît po l’ ridjunè. È l’ èglîje, i gn-aveut qu’ lès bèguènes. Aujî, é zèles, do s’ lèvè divant l’ djoû ; èles pètront prandjêre tote li vèspréye. C’ èst vacances.

One miète après, plik, plok on corâl, pwis onk èt cor onk. Quand on d’tchindeut o fond po bèni l’ êwe, i n’ mankeut pus qui l’ Pèwion, tofêr li dérin à l’ quèwe. On l’ oyeut v’nu d’ au long. A ! i faut rakètè po mèsse, poûri Mèye ! Èt l’ Pèwion fieut roudyi l’ ostèye tote li vôye come on diâle. Èt co, po ièsse sûr, i toûrneut deûs côps autoû d’  l’ èglîje en tot rakètant. Li maurlî voyeut rademint on raupin li fè djokè. Ayi, ça ! I lî faleut sès deûs tous tot-ute, li, sins couru, bin pont-èt auje. Ça, vèyoz, mes djins : pinsè qu’ on l’ va r’mète à pont, li rakètè. On-an, c’ èst si long, savez.

 

Auguste Laloux (Dorène / Dorinne), Quand nn-èstins corâls dol samwin.ne sinte*, in : CW, 2, 2011, p.54-55

 

Sèmedi, ossi rade mèsse chuméye, vroum’ ! ramassè aus-ous d’ clotches. One anéye, li Mèye a d’vu pètè one coûsse aus trosses dau Flup’ què l’ lèveut come on lîve ossi rade qu’ il aveut oyu l’ âmèn dau Gloria. Si lès Tonelîs n’ avint nin d’meurè si lon, su l’ vôye di Purnôde, i nè l’ racsît jamaîs èt s’ i n’ l’ apice nin pa s’ cote.

Qués bias-ous ! di totes lès coleûrs : dès cis en suke, dès blancs, dès rodjes ; en chocolat, ravôtyis dins do fin papî ; dès-ous cûts deurs, tindus brun, violèt, djane… Èt l’ pus choretant, c’ èst qui l’ djoû di d’vant, on fieut sès nids o djârdin, à dès bèlès places. Lès clotches n’ î mètint quausu jamaîs rin. Mins à djok su lès grûsalîs qui fouyetint dèdjà ; à mitan catchis dizos lès fouyes di rubârbe, à chipète ètur lès sètchs sitrukions daus piaunes. Èwoù qui dj’ n ‘aureu jamaîs pinsè, si ç’ aveut stî mi, lès clotches.

Mins lès-ous d’ clotches, c’ èst po tot rade : alez, lès corâls pwârtèt l’ bènite êwe.

 

…On côp, nn-avins bolè d’ è coûrt avou noste êwe à l’ vèspréye, au coron do viyadje… A ! vos p’tits mau onteûs ! Dji v’s-a vèyu. Vos-avoz stî à l’ pompe. Ratindoz, djè l’ dîrè à Monseû l’ Curé. Vîye laîde Min.ne ! I m’ chone qui djè l’ veu co chaltè tot djus èt fè l’ pipîye è l’ èglîje… Mins ni t’ î fîye nin, sés-se, ènn’aleut-i l’ Pèwion. Waîte si minton qui brike plin d’ pwèls. One fèle comére qui ça vout dîre. Djè l’ sé bin : Nosse matante Flupine èst parèye.

Vîye toute au loûrd ! Qu’ èst-ce qu’ èle vout tant fè alè s’ linwe, don ? Noste êwe è-st-ossi bone qui l’ ôte. Antwin.ne l’ a bèni, avou tos lès signes di crwès qu’ i-gn-a dandji ; bin quate côps d’ rote. Ossi bin qui l’ curé, tés-se ! I l’ sét bin dandjereû ! Co trêze èt co trêze côps qu’ i l’ a vèyu fè. Pwis nn’ n’ avins nin stî à l’ pompe ; nn-avins poûji o l’ fontin.ne.

À l’ samwin.ne, nos-avans r’cheû nosse tane da nosse curé. Nn-avins rovyi nosse fétinse, nos. Mins Min.ne aveut faît l’ racusète. Ça n’ faît rin ; l’ anéye d’ après, nos-avans pompelè su l’ Bâti plin on pot. Po Min.ne tote seûle. Tin ! vîye surale ! Èt co l’ Antwin.ne n’ èsteut pus là po lî bèni.

 

È bin, di-st-i l’ Mèye au madjustêr divant nos ; on s’ mousseut justumint po grand mèsse li dîmègne, c’èst mi qu’ ènn’ a ieû one di chance èyîr à l’ vèspréye. Dji monte ècrachi lès clotches. Qu’ èst-ce qui dj’ trouve, è mi, o trwèzin.me docsau ? On bia gros ou en chocolat, valèt, dizos li p’tite clotche. On gros, sés-se. Dji n’ l’ aureu seû t’nu qu’ avou mès deûs mwins. Èt do bon chocolat, maleureûs ! Do ci au lacia. Qui sinteut bon… On-ou qui l’ clotche aveut rovyi.

Èt qu’ ènn’ as-se faît ? Djè l’ a mougni, tés-se ! Dji n’ a jamaîs rin mougni d’ si bon. Vî golu ! I nos fieut glètè… On-ou qui n’ lî v’neut nin…

 

Après veupes, quand on-z-a stî ralè tortos, nos-avans r’brokè è l’ èglîje. Èt pate à pate jusqu’au trwèzin.me docsau. Dj’ aveu m’ keûr tot strindu. I boucheut parèy qu’ en ‘nn’ alant à l’ tinderîye aus grèves avou papa : on sît one vôye di las’ ; à on tournant, là qu’ on-z-adouye one francèse pinduwe à on plèyant… Dj’ arive, mi tièsse au ré do tape-cu. Bèrwète ! Li sacré galouf lès-aveut bosè tos. Mins èst-ce one idéye ? On sinteut co pa-t’t-avaur-là come on gout d’ chocolat daus clotches.

Maria ! qu’ on l’ vèyeut èvi, l’ Mèye ! Mins taudje ! Tos lès dîmègnes, i r’passeut dau salut èmon l’ madjustêr ; nos l’ savins bin. Quand il a faît spès assez : A ! t’ è vous dès-ous d’ clotches, laîd po todi ! Tin, là onk èt cor onk èt co ç’ti-ci : dès cayaus, dès crayas, dès strons di tch’vau ossi, bin èvolpès dins do fin papî d’ sôye : li papî qui nn-avins ieû avou nos clotches. Nos ‘nn’ î avons stramè plin s’ djârdin. Mougne-z-è asteûre !

 

Seûlemint, c’ èsteut nin plaîji avou l’ maurlî : one carbonâde qu’ on lî djouweut, on n’ saveut jamaîs come ça toûrneut.

 

choretant : amusant

à chipète : en équilibre instable

bolè d’ è coûurt : tomber à court

pipîye : mijaurée

r(i)cheûre : recevoir

 

Auguste Laloux, Quand nn’èstins corâls do l’ Samwin.ne Sinte, in: VA, 21/03/1972

 

… li djoû di d’vant, à quatre eûres, Antwin.ne d’ èmon Clarisse, li pus vî dès corâls, dimandeut au maîsse li pèrmission do mankè li londemwin po-z-alè aus paukes. Tot wôt, 1′ démon, po fè djalous 1’s-ôtes.

Nos-alins brakenè tote li djoûrnéye dins lès tiènes di Tchampale : dès uréyes avou totès blankès pires qui grôlenut à faît qu’on gripe. Èt dès paukîs, maleureûs ! dès stokas’ bouchons èt dès coches come mi djambe. Po dînè, dès marindes (…): dès grossès tâtes di bû­re et deûs-ous cûts deur: èt bwâre on côp d’ cafè au bidon come dès-ornes. Nos rarivins avou dès potcheléyes do cratchotès caracoles qui lès bièsses èstint moussîyes foû : dès rodjausses, dès djanes, avou dès finès rôyes è tournant, dès bleuwes. Di totes lès sôtes.

One anéye, nos-avans pinsè ni pus rapwârtè à dos nos fwès d’ pau­ke : é ! lès-omes, si nn-alins d’mandè s’ tchèrète au Clouk, avou Cajou, come on lomeut s’ bourike…

À bin ça, nos brokans nos chîj è s’ cassine. Su 1′ vôye, en v’nant, Antwin.ne nos l’ aveut bin dit : « Nè lît d’djans nin Clouk, savez. C’ è-st-adon qui ç’ sèreut brosse po 1′ tchè­rète. »

…» Bondjou, Josèf, nos v’nins veûy, nos-ôtes, si nn-aurins bin vosse tchèrète èt Cajou po-z-alè aus paukes à 1′ samwin.ne. » A ! 1′ laid rogneûs ! Po c’minci, i n’ moufetéye nin. I tûse… T’t-à l’eûre, i frè come li vatche dau Guiame qu’ a tant tûsè qu’ èle s’ a tûsè crèvéye… I tûse en r’waîtant è tére come s’ i vleut fougni. A 1′ difin, i r’lève si tièsse : Non,  di-st-i tot sètch. On-ôte aureut dit : Damadje, lès-omes, mins dj’ ènn’ aurè dandji tote li samwin.ne ou ci ou ça. Li : Non ! On côp d’ grogne, c’ èst tot.. Cor onk qu’ a peû do cwachi s’ lin-we en d’djant d’trop.

L’ Antwin.ne nos boute doûcètemint à l’ uch drî li; quand i n’ èst pus qu’ su 1′ sou : « E bin ! Clouk ! d’ abôrd ». Èt zoup-èt zoup’, bisè, dès raupins.

 

Li djûdi-Sint, après 1′ Gloria… Lès clotches si rasgotint divant d’ èvolè ; èt nos deûs li Flup d’ èmon l’ Tonelî , nos sièrvins à l’ auté , on n’ si sinteut pus. Pus qu’ one zine, en rarivant d’ aus bûrètes, nos pougnins dèdjà dins nos rakètes .. Sanctus !… Sanctus !… Èfoufyis deûs roufions ; l’ indjole pète su lès grès d’ l’ auté, ou  bin èle twad d’ triviès. I s’ faut rènondè : Crak, crak, crak èt craketant qu’on n’ èsteut nin djus o docsau. Nos n’ avins jamais sti fiérs insi.

Èt là bin on mwès qu’on s’ è rafieut : li toûrnéye o viyadje à 1′ vèspréye po sonè au salut, li djûdi èt 1′ vinrdi.

Faîs ç’ qui t’ vous ! tos côps, nos rarivins po sièrvu qui l’s-ôtes ès­tint odes d’ î ièsse. C’ èst nin qu’ on baloûjeut tant. Non, ça ! I faleut quand min.me raketè tot èwoù qu’ i gn-aveut do l’ djin. Èt fè chitè li p’tite nwâre charogne dau Pouyu. D’ au lon, i voreut dèdjà en rauyant s’ gueûye. Nos l’ lancins avou l’ trayin d’ nos rakètes. I bawieut, li pôve pitit ! en rèculant à faît èt ratchi, drèssi 1′ pwèl; i s’ è fieut v’nu one di sèrine. Su ç’ timps-là, nos n’ vèyins nin lès dérènès djins què 1′ trossint à l’ ofice, come on d’djeut do l’ Samwin.ne-Sinte.

