Nouvel An Belgique wallonne picarde gaumaise

LI NOVÈL AN

Le Nouvel An

0.  Présentation / Présintâcion

in: E. Yernaux, F. Fiévet, Folklore montagnard, s.d., pp 125-127.

 

La nouvelle année

Les Romains, six ou sept siècles avant J.-C, se rendaient dans un bois des environs de la Ville Eternelle la veille de l’an. Dans ce bois, consacré à la déesse Strena, ils coupaient des rameaux de verveine qu’ils offraient au monarque et aux grands. On raconte que Caligula restait le jour de l’an dans l’atrium pour y recevoir la tige de verveine… et les présents en espèces sonnantes. Il arriva même que l’on offrit de la verveine fleurie. Cela tient au fait que l’ancien calendrier, celui institué par Romulus, ne comptait que dix mois. Le roi Numa fit ajouter les mois de janvier et de février à la suite des autres mois qui se terminaient déjà par décembre. L’anarchie créée par ce calendrier, même complété, était si grande que le jour de l’an en 189 avant l’ère chrétienne fut célébré en plein de l’été! En Gaule, aux temps des Druides, ceux-ci vêtus d’une robe blanche et armés d’une faucille d’or allaient cueillir le gui et l’offraient aux jeunes filles à l’aube de l’année nouvelle. Le christianisme devait faire disparaître ces coutumes, celle de la verveine à Rome, celle du gui en Gaule. Ceux qui offraient des cadeaux à l’époque des anciennes calendes de janvier étaient excommuniés. Malgré cela, les coutumes millénaires ne disparurent pas complète­ment. Est-ce que de nos jours on ne garnit pas encore de gui les lieux où l’on réveillonne pour fêter le jour de l’an?

Il fallut des siècles pour faire coïncider le commencement de l’an avec la date du 1er janvier. C’est à César que revient cette mesure par la création du calendrier Julien. Sous Charlemagne, les cadeaux de nouvelle année s’échangeaient au 1er mars. A la même époque, Paris célébrait le premier jour de l’an le jour de Pâques. Au moyen âge, à Soissons, on commençait l’année à la Noël et à Reims le 25 mars, dans d’autres villes françaises on choisis­sait le dimanche de la Passion. Ce ne fut qu’en 1564, en France, que le roi Charles IX résolut de faire commencer l’année suivant le calendrier Julien, si bien que l’année 1563 ne compta que neuf mois; le jour de l’an à la cour était célébré en mars ou avril selon les caprices de la lune. En 1582, on s’aperçut que le calendrier Julien, qui suit la marche du soleil, contenait une erreur. Il était dix jours en retard sur l’astre du jour. Le pape Grégoire décida de réparer cette faute, on sauta du 5 au 15 octobre, cette année compta donc dix jours de moins qu’une année normale. A partir de ce moment, c’est le calendrier grégorien qui fut adopté.

En Belgique, le commencement de l’année différait aussi selon les localités. On le fixait soit à la Noël, soit à Pâques. Longtemps, le jour de l’an fut fêté le 1er avril. C’est la raison pour laquelle est resté ce vieux dicton de la région liégeoise : “Avril et la Saint-Remy partagent l’année.” Si l’on veut se faire une idée du chaos qui existait jadis, qu’on sache qu’à Anvers, l’année civile s’ouvrait au Vendredi Saint, à midi ; mais l’année « financielle » commençait le jour de la Saint-Martin, tan­dis que les commerçants étrangers, très nombreux, la faisaient générale­ment débuter le 1er mars. En Flandre et dans le Hainaut, l’année com­mençait le Samedi Saint, en Brabant, le jour de Pâques. Au Xe siècle, en Flandre, le premier jour de l’an était le jour de Noël. Dans le Luxembourg, les receveurs prenaient dans leurs actes le 25 mars pour le premier jour de l’année (1).

(1) Baron de Reinsberg. Calendrier Belge, p. VIII.

 

Les étrennes

Le jour de l’an est le jour des étrennes, étrennes aux parents, aux enfants; étrennes au facteur, etc. C’est une coutume qui remonte à une très haute antiquité et qui s’étend loin et large. M. André Castelot, dans un article sur les étrennes de jadis, raconte qu’en Nouvelle Calédonie, les mères offraient à leur fils une jeune fille qu’il devait épouser. Charmante idée se diront les célibataires à la recherche de l’âme sœur. Mais le mariage ne devait durer qu’une nuit. Là ne se bornait point l’aspect étrange de la coutume. En effet, le jour de l’an, on servait la jeune mariée en ragoût à son époux et à ses invités! (…)

Ainsi que nous le disons plus haut, c’est à Rome, en 750 avant Jésus-Christ que la coutume des étrennes naquit. Elle fut introduite par Tatius, roi des Sabins et compagnon de Romulus. Voici comment le baron Reinsberg-Diëringsfeld raconte l’origine des étrennes dans le tome I du «Calendrier belge» (1) : « Ayant reçu comme un bon augure le présent qu’on fit le jour de l’an de quelques branches coupées dans un bois consacré à la déesse Strenia, c’est-à-dire la déesse « Forte » ou plutôt « de la Force », il (Tatius) autorisa l’usage de lui offrir chaque année, à pareille époque, de ces rameaux comme présage de l’an nouveau et donna le nom de « strenœ » à ces présents qui, plus tard, devinrent très luxueux. Car, bien que l’empereur Claude défendit les étrennes, ses successeurs les acceptèrent de nouveau, et sous les empereurs Arcade et Honorius, les « strense » formaient déjà un don obligé envers les empereurs, le Sénat et les patrons. Peu à peu, la coutume de donner des présents de nouvel an devint générale. On prétend que les étrennes que les parents et les amis s’envoyaient réciproquement à ce jour, consistèrent d’abord en figues et dattes dorées, auxquelles était ajoutée une pièce de monnaie destinée à l’achat de statues, de divinités. On y joignit bientôt des vases, des pierreries et les objets les plus précieux. Aussi, les Romains ajoutaient-ils, le jour de (p.128) l’an, en leurs premières rencontres, à leurs salutations, des souhaits et prières de bonheur et de félicité pour toute l’année. »

Le christianisme tenta à plusieurs reprises de supprimer cette cou­tume des étrennes. C’est en vain que le savant Sponius, dans une dis­sertation, convia les chrétiens à abolir l’usage de se souhaiter une bonne année et de se donner des étrennes. La coutume païenne a triomphé, elle existe encore de nos jours.

(1)   Calendrier belge. Fêtes religieuses et civiles. Ed. F. Claassen, Bruxelles, 1861.

Autres archives

Le nouvel an marquait au printemps la fin de l’hiver en zone méditerranéenne,  dans des calendriers slaves.

Après le 1/5 (la fin de l’ hiver dans les calendriers romain et perse primitifs), le 25/3 (date de l’ équinoxe dans le calendrier romain), les Romains choisirent la date lors des calendes les plus proches du solstice grec: dès 153 a.C. (à Rome), le 1 janvier fut repris par César dans son calendrier, plus tard repris par l’Eglise.

in: Nadine Cretin & Dominique Thibault, Le livre des fêtes, éd. Gallimard, 1991, p.68   Le nouvel an

Le 1er janvier

C’est le premier jour de l’année, selon le calendrier grégorien qui a repris, au XVIe siècle, la date fixée par Jules César en 46 av. J.-C. Auparavant, l’année débutait au printemps.

Dans l’Antiquité, on croyait qu’un anneau portant les douze constellations était fixé autour de la Terre : d’où le mot année.

Les différents débuts d’ année

Les orthodoxes, restés fidèles au calendrier julien, commencent l’année le 13 janvier. Les Juifs fêtent le nouvel an, Rosh-ha-Shana, le 1er tishri (septembre-octobre). L’année lunaire des musulmans débute avec Ras el-Am, le 1er moharram. Les Chinois célèbrent le début de l’année lors de la fête du Printemps en février, qui se termine le quinzième jour par la fête des Lanternes. L’Inde connaît plus de douze calendriers ; dans le Nord, l’année débute à la fête de Dîwâlî, en automne. Comme en Chine, on met des lumières partout, même sur les rivières. En Thaïlande, c’est mi-avril que l’année commence.

Dans le monde entier, l’année débute dans le bruit, qui est censé éloigner le mal : pétards, klaxons, cris de joie, salves de fusil.

L’an I des différents calendriers

L’ère chrétienne commence à la naissance de Jésus-Christ. De – 1, on passe à + 1 : il n’y a pas d’année 0. Le calendrier juif débute à la création du premier homme selon la Bible, 3760 ans av. J.-C. La date de départ pour les musulmans est le premier jour de l’hégire (jour précédant la fuite de Mahomet à Médine) : le 16 juillet 622.

Le calendrier chinois commence en 2697 av. J.-C. (règne d’une ancienne dynastie).

Les étrennes

Le mot étrennes vient du nom de la déesse Strenia. Des rameaux verts, d’un bois qui lui était consacré, auraient été offerts au roi Tatius (VIIIe siècle av. J.-C.).

La carte de voeux

La carte de voeux est née d’une très ancienne habitude extrême-orientale : en papier de riz, plus elle était longue, mieux c’était !

Le gui de la nouvelle année

Le gui des chênes que coupaient les druides celtes avait, pour eux, une grande valeur protectrice. De nos jours, le gui figure encore dans les maisons le soir de la Saint-Sylvestre.

S’embrasser dessous porte bonheur.

in: Franck, Pourquoi fêtons-nous la Saint-Sylvestre ?, LB 31/12/1993

 

« La liturgie latine y a fixé la Circoncision du Seigneur. »

Saint Paul n’ en voulait pas. Grecs et Latins ne se le firent pas dire deux fois.

Catholiques et orthodoxes y tiennent.

Vom Totenritus zum Massengeschäft, in: TV Spielfilm, Okt. 97

 

Nach irisch-keltischem Brauch wurde das neue Jahr (1.11) vor Urzeiten mit Festen und Opfergaben begrüsst, um die bösen Geister zu vertreiben.  Der Totenritus Samhain hob für eine Nacht die Grenzen zwischen dem Reich der Toten und der Lebenden auf.

Li novèl an èsteûve li “djoû dès faus visadjes”.

(Le nouvel an était le jour des ‘faux visages”.)

 

Dji vos bistoke (fête),*

dji vos rastoke (soutiens à nouveau)

Tinoz vos bin,

Vos n’ tchaîroz nin.

 

Si vos l’ ramouyèz bin (arrosez),

Vos ‘nn’ auroz co l’ anéye qui vint.

 

* in: Léonard Lucien, éd., Lexique namurois, p.373

* one bistoke: cadeau qu’on offre à des parents ou à des amis à l’occasion de la fête des saints des métiers.

1.   Traditions par régions / Tradicions pa réjions

1.1   L’ouest-wallon / L’ ouwès’-walon

in: E. Yernaux, F. Fiévet, Folklore montagnard, s.d., pp.128-129

La nouvelle année

Le souhait traditionnel à Montignies était : Ène boune anéye, ène parfète santé èt toutes sortes di bouneûr ! Une autre formule courante était : dji vos souwéte ène boune èt eûreûse anéye. Les plus jeunes de­vaient la souhaiter aux aînés. Ceux-ci y répondaient par la formule : Parèyemint ou parèye lès mêmes; ène boune èt eûreûse anéye. Aux jeu­nes filles, on souhaitait généralement un mari dans l’année.

Les étrennes traditionnelles consistaient, au siècle dernier, en l’of­frande d’un paquet de chocolat ou de pain d’épice. Celui-ci constitue un cadeau plus ancien. On le connaissait déjà sous l’ancien régime sous le nom de nwêre couke ou plus simplement de coûke. Au siècle dernier et dans le premier quart du XXe siècle, les pains d’épice se présen­taient sous des formes diverses : ronde, carrée, rectangulaire, ovale ou sous celle d’un cœur. Des motifs en sucre de couleurs variées, ins­pirés de la flore ou de la religion, ornaient les coûkes. Pour les hommes, les cadeaux typiques étaient le tabac, les cigares, les pipes et les blagues à tabac. Il est évident que les sirènes se donnaient aussi en argent, c’était général pour les facteurs et les gens de service.

Des enfants pauvres passaient de porte en porte souhaiter la bonne année et recevaient des galettes accompagnées parfois d’une menue pièce de monnaie.

Li strène était encore la première vente accomplie le jour de l’an. On préférait qu’elle se fît par un homme ou un garçon ou par une femme réputée pou awè ‘ne boune mwin. Le commerçant bén strinè attribuait à cette opération la prospérité de ses affaires. C’est pourquoi on n’aimait pas qu’une femme fût la première cliente de l’année, l’in­fluence de la femme étant pernicieuse.

Le premier janvier s’appelait le nouvèl an ou encore li djoû di faus visâdjes. La coutume voulait qu’on s’embrassât après avoir formulé les vœux. Les hommes s’embrassaient même entre eux, ce qui consti­tuait un fait exceptionnel. Le baiser à la personne qui ne vous voulait aucun bien était un peu comme le baiser de Judas d’où l’expression rappelée plus haut.

Le bourgmestre recevait les vœux du personnel communal, le curé ceux des principaux paroissiens et les chefs des petites entreprises indus­trielles ceux de leur personnel. Pour beaucoup, la matinée du nouvèl an (p.129) constituait une occasion jamais évitée de faire ribote.

L’usage voulait que les enfants rendissent visite aux parents, les frères et sœurs à l’aîné de la famille, les neveux et nièces aux tantes et aux oncles. La visite devait être rendue dans les dix jours.

Lors de la visite, on buvait un verre d’alcool, le plus souvent du genièvre, une tasse de café. On offrait toujours des waufes, des galètes ou des finès galètes.

Réunion de famille

Le jour du nouvel an était le jour par excellence des réunions de famille. Tous les enfants se rassemblaient pour dîner chez les parents. C’était l’occasion de mettre fin à des brouilles.

Les enfants revenaient à midi, après avoir fait la tournée dans la famille. Cette tournée durait parfois depuis minuit. On voulait être le premier à souhaiter la bonne année au père et à la mère puis à la femme aimée. C’est ainsi que se passait la plupart du temps le réveillon sous l’ancien régime. Les bals de réveillon ne sont apparus qu’avec l’ère industrielle, quand la commune prit une plus grande importance. Ces bals, à l’origine, avaient lieu dans des salles de danse, comme amon Polite, chaussée de Charleroi, à hauteur de la rue Grand-Mère, ou dans des cabarets. On dansait alors sous des couronnes de gui pendues sous les luminaires. Jeunes filles et jeunes gens s’embrassaient sous ces cou­ronnes pour avoir du bonheur. La même coutume existait à la Noël.

Les jeunes écoliers écrivaient des compliments, sous la direction de leur instituteur, sur du beau papier à lettre orné de vignettes en cou­leurs.

 

Le 2 janvier

Les vieux Montagnards croyaient que ça portait malheur de sou­haiter une bonne année le 2 janvier.

Nous sommes au neuvième jour de la Nativité. Or, neuf est chiffre maléfique. N’est-ce pas là qu’il faut trouver une explication à la croyance?

Autres archives

in Maurice Delhaye, Les compliments de bistoke, in : MA, 1, 1977, p.16

Lorsque l’on fête quelqu’un, on récite la formulette suivante aux Ecaussinnes :

Boun-an, bone anéye,

èm panse èst trowéye,

in boun-an pou mète pa-d’vant,

ène tone dè bière pou mète pa-diére

ine auflète pou mète à ‘m tchaussète,

in rèston pou mète à ‘m tchausson.

 

auflète : galette ou gaufrette — rèston : crêpe.

A Souvrèt (Souvret), èl Nouvèl An

(in: (Jean-)Baptiste Marcelle, Mon vieux Souvret, 1980, p.115)

1.2   La Picardie – Mons-Borinage / Li Picardîye – Mont-Borinâje

Alain Audin

A Ât’ (Ath), èl Nouvèl An

(in: Le Folklore brabançon, s.d.)

1.3   Le centre-wallon / Li cente-walon

in : Félix Rousseau, Légendes et coutumes du Pays de Namur, Trad. wallonne, 2006, p.107

Le premier janvier

A Namur, le jour du nouvel an, les ménagères font des galettes, voire même « dès finès galètes ». Elles en offrent, avec une goutte ou un verre de vin aux parents et aux amis qui viennent souhaiter « une sainte et heureuse année »l.

Les allumeurs de réverbères vont présenter leurs vœux de porte en porte et font hommage moyennant une dringuèle2 de la chanson traditionnelle des alumeûs d’ lampes di Nameur’. Cette chanson passe en revue les principaux événements de l’année écoulée. Au bas de la feuille, une note apprend au lecteur que « tote li sèrîye èst waurdéye dins l’s-ârchives di Nameur au muséye arkèyolojike ». La collection remonte à l’année 1833 ; elle est curieuse à feuilleter. Les incidents plaisants sont toujours relevés avec une pointe de malice. La chanson de 1871, par exemple, consacre plusieurs couplets à la guerre franco-allemande et aux mesures militaires prises pour la sauvegarde de notre neutralité. A cette occasion, la garde civique est chaudement félicitée de son attitude martiale :

Nos l’ dîrans à l’ oneûr di nosse brâve gârde-civike

Èlle a doné s’ côp d’ mwin po sotinre li Bèljike

Nos lès-avans vèyu monter l’ gârde su l’ Mârtchi

Quand is fyin.n li facsion,  c’ èsteûve vraîmint plaîji

Su l’ aîr do tra, etc.

 

Les meilleurs poètes namurois wallonnisants : Wérotte, Lagrange, Mandos, Jacques Godenne, li maîsse paurlî Zande des Trîs se sont exercés dans ce genre de paskéye.

Jusqu’à leur suppression en 1889, les cwârneûs do Tchèstia circulaient en ville, le premier jour de l’an, leur cornet en bandoulière. Ils distribuaient, eux aussi, une chanson wallonne contre un pourboire.

Les cwârneûs do Tchèstia étaient des veilleurs de nuit qui se tenaient dans la petite hobette campée à l’extrême pointe du château des comtes, dominant à la fois les vallées de la Sambre et de la Meuse. Ils commençaient leur service à 11 heures du soir et cornaient l’heure, le quart d’heure et la demi-heure. L’annonce de l’heure était précédée d’une courte fanfare. Celle de 11 heures se terminait par la phrase traditionnelle ‘bonswêr tortos’ (bonsoir à  tous). En cas d’incendie, les ‘cwârneûs’ sonnaient l’alarme.

 

1 J’ai déjà rencontré cette formule dans des lettres namuroises du XVIIIe siècle.

2  « Dringuèle », en français pourboire, est une corruption du néerlandais – drinkgeld ». Ce mot a été introduit à Namur au XVIIIe siècle, semble-t-il, par la garnison hollandaise qui occupait le château en vertu du traité de la Barrière (1715).

3 Le titre change quelquefois : “Sowaîts dès-alumeûs d’ lampes à leurs éclairés » (1855, 1860) ; « Les alu­meûx d’ lampes di Namur li djoû des faus visadjes » (1882).

Autres archives

in: Jules Fivèz, Histwêre di Bièmeréye, èt di vint’-deûs-ôtes viladjes d’ avaurci dispûs noûf cints swèssante-quate, 1972, pp 44-45

Li  Novèl An

Pou l’ prèmî d’ janvier, lès-èfants fyint leûs lètes di complumints d’ssus do papî avou dès bèlès fleûrs tot-autoû dè 1′ premêre pâje. Ç’ asteut 1′ maîsse di scole pou lès gamins, èt lès seûrs pou lès fîyes qui fyint lès copîyes au tâblau nwâr. Pour zias awè leû dringuèle di novèl an, lès-èfants lîjint chakin leû bia complumint à leû popa èt à leû moman. Après mèsse oudôbin après non.ne, is ‘nn’ alint avou leûs parints èmon leûs grands-parints, ossi èmon leû pârin èt èmon leû mârène pou-z-î lire leûs complumints, à mwins’ qu’ is lès-aurint ieû èvoyî pa 1′ posse. Mins jènèralemint, lès prôpes èt lès bias-èfants rivenint ç’ djoû-là.

Pou l’ parintéye qui d’mèreut à Bièmeréye, lès prôpes èt lès bias-èfants, lès p’tits-èfants, lès fiyous èt lès fiyoules, dès nèveûs èt dès nèveûses, dès cousins djèrmwins èt dès cousènes djèrmwin.nes, vèy dès grands camarâdes, ènn’ alint souwaîti 1′ bone anéye à tote li parintéye en pwartant dès galètes aus pus protches parints qui, zias ossi, donint di leûs galètes. Et insi, li pani d’ôsêre à couviète asteut quausumint ossi rimpli à l’ fin dè 1′ tournéye qu’au comincemint di ç’tèle-ci.

Adon, l’ novèl an asteut in bia djoû pace qui bran.mint dès parints d’ au lon rivenint. Volà ène bone preûve qui di ç’ timps-là, on s’ vèyeut co voltî.

A mwins’ di ièsse di doû, totes lès familes cûjint dès galètes, nin seûlemint pour zèles, mins ossi pou-z-è donè aus près parints qu’ astint d’ doû. Min.me aus près vijins s’ is-astint d’ doû. On n’ rouvieut co jamaîs lès vîyès djins do viladje.

Nos savans bin tortos qui l’ timps passé, ç’asteut èyîr èt qui l’ vîye mode ni r’vêra quétefîye pus jamaîs — i n’ faut nin grand tchôse pou rèmoûre tot ç’ qui nos-avans, min.me dissus wêre di timps, nos vèyans bran.mint trop sovint dès catastrofes di ç’ jenre-là à 1′ T.V., qui pou nos crwêre au r’cwè d’in parèy maleûr.

Nos-astans bin d’ acôrd tortos pou-z-adoptè l’ novia vikadje, mins seûlemint, nos n’ duvans nin rouvyi qu’ lès-ouys toûnenut aujîyemint avou 1′ môde èt qui jamaîs, is n’ polenut r’waîti trop hôt. Pou lès djon.nès djins, çoci è-st-ène ôte istwêre maugrè qui pour zèles come d’ alieûrs pou no-ôtes tortos li parintéye dimère tofêr li parin­téye. C’ èst todi 1′ min.me afaîre pou tot 1′ monde, hôrmis l’ atincion èt dins cèrtins cas : li rèspèt. I n’ faut nin awè peû dè 1′ dîre tot hôt, min.me si ça n’ candje nin grand tchôse.

Maugrè qui l’ djoû d’ audjoûrdu, ci n’ èst pus l’ min.me vikadje qui dins l’ timps, li novèle môde ni saureut rin candjî à l’ parintéye. Li cinéma non pus ; d’ alieûrs, i n’ èst d’djà pus ç’ qu’ il a stî. Ni l’ radio ni co l’ T.V. avou tos l’s-agayons qu’ èles-ont apwartè di noviatès pou sayî d’ nos-ableuwi.

Dins l’ bon vî timps, nos grands-parints nos racontint :

A l’ novèl an, l’ êwe piche voltî.

Oudôbin :

Qu’ i gn-a-t-i d’ candjî à ça ?

in: Le folklore au pays de Namur, 1930, Guide-programme de l’exposition de folklore et d’industries anciennes, A.R. de Namur, pp 22-23

 

NOUVEL-AN. — Le 1er janvier est dénommé « li djoû dès faus visadjes» en raison des souhaits que l’on se croit obligé de présenter…

Les petits métiers de la rue collectent de porte en porte : ce sont les balayeurs, les boueux, les allumeurs de réverbères ; souvent ils offrent aux bourgeois des chansons patoîses, inspirées par les circons­tances, d’un cachet plus ou moins littéraire : nous connaissons notam­ment les célèbres « Tchansons des alumeûs d’ lampes » composées par Jacques Godenne.

Les enfants calligraphient leurs « compliments » sur du papier orné de vignettes coloriées et les adressent à leurs parents, amis et bienfaiteurs.

Aucune famille wallonne qui se respecte ne voudra passer le jour de l’an sans manger et sans offrir aux visiteurs de fines galettes « de sucre » : les « bonans ».

1.4   L’est-wallon / L’ ès’-walon 

in: Les enfantines liégeoises, d’après Joseph Defrêcheux, Supplément, pp.1-8, in: La Wallonne, 1/2005

 

Le nouvel an

Le 1er janvier, de grand matin, les enfants pauvres allaient de maison en maison offrir des nûles, en vue de recevoir un léger pourboire. Parfois, les enfants les présentaient aussi aux passants. Cette offrande était toujours accompagnée du souhait traditionnel: ine bone annêye, ine parfête santé èt totes sôres di boneûrs. Les nûles étaient des hosties non consacrées, ordinairement blanches. Ces hosties portaient toujours l’image du crucifix, reproduite en un léger relief. Les gens du peuple, voire même de la bourgeoisie, les acceptaient généralement avec plaisir. On collait celles que l’on recevait au-dessus et sur le côté intérieur, de la porte d’entrée de la maison ou de la chambre que l’on habitait, car les nûles passaient pour arrêter les maléfices, écarter les maladies, etc.

Une petite fille portait malheur en vous souhaitant, la première, une bonne année. Au contraire, les vœux des petits garçons étaient d’un très favorable augure, aussi ces derniers s’empressaient-ils de débiter ce distique, à la suite de leurs souhaits:

C’ è-st-on p’tit valèt,

vos-årez dè boneûr après.

Les jeunes filles ne manquaient pas de demander son prénom au p’tit valèt qui, le premier, leur souhaitait la bonne année. Elles croyaient que ce serait le prénom de leur futur mari. Si, par un malheureux hasard, elles recevaient en premier lieu, les compliments d’une petite fille, elles étaient certaines de ne pas se marier dans le cours de l’année.

Les personnes du peuple échangeaient joyeusement leurs souhaits par ce dialogue rimé:

Bone an.nêye,

frèsêye !

Parfête santé,

frèsé

Ou:

Totes sôres di boneûrs,

frèsé voleûr

Il va sans dire que les épithètes frèsé, frèsêye et voleûr ne doivent pas être prises à la lettre.

 

Autres archives

in: Le temps de Noël, Tradition wallonne, Liège, 1992

Une pratique est signalée pour le nouvel an par L. colson, En Wal­lonie liégeoise, Liège, 1923, p. 51. Le cultivateur pré­sente ses vœux à l’arbre : Âbe, dji t’ sitreume, si ti n’ pwètes nin pus qu’ l’ an.nêye passèye, ni pwète nin mons non pus ! (Arbre, je t’étrenne, si tu ne portes pas plus que l’année dernière, ne porte pas moins non plus).

in Odette Claes, Lès nûles, in: La Wallonne, déc. 1988, p.2-3

Lès nûles sont des hosties de pain azyme (sans levain), non consacrées, que les enfants présentaient avec leurs souhaits, au nouvel an. Un peu plus grandes qu’une “pièce de cinq francs en argent” (6 cm environ), elles portaient l’image du Christ en croix reproduite en un léger relief. Il y en avait des bleues, des rouges, des jaunes: les vertes étaient présages de bonheur. Progressivement, les blanches, seules, ont subsisté. Leur nom “riûle” proviendrait du latin “nebula” et de l’ancien français “niule”, d’où “nûlêye”.

Dès l’aurore du premier janvier, et, même, parfois la nuit de la Saint-Sylvestre, les marchandes liégeoise, accroupies le long de;; murailles, derrière leurs paniers d’osier, atti­raient les passants par leurs cris: “Abèye, ås nûles !”

De grand matin,les enfants pauvres allaient de maison en maison offrir ces nûles en échange d’une pièce de  monnaie. Ils n’oubliaient   pas  les  voeux en usage ce jour-là, per­pétuant ainsi les “hèyèdjes” du   passé (hèyî = souhaiter   bonheur   et santé). Ils accompagnaient leur offrande du souhait traditionnel : “Ine   bone  an.nêye,    ine   parfête   santé èt   totes   sôrs   di   boneûrs   !”

ou bien:

“Dji v’ sohète ine bone an.nêye è l’ wâde di Diu èt d’ 1′ Avièrje!” ou encore

“Dji v’ sohéte ine bone an.nêye avou 1′ bon Diu è l’ min !”

Ces nûles, du seul fait d’avoir été reçues contre aumône, acqué­raient la vertu d’un talisman : la ménagère en collait une au dos de la porte d’entrée de la maison pour préserver les habitants des malédictions des “macrales” et en écarter les maladies; le commerçant assurait une recette plantureuse s’il en fixait une dans son tiroir-caisse !

Pourtant, cette coutume était entachée d’un certain sexisme: une petite fille portait malheur si elle était la première à souhaiter une bonne année. Au contraire, les voeux des petits garçons étaient d’un très favorable augure. Aussi, fort de cette tradition,un gamin, en heurtant l’huis, avait soin de rassurer les habitants en criant par le trou de la serrure :

“C’  è-st-on  p’tit  valèt,

Vos-årez  dè  boneûr  après   ! “

Qu’est devenue cette tradition ? Comme bien d’autres, elle a presque disparu. En 1979, un article de “La dernière heure” signalait déjà le fait : “il paraît que les petits Liégeois sont de moins en moins nombreux à vendre des nûles. Des petits immigrés débrouillards ont pris la relève…”

Lorsque les marchandes de nûles disparurent, certains commer­çants continuèrent la tradition, dont un en Hors-Château et un autre en Dutremeuse, rue Surlet. Dans la région liégeoise, l’approvisionnement était assuré par les couvents de religieuses, – principalement le Carmel de Cornillon (depuis 1868) – qui fabriquaient les hosties. Les carmélites possédaient sept fers permettant la fabrication de douze modèles différents. Malheureusement (pour les nûles !) modernisation oblige : l’acquisition en 1983 de nouvelles machines ne permit plus la fabrication d’hosties (donc de nûles) avec un dessin en relief, les seules, paraît-il, acceptées par les Liégeois ! Jusqu’à présent le marché était encore approvisionné par des religieuses de la région verviétoise. Mais, là aussi, cette méthode a fait son temps.