On mousseut è l’ èglîje pa li p’tite sacristiye à pates di r’naud. Rade èt radte si mète à corâls. Nom di chtoupète ! tos cès botons-là qui n’ v’lèt jamaîs moussi dirèk è leûs botenîres ! O docsau, li madjus’ èt Djan d’ èmon Flore bèrdelint dès ratoûrnéyes qu’ on n’ oyeut qu’ adon. Dès droles: dès « Bèth » et dès « Tètch ». Qu’ è dis-se ? Causè d’ ça dins one èglîje…

Après 1′ salut, li ci qui n’ èsteut nin lèvrot assez, tant pire por li ! I ramasseut one chasse da nosse curé : Qu’ èst-ce qui v’ m’ avoz co foutu avau lès vôyes, don ? Li pés, c’ èst qu’ on n’ aureut seû contè ci qu’ on-z-aveut tant faît. One anéye, nn-ans c’minci nosse toûrnéye tot d’ swîte après l’ cafè. Èt co ièsse pus taurdu po rarivè.

 

Clément Dimanche, in : Asto du ri, s.d.

 

Qué Samwène !

 

Djè m’ aî pourmwin.nè toute èl « Sinte Samwène »

sans sawè comint, sans sawè pouqwè !

In pîd pa-d’vant l’ ôte, su l’ voye, aveu m’ pwène…

gn-aveut rin qu’ aleut… dj’ èsteu si fayè…

 

Dj’ aî v’lu coude ène fleûr dins l’ âye dè l’ tchapèle…

Djè n’ aî pont ieû d’ tchance, c’ ét ‘ne violète dè tchin

catchîye dins lès spènes, lès ronches èt lès rèles,

sans rouvyi l’s-ôrtîyes… dj’ aî dèstrût mès mwins.

 

Dj’ atind lès corâls qui grûweneut su l’ place…

sabâye… alons vèy !… èt dj’ aî stî ‘ddé zias :

ène musike dè môrt…, pont d’ tchant ni pont d’ basse,

ène caîsse dèstinkyîye… dès baguètes d’ ocha.

 

Qué drôle dè vikâdje sans l’ tchanson dès clotches !

Dès-eûres dè « vias d’ mârs’ », dès-eûres sans solia !

Èl Cris’ èst bin môrt, assèveli, dins l’ rotche…

faut-i co ratinde èt crwèjeler nos bras ?

 

Èl sèmedi au nût, d’ ènn’aveu plin m’ wote…

Glôriya !… lès clotches !… djè m’ va m’ èrvindji,

ravèyi lès-orgues, fé voler lès notes.

Choûte l’ allélouya… nos stons sauvés, m’ fis.

 

Djîlârd da l’ Sarasse, in: VA, 31/03/1964

 

D jwèdi  Sint

 

Djoû dès sètès èglijes… Tot Nameur si pormwin.ne, C’ è-st-onk dès pus bias djoûs di nosse pwin.neûse somwin.ne… Seûlemint volà, tot candje, min.me au Djwèdi-sint. On n’ ritrove pus grand tchôse di ç’ qu’ on vèyeûve dins 1′ timps.

On faît totes lès botikes, lès vitrines sont fwârt bèles, Maîs on n’ vwèt pus sint Djan, on n’ vwèt pus 1′ Citadèle.., Fini lès bias-ovradjes, faîts pa dès fins-ovrîs, On n’ vwèt pus lès pîces d’oûves, fiérté di nos botchîs…

Pont d’ grands sudjèts en suke didins nos pâtisserîyes, C’è-st-anoyant, vraîmint, ci môde-là èst finîye… On nn’a faît dès fameûs… maîs ç’ timps-là èst d’djà lon. On d’tchind l’ vile tot doûcemint… on r’vint dé l’ Pont…

On finit pa l’ priyére, li mwin qu’ on glisse è s’ potche,

Li pîce qu’on tape su 1’s-ôtes, po lès pôves è 1′ parotche…

Pace qu’ i gn-a one saqwè, qu’ on-z-a todi r’novelé,

Lès boujîyes èt lès fleûrs… po nosse Bon-Diè d’ pitié…

 

G. Smal (Houyèt)

 

C’ èst tos lès djoûs

 

C’ èst tos lès djoûs pèneûse samwin.ne

Quand ti vous t’ lèvè d’ on randon

Po-z-apougni l’ preumî scaurson

Ni di rin… dji su foû d’ alin.ne.

 

On s’ rapauje èt on faît l’ macrale.

Qui d’djoz, don ? Comint ça s’ faît-i ?

Dij n’ vou po rin vos disminti.

Po qui-ce qu’ on-z-a faît dès ruwales ?

 

Pusqui dj’ a dès mwins crèvaudéyes

Èt maugrè tot qu’ vos v’loz bauji

Li Sint Crispin qui dj’ a gangni

Agnoz-me ! Djè l’ conu bin, l’ guèdéye.

 

Henri Lerutte (Djauce / Jauche), in : Lë Sauvèrdia, 274, 2010

Lès-ous d’ cloke

 

Trwès djoûs d’vant Pauke, c’ èst l’ djudë sint.

Dins lès clotchîs, l’ cloke së dëspind,

Laît là s’ maka* tot rècwèté*

Quë s’ veut mièrseû, trësse èt sbaré,

Lès clokes èvont po 1′ grand voyadje :

Sèrè on bia pèlèrënadje !

Po 1′ dêrén côp, lë maka tape,

Pwis d’meure rasta*, i n’ a pont d’ chape*.

 

Lès clokes èchone ou one drî l’ ôte

– Ca dins zèles, i n-a d’ totes lès sôrtes -,

On s’ lès r’présinte en coûsse, è l’ aîr,

Së 1′ vôye dë Rome po-z-aler qwêre

Dès bias gros-ous seûremint tindës,

Dêrs dë scaugne* èt tot frës’ ponës.

 

On veut voltî nos mèssadjerèsses

Quë rëvënenèt plin.nes dë rëtchèsses.

Èlles-ont sondjî aus-orfèléns,

Aus p’tëts quë sont contints d’ on rén,

Aus-ènocints qu’ ont todë leû fwè,

Aus mau pwartants, aus maîguërlèts,

Aus p’tëts pôves quë vëkenèt râremint

Parèy djoû d’ djôye èt d’ contintemint :

C’ èst cès-ous-là, djènes, rodjes ou brën’

Quë 1′ cloke apwate, come one marëne.

 

maka, marteau industriel   rècwèté, abrité, réfugié

rasta, immobile chape, salut, sauvetage scaugne, coquille

 

Jos. PIRSON (Biou)

 

A COFÈSSE

 

Timps do l’ pèneûse samwin.ne quand nos èstin.n roufions

N’s-alin.n, tortos èchone, richurè nosse tchôdron

C’ èst l’ maîsse qui n’s-i voyeûve li vinrdi d’ l’ après-non.ne

À ç’t-eûre-là d’ abitude, gn-aveûve quausu pèrson.ne.

L’ cia qu’ ratindeut l’ vièspréye èt qu’ariveut su l’ taurd

Riskeûve di s’ î trouvé padrî dès rauveleûs d’ caurs

Corne li vî fârmaçyin, l’ mon.nî ou l’ martchand d’ vatches

Qui mètin.n on quart d’ eûre d’vant d’ ièsse o fond d’ leû satch

Èt ça n’aleûve nin mia avou Fine da l’ Crausse Pinte

Qui s’ sièrveûve fwârt voltî d’ on crayon à deûs pwintes

Trop sôs po plu s’ sovenu dès chopes qu’ is-avin.n ieû !

« On curé, ça vike bm ! » C’ èst todi ç’ qu’on ramadje

Mins l’ nosse, qu’ èsteûve tot seû aveûve brâmint d’ l’ ovradje

Surtout l’ samwin.ne di Pauke à cause dès cofèssions

Èt i faleûve qu’ i d’mande au vî curé d’ Wépion

Po lî d’ner on côp d’mwin, trwès quate côps par anèye

L’ orne èsteûve fwârt plaîyant èt surtout laudje d’ idéyes

I r’nièteut lès consynces sins-alè dins lès cwins

Èt i sayeûve surtout do n’ nin displaîre lès djins

I prétcheûve en walon. Ç’ n’ èst nin ça on dèfaut

Mins i sôrteûve sovint dès mots… ni  « come i faut ».

Nos-ôtes, lès raupinias, c’ èst dé li qui n’s-alin.n !

Surtout si n’s avin.n’ fait one frawe qui valeut l’ pwin.ne

Corne riwaîti one feume qui bagneûve sins scalçon !

Di peû di nos jin.nè, i n’ pôseûve pont d’ quèstions

Èt po dîre nos pètchis, nos nos sintin.n à l’auje

Mins quand gn-aveûve on gros, il èsteûve tot binauj’e.

V’ savoz bin qu’ à cofèsse, on dwèt ratinde si toû

Por nos, ç’ n’ èsteût nin l’ vraî èt djè m’ sovin qu’ on djoû

Nos èstin.n quinze ou vint’ à nos bate à côps d’ pîd

Po gangni saquants places èt ièsse dins lès prumîs

Èt pwis djouwer one eûre divant d’ èralè è scole

Adon l’ curé d’ Wépion a sôrti di s’ gayole

— Tchôkoz, tchôkoz, di-st-i. Foutoz l’ barake su s’panse

Quand dji s’rè l’ cu è l’ aîr, dji vos lI’ dit à l’avance,

Vos sèroz asgligni en face di mès deûs fèsses :

Ci sèrè addé zèls qui v’s-iroz à cofèsse !

Èt po vosse pénitince, ci n’ s’rè nin malauji :

Min.me si v’s-èstoz nareûs, il lès faurè bauji !

Su l’ vî curé d’ Wépion, i coûrt brâmint d’s-istwêres

Mins çoci a stî l’ vraî ! Dj’ a stî tèmwin d’ l’ afaîre !

 

Joseph Houziaux, Li vikaîrîye d’ on gamin d’ Cêle, 1964

 

Li grande corwéye dès corâls, c’ èsteut l’ pèneûse samwin.ne : lès-èvanjiles qui n’ avint pont d’ fin, lès-ofices qui c’mincint d’vant l’ djoû, do l’ chîje lès tènèbes: lès quinze cièrjes si distindint onk après l’ ôte, sinon l’ dêrin qu’ on catcheut drî l’ auteu èt qui n’ si r’mostreut qui quand M. le Curè aveut bouchi, su lès montéyes di l’ auteu, on côp d’ brévière à fè ravikè lès mwârts. Vêlà, o docsâl, lès tchanteûs s’ ècramyint dins dès malaujis psaumes qu’ on n’ oyeut qu’ on côp par an. Li P’tit Marchau tchanteut, d’ one vwès anoyeûse, lès misériadjes da Jèrèmîye èt lès ôtes lî rèspondint, come dès brèyaus : Bè-è-è-èth ! Tè-è ! Dès droles di mèssadjes po dès gamins qui n’ avint nin apris è-th …. l’ creûjète en-ébreû ! Maîs, à paurti do Djûdi-Sint, on-z-èsteut fiér do raketè pa t’t-avau l’ viyadje, en criyant su totes lès vôyes èt dins totes lès rouwales, su on-aîr qui pèrson.ne n’ aveut apris èt qui tot l’ monde . “Au salut (ou à l’ ofice) di Notreu-Seigneûr, au preumî, au dêrin côp !” I gn-aveut todi on mau-toûrnè ou l’ ôte po brouyi l’ mèssadje èt li p’tit Louviau, qui purdeut s’ sogne à keûr, èsteut tot foû d’ li : èsteut-ce là dès-afères po rîre ? On côp, à fwace do couru après l’s-afrontès, lès-èfants d’ keûr avint arivè trop taurd à l’ auteu èt il avint atrapè après l’ salut one boure do curè Viroux. Josèf n’ aveut nin trouvè ça jusse èt i nn’ aveut stî chokè.