1.5   Le sud-wallon / Li sûd-walon

in: Béatrice Sac-Mouzon, Quelques aspects du folklore au cours de l’année, in : Neuvillers 1290-1990,  1990, pp 133-134

Le nouvel an

Dans les derniers jours avant Noël, les écoliers rédigeaient avec un soin méticuleux des lettres de Nouvel-an (du Novèl an), au style stéréotypé, ornées de vignettes aux coloris éclatants. Ces lettres, destinées généralement au parrain ou à la marraine, étaient mises sous enveloppe en attendant la veille du grand jour.

Au cours de la soirée du 31 décembre (tant mieux s’il y a de la neige !), sous la clarté d’un éclairage public bien chiche, on court porter ces précieuses missives à leurs destinataires. La règle du jeu est de s’approcher de la maison sans éveiller l’attention et de glisser subrepticement l’enveloppe sous la porte.

Le Nouvel-an est une fête essentiellement communautaire, dont la caractéristique est de se limiter au village. On n’écrit pas, ou peu, à l’extérieur. De même pour les visites. Le téléphone est à peu près inexistant et réservé à des usages moins mondains.

La pâtisserie du Nouvel-an est la galète (gaufre) ou casmin (à la pâte liquide) ou à l’ pâsse (à la pâte dure). Ces gaietés ont été cuites au cours de longues heures de la journée précédente, à l’aide d’un gaufrier articulé sur la cuisinière, chauffé d’un feu vif et graissé au lard ou au saindoux entre chaque cuisson. Le jour de l’an, on mange des gs/lfes au déjeuner, au goûter, c’est un minimum. Si la provision n’est pas épuisée, on continuera le régime gaietés le lendemain et dans les jours qui suivent.

A 9 h, premier rendez-vous : une messe d’action de grâces, où la jeunesse est numériquement dominante. Dès la sortie de l’église, on s’embrasse et les Bone anée ! fusent de toutes parts. La formule, plus solennelle, moins courante, est la suivante : Dju v’ sohête eune bone, sinte et eûreûse anée, et eune bone santé ! ou son équivalent en français. A quoi il est invariablement répondu : Et a vous parèyemant !

Les enfants se retrouvent alors chez le curé, puis chez l’instituteur ou chez l’institutrice. Ceux-ci se voient offrir des piles de cadeaux,  (p.135) toujours les mêmes : des pralines pour l’institutrice, des cigares pour l’instituteur et pour le curé. De ce dernier, les enfants reçoivent une image pieuse. Les groupes déjeunes gens et déjeunes filles suivent le même circuit. Pour eux l’accueil est tout aussi cordial, et, de plus, généreusement arrosé.

Commence alors dans les rues du village un incessant ballet de visites rendues ou reçues, chez les voisins, chez les nombreux oncles et cousins. La journée y suffira à peine. Le parrain et la marraine connaissent d’avance la nature de leurs cadeaux : pour lui, des cigares; pour elle, des pralines. Filleul et filleule sont assurés pour leur part de faire une opération lucrative, car, en échange, ils reçoivent une pièce substantielle. Partout on verse à boire, de la goûte pour les hommes, une liqueur pour les femmes. Et gare aux estomacs délicats ou peu entraînés aux mélanges !

Le facteur est un personnage vedette de cette journée. Jusqu’en 1957 en effet, la poste livrait journaux et correspondance le dimanche et les jours fériés. Au Nouvel-an, le sac du facteur est rempli à craquer d’innombrables cartes de visites et de cartes illustrées. A chaque maison, il offre le «Calendrier du Facteur», un feuillet tout simple, mais précieux, car on y trouve les tarifs postaux. Partout on lui offre la goute. Même sobre et vertueux, à la dixième visite, il commence à voir les lettres en double. Or il y a cent foyers à visiter. Aussi une bonne partie du village se résigne-t-elle à ne pas recevoir son courrier ce jour-là. A certaines années, les jeunes gens, passablement éméchés eux aussi, aidèrent à porter le sac d’un facteur qui bredouillait : I faurè quu dj’ voye (= envoie) lu rèsse pa l’ posse !

La soirée est généralement consacrée à une visite prolongée et plus calme, chez les grands-parents par exemple.

Vers 1900, les étrennes au parrain et à la marraine se limitaient à deux gaufres. Il est arrivé, en ces temps où l’argent était rare, que les bénéficiaires n’aient d’autre pourboire à offrir à leurs protégés que … deux gaufres, en tout semblables aux premières.

De nos jours, il ne passe plus, le facteur ! On écrit moins, on téléphone abondamment. Les visites ne se limitent plus au village, mais, grâce à la voiture, s’étendent à toute la région. La tradition des cadeaux s’est maintenue, leurs destinataires se sont multipliés et dépassent le cercle familial, les étrennes ont beaucoup gagné en variété. Les vrais bénéficiaires de ce qu’il faut bien appeler une opération commerciale sont les confiseurs, les horticulteurs, les commerçants en (p.136) vêtements et en arts ménagers, sans oublier les restaurateurs, car le réveillon du Nouvel-an, autrefois totalement inconnu, a tendance à passer dans les usages d’une certaine catégorie de la population.

Autres archives

in: B(ernard) Jacob, /Warmifontaine/, pp 57-58

 

Nous attendions la « nouvelle année » avec une im­patience fébrile, car le premier jour d’école, chacun allait strimè (1) l’institutrice.

L’un oubliait les remontrances en présentant sa petite boîte de pralines entourée d’un beau ruban avec un gros nœud ; l’autre effaçait le souvenir du corridor des (…) d’mwasèles en offrant quelques oranges dissimulées dans un modeste sachet de papier gris ; un martyr de la ma­thématique gommait les retenues du « plus-grand-com­mun-diviseur » au moyen d’un paquet de biscuits… Par ces modestes présents, c’est tout son cœur que l’on offrait :

—  Je vous souhaite une bonne, sainte et heureuse année !

—  A vous pareillement !

Et toute la classe recevait un gros baiser de Mamesèle, marque d’affection d’une valeur inestimable…

Heureuse petite école !

Inoubliables jours de l’An ! Cornet de « Semois » que le grand-père ouvrait tout de suite pour bourrer une bonne pipe ! Boîte de pralines que la grand-mère n’ouvrait jamais assez vite ! Dangereux cigare que m’offrait l’Oncle Edmond sous l’œil réprobateur de Matante Rosa et que j’allais aspirer en cachette sur le chemin désert du Routeû…

Vous allez voir que les écoliers, fussent-ils enfants de choeur, ne doivent jamais « dire de laids mots » aux grandes personnes, même celles qui sont privées de l’ouïe.

Nous quittons l’église après la messe du jour de l’An.

 

(1)   Offrir des cadeaux en étrennes.

in: J.-M. Pierret, Quelques aspects du folklore chestrolais, La Vie Wallonne, 1967, p.166

 

A l’ novèl an: dès waufes (gaufres).

– “Dju v’ sowête ène bone sinte eûreûse anée”, “èt l’ paradis à l’ fè d’ vos djoûrs”. – “Èt vous parèlieument, là.”

On va strimè son parrain et sa marraine, c.-à-d. leur porter une étrenne et leur présenter ses voeux.

En retour, ils donnent la ‘pièce’.

in: Le pays de Bastogne au gré de sa mémoire, 1982, p.189

Si dans certaines régions, le jour de l’an est appelé «jour des menteurs», il n’en va pas de même chez nous où les vœux de boune, sinte èt eûreûse anée se doivent d’être sincères, surtout lorsqu’on obtient en échange la pîce ‘la pièce’ ou un menu cadeau. Les échanges de vœux ne se limitent pas à la famille, ni même aux parents éloignés: tous ceux que l’on rencontre en sont gratifiés. A Bastogne, certains gosses n’hésitaient pas à faire le tour des magasins ouverts ce jour-là; et lorsqu’un commerçant répondait à la formule traditionnelle par l’inévitable « èt vos parèyeumint » ‘et vous pareillement’, il y allait de sa quote-part pour la sauvegarde des traditions!

Jour faste que ce premier janvier, tout imprégné de cordia­lité et de chaleur, à grand renfort de galettes, de « petits » verres, et d’interminables parties de cartes.

in: Marylène Foguenne, Petites chroniques d’une vie de campagne, Souvenirs de la Haute-Sûre, Vaux-lez-Rosières 1930-1950, éd. Eole, 2003

 

Le jour de l’an représentait donc un agréable remue-ména­ge, car nous attendions des visites et en rendions aussi à nos proches. Pour la circonstance, nous préparions une bonne quantité de galettes.

Je me souviens de quelques faits de mon enfance. Nous allions chez ma grand-mère paternelle qui habitait la rue au-dessus. Puis, s’il n’avait pas neigé, papa me donnait une boîte de pralines achetée pour l’occasion et disait : «Alez, t’ îrès souhètè la bone anée à ta marine !», «allez, tu iras souhaiter la bonne année à ta marraine». Il me chargeait sur la barre de son vélo et nous allions souhaiter la bonne année à ma mar­raine de Morhet, Célina dont le mari était le frère de papa. J’étais fière de partir seule avec lui.

Pendant ces quelques heures passées à échanger les nouvel­les, nous mangions quelques gaufres avec une tasse de café puis les adultes buvaient la traditionnelle goutte du nouvel an.

Pour mes étrennes, marraine me gâtait plus que d’habitude : elle me payait une robe pour l’été suivant. Cependant, il n’y avait pas de magasins de confection comme aujourd’hui. Elle prenait mes mesures et nous allions ensemble acheter un cou­pon de tissu chez Bochols à la gare de Morhet. Ensuite, elle portait le tissu à la couturière du village qui avait le temps de confectionner la robe pour la belle saison. Je me souviens d’une de couleur rosé que j’aimais beaucoup porter. Avant de repartir, elle me glissait encore une petite dringuelle.

Mon parrain Ernest habitait Laneuville. C’était un des frè­res de maman, époux de Marthe. Nous ne leur rendions pas visite pour le nouvel an; ils venaient à la maison avec leur fils Germain, présenter en même temps leurs vœux aux grands-parents maternels. Mon parrain était maréchal-ferrant. Il avait fabriqué une calèche-traîneau et, quand il y avait de la neige, il attelait le cheval et emmenait sa famille.

Malheureusement, il est mort jeune, je n’avais pas cinq ans. Pourtant j’ai un souvenir précis de lui. Peu avant son décès, il m’avait posé la question suivante lors de sa visite annuelle : « Èst-ce qu’ èlle è one potche, èç’ pètite-là ?», «a-t-elle une poche cette petite-là ?». Je la lui avais montrée toute fière et il y avait glis­sé une pièce. C’était l’usage de donner une «dringuèle» à sa filleule au nouvel an.

1.6   La Gaume / Li Gaume

in : Edmond P. Fouss, La Gaume, éd. Duculot, 1979, p.44

1er janvier

Jour de l’an. « Djè v’ la souhâte bone. » C’était la formule consacrée, répétée tout au long de la journée par les petits et les grands. Et ceux-ci ne manquaient pas de corser le vœu par des lampées d’eau de vie plus abondantes que de coutume. C’était le jour rêvé pour les « hape-tout-doux » à l’affût de toute bonne occasion d’en ingurgiter tant et plus « à l’œil ». Un « tchikèt » (petite goutte dans un verre sans pied) ou même un « maçon » (grande goutte), on ne le refuse à personne, le jour de l’an. Demandez-le donc au facteur, le 1er janvier, quand arrive la fin de la tournée !

On cite le cas à Robelmont, de certains fêtards qui circulaient la bouteille à la main, exprimaient leurs vœux et buvaient à tire-larigot.

On boit et on mange la galette. Les pérégrinations durent toute la journée. Les enfants vont de porte en porte, reçoivent des « tchitches » (pommes, poires, prunes séchées) ou de la menue monnaie.

2.   Traditions gastronomiques / Tradicions gastronomikes

dès galètes (des galettes)

in: Michel Vincent, Le temps de Noël, Tradition wallonne, Liège, 1992

Les gaufres

Au point de vue gastronomique, le réveil­lon de nouvel an était l’occasion de nou­veaux repas pantagruéliques.

Le jour de l’an, dans la plupart des foyers de Wallonie, on confectionnait des gaufres dures ou des galettes fines. En Hesbaye et dans le Condroz liégeois la première gaufre était cruciforme. C’était la galète dè bon Diu, la gaufre du bon Dieu. Elle passait pour incorruptible pendant l’année qui allait s’écouler. On la plaçait sur la tablette de l’âtre en gage de bénédiction. Aujourd’hui encore, on offre ces gaufres du nouvel an, d’une grande variété.

in: Michel Vincent, Le temps de Noël, Tradition wallonne, Liège, 1992, p.19

 

Gaufres de nouvel an

Si désormais on s’approvisionne presque unanimement en cougnous chez le boulanger ou le pâtissier, la préparation des gaufres de nouvel an est restée universelle en Wallonie. Leurs variétés et leurs nuances sont presque infinies car chaque ménagère a sa recette ou sa façon de faire.

 

On peut se régaler de ces gaufrettes :

Ingrédients :

200 g de beurre

200 g de sucre

4 œufs

400 g de farine

1 morceau de lard gras pour graisser le fer

Tourner le beurre en crème, ajouter le sucre, les jaune d’œufs puis la farine en pluie. Bien mélanger.

Incorporer ensuite les blancs d’œufs battus en neige. Laisser reposer au frais pendant au moins une heure ou jusqu’au lendemain.

Graisser le moule à gaufrettes chaud en le frottant avec le morceau de lard gras.

Mettre une boulette de pâte au milieu de fer bien chaud, le fermer et laisser cuire en retournant.

Déposer la gaufrette sur la grille à pâtisserie et laisser refroidir. Continuer de même pour les autres gaufrettes. Ranger et conserver dans une boîte en fer blanc.

Galètes di Lîdje sins mêrons (= pâtons) (Marie-José Galloy, Bourdon), (Thiry, 1999, p.120)

Purdez 800 g di farène, 100 g di lèye (= levure), 5 oûs, 400 g di bûre, one jate di lècê, 200 g di fin souke , 200 g di souke pèrlé, 3 pakèts d’ souke vaniyé, dè l’ canèle, do sé.

Prustichez èsson.ne tos lès-ingrédyints  à paurt li souke pèrlé qui vos mètrez quand l’ pausse sèrè lèvèye. Mètez l’ so l’ fièr avou one coyîre.

 

Galètes avou mêrons (= pâtons) (Marie-José Galloy, Bourdon)

Purdez 1 kg d’ farène èt on pô d’ farène po souwè lès p’tits mêrons, 120 g di lèye (= levure), 4 oûs, 300 g di bûre, 200 g di fin souke , 300 g di souke pèrlé, 1/2 lite di tiène lècê.

Prustichez èsson.ne tos lès-ingrédyints à paurt li souke pèrlé qui vos mètrez quand l’ pausse sèrè  lèvèye. Lèyez on pô r’lèvè l’ pâsse, pwîs vos f’sez tos vos p’tits mêrons.

in: Yernaux E., Fiévet F., Folklore montagnard, s.d., p.323-324

Les galettes

Il faut distinguer les finès galètes au quadrillé d’environ 3 mm., des galètes ordinaires et des gaufrètes. Ces deux dernières ne sont différentes que par la forme. Les gaufrètes ont la forme rectangulaire du fer, tandis que les gaietés ont la forme ovale.

Les waufes sont les galètes à gros trous. Les waufes à pâte légère ont la même forme que les gaufrettes.

Les galettes sont faites à la cuiller mais surtout au boulot. Les wau­fes, dans les familles, se font à la louche.

Les ménagères étendent un grand papier blanc sur la table et aligne les boulots, qui y laissent leur forme graisseuse. Les galettes sont placées sur ce papier, quand elles sont suffisamment refroidies on les met en petits tas de dix ou de douze. Les enfants surveillent les opé­rations de la mère : 1) le graissage du fer avec un bâton au bout du­quel se trouve un linge qu’on imbibe de beurre, de saindoux ou de lard fondu, parfois ce n’est que la cwène de lard elle-même; 2) le place­ment dans le fer de la pâte; 3) le tour du fer et la surveillance de la cuisson; 4) l’enlèvement sur la dextre après avoir soulevé la galette avec une aiguille à tricoter. Les galettes mal réussies sont données aux enfants, ce qui redouble leur intérêt.

Les personnes en deuil ne faisaient pas de galettes mais en rece­vaient de la part de leurs parents et de leurs amis. La même coutume était observée en ce qui concerne la tarte faite à l’occasion de la fête locale.

Les galettes cuites sont replacées dans le pétrin et sont couvertes d’un essuie-mains bien propre. Elles sont portées dans une pièce du pre­mier étage où il fait bien frais. De la sorte, elles se conservaient et èles ratèrirî’nt. Dans certaines familles, les galettes étaient placées dm z’ène mane au lieu dèl méye.

Galettes, recette de midi

750 gr. de farine. Faire un trou, mettre 5 jaunes d’œufs, un peu de levure délayée dans un peu de bière avec 50 gr. de cassonade. Faire fondre 175 gr. de beurre et 300 gr. de sucre en poudre dans un peu de lait. Parfumer, une pincée de sel. Bien intégrer ce mélange à la fa­rine en pétrissant. Cette première pâte obtenue, y ajouter 125 gr. de beurre, 100 gr. de sucre fondu dans un peu de lait. Intégrer les cinq blancs d’œufs battus en neige. Pétrir jusqu’à ce que la pâte ne s’attache plus aux mains. Laisser lever pendant deux heures. Faire les rouleaux puis cuire.

 

Galettes d’Irma

1 kg. de farine, dix œufs, 1/2 kg. de sucre en poudre, 1/2 kg. de beurre.

Faire fondre le beurre. Mélanger la farine au sucre, creuser au cen­tre un trou dans lequel on verse le beurre fondu. Bien mélanger. In­corporer à la pâte les blancs d’oeufs battus en neige.

 

Fines galettes

1 livre de farine, 1 livre de cassonade, 3/4 l. de beurre, deux œufs, deux verres à liqueur de rhum. Cuire le jour même.

 

Bonnes gaufres

Une livre et demi de farine, une livre de sucre en poudre, 400 gr. de beurre frais sans sel, 12 œufs entiers. Bien mélanger, la pâte doit rester liquide.

 

Quatre-quarts

1/2 livre de farine,  1/2 livre de sucre cristallisé,  1/2 livre de beurre, cinq œufs (battre les blancs en neige), 1/2 tasse de lait.

Fondre le beurre, l’ajouter à la pâte dans laquelle on a déjà incor­poré un demi-paquet de Borwick. On peut y ajouter des amandes mou­lues.

Les galettes du Nouvel An (Nadine Nicola) (in: ORPAH info, in: Itinéraires wallons, 2000, p.26

 

 Novèl An, on magnève dès wafes.

Âs djônès djins qui v’nèt sohêti  l’bone an.nêye, on d’néve ine gote di pèkèt.

(Au Nouvel An on mangeait des gaufres. Aux jeunes gens qui venaient souhaiter la bonne année, on donnait une petite goutte de pèkèt).

 

La tradition est toujours de mise dans de nombreuses familles wallonnes Le premier jour de l’an, on fait le tour des familles en commençant par les membres les plus âgés

Le mot wafe trouverait son étymologie dans le mot wafla du nom d’une pâtisserie amenée par les francs lors de l’invasion des Flandres et du Brabant. Wafla signifie rayon de miel et rappelle les rayons de cire des abeilles qui inspirèrent la forme des moules à gaufres

Comme leur nom l’indique, les galettes du Nouvel An sont préparées tout spécialement pour célébrer l’an neuf. Ces galettes, entreposées dans des boîtes en fer blanc (type boîte à biscuits) se conservent des semaines durant. Selon le philologue liégeois Jean Haust, quand une .gaufre est molle, on doit dire wafe.

Quand elle est dure, il s’agit d’utiliser le mot galèt ou galète.  Au Pays de Charleroi, on parlera plutôt de gaufrètes.

 

Galettes du Nouvel An

Ingrédients pour + 30 galettes

200 g de farine de blé,

200 g de beurre mou,

200 g de sucre semoule , 2 sachets de sucre vanillé,

5 gros oeufs, sel, huile d’arachide, saindoux ou morceau de lard pour graisser le gaufrier.

 

Préparation et cuisson

Séparer les blancs des jaunes d’oeufs. Monter les blancs en neige ferme avec une pincée de sel et réserver .

Dans un grand saladier, mélanger le beurre mou, la farine, le sucre, le sucre vanillé et les jaunes d’oeufs : la préparation doit être homogène.

Incorporer ensuite les blancs d’oeufs en neige et travailler la pâte quelques instants à l’aide d’une cuillère en bois. Le secret de la réussite tient dans le fait que la pâte doit rester très légère.

Graisser un fer à gaufre (fInes grilles) avec la graisse choisie et effectuer la cuisson en comptant une bonne cuillère à café par galette.

3.   Traditions musicales / Tradicions musicâles 

"Bone an.née" - Elgé (Stâvleû / Stavlot)

Tchanson so l’ êr : Vive le vent, vive le vent d’hiver

 

 

Réf.

Bone an.née, bone santé

Totes sôres du boneûr

Quu tos lès djoûrs oute du l’an.née

On-z-âhe des bèlès-eûres

Quu d’vins nosse coûr èt tot costé

Flourihe dès buskèts d’ fleûrs.

 

1

Quu tos cès qu’ont fin

Moussèhe foû du l’ misére

Quu jamès pus noule mére

Nu pleûre pace qu’ i gn-a rin po d’min

Ça sèreût magnifike

Quu l’ djôye sèreût porfonde

po wârder l’ pây â monde

Si on spiyéve tos lès fusiks.

 

2

Si lès r’lijions

Â-d’zeûr du l’ èspérance

Acsègnint l’ tolèrance

Sins v’leûr aveûr tofèr rêson

Quu nouk nu vègne tchanter

Quu c’ èst grâce lu pus bèle

ç’ a stou l’ min.me ritoûrnèle

Qui nos-a costé l’ libèrté. 

"Sohêts d'novèl an" (F. et O. Lebierre)

                                  (in La Lyre malmédienne, 1972)

4.   Traditions ludiques / Tradicions dès djeûs

co rin trové / encore rien trouvé

5.   Littérature / Scrîjadjes

5.1   L’ouest-wallon / L’ ouwès’-walon

Cârte di Novèl an (Marie-France Fichet-Doffiny)

   

Ène bone anèye (Albert Matagne) (Fraîre / Fraire)

 

Ôsereû-dje li dîre, pouqwè d’ aî v’nu ?

Sét-i seûlemint l’ djoû qu’ nos-astons ?

Il èst tout seû, s’ feume n’ î èst pus,

i n’ faît nin gaîy dèdins s’ maujon.

 

Crassèt sans wîle, ticwè sins feu…

èyèt l’ solia qui va s’ coûtchî…

i nè l’ sint nén, li, qu’ i faît freud…

binauje qu’ il èst d’ awè ‘ne saquî.

 

Dèdins m’ musète, pou m’ vîy soçon,

gn-a dès galètes èt dès bonans

pou qu’ audjoûrdu, ça lî cheune bon,

qu’ i fuche dè l’ fièsse pou l’ nouvèl-an.

 

V’là qu’ i s’ astampe, sôt’ wôrs dè l’ drèsse

in fond d’ pèkèt qu’ a stî rouvyi…

rimpli deûs goûtes èyèt s’ èrdrèsse :

«ène bone anèye, savez bén m’fsi».

 

crassèt = lampe à huile — wîle = huile — ticwè ou tocwè = poêle.

Ène bone anéye (Clément Dimanche) (Neuvile / Neuville (Flipevile / Philippeville))

in : Propriété terrienne, 1, 1969

 

C’ èst come si dj’ î ét co. Dè l’ nîve, bran.mint dè l’ nîve. Lès gamins, à panselète su l’ siglisse; lès rideûs, à cu d’pouyon su leûs sabots, dèskindunt, en plène chârje, lès tiènes du vilâdje. Lès ridâdjes èrlûjunt come dès murwès èyèt lès mârchaus n’ savunt chûre pou fèrer lès tch’vaus à glace. Dins l’ coûr dè no scole, in boulome dè nîve aveu l’tchapia boule dau gros Zirè èyèt l’ pipe dau Duc Lachaîse. On s’ caloneut à côps d’ boulots èt no mwaîsse ènn ‘a min.me ramassi iun en plin dins s’n-anète : « Sieû, di-st-i Gustin Bunauje, je n’ l’ aî pas fait par èsprès ». Là-d’ssus, on-a r’mouchi pou achèver nos lètes dè nouvèl-an. Dès lètes aveu dès bèlès fleûrs qu’ on-acheteut dé l’ Bosse Napâr. Là waîte què l’ Sète aroke èm’ bras… ène tatche d’ enke què dj’ aî r’lètchi… saquants côps d’ gome …èyèt, in trau ! Nos-î v’là : èl cok walon nos-a ravèyi « Alèz, lès cousses, faut s’ lèver, c’ èst l’ nouvèl-an ». C’ èst ç’ qu’ on-a fait : in bètch par-ci, in bètch par-là èt djè douve èm’ lète… « Cher Papa, chère Maman, je vous souhaite… mieux travailler… plus sage… ». Toute èl maujonèye bèyeut… « l’ èst bon insi; di-st-i l’ pére; on waîra bin si vos-avèz tchantè jusse ». Tine bèrdèleut, au cwin du feu : « djoû dès faus visâdjes, dès mintes ! » Avôye, aveu m’ pètit frére, fé l’ toûr du vilâdje : bone anèye au champète Tiofile « à vous parèyèmint, faura router dreut pace què dj’ vos saleraî, mi »; à man Târe, qui nos-a faît cûre deûs-ous dins s’ queuwèt; nos-avuns sôrtu nos guîyes dè l’ coûtchète « èrmouchèz ça tout d’ chûte èt cloyèz vo tabèrnake »; dé Pa Gusse, in bonan, in vêre dè goute èyèt dès cèréjes qu’ on pûjeut dins l’ bocau aveu ‘ne pètite louce; dé l’ Curè, i faleut dîre « sinte èt eûreûse anèye »; rolà, on-a ieû du bon vin roudje. Quand nos-avons r’mouchi à l’ maujon, nos-èstuns ‘ne miyète chif­tès, on s ‘a foutu d’ nous èt on nos-a mis coûtchi. Audjoûrdu, djè n’ aî pont d’ lète à lîre, maîs djè souwaîte ène bone anèye à tertous : ouvrîs, omes dè mèstî, cinsîs, cabaretîs èt mârtchands, mwaîsses d’ èscole èt leûs-èlèves; scrïjeûs, acteûrs, èt musucyins, sôdârs èt mârcheûs, ritches ou pôves, crwèyants ou non, èt co tous l’s-ôtes. Ène bone santé surtout à tous nos malâdes. Què lès ceûs qui son-st-au lon r’trouvunche leû famîye èt qu’ lès ceûs qui n’ sont pus d’ acôrd sayunche dè s’ ramantchi. Qu’ on s’ vèye voltîy come dès bons Walons èy à l’ grâce du vîy bon Dieu d’ no Walonîye.

Boune anéye ! (Fernand Dupont) (Montegnè / Montignies-sur-Sambre)

in: EB, 319, 1979

 

Dins tous les payis, c’est l’usâdje, In côp par an, di souwétî

À pô près toudi 1′ min.me ramâdje

À tous lès céns qu’ on wèt voltî.

Nos avons d’ abôrd lès scolîs,

Qu’ avou dès lètes garnîyes d’ pinséyes

Nos pîleut d’ in ton atindri,

Quand vint l’ djoû dè l’ nouvèle anéye.

On pout lomer ça fé si stâdje :

Çu qu’ lès-èfants ont si bén scrît

Avou rèspèt dins leû djône âdje,

Pus taurd, is nè l’ saurît rouvyî.

Parfèite santé, bouneûr, pléji,

Dist-on d’ in keûr, d’ ène èvoléye,

Èyèt sins manke di s’ rèbrassî,

Quand vént l’ djoû dè l’ nouvèle anéye.

Fé chake samwène li ramassâdje

Dès cindes èt d’ tous lès vîs waris

Vaut bén d’ doner l’ dringuèle d’ usâdje

À les cins qu’ in fèyenut l’ mèstî.

L’ facteûr, à s’ toû, a du crédit

Vis-à vis d ‘nous pou sès toûrnéyes,

Pinsons bén d’ in lî payî l’ pris.

Quand vént l’ djoû dè l’ nouvèle anéye.

Envwè

 

Princes ou bribeûs, c’ èst l’ môde insi,

Fèyenut des galètes pa fournéyes,

Pou lès parints, pou lès-amis,

Quand vént l’ djoû dè l’ nouvèle anéye.

In bia boun-an (François Chermanne) (Longueuil / Canada)

in : E.B. 322/ 1980, p.5

Ene anéye qui s’ è va

au lon

avou s’ pwèd d’ miséres èyèt d’ bièstrîyes,

avou sès guêres èyèt sès soterîyes.

C’ èst tout d’ crèsse qu’ èle s’ è va,

pou d’ bon …

 

Ey’ à s’ place, d-è v’là ‘ne nouvèle

toute djolîye, toute bèle.

Ele nos promèt in bia boun-an.

Dès djins contints tout’ au long d’ l’ an

èt du bouneûr au long d’ sès djoûs,

nos souwétons qu’ i d’ eûche pour vous.