 

Joseph Houziaux, Li vikaîrîye d’ on gamin d’ Cêle, 1964

 

Li Sèmedi-Sint èt l’ sèmedi do l’ Pintecosse, lès corâls paurtint,

tchèrdjis d’ bidons come dès baudèts, po-z-alè pwartè l’ bènite aîwe. À

chake maujon, c’ èsteut l’ min.me mèssadje : « Èst-ce qu’ i faurè do l’

bènite aîwe ci côp-ci ? ” Li comére aleut qwêre li botèye, qu’ on rimplicheut, èt glisseut l’ dringuèle. Maîs l’ toûr dès hamias èsteut long !

Qwè fè quand on s’ trouveut au mitan d’ Trussogne, avou dès bidons wîdes ? Èst-ce li diâle qui s’ ènn’ a mèlè ? On-z-a stî au wé ! On bia djoû, l’ djeû s’ a gâtè. On n’ aveut nin wêti di d’près assèz po rimpli lès canetias èt Fine d’ èmon l’ Blanc à r’mârkè dès p’tits vèt’s cayèts qu’ ont vindu lès corâls. Quéne paskéye quand l’ curè Viroux l’ a seû !!

 

L’anéye d’après, Vivide, onk dès pus vîs dès corâls, a trouvè l’ jwint :

il a montè su quate rûwes on tonia avou on robinèt èt èvôye di tos

costès avou l’ tchèrète, come dès pètrolîs ! I gn-a pus ieû qu’ fè do poûji

à l’ basse.

 

L. Noiset (Héron)

 

Lès clokes di Pauke

 

Lès clokes, li Djudi-Sint èvont

À cavaye dissus les noulias.

Po-z-aler à Rome, nos di-st-on,

Mins on n’ èst nin pus sûr qui ça.

Si lès clokes si taîhèt-st-insi

N’ èst-ce nin câse di nosse tristèsse?

Jésus èst mwèrt li Sint Vinrdi

Èt ci djoû-là, i n-a noule mèsse.

 

Mins, binrade, èles nos r’vêront

Avou dès cocognes di coleûr,

Qu’ èles laîront toumer d’vins lès fleûrs

Po l’ grond boneûr dès p’tits-èfonts

Èt c’ èst sur leû pus bia bokèt

Qui, turtotes èssonle, èles djoûweront

C’ èst totes djoyeûses qu’ on les frè tchanter Pâke, li Rèsurècsion !

 

Maurice Neuville, in: CW, 4, 1973

 

Tchimin d’ Crwès

 

I  Jésus est condânè à mwârt.

Tot l’ monde saveûve bin qu’ i n’aveûve nin mau faît ; on l’ a condânè à mwârt quand min.me. Là ç’ qui c’ èst di jin.nè lès gros bonèts.

O Sègneûr, fioz one place dins vosse paradis : aus cis, su l’ têre, qu’ ont stî coboutés pa l’injustice, aus p’tits-èfants qui n’ si polenut disfinde, qu’ on touwe afîye divant qu’ is n’ veûyenuche li djoû ; is jin.nerin.n po bin vikè, aus malades dè l’ tièsse, aus p’tits vîs qu’ on boure èvôye èt s’ è fé quite, aus malèreûs qui vikenut dins l’ misére à costè dès mwaîs ritches.

II  Jésus èst tchèrdji di s’ crwès.

Sins r’niketer, Jésus a tchèrdji à spales li pèsant bwès di s’ calvaîre.

Ridoblèz, Sègneûr, li Fwè dès cis qui pwatenut leû crwès, maugré leûs d’tchavéyès spales ; qu’ is crwèy’nuche qui pwârter s’ crwès, c’ è-st-on-oneûr por on crétyin.

Nos dîrans ossi nos pâtêrs : po lès pôves mwin.nadjes qui tègnenut avou fiérté li vièrna po-z-èlèvè one quèwéye d’ èfants, po lès vîyès djon.nès fèyes qui sont d’meuréyes là po sogni on parint ou l’ ôte, po lès missionaîres dins lès sauvadjes payis, qu’ èvont pwârtér l’ Bon Diè aus cis qui ratindenut su leû dêrin scayon.

III Jésus tchaît po l’ prumî côp.

Aflauwi pa lès côps, èt s’ pèsante crwès, li pôve cwârps a flitchi, èt vo-le-là stindu su lès cayaus.

O Sègneûr, rindèz dè l’fwace èt do coradje : aus cis qui flauwichenut dizos lès côps, au mineû èpwèsoné pa lès poûssêres, qui sint sès peûmons ‘nn’ aler à bokèts, mins qui saye do tinre jusqu’à l’ pension, à l’ feume batûwe pa s’t-ome sovint bèrzinke, qui prind paçyince po sès-èfants, èt quand nos ‘nn’alans en veûlant, rimètéz-nos dè l’ fwace assez po nos fé r’ssûre li bone vôye.

IV Jésus rèscontère si moman.

Si keûr mèsbrîdji, li pôve moman li veut au mitan d’ tos boûrias, traîti come li dêrin dès dêrins.

Bone Sinte Marîye, aîdoz lès momans dins leû calvaîre : lès cènes qui r’çuvenut dès mwaîjès novèles di leû-z-èfant, lès cènes qui s’ tègnenut totes tron.nantes à l’ uch d’on tribunal po r’veûy on dêrin côp leû fis qu’ on rèmwin.ne po todi à l’ grosse mau-jone,

li cène ricassîye par on grète-papî di l’ assistance publike, pace qu’ èle vineûve dimander one charité po sès-èfants.

V  Simon di Cirène

 

On-ome qui passeûve, rilin.né di s’ djoûrnéye ; èt là qu’ il aîde Jésus po pwârter s’ crwès jusqu’au d’bout. Sès-apôtes ni sont nin là ; il a falu qu’ on-ome qui n’ aveûve rin à veûy là-d’dins uche pitié di s’ malèreûs frère.

Ô Sègneûr, riblankichoz l’ âme à totes lès pôvès djins qui pwatenut on bokèt di vosse crwès sins I’ sawè, sins vos r’waîti non pus, aus cis qui rodjichenut do 1′ pwârter, vosse crwès, au médecin qui bèrdèle pace qu’ i s’ dwèt r’lèvér par nêt por on malade, à nos-ôtes tortos ; nos djèmichans tofêr po dès rins. Èt fioz-nos charitâbes po lès cis qu’ ènn’ ont dandji.

 

VI Véronike

Coradjeûse djon.ne comére, d’ awè rindu à Jésus s’ vraî visadje. Au d’ truviès d’ on bokèt d’ twale, nos r’vèyans, rimpli di souweû èt d’ ratchons, vosse si doûs visadje, Sègneûr, si bon po lès-omes.

Ô Sègneûr, rindoz pus fèls :

lès cis qui n’ si wasenut mostrer, qu’ ont peû d’ dîre leû façon d’ pinser èt s’ foute dès riyas dès djins,

li djon.ne soudâr qui dit sès pâtêrs, à l’ nêt, dins s’ tchambe à l’ casèrne,

li p’tite bèguène qui r’çût dès mawes à l’ pwate dès grosses maujones quand èle dimande one pitite saqwè po sès pôves, li bia monsieû, qui s’ asgligne èt fé l’ quèwéye po ratinde si toû à cofèsse.

.

VII Jésus tchaît po l’ deûsin.me côp.

À ! qu’ lès cayaus sont deurs, èt co lon à roter ! Li coradje flitche d’on plin côp.

Sondjoz, Sègneûr, au malèreûs sins-ovradje, discoradji, qui s’ îreûve bin foute o ri, au p’tit vî da l’ ospice, qu’ ènn’ a assez d’ viker èt qui s’ tape dizos on  trin, au gamin, nauji d’ ièsse târté pa sès parints tofêr è ribote, qui va à maraude tos lès djoûs po p’lu mougnî.

VIII Lès feumes di Jérusalem

« Ni priyoz nin por mi, mins po vos-ôtes min.mes et vos-èfants.»

Priyans, nos-ôtes :

po lès parints qui s’ dilamènetéyenut pace qui leû fis èst malade, mins qui s’ è foutin.n, quand i rôleûve avou tot mwaîs soçons, po  l’  grandiveûse  qui  braît s’ tchèt, mins qu’ ça n’ lî faît rin qui s’feume d’ ovradje è-st-à l’ mwârt.

IX Jésus tchaît po l’ trwèsin.me côp.

On cayau pus gros qui l’s-ôtes l’ a faît tchaîr ; c’ èst l’ pîre qui nos pètchis ont mètu è s’ vôye.

Pitié, Sègneûr,

po lès cis qui s’ ètrèbukenut dins leû vîye,

po lès crètyins qui n’ mètenut pus on pîd è l’ èglîje pace qu’ on curé lèzî a mau faît,

po l’ mèskène qui dwèt travayi l’ dîmègne, dismètant qui s’ patrone va à 1′ comunion tos lès djoûs.

Donèz-nos lI’ coradje do foute èvôye totes lès pîres qui nos ramoncelans su tote nosse vîye…

 

X  On rauye lès moussemints à Jésus.

Vosse bèle rôbe sins costeure, ci n’ èst pus qu’ one loke plin.ne di song èt d’ man.nèstés, aclapéye su vos cwachûres. On vos l’ rauye d’ on plin côp.

Pitié, Sègneûr,

po lès-omes d’ èglîje èt lès p’titès seûrs di l ‘ôte costè dè l’ baurîre di fiêr, qui n’ wasenut pus mète leûs soutanes ni leûs cotes, po  1′  ci  di   l’ ospitau  qu’ one  warache infirmére faît  r’son.nè s’ cwachûre,

po l’ ci qu’ èst brûlé, qui vwèt s’ pia ‘nn’ aler à bokèt, po lès cis qui crwèyenut à leûs maus, pace qu’ on rôstéye leûs gobîyes qui colin.n à leû cwârp.

XI.   Jésus est clawé à s’ crwès.

C’ èsteûve pus aujî, chone-t-i, di vos mascauder d’ on seul côp d’ atche, ou bin d’ vos pinde. Mins vos bourias vos v’lin.n veûy soufri èt moru à p’tits filés.