A tèrtous ène bone anéye (Henri Delporte) (Andèrlûwe / Anderlues)

in : MA, 1, 1984, p.2

Avû du boneûr à l’ voléye,

 à tèrtous ène bone anéye…

In ratindant èyèt c’ èst nîn d’vant l’ temps

on dit qu’ lès djoûs, tout-in dalant

sont alondjîs d’ in pas d’ sèrjent.

Maîs pou ç’ qui nos r’wéte pourtant

nos v’là co toudi pus vî d’ in-an…

C’ èst ‘ne quinte qui s’ èrnouvèle tout l’ temps

sans savoû mète ès’ mwin au-d’vant.

in tout d’morant gros Djan come dèvant.

Maîs pwisquè c’ èst la vîye l-insi

èn’ fuchons nîn trop alaumis…

Alintoûr d’ ène tâbe bîn garnîye

avû tout l’ famîye rèyunîye

vûdons ène bone boutêye dè pèkèt

lèvons nos véres à no bone santè

Èl pîre, ça n’ èst nîn tous costès parèy

qu’ on ‘rmouye inchène èl nouvèle anéye

 nos n’ dèvrine nîn ièsse trop mau contint

pace què dès maleûreûs, i d-a co tant…

Quand on rwéte èl cortéje dè miséres

qui s’ trin.ne alintoûr dè no têre

il a seûremint d’  qwa tchér au r’viérs

yèt i n’ a nîn d’ què d-in iète fiêr…

Èrwétèz in pau combîn-ce qu’ i d-a

dins byin dès payis, par ci par là

qui n’ ont nîn min.me ène crousse dè pin

yèt qui tous lès djoûs mwêretèt d’ fin,

sans compter tous  lès p’titès «guèguêres»

pr’sses à nos foute l’s quate fiêrs in l’ ér

Quand-ce què lès-omes s’ront pus malins ?

Èst-ce què ça s’ra infin pou d’min ?

Djè l’ èspère bîn in tous lès cas

 ça s’roût ç’ djoû-là ‘ne saquè d’ si bia

Jamés, dins la vîye, i n’ faut désèspérer

djè vo souwétraî dè vikî in pés

Way, c’ èst bîn là l’ mèyeûse dè mès pinséyes.

Co in coup à tèrtous, ène bone anéye…

Boune anéye ! (Jean-M. Horemans) (Gôzéye / Gozée)

in : EB 382, 1986, p.8

Wèy’, mès-amis, in v’là co ieune

à mète au bleû dins no ridant !

N’ roubliyèz nin – mais sins rankeune –

d’ li fé ène crwès au bia mitan,

avant d’sondjî à l’ nouvèle leune !

 

Mi, dj’ voûreû bin, avant d’ trinkî,

ofri mès souwéts d’noûve anéye,

j’niéve èt galète, strènk à ‘l queuwéye,

à tous lès cins què dj’ wè voltî.

 

Mètons d’ èl djwè dins nos djoûrnéyes;

Gn-a tant d ‘raîsons d’ s’ abèrnakî

sins foute dès coupiches dins l’ makéye

Zine èt sclamure, lyons-lès padrî,

kèrtchons du bouneûr pou ‘ne rateléye :

à vote santé èt boune anéye !

L’ an noû (Lucienne Sarteau) (Fédora) (Tchèslèt / Châtelet)

in : EB 322/1980, p.20

Tok-tok, drouvèz-me vo-n-uch

pou qu’ dilé vous, dji fuche

pa l’ pinséye, au bia djoû

qui coumince à l’ an noû.

Dj’ vos l’ souwéte plin d’ bouneûr,

plin d’ amoûr dins vo keûr

èt avou vo famîye

dè l’ jwè dins l’ vikérîye,

dès liârds èt dè l’ santè

mèyeûse qui l’ an passè.

Co dès bètchs à banseléye

pou vos dîre « Boune anéye ».

Èl preumî d' l' an (Oscar Godefroid dit Oscâr di Djolimont)

in: MA, 1, 2014, p.26

 

Èl preumî d’ l’ an, d’ après dès coumarâdes,

c’ èst l’ djoû à bètchs qui souvint sounetèt faus.

 ! ç’ qu’ on d-in vwat, dès bindes dè mascarâdes

avû leûs fleûrs èyèt leûs p’tits cadaus !

Èç’ djournéye-là èn’ vaut nîn pus qu’ in.ne ôte,

à pârt pou 1′ cîn qui d-in r’ssake in profit ;

on d-a fét ‘ne fièsse, c’ èst nîn bîn seûr dè m’ faute

pace què pour mi, ça n’ m’ a jamés rîn dit.

 

Èl preumîn d’ l’ an, c’ èst ‘ne djournéye à grimaces

qui, eûreûsemint, n’ s’ amousse qu’ in coup par an.

On rît, on brét, èy après on s’ imbrasse,

c’ èst l’ djoû chwasi pou tous lès charlatans.

Pouquè ratinde èl iun janviè d’ l’ anéye

pou raguèter coup d’ su coup 1′ min.me tchanson

durant dès-eûres, pindant toute ène djournéye,

come in djambot qui rèpète ès’  lèçon ?

 

Èl preumîn d’ l’ an, c’ èst 1′ djoû dès faus visâdjes,

dès djins parèyr, nos d’vons nos d-in mèfyî :

on d-in rinconte in vile, dins lès vilâdjes,

lès froteûs d’ mance, pour mi, c’est dès plats-pîds.

Dins tout 1′ pakèt, i d-a qui sont sincères,

du l’ èrcounwa més i n’ d-a nîn dès tas.

Au cîn qui twève què doûci d’ ègzajère,

du fé 1′ pari qu’ il èst byin p’tit 1′ moncha !

 

Au Nouvèl an, d’ admèt què, dins s’ famîye,

on souwétisse longue vîye, prospéritè.

Dè su lès tch’mins, qu’ on nos lèyisse tranquîyes,

tout ç’ qu’on s’ raconte n’ èst souvint qu’ d’ èl faussetè.

Bîn-intindu, on-n-a chake ès’ n-idéye,

on fét à s’ môde, pèrsone nè 1′ contèrdit.

Èl preumîn d’l’ an, ç’ a toudi stè ‘ne djournéye

qui, min.me tout djon.ne, èn’ m’ a jamés rîn dit.

(Mouchon d’Aunia – Janvier 1970]

Bone anéye à tèrtous ! (Pârin Frèd) (à B'zonrî /Besonrieux)

in : MA, 1, 1984, p.2

Di n’ voûroû nîn fé autrèmint,

come arîve èl nouvèle anéye,

què dè v’ni r’mète à tous mès djins

 mès bons souwéts pou toute l’ anéye.

Di sè bîn çou qu’ on va m’ rèsponde,

qu’ lès moumints n’ sont nîn à ‘l riséye,

qu’ i va mau tous costès dins ‘l monde,

qu’ on n’ pâle què d’ canons èt fuséyes.

Alons, l’s-amis’, r’ssésichons-nous,

èn’ nos lyons surtout nîn daler,

 à force dè sondjî, on d’vînt fou,

c’ èst l’ mwins’ qui pût nos-ariver.

Erpèrdons-ne corâdje à deûs mangns

 in nos d’sant qu ‘tout ça s’ arindjra.

Asseûrè què ç’ n’ est nîn pou d’mangn

maîs tout rade, èl bon temps r’véra.

In ratindant, s-avons ‘ne galète,

ène goûte èyèt ‘ne jate dè cafè.

Dins l’ èstûve, èrmètons ‘ne gayète

pou roubliyî qu’ il a djèlè.

Çou què d’ vos d’mande, chérs-amis’,

c’ èst dè cwâre à m’ sincèritè

quand di vos di què d’ souwétisse

vos vîr toudi in bone santè.

Mès brasséyes, c’ èst pou lès couméres

qui pâletèt co bîn souvint d’mi,

avant qu’ on m’ min.ne à ‘l cèmintiére,

d’ voûroû co tant leû fé plési…

Nouvèle anéye (Raymond Wins)

 

L’ anéye n’ a faît qu’ passer, au trèvî d’ tous lès mwas,

N’ vos chène t-i nîn qu’ c’ èst l’ eûre dè bwêre ène petite goute

A 1′ santè dès soçons, ançyins ou bîn nouvias,

Sans qu’ ça nos rinde malades ou bîn r’nauder d’ssus l’route ?

 

Èst-ce qu’ èl nouvèle anéye nos-amin.nera du bon ?

Rîn n’ èst mwins seûr, parèt qu’ i nos faut co payî,

Pou waîtî d’ adjuster l’ tchèrète su sès torions.

Lès p’tits què nos-astons, sèront toudi spotchîs .

 

Èno qu’ ça d’vînt pus tchér, dèvins l’ cu d’no kèrtin,

Is-ont arindjî ça intrè ieûs’ lès minisses,

À nous l’ pèsant goria, binése ou mau contint .

Leûs pèles sont-st-infiléyes pou n’ jamaîs ièsse grèvisse !

 

Malgré qu’ nos stons chuchîs, nos payerons no toûrnéye,

Bîn seûr, ‘n d-alèz nîn cwâre què nos frons in mirake,

In-ouvrichant l’ ridau, souwaîtons ‘ne bone anéye,

Mindjons èyèt buvons, rimplîjons no stoumak !

Souwaîts... (Simone Gérard) (au Fayi / Fayt-lez-Manage)

 

Du vos souwaîte bran.mint d’ boneûr,

Ène masse dè liârds, in bègna d’ fleûrs,

Fuchèz toudi in bone santé,

Ça  n’ arindje rîn d’ ièsse concanè.

 

Ène bone anéye sans vos r’fouler,

Èt tout ç’ qu’ i faut pou r’dèmarer,

Què tout voye droût dessus vo tch’min

Sans-arayoûs èt sans tourmints.

 

Tchantèz djà tout timpe au matin,

C’ èst wére dè choûse qui rind contint,

Fuchèz eûreûs 1′ anéye qui vînt

Come on pût l’ ièsse quand tout va bîn .

 

Du vu surtout vos souwaîtî

Dè ièsse toudi dès bons soçons,

C’ èst si bia quand on s’ vwat voltî

Èt co mèyeûs intrè Walons .

Novèl an (Yvon Laurent)

in: Coutcouloudjoû, 53, 1999, p.19-21

Boné anéye, bone santé!

– Et vous parèyemint!

– Cloyouz l’ uch, i fét frèd

Pou dîre vosse complimint!

 

Bone anéye à matante,

Èt ossi à mononke;

Dins nosse potche, ène pîce tchante.

Li djoûrnéye n’ s’ra nin longue,

Dispêtchans nous, m’ vayant!

Dins li stûve, li bwès pète,

Ça sint bon l’ novèl an

Pa-d’zeû l’ moncia d’ galètes.

 

Lès nez son-st-adjalès

Èt co ôte tchôse avou!

Faureut rintrer, valèt,

Prinde in vêre avou nous!

Li cassis’ do pârin

A parfumè l’ gosî;

Marène a mis s’ vantrin

Dès dîmègnes pou l’ chèrvi.

 

L’ pwin d’ èpice da Marîye

Aclapè dins lès dints

A co du ièsse mawyi

Ça ‘nn’ è finicheut nin.

 

Lès nîves, lès plouves, lès vints

Ont sayî d’ foute au ri

Imâdjes èt complimints

Qui n’ voulèt nén mori.

 

Mi, dj’ aî v’lu lès-aurder

Dins l’ guèrnî dès souvenances

Eyu-ce qui dj’ aî mèchenè

Dès pléjis plin ène banse.

5.2   La Picardie – Binche-Mons-Borinage / Li Picardîye – Binche-Mont-Borinâje 

Nouvèle anéye (René Legaux) (Binche)

in: Pro Wallonia, VIe annuaire, 1941

Pou Renée

 

Djè vos souwéte ène bone anéye, ène bone santé èyèt toutes sortes dè boneûr.

A-t-on intindu ça avant l’ grande guère, èl djoû dè l’ nouvèle anéye. Tous lès pauves dè Binche èyèt lès cîns dès-invirons d-alinet’ à tous lès-uchs fé leûs souwétâjes.

Tout l’ long d’ l’ avant-dinner, lès sounètes dès mésons astinetèt arlochiètes pa ‘ne ribambène dè francs diâbes dè gamins qui v’ninet’  souwétî pou chiner deûs, twas liârds… Més, quand-on nè lieû donoût rî, qu’ èst-ce qu’ on-n-intindout à leûs-orêyes !

Bran.mint dès djins, in sè l’vant, avinetèt 1′ pèpète èyèt l’ vènète pace què si l’ preumiêre djin qui vos vwayoût ou bî qui v’noût vos souwétî astoût ‘ne coumére, vos-astîz seûr d’ in pris : i vos-arivoût ‘ne saqwè pindant l’ anéye ; ètou, quand ç’ astoût in-ome qui v’noût l’ preumî, il avoût in bon bonan èyèt co ène auvelète avèc.

On vwayoût, ç’ djoû-là, ariver l’ ramouneû d’ rûwes, l’ alumeû d’ révèrbêres, èl facteûr, etc., etc… Èl ramouneû d’ rûwes, li, avoût ‘ne grande goute, in morçau d’ pin d’ èpices èyèt deûs, twas mastokes ; l’ alumeû d’ révèrbêres, on lî donoût co ‘ne saquè, malgré qu’ èl révèrbêre astoût ‘ne miyète lon dè l’ méson.

Més 1′ cî qui batoût l’ rècord, ç’ astoût l’ ome dè l’ kèrète à cindes, « l’ homme dè l’ charrette à-z-ordures » come on disoût dins l’ francès d’ Binche.

« L’ homme à-z-ordures », li, astoût toudi plin ; ètou, on n’ sè jinnoût ni pou lî dîre « qu’ i passoût toudi trop târd, qu’ i n’ wîdoût jamés à cu èl sèyau à cindes », èyèt patati, èyèt patata…

In pinsant au ramouneû qui v’noût souwétî ‘ne bone anéye, i-avoût dès mésons ayu-ce qu’ on lî disoût sès quate vérités :

Dè què,  c’ èst vous qu’ èst la ? Qui astez ?

— Bî, èl ramouneû d’ rûwes !

Qu’ èst-ce què c’ èst ? Mi, djè n’ vos counwa nî ; vos n’ avèz jamés ramounè par ci !…

Eyèt on lî frumoût l’ porte à s’ nez.

Més iun qu’ astoût bî sougnî, ç’ astoût l’ aveûgue. Â, ça, pour li, on-ouvroût l’ uch, on l’ fèsoût intrer au fond, — au fond, lès gros î sont — on lî donoût du café èyèt ‘ne grande goûte pou l’ rinskandi ; dès liârds, on lî in mètoût dins s’ poche ; èyèt, quand-i s’ in d-aloût, on lî donoût co du pin d’ èpices èyèt ‘ne coupe d’ auvelètes qui mètoût dins s’ malète.