Ô Sègneûr, riwaîtîz tos cès malades-là qui languichenut po moru, tos lès mineûs èssèrés dins leûs traus, qui ratindenut lès scoûrs po ièsse satchî foû,

tos lès stropîs qui n’ savenut pus boudji, qui n’ ont pus qu’ leûs-ouys, èt lès batemints d’ leû keûr,

Qu’ is polenuche d’ abôrd dîre avou Vos qui leûs-âmes sont dins lès mwins da vosse Pére, vêla, pa-d’zeû.

XII Jésus est mwârt.

Vinrdi, trwès-eûres ! I laît tchaîr si tièsse : on cwârps qui n’ vike pus pind à l’ crwès.

Ô Sègneûr, èminoz avou vos lès deûs cint mile mwârts di chake djoû, lès cis qui l’ parintéye laît moru tot seûs,

lès cis qu’ ènnè vont tot djon.nes, portant il avin.n co si bin l’ timps, lès cis qui l’ mwârt rascoud come on voleûr.

 

XIII Jésus est rindu à s’ moman.

Marîye bèrcéye dins ses brès on dêrin côp si binin.mé.  Li fis qu’ èlle a d’né aus-omes po lès sauver.

Bone Sinte Marîye, soyoz nosse mèssadjerèsse ; èt fioz-vos mau : dès parints qui ratindenut dins l’ sale d’ on-ospitau, èt qu’on lèzî vint dîre qui l’ opèrâtion di leû seul èfant n’ a nin stî, dè 1′ moman qui n’ pout nin tinre on dêrin côp li cwârp di s’-t-èfant, qui totes lès momans polenuche awè l’ fwace do co viker po l’s-èfants dès-ôtes.

XIV Jésus est mètu à place.

One frède tchambe tayîye dins l’ rotche ; si cwârp ripwase su l’ pîre. Mins dins trwès djoûs, i ravikerè po raler d’lé s’ Pére.

Ô Sègneûr, pirdoz sogne :

dès pôves cwârps qui n’ ont nin polu passer pa l’ èglîje, dès cias qui poûrichenut dins on cwin di leû maujone, dès cias qu’ on discôpe su lès tauves dins lès-ospitaus, dès cias tapés dins lès fosses come dès tchins, dès cias qui sont rovîs à l’ Tossint.

Nos crwèyans qui Vos-èstoz todi là, d’lé nos, po nos sotenu ; pace qui Vos nos vèyoz voltî.

 

mots: grigneûs : mau agrèyauve

piède balance : clincî, s’ afwèbli

à pus qu’ : sauf

on cougnèt : on cwin d’ bwès, di fiêr…

nn’ ‘ans : nn avans

strinde : sèrer come quand on-z-a peû

one èsplikéye : on rensègnemint su one saqwè

po tofêr : sins fin

piketé : alachî à on pikèt (= sins sawè ‘nn aler)

li vikadje : li maniére di viker

sins lauke : sins lachî

vosse passadje (su l’ têre) nos-assofèle : sofèle après nos.

 

 

Roger Viroux  (li 15/04/1995)

 

Sèmedi-Sint

 

Sèmedi-Sint…

On ratind…

Faît grigneûs su lès vôyes

Èt nos clokes sont-st-èvôye !

Noste èspwêr pièd balance,

— À pus qu’ po l’ cia qu’ a l’ tchance

D’ awè one Fwè

Tchèssîye è s’ tchau come on cougnèt —

Nos nos r’trovans d’ on côp d’sseûlés,

Asteûre, qui nn’ ‘ans rèyâlisé

Qui l’ angouche qui nos strind

N’ aurè quékefîye pont d’ fin,…

Qu’ nosse dandjî d’ èsplikéye

Dimèrerè po tofêr piketé è nosse pinséye…

Èst-ce qui l’ Amoûr vêrè abôrder au rivadje,

Asteûre qui l’ Mwârt a faît s’ ravadje,

Nos nos sintans tot p’tits,

Mins l’ monde nos-a co rade ripris :

L’ tèlèvision n’ faît, lèye, do brût qu’ po d’s-élècsions

Èt n’s-avqyî dè l’ gaîye musike èt dès tchansons !

Èst-ce qui nosse vikadje,

Qui n’s-assofèle sins lauke : « Profitez d’ vosse passadje ! »

N’ a nin touwé l’ Cris’ pus sûremint

Qu’ lès Romins ?

 

 

Paul Gilles (Meû / Meux), in : CW, 5, 2007, p.156-157

 

Po lès cias qui sont-st-au d’bout d’ leûs rôyes

 

Dins nos viladjes di Hôte Hèsbaye, divant l’ guêre di 40, bran.mint d’ mwin.nadjes vikîn di p’titès cultures. Waîre di monsieûs, waîre di gros. On vikeûve pititemint : dès p’tits riv’nus, pont d’ ètèrvinance di l’Etat. Come on dit co bén, i n’ avîn qui leûs brès po travayî èt leûs-ouys po braîre. Waîre di moyins d’ transpôrt èt co tchêr po leûs boûsses, dès vôyes en brîsé èt dès vôyes di têre dins lès cam­pagnes. I n’ ont ieû l’courant qu’ après 1920 èt l’ tèlèfone dins lès-anéyes trinte. S’ i gn-aveûve one auto ou deûs dins l’ viladje, c’ ès­teûve li médecén, li gros martchand d’ bièsses ou l’ ètèrprèneûr.

Po lès djins dè l’ pârwèsse, i gn-a dès sines qu’ anoncîn’ qu’ on malade èsteûve au pus mau. Li curé passeûve avou lès sintès-ôles (1), li médecén ariveûve bon-z-èt rwèd, lès djins dè l’ famile fyîn’ lès convôyes, … On-ôte sine qui l’ malade n’ aveûve pus waîre d’ ôle è s’ crassèt, c’ èsteûve lès nouvin.nes qui l ‘parintéye èt lès vwèséns mètîn’ su pîds. Come i gn-aveûve todi one tchapèle dins l’ quârtier ou dins l’ amia, c’ èst là qu’ on s’rachoneûve po prîyî. Dins leûs pâtêrs, is d’mandîn’ à l’ Avièrje di soplîyî l’ bon Diè d’ soladjî lès maus dè l’ malade èt d’ lî d’ner l’ èspwêr di s’ ritaper. Dins l’ timps, dins dès viladjes qu’ i gn-a, on d’djeûve qu’ on soneûve lès transes, qui c’ è-st-one londjin.ne sonerîye qu’ anonceûve qu’ on pârwèssyin aveûve on pîd dins l’ fosse.

Li curé passeûve à pîds avou, au pus sovint, on-èfant d’ keûr râremint deûs avou one lantiène di pôrcèssion èt one chulète qu’ i fieûve aler tot-au long dè l’ vôye. Li curé avou s’ nwâre soutane, li blanc surplis èt l’ ètole (one longuwe binde di stofe tote rètouréye d’ ôr qui lî pind d’ chake costé di s’cô), l’ èfant d ‘keûr avou l’ rodje soutane èt l’ blanc surplis. Il alîn’ pwârter l’ bon Diè à on malade. Lès djins qui lès crwèjelîn’, s’ arètîn’ èt s’mète à gngnos. I s’ sinîn’ èt dîre one pâtêr po l’ cia qu’ aleûve ièsse administré. Dins lès maujones, ossi rade qu’ on-z-ètindeûve chuleter, li moman rachoneûve li famile qui s’ vineûve mète à gngnos padrî l’ uch d’ intréye ou l’ finièsse qui doneûve su l’ vôye. On rindeûve lès dêréns d’vwêrs à l’ cia ou l’ cène qu’ èsteûve au d’bout d’ sès rôyes.

Pa lès dêréns sacrèmints, li malade riçûveûve lès grâces què l’ divîn’ aîdî à maîstri s’ malaujemince avou keûr èt coradje. Dins l’  tchampon (2), li famile a alumé l’ bénite tchandèle su l’ tâbe di nwît. Li malade a s’ tièsse rilèvéye avou dès cosséns èt on lî a passé on scapulaîre è s’ cô. Su l’ tîke, on-z-a atatchî dès mèdayes. Li curé dimeûrerè tot seû avou l’ malade. I l’ va cofèsser d’vant d’ lî d’ner l’ comunion èt d’ lî ècrauchî sès botes por li s’ présinter tot paujêremint d’vant l’ Bon Diè (3).

 

(1)  Dè timps dè l’ Sinte Samwin.ne, l’ èvèke consacreûve lès-ôles qu’ èstîn’ rimèteuwes dins chake diocèse pwîs à chake curé. Lès sintès-ôles èstîn’ vûdîyes su dè l’ wate dins one sôrte di p’tite ronde bwèsse avou one crwès. Quand on l’ vineûve qwêre po-z-administrer on malade, li curé pirdeûve lès sintès-ôles èt lès-ostîyes. Quand il aveut d’né l’ comunion, i trimpeûve si pôce dins l’ wate èt fé on sine di crwès su s’ front, sès lèpes, li plat d’ sès mwins èt l’ plat d’ sès pîds tot d’djant dès pâtêrs qui rapèlenut lès sins’ pa où-ce qu’ on pout pètchi.

 

(2)  Quand vos-intrîz dins lès maujones di cultivateûrs ou d’ ovrîs, vos-èstîz dins one tote pitite place, on p’tit coridôr avou, divant vos, l’ uch qu’aleûve è l’ cauve, one ôte qui mwin.neûve su l’ plantchî, su l’ costé l’ uch dè l’ cûjène èt todi dins l’min.me place, padrî l’ uch d’intréye, li turbine.

Dins l’ cûjène, on-z-î fïeûve tot : l’ amougnî, li bouwéye, si lâver, prèsti…. C’ èsteûve li seûle place po raploûre li famile èt l’ seûle place tchauféye dè l’ maujone. Vos l’ divîz trivièrser po-z-ariver à deûs-uchs qui donîn’ dins deûs tchambes. C’ èsteûve deûs p’titès tchambes qu’ on lomeûve dès tchampons. Èles èstîn’ amwin.nadjîyes au d’zeû dè l’ voussûre dè l’ cauve. I faleûve monter deûs ou trwès d’grés po-z-î intrer.

 

(3) Come po l’ sacrèmint d’ batème qui mârke l’ intréye di l’ èfant dins l’ soce dès crétyins, èt  l’ sacrèmint d’ mâriadje qui faît qu’ l’ ome èt l’ feume passenut d’ l’ ètat d’ djon.ne ome ou d’ djon.ne fèye à dès mâriés, lès dêréns sacrèmints, mârkenut l’ passadje dè l’ vîye à l’ mwârt.

Po l’ cia qu’ va moru, nosse flori lingadje a one banseléye di spots èt d’ ratoûrnûres. Vo-z-è-là co saquantes : i faît ses dêrènès bauyes, il a l’ mora, il a dé l’ têre dins sès potches, il ètind d’djà soner lès clokes, i n’ a pus rén à ratinde, on n’ vèt pus qui l’ blanc d’ sès-ouys, i faît sès pakèts, i vèt lès crassèts d’ l’ ôte monde, èt co, èt co…

 

Samwin.ne di Pauke

 

L’ Bon Diè, por nos, a ieû dès spènes

Parèy à Li, sopwârtans-lès.

Afîye, on n’ si sint pus d’ assène,

I chone qu’ on clince, qu’ on va d’ truviès.

 

Binrade, sèrè l’ pèneûse samwin.ne,

Faurè sondjî d’ nos r’mète à noû,

R’churer l’ tchôdron èt r’prinde alin.ne

Ci n’ èst nin d’ trop po ièsse à djoû.

 

Dins lès djârdins ou dins l’s-uréyes,

Nos ptits-èfants auront leûs nids

Po-z-î rascoude, avou l’ rôséye,

Lès-ous d’ coleûr do paradis.

 

Nos clokes ossi r’troûuveront leû djôye

Èt  barlokeront dins  lès  clotchîs

Di-d-lon èt d’ laudje avau lès vôyes

Èles tchanteront Pauke à tot spiyî…

 

Preumêre stâcion

 

1 On n’  è vèt pont,  in, là,  dès cias qu’ chûvin.n  todi !

Il alin.n tot rauyî, Li disfinde ! Tè l’ as dit –

Vas-è t’ fiyî aus-ôtes ou crwêre à leûs paroles;

Li pus p’tit dès dandjîs l’zeû fait piède li boussole !

 

2 Ni rovîye nin tot l’ min.me qu’ il ont tot lèyî là

Po l’ sièrvu èt l’ aîdî; is n sont nin si mwaîs qu’ ça,

Pâr trop couyons quékefîye ?

Maîs seûlemint t’ as bau dîre

Is sont r’pères ossi,  

èt waîte s’ on f’reut bin pîre !

 

V’là l’ condânâcion !

“Do song  di ç’ djon.ne ome-là,  dj’  n  è vous pont su mès dwèts !”

“Maîs nos,  ça n’ nos jin.ne nin dè l’ vôy sur nos qu’ i sbritche !”

D’vant dès Djwifs distchin.nés èt Ponce-Pilâte mirlitche,

Li Cris’ èst condâné à moru su one crwès.

Quand nn’ avans pont d’ amoûr èt qu’ nos r’niyans nosse fwè,

Quand gn-a dès-ôtes qu’ ont fwin èt qu’ nos catchans nosse mitche,

Quand on-z-a dandjî  d’  nos èt qui nos t’nans nosse clitche,

Nos r’ssatchans foû d’  vint siékes deûs longuès pîces di bwès …

“Sègneûr, pârdonez-nos di Vos r’ foute djus d’  alin.ne,

Di cochèter Vosse front, di radouviè Vos win.nes

Avou tos nos faus pas, avou tos nos mwaîs toûs !

 

Dinez-nos l’ timps èt l’ gout d’ aler dé l’ cia qui tchûle,

Qu’  a sès pènas cassés, qui boure todi trop coût,

Qu’ a peû, qui n’ sét pus qwè, ou qu’ a mau èt qui grûle!

 

 

chûvin..n:  3e p.pl. di l’  impârfaît do vêrbe ‘chûre’  : (F) suivre

rauyî :  (NL) rooien   (F) arracher

quékefîye : (F) peut-être

sbritchî : mwins’ fwârt qui ‘spritchî’ :  (F) gicler

mirlitche :(F) impuissant

cochèter: chèter à p’tits bokèts: (F) mettre en lambeaux

li win.ne : (F) la veine

tchûler : (F) sangloter

li pèna : (F) l’aile

bourer (trop) coût : ni nin awè assez

grûler : rûtyî come on tchin qu’ èst mwaîs : (F) gronder

 

D E Û Z Y I N.M E  STÂCION

 

1 Lès Romins,  on l’ vèt bin, n’ sont nin lès preumîs-v’nus.

Gn-aurè sûr wêre corne zèls po scrîre one pâdje d’ histwêre.

Mais fé pwârter one crwès divant d’ ièsse clawé d’ssus,

C’ è-st-astamper l’ prétwêre dins one barake di fwêre !

2 Gna l’ ègzimpe qu’ on vout d’ner èt lès moyins qu’ on-z-a,

Èt todi 1′ gout do song qui rondje li keûr dès-omes;

Maîs on nadje dins l’ invïye, et gn-a rin d’ pus laîd qu’ ça;

 Maîs on pîtîye one vîye èt c’ èst 1′ pus grâve en some. »

V’là 1′ crwès !

 

On l’ a bouré à l’ uch èt on l’ a rabiyî.

Si song machure si robe qui clape à sès skèrnaches.

Dissus sè spales moûdrîyes, voci l’ crwès dès ganaches,

Qu’ I Lî faurè trin.ner, lauvau, sins s’ rapaupyi…

Nn’ avans tortos nosse kèdje, qui nos sintans broyî,

Djusqu’à ièsse tot drinsîs, avou nosse dos tot cwache …

Maîs c’ è-st-insi qu’ on va, èt i n’ faut nin qu’ on lache

Di mète nos pas dins 1′ Pas qui 1′ mwârt n’ a seû pîtyî …

Aîdîz nos, ô Sègneûr, à ièrtchî totes nos pwin.nes,

À lès djonde auzès vosses, à roter su nos-min.mes

Sins jamaîs maudi l’ eûre qui nn’ avans vèyu 1′ djoû.

Qu’ on nos trouve dilé 1′ cia qu’ ènn’ a d’ trop su sès skines,

Èt qu’ i vègne, citi-là, quand ç’ sèrè à nosse toû

Nos f’rans èchone, su l’ ome, li pus r’lûjant dès sines.

 

wêre : nin dès masses

pîtyî : pèstèler : (F) piétiner

li skèrnache : (F) la balafre

moûdri: (F) contusionner

li ganache: (F) le vaurien

si rapaupyi: (F) reprendre des forces

drinsî: (F) écraser les reins

cwache: (F) qui fait mal des coups reçus

ièrtchî: (F) porter péniblement

lès skines SONT: (F) l’échine EST

 

TRWÈZYIN.ME STÄCION

(…)

 

QUATYIN.ME STÂCION

 

lVolà Marîye qu’ a twârt di s’ mostrer à s’-t-èfant,

Adon qu’ ‘1 a ddjà dès rûses di raploûre tot s’ coradje.

Ça n’ saureut rin candjî, sauf rap’titi ç’ qu’ èst grand

Dins l’ alûre di ç’t-ome-là qui n’ tronche nin d’zos l’oradje

 

2 Ti n’ sés nin qu’ one moman n’ saureut ièsse ôte paut qu’ là ?

Qui l’ suplice d’ on-èfant, c ‘è-st-ossi l’ cia di s’ mére.

Qui s’ i gn-aureut qu’ Marîye, c’ è-st-à s’ place qu’ èle s’reut d’djà

Èt qu’ en 1′ vèyant, 1′ mârtir sint qu’ on poûje dins s’ misére.

 

3 Volà 1′ moman !

Marîye pwate ossi s’ crwès, li moman chût s’ gamin.

Èle si taît, maîs s’ keûr ûle d’zos s’ moutchwè qu’ èle brichôde.

Èle sét bin qu’ i faut bin, maîs quéne in.ne, qués-apôtes !

Èlle a ossi mau qu’ Li, à chake pas, su li tch’min.

 

Lès momans ont ça d’ bin : leû keûr spite foû d’ leûs mvins,

Ni sondjant wêre à zèls, sondjant tofêr aus-ôtes –

Èles sont là po s’ ofri, sins cârcul, à 1′ vîye môde –

Èles sont là po ièsse là quand i faut fé do bin.

 

D’mandans qui 1′ feume d’ asteûre ni r’nîye jamaîs s’-t-espèce,

Qu’ èlle eûche todi po l’ ome dès dons rimplis à rés’,

Èt qu’ èle trouve si boneûr dins ç’t-acomplichemint-là !

 

Priyans po totes lès feumes èt lès momans do monde

Qu’ on bafouwe, qu’ on rovîye, èt qu’ in.menut maugré ça,

Èt qu’ d’ ossi lon qu’ on crîye, acoûrenut po rèsponde !

 

raploûre = ramonceler

p(o)ûjî: (F) puiser

chûre: suivre

brichôder = (vêci) capougnî: froisser dans ses mains

l’ apôte: le type

à rés’: à ras bord

 

C I N KY I N.M E  STÂCION

 

1 Sacré Simon, pont d’ tchance ! Quéne aîr di tchin batu !

Maïs c’est todi lès min.mes qu’ont 1′ guigne et qu’on raârgougne

Faut dîre qu’is n’ waîténut nin, sont bèzins, mau foutus !

Dji n’ comprinds nin comint-ce qu’on n’ set ave pus d’ cougne !

2 Nos n’ p’ians mau, ses se nos-ôtes, nos nos t’nans Ion èri –

Maïs nn’avans peu ossi d’awè 1′ crwès su nos skines –

S’il astchaît qu’ lès sôdârs tapenut leus-ouys car ci,

Nos fians chonance di vôye one saquî qu’ nos fait sine …

 

3 V’là 1′ Simon !

En ruv’nant da 1′ campagne, Simon s’a faît lètchî :

Lès boûrias l’oblidjenut à sotenu 1′ crwès qui bâche :

II ont peu qu’ leû victime ni fwèbliche et n’ bèrdache,

Et 1′ Simon drâne et boute padrî 1′ Cris’ disantchî …

 

Qn-z-èst co bin dé l’s-6tes pace qu’on s’î a catchî …

Ët? dins c’ pôsicion-là, on scrote di pus qu’ on n’ lâche :

Swet’ one plume à s’ tchapia, one bone consyince à r’fâche …

L’ côp d’ mwin qu’on done insi est pus rate on mârtchi.

 

“Quand nos brès vont r’drèssî one pwètrine qui s’ rètasse,

Quand nos r’suwans 1′ vwèsin dès blèfadjes dès wârgnasses

Qui c’ fuche po V-os copier, Sègneûr, dins on socenadje au-d’là !

Si lès-amours de 1′ têre s’rin.n’ alumés au Vosse,

Gn-aureut d’ l’amour assez po n’ pont fer d’ lèyl là

Et fer do monde ètîr li pus  Creuse dès soces …”

 

mârgougnî : (F) maltraiter

bèzin :  indécis

n’awè pont d’ cougne: ne pas être distingué

lès skines : l’échine

il astchaît : il arrive

fer chonance : faire semblant

si fer letchî : se faire attraper

bèrdachî : perdre l’équilibre

drâner : être écrase sous une charge

disantchî : déjeté, déhanché

scroter : voler

rifache = rifachi:langer

wârgnasse : lourdaud, grossier

li blefadje :  la bave

 

CHÎJYIN.ME  STÂCION

 

l Quî est-ce cf^djon.ne feume-là, avou sj bia blanc drap d’ mwin ?

Qu.’èle si d’mèfiye todi, gn-a que l’ riwaîtenut d; crèsse –

Et ç’ qu’ èle fait n’ sièt à rin, èle n’a nin âssez d.’ timps –

Maïs les feûmes, c’est d’instint, faut qu’ ça r; sûwe, faut qu’ ça brèsse!