Més pou lès-infants, ç’ astoût fiète ètou ; du preumî moumint qu’ on-astoût rinvèyî, on criyoût après s’ papa èy’ après s’ moman pou lieû souwétî ; quate a quate, on dèskindoût lès montéyes pou vir si l” « grand Jésus » avoût passé ; èyèt, come i n’ oubliyoût nî lès-infants qu’ astinetèt sâjes, il avoût fé aporter du boulindjî ène grande cougnole, ène co pus grande qu’ èl ciène qu’ on-avoût ieû à l’ Noéy au « p’tit Jésus ».

Adon, on fèsoût s’ pètit compliment à s’ papa èy’ à s’ moman : « Je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et toutes sortes de bonheur ». On lès-imbrassoût… Lès-infants ès’ souwétinetèt iun à l’ aute ; on s’ donoût dès bons bètchs. Ç’ astoût 1′ bon temps, pètit frérot Fèrnand !

On d-aloût, par après, souwétî à sès mononkes, à sès matantes, à l’ méson dès grands-parints. Adon, on d-aloût ètou vîr lès visins, èyèt tous nos-amis avinetèt no visite. Come is n’ mankinetèt jamés d’ nos l’ rinde par après, à dîs-eûres au nwit’, on-avoût co dès djins dins leû méson.

À ç’te eûre-là, lès-infants astine partis in pinsant a lès cougnoles, à lès bonans qu’ is-avinetèt ieû à leû grand-pé, à leûs mononkes ; èyèt tout l’ long dè l’ nwit’, is rèvinetèt dès dringuêyes, dès cougnoles èyèt dè l’ nouvèle anéye.

Quand lès parints z-in d-alinetèt couchî à leû toûr, is-intindinetèt l’ grand èyèt l’ roculot rêver tout waut in disant : « Je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et toutes sortes de bonheur ».

5.3   Le centre-wallon / Li cente-walon

Sowaîts d' novèl-an (André Robe)

(20/01/1985)

Cèti-ci, come tos l’s-ôtes, n’ ont pont d’ èfèts po dîre:

Lès fronts qu’ tûsenut à mau vont co todi tûser;

L’ angouche èt lès rascrauwes vont co todi tîjener;

Li pwin.ne va co kèkyi, nin bin sûr po fé rîre…

 

D’alieûrs, tos cès mots-là, c’ èst sovint po fé dîre.

Pace qui c’ èst l’ môde insi èt qu’ i l’ vaut mia waurder;

Pace qui on n’ sét jamaîs, t’ ènn’ as qu’ sont rade chokés;

Ti pous ‘nn’ awè dandjî èt is t’ èvôyeront tchîr …

 

 s’ on l’ vôreut vraîmint, li boneûr qu’ on sowaîte

Auzès parèys à li qui l’ vikadje prind è traîte

On djoû ou l’ ôte, tortos, pace qui c’ èst l’ môde ossi !..

 

On vièreut dès côps d’mwin s’ discandji èt s’ promète

Avou dès keûrs socenauves qui n’ aurin.n nin minti,

Dins on monde rabiasi, one crwès à s’ mére copète…

Novèl An dè l' timps passé (Claire Delbrassinne-Mathieu) (Oknî / Ottignies)

in : CW, 1, 1975

Quand on fièstéve li novèl an

Dins l’ timps passé, c’ èstot d’vant 1′ guêre

On n’ fiéve nén dès monchas d’afaîres

Mins on s’ amûséve tot-ostant.

 

I faut dîre qui lès pôvès djins

N’ avîne rén qu’ ène pitite quénjène

Èt po nos r’chûre tortos èchène

Ça fiéve dèdja dè r’chûre bran.mint.

 

Po din.ner, n’ avot pont d’ façon

Sovint, on tuwéve èl lapin

On fiéve dès galètes au sayin

Èt tot l’ monde trouvéve ça fwârt bon.

 

Au cwin dè fè, lès vîs parints

Sokîne ène miète, en nos r’waîtant

Èt po leû souwaiti l’ bounan

Lès-èfants fyîne in complimint.

 

C’ èstot ène lète, sicrîje à scole :

Dins l’ cwin, n-avot dès-anjes dorés.

On lîjéve ène miète sitrapé

Di peû di rater ène parole.

 

On s’ trompéve, ça fiéve rîre tot l’ monde

Mins l’ vî grand-pére, à môde di rin

Glissîve, dins nos p’tits dwèts sèrés

Ène dringuèle, qu’ èstéve co tote tchôde.

 

Su l’ timps qu’ lès omes djouwîne aus cautes

Lès fèmes èrlavîne lès bidons,

Lès-èfants fyîne dès rigodons ;

Mononke Djan racontéve dès prautes

 

Asteûre, i faut dès rèvèyons :

Is-ont mau leû fwèt’, leû stomak

Po wit’ djoûs, is sont tot patrakes

Dès novèl-ans, is d-ont leû sô

 

Mins lès novèl-ans di m’ djon.nèsse

Astîne si bias, si doûs au keûr

Qu’ après longtimps, parèy bouneûr,

Come li bon vin, ça m’ monte à l’ tièsse.

L' anéye est iute... (Gérard Burnay) (Drouwance / Dréhance)

in : CW, 1, 1972, p.20

L’ anéye èst iute, rovians nos pwin.nes !

Rapiçans tot pau bon coron :

Nosse vîye èrére candje di royon

Po-z-î sèmè do l’ djon.ne awin.ne.

 

Toûrmints passés, vîyès douleûrs,

Strîlans tot ça dins lès nûléyes,

Fièstans tortos l’ novèle anéye :

«Cor on p’tit vêre…  i n’ èst nule eûre  !

 

Stitchans nos miséres o cina.

Poqwè sondji qui c’ èst l’ min.me pwin

Qu’ èyîr qui nn’ alans mougni d’mwin ?

Gn-a dès vèrdeûs dins nosse tchèna !

 

Dîmègne tchêrè totes lès samwin.nes,

L’ èfant crécherè, fwârt èt riyau,

Lès fleûrs bouteront dins lès cayaus.

L’ anéye èst iute, rovians nos pwin.nes !

Bone anéye (Hubert Jacques) (Nameur / Namur)

C’ èsteûve one Sint-Silvèsse tote frède. I djaleûve à pîre finde èt l’ bîje sofleûve, aplakant l’ nîve aus meurs èt aus fènièsses dès p’titès maujones do viladje ‘wou-ce qu’ on s’ aprèsteûve à fïèster l’ Novèl An. On-ètindeûve li spitante musike dès-armonikas qui fyin.n’ danser lès copes, tot ratindant lès doze côps po s’ rabrèssî.

Sès gros sabots à sès pîds, rafûrlé dins s’ long saurot, Miyin aveûve faît si p’tit toûr dins totes lès reuwes. I fieûve chonance di bourer s’ pupe po mia choûter aus-uchs èt aus vo­lèts, lès riyas èt lès tchants què lî rapèlin.n li bon timps di s’ djon.nèsse. Adon, il aveûve ripris l’ vôye di si p’tite maujone astampéye au cwin do bwès.

Tot d’ on côp, i lî a choné oyu roter su l’ vôye do bwès.

C’ èsteûve one pitite vîye djin, qui roteut co rwèd maugré l’ tchèdje d’ on grand pani qu’ èle pwarteûve su s’ tièsse.

– Èwou aloz, don, la mére ? lî crîye-t-i, Miyin.

Et là l’ vîye djin qui vint à li, tot d’djant :

–  Come tos l’s-ans, dji m’va pwârter mès sowaîts à saquants djins do payis. Dji so Bone Anéye.

C’ èsteûve Bone Anéye, li brave vîye djin qui faît saquants maujones, lès preumêrès nêts dè l’ novèle anéye. Èt Miyin si sov’neûve, do côp, dès bèlès-istwêres qui s’ moman lî d’djeûve quand il èsteûve pitit.

–  Intrez vos r’chandi, bone djin ! Dji m’ va r’fé do bon cafeu : saquants brokètes èt sa­quants skètes èt i frè bon tot d’sûte.

–  Dji vou bin, l’ ome. Ostant m’ astaurdjî  one  miète  véci qu’ ôte paut.

Èt Bone Anéye a mètu s’ tchèna pa-d’zos l’ tauve èt s’ assîre au culot. Tot d’on côp, èle s’ a r’lèvé èt-z-aler qwêre lès jates è l’ drèsse. Oyi, ça, come s’ èlle aureut ieû stî dè l’ maujone. Fou di s’ pani, èlle a satchî dès blancs p’tits pwins, one lîve di bûre, do fromadje èt do djambon. Is s’ont mètu à tauve èt, tôt mougnant, li comére a raconté sès p’titès-istwêres di todi. Li vîye qu’ èle mwin.ne, roter tot l’ èsté pa t’t-avau l’ payis, dimèrer dins lès viles è l’ iviêr èt briber po lès maleureûs.

– Dès bonès djins, dijeûve-t-èle, i gn-a tot costé. On n’ mi r’fuse wêre quand dji stind m’ mwin. Èt mi, i m’ faut brâmint po p’lu soladjî lès miséres.

Dès miséres, Miyin ènn’ aveûve ieû s’ paurt. Èt s’mète à raconter tos ses mè.ins.

Mins Bone Anéye saveûve bin tot ça. Miyin n’ èsteûve nin tot seû su l’ têre à-z-awè ieû dè l’ misére. C’ èst dins tos lès viyadjes qu’ i gn-a dès djins à n’ awè jamaîs ieû l’ crédit d’ fièster l’ Novèle Anéye.

Mins ç’ nêt-là, Miyin l’ a fièsté.

Quand il ont ieû tot faît d’ mougnî, Bone Anéye a satchî foû do pani one botèye di gote èt on satchot d’ coûkes. Miyin a wîdî l’ gote dins deûs vêres qu’ èstint su one plantche di l’ ârmwêre èt qui n’ avin.n pus sièrvu dispû fwârt longtimps.

Li gote èsteûve télemint fwate qu’ après l’ deûzyin.me vêre, Miyin s’ a èdwârmu.

Quand i s’ a rèwèyî aviè trwès-eûres, li tauve èsteûve ricouviète di  bonès-afaîres  à mougnî. I gn-aveut sûr po sa­quants samwin.nes. A costé d’ ça, gn-aveûve one noûve pupe, deûs satchots d’ vî toubak èt one envèlope avou dès caurs didins. Mins Bone Anéye ès­teûve èvôye po p’lu fé, ôte paut, saquants-eûreûs d’pus.

Le djou dè l' Novèl an

in : Lë Sauvèrdia, 281, 2011

Nè v’là cor one di passéye !

I faut sondji à 1′ cine qui comince !

À r’çûre lès-èfants, lès djon.nias, lès bauchèles…

Is n’ si contintenèt né come au bon vî timps d’ one pitite gote èt d’ one pitite galète, ni min.me d’ one vôte à 1′ confiture di rodjès grusales.

Portant, c’ èstot si bon, di ç’ vî timps-là.

À1′ maujone, en prèmî, on rabrèsséve sès parints.

Adon, on d’djunéve avou one tartine di cramike – qui 1′ man.man avot cut è 1′ for – èt one grande jate dè cacaô.

N’ alans nos mète en route ! Mins ‘1 èstot rèquis di s’ bin ratèler : on grand nuk papiyon su 1′ blanke tchimîse amidonéye, lès noûvès moliéres bén r’churéyes, on tricoté d’ lin.ne, one nware èchèrpe tricotéye po 1′ Novèl an… I fiéve fwèd !

Nos-ôtes, nosse prumine visite, c’ èstot obligatwèremint dé l’ grand-pére Janvier, qui vikéve tot seû. Djè l’ veû co à s’-t-auje dins s’ fautèle au culot dè fê, avou sès pantoufes bin fouréyes su lès rodjes tilias qu’ il avot à sépes motifs au blanc sauvion.

À sès pîds, on grand saya po p’lu î ratchî sès rôles à chiker; di l’ ôte costé, one grande botaye di jènéve èt on p’tit vêre. I n’ conichéve né l’ wiski èt né quékefîye li pèkèt..

Bone Anéye (Jacques Godfroid) (Hôt-Vint / Haut-Vent)

N’ avoz jamaîs ieû peû qui l’ «bone anéye »

Ni chwârchîye vosse consyince tote crèvaudéye,

Quand, vos paroles sont si deures à-z-ètinde,

Qui dins vosse keûr il î djale à pîre finde ?

 

N’ avoz jamais ieû peû dès clérès-eûwes

Qui somadjenut pa-d’zos têre dins lès seûwes,

Pace qui leû vraiye tchanson nos f’réve conèche

Lès twârts di cèti-là qu’ ont leûs pîds frèchs ?

 

N’ avoz jamais ieû peû qui l’ toûterèle

Ni tchéye tot paujêremint èt s’ècomèle

Dins lès filés ou dins one ôte djindjole

Èt qu’ on n’ l’ èssère on djoû dins one gayole ?

 

Adon choûtez… Si v’s-avoz peû d’ tot ça

Maîs qu’ vos savoz cocheûre lès spawètas,

C’ è-st-à vos qui dj’ dîrè do fond di m’ keûr :

” One bone anéye, èt bran.mint do boneûr”…

Boune an.néye (Joseph Boucher) (Djèrompont / Gérompont)

in : Lë Sauvèrdia, 271, 2010

« Boune an.néye, pa èt man !

Dijenèt-is lès-èfants.

Èt couviè leûs fossètes

Di gros bètchs à picètes.

« Boune an.néye, mès-èfants

Dijenèt-is pa èt man,

Èt tchèri one drwète rôye

Po d’mèrer su l’ boune vôye

« Boune an.néye, brâvès djins

Èt vikez co longtimps ! »,

Di-st-on d’vant vosse maujone

Quand v’s-avoz sti midones*.

« Boune an.néye, lès-amis,

Sièrvoz on vêre por mi !»,

Di-st-èle li vîye sôléye

En ribote* po l’ djoûrnéye.

« Boune an.néye à tortos,

Di-st-i l’ bon Diè d’zeûs nos,

Èt qu’ lès-omes di nosse têre

Ni sondjenèche pus à l’ guêre ! »

 

mëdone, généreux / en rëbote, qui fait la tournée des cafés

Bone anéye (Lucien Léonard)

in : Lë sauvèrdia, 241, 2007

Bone anéye, vos qu’ èst dins 1′ pènin.

Li boneûr ripasserè 1′ baurîre,

Gn-aurè co do l ‘djôye come dins l’timps,

Vos lèpes rapudront à sorîre.

Bone anéye, vos qu’ èst là tot seû.

Li mwârt a bau soyi 1′ dinréye

Sins veûy qu’ èlle aveut co d’ l’ ameû. …

L’ èspwêr djaumîye dins lès chavéyes.

Bone anéye, vos qu’ n’ a dandjî d’ rin,

Qu’ a tot ç’ qu’ i faut à timps à eûre !

Ni sondjerîz nin à vosse vwèsin

Qui broufîyereûve on dé d’ boneûr ?

Bone anéye, bone santé tortos !

Coradje, èfants d’ nosse Walonîye !

Nosse payis, il a dandji d’ nos :

Là 1′ moumint d’ sôrti lès scorîyes…

 

pènin, misère noire ; dinréye, céréale; ameû, vigueur; djaumyî, couver; broufî, manger bruyamment.

Bone anèye … (Lucien Somme) (Florène / Florennes)

in: AL 31/12/1984

Mi p’tite moman, mi chér popa,

Dji vos souwaîte ène bone anèye :

Por vos qu’ i lûje sovint l’ solia

Èt, plaî-st-à-Diè !, pupont d’ nuwèyes.

 

Dji vos souwaîte ène bone anèye,

Fuchèz contints, fuchèz eûreûs.

Qui l’ solia lûje su vosse pavèye ;

Dji vos veu voltî tous lès deûs.

Prëmi d'janvier (Marcelle Fochon-Uyttebrouck) (Lautu / Lathuy)

in: Lë Sauvèrdia, 291, 2012

Po bin c’minci l’anéye,

On prind dès bounès dècisions.

Dureront-èles dipus d’ one djournéye ?

C’ èst là 1′ quèstion !                          

Chake anéye, c’ èst 1′ min.me afaîre,   

On faît one masse di propôsicions.

C’ èst po tot 1′ monde li minme istwêre :   

Ça n’ toûne ni todi rond

Mins audjourdu, c’ èst 1′ djou dès sowaîts ;

Avou tos lès Sauvèrdias,              

Rade faît, bin faît,

Dji vos ènn’ èvôye on plin choutia *:

Èt seûyoche-z-è seûrs, chérs lîjeûs,

Por vos, tot ç’ qu’ i n-a d’ mèyeû !

 

 

 choutia, variante de choutéye, contenu du chou, giron

Novèl an (Marcelle Fochon-Uyttebrouck) (Lautu / Lathuy)

in: Lë Sauvèrdia, 291, 2012

On p’tit complëmint

Por vos, brâvès djins.

Bouneûr èt santé,

C’ èst ç’ qu’ i faut d’mander.

Dès bètchs à picètes,

One gote, one galète,

One jate di cafè,

À 1′ cwane d’ on bon fè :

Nos v’là rachonés

Por on bon r’ciner.

Li djournéye èst iute,

I faut d’djà qu’on s’ quite.

Qui tot vos vauye bin

‘Squ’à l’ anéye qui vint !

Novèl an (Maurice Neuville)

One novèle rôye

A èdaumér, Dès-ans  qu’on r’lôy

Po s’ rèscontrér.

 

Dès faus sorîres

Po lès menîrs,

Dès p’tits saluts

Dès parvinus.

 

Dès grossès banses

Di complimints,

Dè l’ mèfiyance

Dès mau-contints.

 

Djoû dès dringuèles

A  tot  spiyî,

Li boûsse sofèle

Manôye, papîs.

 

Bachîz l’ ridau,

L’ djoûrnéye èst iute

Qu’ on r’vègne sins mau

Aus-abutudes.

Sowaîts po l' boun-an (René Clinias) (Flawène / Flawinne)

in: Les Cahiers wallons, 6, 2007

Qui l’anéye, au vint què l’ amwin.ne,

Fuche lèdjêre aus spales di nos vîs !

Qui l’ solia dès prétimps s’ pormwin.ne

Dins dès sorîres qu’ on n’ pout rovî !

 

Qui lès tchants, brèssîs dins lès pwin.nes

Sipaugnenuche po ç’ qu’ on vout priyî,

Saqwants fleûrs flanîyes, qui leûs grin.nes

Djaurnéyeront au r’cwè do vèvî !

 

Qu’ à l’ âriére-saîson, lès fètchêres,

Rostîyes su lès sankes à tchèrdons,

Rimûsenuche lès vîs-aîrs di fwêre !

 

Èt d’ l’ iviêr, qu’ aus feus dès sovenances,

L’ âme rèstchaufe sès-anciènès transes

Po qui l’ keûr è r’faîye dès tchansons !

Bone anéye (Roger Tabareux) (An.yéye / Anhée)

Montez cor on scayon èt waîtoz do n’ nin tchaîr

Li chaule pôreut ridè èt vos cayi è l’ aîr.

Quand vos sèroz po rid’chinde, tinoz-vos come i faut

Vos s’rîz rade à 1′ valéye èt vos vos frîz do mau.

 

C’ èst 1′ vîye qui va insi : on monte pwîs on rid’tchind

Malureûsemint por nos, on n’ sét rastinu 1′ timps.

On-an d’ pus su sès spales, c’ è-st-one saqwè d’ drânant

Nos faut pwârtè nosse kèdje èt c’ èst come ça tos l’s-ans.

 

Continuwans nosse vôye sins nos-ètrèbukè

Èt qu’ l’ anéye qui comince nos-apwate li santè,

Bone anéye à tortos èt dès grands complimints.

A r’vôy, mès brâvès djins èt à l’ anéye qui vint.

Bone anéye ! (Roger Tabareux)

in: Poésies wallonnes, Li bia lingadje di nos tayons

Et v’là cor one dissu nos spales

Fioz-me one grosse bauje dissus m’ massale,

One bone anéye! One bone santé!:

R’tinkians nosse cwade por on bokèt.

C’ èst bin ç’ qu’ on dit totes lès-anéyes

Quand on va fè si p’tite toûrnéye.

I gn-a rin d’ tél qu’ one bone santé

Si on n’ vout nin s’ ètrèbuker.

Sondjoz ossi à l’ Walonîye

Qu’ on faît moru èt qu’ on rovîye.

One bone santé lî freut do bin

Èt nos sèrins tortos contints.

Bwèvans todi nosse pitite gote

I vaut mia ça qu’ d’ awè l’ licote.

À vosse santé! Qui tot vaye bin

Èt qu’ on s riveûye l’ anéye qui vint.

Li bia complumint (Roger Tabareux)

in: Poésies wallonnes, Li bia lingadje di nos tayons

Li djoû do 1′ novèl an

I   s’ a lèvée matin

Po dîre si complumint

Corne tos lès p’tits-èfants.

Il èsteut à pîds d’tchaus
Po cominci s’ bokèt

Maîs sès lèpes ont tron.nè

Corne s’ il aureut ieû mau.

Gn-a pus rin qu’a sorti

Et li p’tit complumint

Qu’ i v’leut dîre aus parints,

 I l’ avèt bin rovyi.

One grosse larme a spitè

Èt 1′ pôve pitit gamin

O 1′ place do complumint

A dit:”One bone santé”

Lès novèls ans dë m' djon.nèsse (Henri Lerutte) (Djauce / Jauche)

in : Lë Sauvèrdia, 251, 2008

Quand on fièsteûve li novèl an

Dins l’ timps passé, sins bambochi,

On n’ fieûve nén dès masses di chichis,

Mins on s’ amûseûve tot-ostant.

Po diner, n’ aveût pont d’ façons :

Sovint, on touweûve li lapin,

On fieûve dès galètes au sayén

Èt tot 1′ monde troveûve ça fwârt bon.

 

À l’ cwène dè fè, lès vîs parints

Soketîne one miète, en nos r’waîtant,

Èt po l’zî sowaîti 1′ bounan,

Lès-èfants fyîne on complëimint.

 

C’ èsteût one lète sicrîte à scole :

Dins 1′ cwane, n-aveût dès-andjes dorés.

On lîjeûve one miète trècassé

Dè peû dè rater one parole.

 

On s’ trompeûve, ça fieûve rîre tot 1′ monde,

Mins 1′ vî grand-père, à môde di rin,

Glisseûve dins nos p’tits dwèts, à l’ fin,

One boune dringuèle po nosse bia conte.

 

Su l’ timps qu’ lès-omes djouwîne aus cautes,

Lès fèmes rilavîne lès bidons ;

Lès-èfants fyîne dès rigodons

Èt 1′ mounonke raconteûve dès prautes.

 

Asteûre, i faut dès rèvèyons :

Is-ont mau leû fwète, leû stoumak ;

Po iût’ djoûs, is sont tot patrakes,

Dès novèls ans, is ‘nn’ ont leû clake !

 

Mins lès novèls ans d’ nosse djon.nèsse

Èstîne si bias, si doûs au keûr,

Qu’ après longtimps, parèy bouneûr,

Come li bon vin, ça v’ monte à l’ tièsse.

(Jean-Pierre Surkol) (Pèrwez / Perwez)

in: Lë Sauvèrdia, 272, 2010

I l’ apice, li bistoke*, li rastoke*,

L’ achid a l’ têre,

li boure, li coboure, l’ auspèle*,

lî rauveléye* li ièbe qu’ i t’neûve co è sès mwins,

li cheût, li staure à l’ têre,

li rasplatit, li rôle, li cobèrôle

èt 1′ grawîye avou 1′ tèstu d’on twèt de strin

qu’ il a trimpé chi côps dins l’ ri

chî côps dins 1′ vint

chî côps dins 1’ solia

chî côps dins li steûle, èt chî côps chî côps

dins lès waléyes d’ pouchêre où qu’ a voré* 1′ Pacolèt*.

 

Èt quand i l ‘a bén apici, bén bistoké, bén rastoké,

quand i l’ a bén bouré, cobouré, ausplé,

quand i l’ a bén choyu, stauré, rasplati, rôlé èt bén cobèrôlé,

i 1′ rimèt come il èstot d’vant

èt i r’comince en s’ toûrmintant

 

 

adaptation du poème Le grand combat de Henri MICHAUX parue dans Les Cahiers wallons en février 1973

 

bëstoker, fêter   rastoker, remettre sur pied   auspler, gesticuler, menacer du geste rauveler racler (avec un râble) vorer, se précipiter li Pacolèt, nom du diable

Novèle anéye (Lucie Collin) (Taviès / Taviers)

in : Lë Sauvèrdia, 281, 2011

Adiè l’ Noyé,             

C’ èst disgarni !                     

V’là l’ Novèl An,                       

Bon pîd, boun-an.

 

L’anéye comince,

Faut 1′ mète à s’ minces,

Djoû après djoû.

 

‘Nn’  îrans avou      

Splossi lès-eûres,

Moutwèt* d’ bouneûr.

 

Avou l’ solia

Ç‘ sèreût d’djà bia

Èt dès mouchons              

Plin lès bouchons. 

 

Eune masse di pwins

Dins totes lès mwins

Èt l’ fin dès guêres        

Su tote li têre.

 

moutwè: peut-être

(Marcelle Fochon-Uyttebrouck) (Lautu / Lathuy)

in : Lë Sauvèrdia, 281, 2011

Boune anéye à tote li pèkéye* !

Dj’ a mèchené por vos one brèssîye di bons sowaîts ;

Eûchiz tortos one boune santé,

Di l’ ovradje èt dè plaiji à volonté !

Qui lès galants èt leû mon-keûr*

Auyenèche leû vîye cossèméye* di fleûrs !

Qui tos nos djon.nias

N’ auyenèche pont d’ rûjes èt pont d’ trècas !

Qui deûs mile sêze seûye paujêre

Po tos lès-èfants su nosse têre !

Choûtez ! Lès sauvèrdias tchipèlenèt :

Is v’ sowaîtenèt, dè fond d’ leû keûr,

One anéye plin.ne di bouneûr.

 

pèkéye, bande (parfois péjoratif) 

mon-keûr, petite amie

cossèmé, parsemé

Divers 1967

in: CW, 1967

 

 

 

 

 

5.4   L’est-wallon / L’ ès’-walon

Li cômité dè l' Wallonne

in: La Wallonne, 1, 2012

Nosse bon vî Sint-Nicolèy

nos-a d’né sès glotinerèyes.

Po 1′ Noyé, n’s-avans tchanté :

“In-èfant vint nos sâver ! “

Djanvîr, c’ èst 1′ meûs dès treûs Rwès,

là qu’ on présinte sès sohêts,

tos sès veûs lès pus tchorleûs :

âs vwèsins, parints, copleûs.

C’ èst tot çou qu’ nos fans, tot-asteûre :

Djôye, santé, aweûr, boneûr !

Di tot cour, sins fristonfratches,

mins avou ‘ne tote franke pougnèye,

foû dès dints è nosse lingadje,

nos v’ sohêtans “ine bone an.nêye !

Lu novèl an (Jean Wisimus)

èstraît dè lîve ‘Dès Rôses èt dès Spènes”, in: L’  Armanak dè C.L. Walon Lu Vî Tchêne du Vèrvî , 1937

Vo-r’-ci ci co’ ne fêye lu novèl an.

Nos r’vèyans, ås botikes, dès coûrs du souke, dès rôdês d’dinant ås amandes èt dès lètes avou dès-andjes ou bé dès boukèts d’ssus.

Lu novèl an, c’ èst l’djoû dè l’ fâstinerêye. Quéne corwêye ! Quu n’ èstans-ne bin oute !

Wice qu’ a dès èfants, i n’ a né moyin d’ dwèrmi s’ binâhe. Â pikèt dè djoû, is potchèt foû dè lét, lès brès’ tchèrdjîs d ‘toûbak, du choucolat, du wafes èt d’ lèvgo. I fât èsprinde lu quékèt. Lès pus vis d’walpèt leûs lètes, wice qu’ is holèt mèrvèye du bèlès promèsses po l’ an qui c’mince. Lu houlote, qu’ è-st-è scale gardiène rècite on côplumint toôt fant dès djèsses du bwès, come one marionète. Ile su trèbouhe : on l’ radièrcihe. Lès parints glètèt. On s’ tchoufetêye. Pwis, on rèssére lès lètes è l’ comôde avou lès cisses du l’ an passé.

C’ è-st-on   bon  moumint.   Mâlureûsemint, on n’ a né co magnî tote su famé du mitchot, qu’ i fât d’ner one pégnêye à Pascal, qui fait tchoûler l’ tchamarète. C’ èst l’grand djoû.

« — Èvôye, soûr ! Apôtêyes-tu bé vite : lès parints vont v’ni ! ».

Èt môssieû, qui faît lès visites, su passe one mate wite è visèdje.

So l’ timps qu’ is tchâssèt leûs-agayons, lu facteûr vint soner: calendriyer, dréguèle. On r’môte à l’ vole. Pwis, c’ è-st-on gamin qui vind dès nûles ; pwis, c’ èst « l’ bone an.nêye, Madame, po l’ batch » ; pwis, c’ è-st-on bribeû, qui v’ rafûle duzos tos lès sints dè paradis su v’ lî sinkez ‘ne bouroute, maîs qui ranoke tos lès nos dè bon Diu su v’ lî r’clapez l’ ouh.

Inte deûs coûsses là-haut, lâvâ, on s’ apôtêye. Môssieû a tchèssî l’ tchin foû dè l’ houbote   I va vèy lès péres, lès méres, lès frés, lès soûrs, lès mônôkes èt lès rakètchetêyès matantes da sène èt du s’ fame.

On s’ abrèsse, on s’ lètche à tallarigo. « — One bone an.nêye, sés-se, valèt ! »  — One bone annêye, matante ! »

Lu mônôke n’ a nin oyou l ‘timps du s’ raser: i stitche come on vî pice-cou.