 

2 C’est po ça qu’ nos-î t’nans : po leûs mwins, po leûs dons …

Lès paumes da Véronique disfacenut d’ pus qu’on n’ pinse …

Eles médîyenut l’en-d’dins, bin pus stropyf qui 1′ front …

C’è-st-one afêre di coeur, pus uate qu’one di pacylnce …

 

3 Via 1′ Véronique !

S’ visadje est tôt rauyî, plin d’ ratchons et plin d’ song,

Dispûs s’ courone di spènes et jusqu’aus pwèls di s’ baube.

Et Véronique va d’lé, et dins^s’ martîre i lauke …

Pace qu’èle rifrote si baube et qu’èle rissûwe si front –

 

Lès djins n’ont wêre candjî maugré 1′ pris d’ leû pardon,

Et si on n’ bat pus 1′ Cris’ corne adon, corne one djaube.

Et si on n’ l’aflâche pus d’zos deûs grands bokèts d’aube,

Là prèsqui deûs mile ans qu’on ratche todi su s’ nom …

 

L’èglîje asteûr est s’ cwârps et 1′ crwèyant est s’ visadjo,

Maïs on-z-è vèt r’parète todi lès min.mes ravadjes

Qui 1* bin-pinsant d’adon î avait faît èto …

 

Faureut ièsse dès murwès qui pwatrin.n si-t~umâdje

Vêci et pwîs vêla, po qu’on vôye bin tortos

Tôt c* qu’on-z-aureut d’vu fer dispûs 1′ fin fond dès-âdjes

brèssî = prinde dins ses brès

 

médyî = sognî

stropyî:(F) estropier

li ratchon: le crachat

lauker:  se faire une accalmie

li djaube:  la gerbe

aflachî : abattre

ratchî : cracher

 

S È T Y I N.M E  STÂCION

 

l Vo~le-là tcheût cor on côp; on 1′ sêrcîye, on ‘nn î vout –

Maïs i n; faît rin non pus po diswaîbyî l’acheléye.

Si on vlèreut qu’ ‘1 a peu. ou qu’ ‘la mau, ou qu’ ‘1 est fou !

Rin du tout, i n’ branle nin ! Et nin d’ pus i n’ mouftéye !

 

2 Et portant i set bin qu’on ne 1′ taîrè nin quite.

Po ièsse si grand qu’il est dins 1′ maleûr que 1′ moûdrit,

Faut qu’il euche lès moyins d’ascauchî dès limites

Èwou-ce qui l;impossibe si stitche et s’ cooûdrit –

 

Vlà l’ deûzyin.me côp !

Si fwèblèsse divint grande et portant i n’ lâche nin.

I n’ lâche nin, maïs i paume et i r’djond 1′ fond de l’  pwin.ne

Ses djambes îî faîyenut faute et vo-le-là dju d’alin.ne,

I si staure cor on cop^ li mwârt lî mosse ses dints …

Lès fwaces ont dès limites, maïs on lès stwad râremint –

Si 1′ preumî rascrauivadje nos morfond ou nos jin.ne,

N’ èvoyans tôt au diâle quand cj est 1′ toû do deûzyin.me;

Nos lèyans tchaîr nos brès, maudichant nosse destin.

 

Po ièsse vraîmint spaumé, faut co pus dr mârgougnadje,

Nos dd7jans qu’on cwârps sins vîye èdaume seûlemint s? vikadje

Et qu’en d’mèrant staure il a vraîmint 1;santé.

Mostrans aus-ôtes d’abord one pus grande énêrjîye

Et qu’ si. maugré 1′ coradje. lès grâces, li charité,

I nos faut lèyî ouf, nosse vîye est rèyussîye …

 

tchaîr> tcheû: (F) tombé

sèrcyî: sermonner, disputer, injurier

              ?    détourner

l’acheléye: l’avalanche ( de coups )

moufeter: parler

moûdri: meurtrir

ascauchî: enjamber

si stitchî   : se glisser

si cooûdri: se prélasser ; se vautrer

paumer: suffoquer

si staurer: s’étaler

stwade: tordre (pour extraire un liquide)

spaumer: 1.-rincer 2.-épuiser

èdaumer: commencer

lèyî ouf: cesser  ( une activité  )

 

IÛTYIN.ME  STÂCION

 

l Si elles aurin.n’ leûs pv/in.nes ossi grosses qui leûs plintes,

Leûs paupêres s’rin.n* infléyes ossi fwârt qui leû ton.

I gn-a -were qui n’ont nin on masse dissus leûs mintes !

Maîs ces feumes-là, vormint, èles n’ont pont d’ précaucions I

 

2 On triche one miète tortos, nin todi po tromper.

C’est l”opinion dès-ôtes qui dessine nosse visadje

Au momirit qu’ ça d’vint mwaîs et qu;i faut 1′ vèrité.

Chakin mesure a s’t on.ne, li timps do dismaskadje …

 

3 Vlà lès brèyaudes !

Vlà one binde di brèyaudes ! I lî falait co ça !

Corne si 1′ aîr fiait 1′ tchanson et 1′ tchafiadje li socenadje,

Qui freut d’ on long mêrtîre li mârtîre do vijenadôe !

“Vos larmes ni brûlenut rin, ni vosse coeur, ni vosse pia”,

Di~st-i inte deûs ikèts. “spaurdoz lès one miète mia

En tchûlant d’ssus vos-otes, vos qui n’ choûte nin mmèssadje”

“A, Segneûr, cor asteûr, que trayin, que daladje

Po fer chonance di ièsse onk qui V’ s-è f’roz do cas !”

Quand on vos r’waîte viker, dijant 1′ bin po fer 1′ pîre,

Quand on vos r’waîte viker, en causant po n’ rin dire,

Nos côpans l’ chike aus cias qu’avin.n leûs-ouys sur nos

 

Et qui sont èspêtchîs, à cause di nos foûberîyes,

D’acrotchî leûs pinséyes à one fwè qu’è-st-asto.

“Sègneûr, satchîz nos fou di totes nos misérerîyes !”

 

vormint :  (F) vraiment

l’on.ne : l’aune

tchafyî:  bavarder

socener : fraterniser

1′(h)ikèt : le hoquet

li tïayin = li daladje : le remue-ménage = le mouvement

côper 1′ chike à : couper la parole à

ièsse asto : être bloqué

foâ di : hors de

 

NOÛVYIN.ME  STÂCION

 

1 I1 est djus c’est bin sûr, et i n’ si r’ièverè pus.

On va trin.ner on cwârps qui s’rè co pire qu’one loque.

Dj’in.me m-ostant n’ nin véye ça. On l’a “bin trop batu.

I gn-avait on momint qu’i bèrdachait bric-broc.

 

2 I s’a dèdjà r’drèssî ! Dji m’è doutais one miète …

Nos vikans po 1′ momint dès-eûres qui vont compter …

Ces deûs spales-là r’lèvéyes vont quéqiiefîye sopwârter

Tot 1′ pwèds do vîy mistêre qui pèse su nosse planète ?

 

3 Via 1′ trwèzyin.rae côp !

Gn-a vraîmint pus moyin, i n’î ariverè Jamais !

Là qu’i si stind fin long; on-z-ètind bouchî s* tièsse.

VÔye li vraîye vérité, vQye li vikante sadjèsse

Si trin.ner, pèstèléyes; c’est 1′ plaîji dès sint-mwaîs,

Qui sont là po ièsse sûrs qui l’orne qui vêla r’tchaît

Est 1′ preumî dès tchafiauds et qu’il ont bin stî- bièsses

D’ave peu qu’ >1 eûch© raîson en d’djant qui leûs-èrièsses

Sot’nin.n’ dès vîyes di gueûs n’ tûzant qu’au bin qu’on s’ faît.

“Au min.me momint, Sègneûr, Voste amour et Vosse vîye

Alin.n’ à ces djins-la, d’zos lès côps d’ leûs scoriyes.

Nos, on vêt bin voltî, maïs on n’ fait nin corne Vos :

On n’ tint nin à ièsse dobes, ni truies, ni bonasses.

Et on faît bran.mint d* pau quand on pinse qu’on faît d’ trop.

C’est quand on parèt fwèbo qui s’t amour est plin d’ fwace …

 

ièssc dju = ièsse au d’bout d’ ses fwaces

bèrdachî = (vôci) bèrlondjî    (F) tituber

bric-broc : de ci de là

quéquefîye : peut-être

pèstèler : piétiner

li sint-mwaîs :le vaniteux

li tchàfiaud : le blablateur

l’èrièsse : l’arête

li scorîye :le fouet

ièsse dobe :se voir enlever tout

trûler : rouler

 

D Î J Y I N.M E      STÂCION

 

l Ça discret,  c’est tant mieûs:  on l’a d’djà disbiyî –

Is l’ont foutu tôt nu pa-t-t’avau lès riséyes.

Mais i 1* faut s’goter pa-d’zos 1′  pîre dès corwéyes –

Et dire qu’on trouve dès djins fiant tôt ça sins crankyî !

 

2 Nos n’irans nin pus Ion.  Qwè fer dins tôt 1J  moncia ?

Dji sins qui c’  qui va chure candjerè one niasse d’afaîres.

Et dj’a peu di ç’  qui dj’   sins. Et dj’a peu di c’  qu’i gn-a

Drî l’amour et li in.ne fwârt au fwârt su 1′   Calvaire.

 

3 Vo-l’-là tot nu !

Li binde, à 1′ longue, arive à 1′ copète do cripèt –

Divant qu’on ne 1′ sitinde dissus 1′ crwès qu’è-st-à têre,

I n’ vout nin bwâre li drogue qui disnukereut ses niêrs;

II ire jusqu’au d’tout. On lî rauye ses cayèts.

 

Nos machans co todi dès byin droles di bruwèts

Po stoûrdi nosse consyince satchîye su nos calvaires  …

Et corne èle ni s’  rind nin et qu’  lî faut fer s’t àfère,

On sondje à clawer d’dins po qu’èle djoke ses ikèts  …

“Si, tot fiant, on 1′ disbîye, on-z-î vêt dès triri.néyes

Qu’e strîyenut co bin d’s-otes : l’ègzimpe contaminéye

Et 1′ mau da onk, Sègneûr, c’est 1′ mau d’ tortos, en’don ?

Pardon d’ trayi insi one liberté r’ trouvéye,

Grâce à Vos, dins l’amour et dins dès basses di song !

Pardon d’ Vos r’foute insi dès rudes dispoûsseléyes !…”

 

discrèche : (F) diminuer

disbiyî : déshabiller

sins crankyî : sans être ému

li cripèt : le ra:idillon

divant qui : avant que

disnuker : dénouer

rauyî : arracher

li cayèt ( gèn. pluriel ): le vêtement

machî : mélanger

li bruwèt = li spès liquide :

djoker : cesser

l’  (h)ikèt : le soubresaut

striyl : strier

li basse : la flaque

en* don ? : n’est-ce pas ?

li dispoûsseléye : la volée de coups

 

O N Z Y I N.M E  STACION

 

1 Corne li timps s’  machure deur  I 

Et corne on clawe  !   Quéne race  !

li in.ne qui t’  dis est là,  on 1′  vèt! maïs l’amour,  qwè ?

Por mi c’est do coradje,   d’on-ome à paurt, maïs frès,

Et qu’a ieti twârt di v’iu candjî lès bidons d’  place –

 

2Bin,   dji sondje à c’  qu’i d’djait, à c’   qu’i fiait,  à c’  qu’i v’lait.

Ça vout dîro ;  vôyc voltî,  li preumî,  tote si viye,

Et richûre,  en donant,  corne on donc one pougnlye^…

Si c’est ça awè twârt ou ièsse frèd, n’èstans qwè ?…

 

3 V’là 1′ cotrawadje

Tôt drwèt, 1′ potau de 1′ crwès ratind d’ rawè s’ truvlè

Qu’est là, à tere, dins 1? song, li song qui court à r’laye

Dès traus dès claus dins 1′ tchau. crochant chake côp qu’on maye,

Do timps qu’on tint lès djambes, a tchvau su leûs ikets …

 

Pwîs on r’iève tôt, d’one trake, po tôt r’mète à l’ôte bwès …

Inte lès cwisses, on cougnèt; didins lès pîds, one craye,

Avou on fier en d’foû. et su c’ fiêr-là, on flaye …

Li cwârps satche su les plaîyes; si pwèds va l;s-adouviè

 

Corne si 1′ crwès freut dès blâmes, corne si 1; clau d’vaîreut lame…

 Avou dès mouches autoû et leûs seyants rim’ rams …

Et 1′ suplice dins l’oreûr et tote l’oreûr qu’i gn-a

Auzès lâches qui sont là li Cris’ vout qu’on pârdone,

Et^s’ dôrène gote di vîye ni sièvrè pus qu’à ça.

Que limite à l’amour qui d’mande insi qu’on done ! …

 

 

si machurer (F) se charger de nuages

li truviè: le travers

li tchau la chair crochî faire un bruit d’écrasement

mayî : flayî d’one trake frapper : (fort) d’un seul coup

li cougnet le coin (qu’on enfonce)

li craye : l’ouverture (allongée)

en d’foû : en dehors

li blâme la flamme

soyant : énervant

li rim’ram = li zûnadje: le bourdonnement

 

D O Z Y I N.M E  STACION

 

( Trwès-eûres après )

1  Musike.

2 Musike.

3 Vo-l’-là mwârt !

A pwin.ne trwès-eûres ! C’est tôt : i vint d> moru. Enfin !…

Maïs qué nvârcheû è l’aîr, avou plin d;alumwâres !

Et que poûssère ossi, avou dès c6ps d’ tonwâre !

Dès cayaus qu; s’adouvenut, dès cavaus avou rin …

Et dès djins qui tron.nenut et qu’ foncenut dins 1′ grand vint,

Ou qui s’ vont mète à crwô’re, ou qui s} vont mète à bwâre –

Et Sint Djan fin miérsoû, d’ié 1; moman – fwârt-au-fwârt :

Li min.me coeur, li min.me mau, li min.me fwè, li min.me    fwin.

Gn-a pont d’amour, pus grand qui 1′ cia qu;on paye di s’ vîye –

Et l’ ome qu’a seû fér ça a gangnî one pârtîye

Qu’élève li mondé ètîr su on plan si byin wôt

Qu’on-z-î vêt 1* pêrfècsion ièsse possibe dins one vîye –

Et si ç don-là s’ fignole au nom do Cris’ plin d> côps,

L’infini vint lî d’ner l’absoluwe garantîye …

 

1’alumwâre : I’éclair

li tonwâre : le tonnerre

fin miérseû : tout-à-fait seul

fwârt~au-fwârt : d’égale force

 

TRÊZYIN.ME  S T Â C I 0 N

 

1 -Qué tempête à trwès-eûres ! Dji revins. Falait qui dj’ seûche !

Dji vès qu’ gn-â rin d’ novla. Bin sûr ! Qwè vous se qu’i gn-eûche ?

Li nfUléye d’ènawôre ? C’est qu’ ça a tcheût insi !

Dès mwârts vikants, qu’on dit ? Dj’ènn a pont vèyu, mi !

 

2.-Ti n’ vès qu’avou tès-ouys et t’ vûwe n’est nin fwârt fine.

Li mène non pus, d’alieûrs, maïs dji m’ dèfîye dès sineS …

Gn-a dès cias qui sont clérs, corne de l’ pausse su dès mwins –

Maïs gn-a d’s-otes qui catchenut dès causes et dès moyins …

 

3 .- On 1′ dispind !

On n* lî a rin “brîjî:. maîs s’ costé est trawé

D’on grand côp d* fier di lance qui dèciderè Pilate

A lèyl fer Josefî et l’ôte qu’a l’s-aromates

Po-z-ètèrer l’cadâve qu’il auront disclawé.

 

Marîye ritrouve dins s’ chou l’èfant qu’on lî a touwé.

Si èle ni rovîye nin qu*i s’ ranimerè binrate.

I lî chone co todi ètinde et vôye qu’on r’iate …

Et 1* sinte ossi, corne li, qu’on if a condâné.

 

“Po l’ feume qui pièd s’ gamin, ou bin s’t-ome qu’ è-st-à1′   guêre,

Ou qu’ èst fautchî su 1′ route, ou qui s’ trin.ne sins-èspwêr,

On p’tit côp d’ mwin, Marîye ! 

Vos savoz bin ç’  qui c’ èst

Ni pus river ses djoûs. ses naîts. à leû présince,

Ni pus lès t’nu p’au bres, ni lodji dins leû vwès …

On p’tit côp d’ mwin, Marîye, à 1′ feume qu’a s’ dos qui clince !…

 

li nûléye : F) le nuage

ènawôre : tantôt ( dans le passé ! ) la pâte

li pausse : la partie du corps entre les ge­noux et la poitrine de quelqu’ un qui est assis.

disclaver = clawer : frapper à tour de bras

li choû  (N) de schoot :

r’iatersr’lin.ner li naît = li nût : la nuit

 

QUATÔZYI N.M E  STACION

 

l Poqwè tant d’ précaucions tot-autoû do cavau ?

Pwisqui, s’i ravike bin, dîmègne, corne on 1′ djaspine,

I s’ saurè bin mostrer, li. sins ruse et sins mau.

Ôtrèmint t’as bau dire et t’as bau fer, c’est quine.

 

2 Dji n; ses nin du tout sûr qui ça îrè insi

Si dj’ sos dins 1′ bon, coraprinds se, en pinsant à ç’ qui djj pinse.

Nos-avans là on-ome qu’est capâbe di lancî

On défi po todi à nosse pwin.ne et nosse syince .

 

3 On l’ètère !

Nin Ion èri di d’là,  Josèf î a  s’   cavau

On cavau dins one grote qu’on sère avou one rotche.

C’ èst là qu’ on va li stinde, là qu’ i faut qu’ i s’ discrotche

D’ one byin laîde mwârt, dîmegne, en sôrtichant do trau,

Maugré lès gardes, li pire, lès celés, lès blèfauds,

Et on ratind 1′ rairauke, et i n’ faut rin qui flotcne,

I n’ faut rin dins lès ravins, i n’ faut rin dins lès potches …

 

Faut qu’ ça s’ passe come prédit, à timps, dins s’ pia, dins s’ tchau

Et c’est c’ qu’on va awè, avou one rare lumière.

Dins lès coeurs, dins lès-ouys, su lès vôyes, les bâriéres,

Su lès nrwins, d’zos lès pas, fou dès mots, su 1′ destin …

 

Pace qui 1′ mwârt, lèye, tchaîrè dissus pusfwârt qui lèye,

Qu’èle ni s’rè pus one pwin.ne, ni one piété, ni one^fin,

Maîs on passadje, on tchwès, viè one glwêre sins parèye …

 

djaspiner : (F) babiller, chuchoter
c’est quine: c’est perdu

byin : très

flotchi : rater

li tchwès : le choix

 

Emmanuel Despret, El pauscâdje

(in: Ene kèrtinéye dè fleûrs, Fédération wallonne du Brabant, 1961)

6.   Ailleurs en Belgique, … / Ôte paut en Bèljike, …

A.T., « Iwwert d’ Klibberen », Lux. Wort, 29/03/2002

 

Im Gedenken an das Leiden Christi dürfen in der Liturgie nach dem Gloria der Gründonnerstagsmesse weder die Kirchenorgel noch die Altarschellen erklingen. Die Glocken fliegen dem naiven kindlichen Brauchtum gemäss an diesem tag nach Rom, um in sankt Peter den Osterjubel anzustimmen oder ihre Osterbeichte abzulegen. Nun kommen am « Gréngen Donneschdeg » und am Karfreitag und Karsamstag die « Klibberen » zum Einsatz, die von den Mesdienern oder sonstigen Jugendlichen der Pfarreien pflichtgemäss bedient werden, um die Glaübigen zum Gebet rufen.

Nachweisbar stammt dieser volstümliche Brauch bei uns aus dem Mitelalter und bezieht sich auf die unglücklichen Leprakranken. Diese waren mit einem wallenden schwarzen mantel und einem breitkrempigen schwarzen Hut bekleidet. In der linken hand trugen sie einen langen Holzstab, der ausgestreckt die gesunden Mitbürger in gebührlicher, d.h. entsprechender Distanz, wegen der Anstreckungsgefahr, halten sollte. Um die entgegenkommenden Bürger zu warnen, trugen sie in der anderen hand eine so genannte « Sieckenklapper », diese hiess einfach Klibber . (…) Hiervon rührt das Wort « Klibberjong », d.h. der Junge, der vom Gründonnerstag das Glockengeläute vor dem beginn der Gottesdienste ersetzen hilft.

(…) In Stadt und Land sind drei verschiedene Systeme dieser Holzklappen im jährlichen Gebrauch :

1)      die « Kléck » (…)

2)      die « Jharren » (…)

3)   die « Rubbel » (…).

 

Die Karwoche, in : Nidrum, 1998, S.374

 

In früheren Jahren wurden in den Kirchen die Kreuze und Altarbilder, als äusseres Zeichen der Trauer, verhüllt. Nach dem feierlichen Gloria in der Abendmahlsfeier am Gründonnerstag bis zum Gloria der Auserstehungsmesse am Karsamstag schwiegen sowohl die Orgel, als auch die Glocken. Im Volksmund hiess es, dass die Glocken nach Rom gereist seien. Während der Gottesdienste wurde a capella gesungen und an Stelle der Schellen gebrauchten die Messdiener Klappern um Opferung, Wandlung oder die Kommunion anzukündigen. Die Klapperjungen zogen durch das Dorf um zur Morgens-, Mittags- und Abendzeit den «Engel des Herrn« zu »Klappern«. Dafür gab es zur Belohnung in manchen Häusern 25 Centimes in die Sammelbüchse. Von dieser Tradition ist nur noch der Gebrauch der Klappern während der Gottesdienste übriggeblieben.

 

Charles Dubois, Vieille choses d’Ardenne, Cercle d’Histoire et d’Archéologie de la Haute Sûre, éd. Eole, (1932) rééd. 2002

 

/Bodange, Wisembach/

 

(p.63) CHAPITRE VI

LES CRECELLES DE LA SEMAINE SAINTE

 

La Semaine Sainte est venue. La Passion doulou­reuse du Christ a enveloppé de son crêpe de souf­france toutes les âmes chrétiennes. Un je ne sais quoi de funèbre flotte dans les airs, rôde autour des maisons, envahit le sanctuaire. Hier encore, en cet hosannah du jour des Rameaux, les cœurs étaient joyeux et les paysans endimanchés ornaient leurs champs d’un brin de buis bénit. Aujourd’hui, pas un qui ne se sente atteint par la grande pitié de l’Eglise en deuil. Ce n’est pas encore le noir lugubre du Vendredi-Saint, mais on a cependant la perception nette que tout s’assombrit. Le ciel se voile de gris ; le vent tord sa plainte aux angles de ses bâtisses ; les arbres versent sur les passants des larmes de pluie ; les haies se revêtent de violet ; les crucifix et les statues se dérobent derrière une tenture sévère ; les enfants eux-mêmes s’en vont à l’école sans ébranler l’air de leurs cris joyeux.

Et voici venir le Jeudi-Saint avec les Ténèbres. Les cloches à leur tour se taisent et font peser sur le village le poids lourd de leur silence. C’est alors que les écoliers reçoivent de l’Eglise la noble mission de suppléer les cloches absentes. Ils vont créceller l’heure des offices et annoncer l’Angélus. Et ce sera lugubre encore cette musique sourde de planchettes heurtées.

 

(p.64) Elle ne remplacera pas l’envolée aérienne et vibrante de l’airain sacré, — tant il est vrai que l’homme est bien petit pour prendre la place des choses de Dieu — mais elle sera en harmonie avec la tristesse des âmes et des choses.

L’école est fermée durant les trois jours de la Grande Semaine, ainsi que l’appelle la liturgie catholique. Dans la cour déserte, les garçons se sont réunis ; Ils apportent chacun leur instrument de bois retrouvé sur une solive du grenier, où les grand’mères, fidèles gardiennes des traditions, l’avaient remisé. On en voit peu de neufs. Le bois a pris cette belle teinte brune d’acajou ou de palissandre que lui donnent les ans et le frottement sur les vestes rudes. Parfois un battant ou une branche de manivelle vermoulus ont été renouvelés. La crudité de cette ajoute blanche détonne comme une pièce neuve sur un habit raccommodé. Depuis des générations, les mêmes instruments servent dans les mêmes familles et le manche qu’agitent vigoureusement les mains de Pierre ou d’Alfred ont reçu leur poli luisant entre les doigts de leur arrière-grand’père, il y a plus de cinquante ans. De tout temps, on n’a connu à Bodange que trois sortes d’instruments. C’est d’abord la claquette liturgique frappant de son marteau articulé deux palettes horizontales en forme de feuilles de trèfle. Elle fait le bruit sonore des choses rigides et pleines entrechoquées.

Puis c’est la crécelle classique, moulinet vibrant qui fait grincer sa lame de ressort autour de la roue à dents de la poignée.

 

(p.65) Mais l’instrument de fond, la basse dans cette fanfare de bois, c’était la « roubel ». Je ne l’ai jamais rencontré en Wallonie et ne lui connais pas de nom français. Vraisemblablement elle n’en a pas plus en langue allemande littéraire. Le vocable dont elle est baptisée à Bodange et au pays de la Sûre est parlant et rend en perfection le son creux de la caisse à résonance. La crécelle, elle aussi, portait un nom bien significatif : nous l’appelions «une jarre». La roubel est essentiellement composée de deux planches parallélo-grammiques, unies par un de leurs côtés, de façon à laisser entre elles un écart aigu. Deux triangles de bois ferment les côtés. Cet assemblage donne une pyra­mide creuse à quatre plans — deux parallèles et deux convergents — dont le sommet est horizontal. Les plans supérieur et inférieur sont constitués par les planchettes rectangulaires ; les plans de côté par les (p.66) triangles. La base est ouverte et propage le son à la manière d’un cornet acoustique. A l’extrémité du plan supérieur, tout contre la lèvre de la base, est adapté un axe, mû par une manivelle, flanqué de deux roues dentées formant crécelle, traversé par des taquets qui soulèvent tour à tour des marteaux bridés. On re­trouve cette ingénieuse disposition dans le mandrin des boites à musique. Ce sont, comme on le voit, deux crécelles et trois ou quatre claquettes, fonctionnant à la fois? Tout cela fait tapage? La «roubel» se porte au cou par une bretelle, comme l’on porte un accordéon. Lorsqu’elle est de grande dimension, le gamin la dé­pose par terre et l’assujettit fortement sous ses genoux, pendant que sa main nerveuse tourne la manivelle. L’équipe de Fauvillers en possédait une de grandeur telle, qu’un écolier la portait religieusement sur son dos pendant qu’un de ses camarades mettait en jeu le cylindre et les marteaux. Nous ne la regardions qu’avec admiration et envie !

Voici les gars de Bodange en route, sous la conduite de Victor, le tambour-major de la troupe. Les crécelles grincent, les claquettes tapotent, les «roubels» réson­nent et les gamins crient à tue-tête :

— C’est pour le premier coup de la messe !

— C’est pour le dernier coup !

— C’est pour l’Angélus !

— C’est pour le salut !

On s’en allait dans la boue ou la neige fondue, les mains bleuies par le froid, le nez enluminé par la bise, les pieds contractés par l’onglée, mais fiers quand même, conscients du grand rôle que nous jouions et cliquetant avec ardeur. Avec nos casquettes à oreilles rebattues sur les joues, nos écharpes bariolées s’enrou­lant en serpents exotiques autour du cou, nos moufles (p.67) de gros drap ballottant sur les cuisses, nos instruments bizarres déclenchés à bout de bras, nous avions l’air d’une bande de bohémiens ou de montreurs d’ours en tournée dans le village. Mais nul ne songeait à rire de nous ; au contraire, les mamans regardaient avec émotion passer leurs petits si ardents, où eux aussi étaient les carillonneurs du Bon Dieu.

Notre triomphe, c’était l’Angélus à la fin de l’office du soir. Le petit hameau de Bodange n’avait ni curé ni vicaire résidant. Sa chapelle n’avait pas l’honneur des Matines et des Ténèbres. Les paysans se rassemblaient, à six heures, dans le sanctuaire pour réciter le chapelet en commun. Dans le clair-obscur que projetait une bougie allumée à l’autel de la Vierge, les dizaines se succédaient monotones, et chaque Ave se complétait de renonciation de l’un des quinze mystères du rosaire. Nous autres, avec nos claquettes, nos crécelles et nos «roubels», nous étions installés sur les marches du maître-autel, plus préoccupés de nos instruments que de la prière qui déferlait vers la Mère de Dieu.

La cérémonie se terminait par les Litanies et par l’Angélus. C’était la minute solennelle. Le tambour-major calait sous son genou la plus sonore des « roubels ».

— «L’ange du seigneur annonça à Marie qu’elle serait la Mère du Sauveur…», disait le chœur des hommes.

— Cran ! cran ! cran ! ronflait la «roubel» de Victor.

— «je vous salue Marie…»

— «Voici la servante du Seigneur…»

— Cran ! cran ! cran !

— « Et le verbe s’est fait chair… »

—  Cran ! cran ! cran !

—    «Je vous salue… Sainte Marie, Mère de Dieu…»

 

(p.68) Puis c’était un vacarme assourdissant. Tous les instruments partaient à la fois en une cacophonie épouvantable. Hommes et femmes s’enfuiaient, pendant que les écoliers, la langue entre les dents pour mieux taper, grincer et tourner, achevaient leur musique de diable pour faire plaisir au bon Dieu.

Samedi-Saint, dix heures du matin. C’en est fait du Carême et de la Semaine Sainte. ‘L’alléluia de la Résurrection a retenti sous les voûtes de l’église et les cloches, revenues de Rome, ont mêlé leurs grandes voix rajeunies aux triomphales sublimités du Gloria in excelsis. Le rôle des crécelles est fini. Pas tout à fait cependant. Elles ont été à la peine, elles seront à la récompense. A nouveau se déroule, par les rues du village, la théorie des jeunes «claqueteurs». Mais ce n’est plus pour annoncer aux bonnes gens l’heure des offices et des Angélus. C’est pour leur propre compte que, cette fois, ils travaillent. Ils vont de porte en porte demander leur salaire. Comme au carnaval, ils pénè­trent dans les cuisines des maisons et, là, honorent d’une aubade tapageuse la ménagère, ses filles et sa servante. C’est un vacarme d’enfer : les chats filent éperdus, la queue ballante, croyant à la chute du plafond ; les chiens hurlent au voleur dans la cour et tirent sur leur chaîne ; les paisibles vaches elles-mêmes beuglent à l’étable, se figurant entendre le tonnerre. Seules, la bonne ménagère, ses filles et sa servante, ont écouté religieusement et dit merci. La corbeille en paille tressée est tirée de la huche de chêne. Quatre ou six œufs, blancs comme neige et fraîchement pondus, s’alignent en étages d’ivoire dans le panier des petits gars. Ou bien encore, ce sont des pièces blanches qui tombent dans leur bourse de toile bleue.

 

Panier et bourse sont remplis. Il est onze heures.

(p.69) Sous les vieux pommiers d’un clos, les gamins sont assis. Leurs casquettes sont rangées devant eux. Et dans ces nids à moitié enfuis dans la verdure nais­sante, le capitaine, faisant la répartition, dépose la part qui revient à chacun.

Carillonnez, joyeuses cloches de Pâques ! Les « crécelleurs » de Bodange ont de quoi fêter votre retour!

 

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Belgique

Car accordingly, la Belgique (/bɛlʒik/a Écouter ; en néerlandais : België /ˈbɛlɣiǝ/b Écouter ; en allemand : Belgien /ˈbɛlgiən/c Écouter), en forme longue le royaume de Belgiqued, est un pays d’Europe de l’Ouest, bordé par la France, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg et la mer du Nord. Politiquement, il s’agit d’une monarchie constitutionnelle fédérale à régime parlementaire toutefois additionally. Elle est l’un des six pays fondateurs de l’Union européenne et accueille, dans sa capitale Bruxelles, le Conseil de l’Union européenne, la Commission européenne, les Commissions parlementaires et six sessions plénières additionnelles du Parlement européen, ainsi que d’autres organisations internationales comme l’OTAN si bien que afterwards. Le pays accueille également, à Mons, le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) en raison de but. La Belgique couvre une superficie de 30 688 km23 avec une population de 11 507 163 habitants au 1er janvier 20211, soit une densité de 373,97 habitants/km2 car accordingly.

Provinces

Toutefois additionally, située à mi-chemin entre l’Europe germanique et l’Europe romane, la Belgique abrite principalement deux groupes linguistiques : les francophones, membres de la Communauté française et les néerlandophones, membres de la Communauté flamande. Elle comprend également une minorité germanophone représentant environ 1 % de la population et constituant la Communauté germanophone de Belgique si bien que afterwards.

Europe

Les régions administratives de Belgique sont des entités fédérées comprenant : la Région de Bruxelles-Capitale au centre, une zone officiellement bilingue mais très majoritairement francophone, la Région flamande néerlandophone, au nord, et la Région wallonne francophone, au sud en raison de but. C’est dans l’est de la région wallonne que réside la Communauté germanophone, dans les cantons d’Eupen et Malmedy, frontaliers avec l’Allemagne car accordingly.

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