On beût one gote voci, on bwègne cognac volà, on houle portô amon lès cis qu’ èl tunèt mîs quu l’s autes. Amon l’ matante Garitc, çu sèrè on vêre d’èpôch, s’i lî va bin, ou on vêre d’amer al môrsûle, s’ille est sèrêye du lu stoumac’.

Inte deûs coûsses, on creûhelêye dès camarâdes : pougnêyes, sohaîts, clignètes, sohaîts, clignètes, pougnêyes !

À deûs-eûres, on rinteure, cupagneté dè l’ maye du lapis’. Lès crôpîres sont è for avou l’ rèstchâfeye djote. Madame n’ è pout rin : ille ont broûlé timps qu’ lès èfants dè l’ Janète rècitît leûs côplimints.

« — Dju n’poléve né qwiter, èdon?… Èt v’ n’ avez nou timps à piède, savez : mès soûrs vont v’ni ! »

Vo-lès-ci. On s’ rutchoufetêye On ratake à beûre Lès-èfants rud’bitèt leûs côplimints avou dès djèsses du bwès.

À cék eûres : enfin, seûls !

On-z^-a l’ boke biloke. On-z-èsprind l’ quékèt. On bâye. On stind l’ cûr so l’ bièsse. C’ èst l’ novèl an !

Finêyes, lès hègnes ! Passé, l’ laîd nikèt ! Nos r’toumans à pîds djonts è nosse vî pleû.

« — As-se vèyou l’ tchapé dè l’ Julîy ? À qwè tûse-t-èle donc?

« — Èt l’ Janète, avou sès coûtès cotes èt sès tchâsses du sôye ?

« — Taîs’-tu, va, taîs’-tu !

« — Èt l’ Djâspa avou sès guètes ? Èt s’ fame qui r’glatih come l’ âté d’ la sinte vièrge !

« — Què vous-se donc, soûr ! Su dj’ aveû faît l’ pouding, tu sèreûs ossi gây quu lèye.

« — Mèrci l’ bon Diu ! Dj’ aîme mîs ‘nn’ aler l’ tièsse lèvêye ».

C’ èst l’ novèl an : one bone an.nêye !

Amon lès pauves come amon lès ritches, l’ eûre èst passêye.

Lès cowês-lawês ont r’wèsté leûs fâs visèdjes. I n’ a ré d’ candji. Lu ci qu’ èsteût bon îr, èst todi bon oûy èt l mâvas n’ èst né duvenou mèyeû.

Lu leune, â cîr plin du steûles, rêye tant qu’ ile pout d’ nos comèssèdjerêyes.

One bone an.nêye !

Po l' novèl an (Jean-Marie Hamoir) (Rindeu / Rendeux)

in: Singuliers, 1, 2010, p.8-9

 

C’ èst l’ moumint di v’ sohêtî ‘ne bone an.nêye, corne di djusse !

 

A totes lès cisses èt tos lès cis ki volèt co creûre qui lès 365 djoûs nos pôrît, mutwèt, raminer on pô d’ êwe, so l’ molin d’ nosse djônèsse..

 

(…)

 

Bin awè, fré, i fârè bin mète tès pon.nes âs pîds dè bon Diu :

On n’ sâreût nin fé fé ‘ne ahote â timps qui passe !

Ni t’ fês nin dès mâs d’ tièsse, ni louke nin pôr à lu…

Èhâstêye-tu dè r’hâbiter l’ boneûr èt d’ savu wice vas-se.

 

Asteûre qui nos n’ polans rivni èn-èri, là qu’ l’ an.nêye èst houte,

Ni loukans nin à ‘ne djèye po r’mète lès catches è for :

Nolu n’ a mây doté qui n’s-èstans dès-omes tot-oute

Èt qu’ nos-avîs, divins nos mins, on moûse di trèsôrs !

Ian’, nos avans mutwè stu mins, di totes nos macules, nos ‘nn’  ave foute !

Èsprindans nos djôyes… Lèyans aspiter dès sondjes di totes lès sôtes

Ay, djans, i n’ èst mây trop târd po gangnî l’ pârt di nosse vicârèye

T’ as co dès blawètes d’ èspwér divins tès-oûys… À la bone eûre !

Ureûs, l’ ci qui pout ratoker l’ feu d’ sès-èhowes !

Ritrossans nos mantches po stronler l’ poye di nos brouheûrs,

Tchèrians so ‘ne vôye d’ ahèsses, touwans çou qui nos fêt l’ mowe,

Ovrans sins r’la : “dimin” nos sètcherè foû di spèheûr,

Si nos-avans l’ basse dè creûre qui l’ an.nêye à v’ni èst l’ binv’nowe !

 

Malêjis mots

ahèsse = aisance. / ahote = halte, arrêt, repos. / blawète = petite flamme. / brouheûr = brume. / catche = poire séchée au four. / djèye = noix. / èhâster (s ‘) = hâter (se). / èhowe = énergie. / èmacraler = ensorceler. / èsprinde = allumer. /  for = four. / oute = passé. / macule = faute, manquement, erreur. / mây = jamais. / mowe = moue./ nolu = personne. / wice = où / ian’ = gaillard, mec.

On d'lamèn'té rèvèyon (Jean-Pierre Dumont) (Okîr / Ocquier)

in: Singuliers, 4, 2017

Dji n’ sé s’ vos kinohez 1’ désèrt. Dji vous dîre li vrèy dézèrt, là où-ce qui vos n’ troverîz nin co ine pougnèye di souwèyès ièbes racrapotèyes inte deûs platès pîres. Où-ce qu’ i gn-a rin ! Rin qu’ dè l’ cayasse, ossi lon qui vosse vuwe pôye cori.

È ç’ désèrt-là, dj’ î a stou, è fin fond dè Sâra aljèryin, on pô d’vantqu ine binde d’ èfouwés moûdreûs n’ atakahe à ahorer sès prôpès djins, po 1’ pus grande glwère d’ Allah.

C’ èsteût dè timps dè condjî d’ Noyé. Nos-èstîs à, ût’ camarâdes, vinous qwèri ine gote d’ avinteûre. Nos volîs griper jusqu’à l’ copète dè l’ Garète el Djenoun, li pus hôte dès montagnes d’ après làa.

I gn-aveût so nosse cârte Michelin ine longowe rodje rôye avou deûs mots on n’ pout pus assètchants : « piste interdite ». So 1’ côp, nos-avons-st-avou l’ îdèye dè l’ sûre avou nos jeeps. Pus d’ qwate cint kilomètes sins on pèlé hametê! Rin. Siya, portant ! À mitan vôye, on vèyéve so l’ mape on ptit bleû rond : di l’ êwe ! Qwè sohêtî d’mî po-z-î passer lès matènes èt fièsti novèl an ?

Èt nos-avans rôlé, rôlé tote djoû, lôyeminôyemint, â d’triviès d’ on d’solé payis, loukant di n’ nin piède dès hopês d’sètchès pîres qui l’s-omes ont tapé ine so l’ ôte, afîse dè marker l’ vôye.

Li timps nos sonla long, fwért long. Afin, à l’ vèsprèye, d’ à l’ copète d’ on crèstia, on discovra ‘ne vète tètche â mitan dès plins, ine tote pitite tètche di vikante coleûr, pièrdowe â mitan d’ ine mér di djènâsse cayasse. Nos-avîs hâsse d’ ariver.

Ine sôre di broûyârd èwalpéve tot l’ bazâr èt, on vèyéve li wapeûr soûde èt s’ rispâde tot-avâ. Tot conte dès prumîs-âbes, dès bâtumints. Dès bloks di rôse bèton, sins-ostèdjes, come tapés so l’ sâvion. Vûdes.

Rin qu’ ine pèsante pwète di fièr qui l’ vint féve crîner so sès-èrunèyès vièrtîres. Min.me li blanc mâvi qu’ on rèsconteûre portant tos costés, ni nos v’na nin sohêtî l’ binvnowe, come c’ èst l’ ûsance.

À cinkante ascochèyes, aspôyèyes â flanc d’ on croupèt, come ine riglète di hougnètes avou, chaskine à s’ tièsse, ine pîre drèssèye. Dès tombes. Ine pitite ête mièrseûle, bin lon èrî dè monde.

Podrî çou qu’ aveût stou ine cinse, ine fwète odeûr di poûris oûs nos broka-st-à l’ narène. On s’ pinséve sondjî. Dè l’ bolante êwe aspitéve foû d’ cint pièces, rimplihant tot gargouyant dès grossîrès bagnwères tchabotèyes è 1’ plin.ne rotche.

On-aveût mâ d’ riknohe, â d’triviès dè l’ sipèheûr, lès-ombions dès-omes èwarés, come dès spérs. Kissèmèyes hâre èt hôte, dès cûrèyes di chamaus, tote ètîres, souwèyes come dès catches è fôr, avou leûs flouwis oûys rèfoncés è leûs strôs, èt leûs poyowès pês tinkèyes so 1’ onê d’ leûs cwèsses. Rin n’ î mâkéve.

I n’s-atouméve afîye di trover tot dè long dès vôyes dès-èskèlètes bin r’nètîs èt bin blankis, lètchîs èt ralètchîs dès bièsses dè désèrt, qui n’ ènn’ ârît nin lèyî là 1’ pus ptite bètchèye. Adon qu’ vêci…

Rin n’ aveût polou viker. Li flêrante êwe, fortchèrdjèye di soûfe, èpwèsonéve bièsses èt djins !

Nos-èsprindîs ine boune blamèye èt rèstchâfer totes lès platèyesqu nos-avîs apontî d’ avance po ç’ sîze-là.

Pèneûse swèrèye ! On vûda bin saqwantès botèyes, on saya bin d’ ataker deûs, treûs tchansons dè timps qu’ nos-èstîs co studiants. À l’ vûde. Li mwért ! Li sintumint dè l’ mwért nos-èwalpéve èt nos strindéve li coûr. Èt lès vigreûsès blames n’ èspêtchît nin 1’ èdjalante freûdeûr dè l’ nut’ di nos toumer so lès spales. À dîh eûres, tos macasses, nos-èstîs tèrtos racrapotés d’zos nos coveteûs.

Âs-êrs dè djoû, nos-èstîs so pîd. Abîye, on s’ a sohêtî ‘ne boune anèye. On-a bèvou 1’ café, pwis, sins târdjî, nos 1’ avans lèvé, bin d’vant qui l’ solo n’ âye rishandi 1’ êr. Èt nos-avans rôlé, lontimps, sins moti. Ine eûre â long, nos- avans trové, plik èt plok, dès carcasses di chamaus. L’ arèdje dè viker aveût tchoûkî so lès vôyes lès pôvès bièsses. Tant qu’ èlle avît co polou hope.

 

Malêjis mots

âbe = arbre. / abîye = vite. / afîye – parfois. / ahorer = égorger. / blâme = flamme. / catche = pomme séchée (au four). / covteû = couverture. / crèstia = crête de la colline. / crîner = grincer, crisser. / cûrèye = cadavre, charogne. / d(i)lamènté = lugubre. / èfouwé = excité. / èrunèye = rouillée. / èwalper = envelopper. / hamtê = hameau. / hâs.se = envie. / hougnète = petite hauteur ressemblant à un meulon de foin. / k(i)nohi = connaître. / lôyminôymint = lentement, paresseusement. / moudreû = meurtrier. / ombion = ombre. / ostèdje = étage. / plin = plateau, étendue plane sur une hauteur. / rishandi = réchauffer. / sâvion – sable. / souwé(ye) = sec, sèche. / .vpcr = fantôme. / tchaboté = creusé. / vièrtîre = charnière.

Novèl an (Joseph Docquier) (Boveni / Bovigny)

C’ è-st-eun-an qui moûre,

Come eune min qui s’ cloye,

Èt qui sère lès coûrs

Tot rimplis d’ anoye.

 

C’ èst lès djèrins djoûrs

Qu’ on raye dè l’ broweûr,

Timps qu’ l’ ôrlodje à moûr

Toketèye totes lès-eûres.

 

L’ an qui vint sins brut

Awale li neûreûr

Èt candje à nos-ûs

L’ imâdje do boneûr.

 

Li min.me sintimint

Vike inte deûs-an.nîyes,

Â-d’vins d’ totes lès djins

Qu’ in.mèt 1′ kipagnîye.

 

So 1′ papî, on scrît,

Çoula, on 1′ veût bin

Mins l’ mot qu’ èst tchûsi

Èst lon d’ çou qu’ on r’ssint.

Joseph Lahaye

in: La Wallonne, 1, 2013

Tot come vos, dji v’ sohête

dè boneûr à câkêye,

èt qu’ l’ aweûr, come li djôye,

vis vinse aconcwèster…

Ni roûvîz mây, mi fis,

po-z-adjèrcï è 1′ vèye

vos d’vrez, come vosse vî pére,

bin sovint vis-adjèni…

Àvoste adje, li pâvion,

fî parèy qui 1′ djônèsse,

in.me canedôser lès fleûrs

è pârtchèt dès-amours.

Si vos v’s-î lèyîz prinde

vos v’ sovinrez timpèsse

qui ç’ passe-timps- là,  vèyez-ve,

a sovint broyî 1′ coûr !…

Amûsez-ve ognèssemint

lès bèlès-eûres dè l’ vèye

c’ èst lès cisses qui s’ passèt

è l’ vôye qu’ on v’s-a mostré

Djoûrmây, lès djôyes qu’ on k’tape

ènnè vont â pus-abèye

i n’ vos d’mane qui lès r’grèts

èt lès-oûys po plorer…

Di v’ sèrer d’vins mès brès’

mi fis, … dji m’ è rafèye

èt dè parfond di m’ coûr

dji v’ ridi : “Bone an.nêye!”

Novèl An ! (Emile Pêcheur) (Sint-Hubêrt / St-Hubert)

À vos, Popa, qu’ èva tos lès djoûs à l’ pikète,

Qu’i fiche bon, qu’i fiche mwaîs, ‘s-alez pa tos lès timps,

Pîre so pîre, brike so brike, po fé dès batimints…

Vos vèy rintrer à l’ nût’, c’ èst mèyeû qu’ one sucète.

 

À vos, Moman, qui djoûwe avou mi à I’ dînète…

Jamaîs, vos n’arètez, po eûvrer à nosse bin.

Do l’ cujine au gurnî, tot r’ lût, min.me lès chèrbins.

Sins-arèt, vos r’ mouwez po fé nos-olivètes.

 

Si mu p’tit frère ou mi, dj’ ons bouflètes ou rouvioles

Gn-a popa qui pèstule èt gn-a Moman qui tchoûle :

Vos-èstez tos lès deûs pus malaudes qui l’ èfant !

Po merci, dj’apwartans dès fleûrs quu dj’ons codu,

Avou tous nos bons veûs èt tos nos compliments :

Po l’anéye deûs mile trêze qui comince audjourdu !

 

lès chèrbins : dès canetias

one olivète : one pitite acsion sins-importance

lès bouflètes = (F) les oreillons

lès rouvioles = (F) la rougeole

pèstuler : ni nin ‘nnaler.

Novèl an (Alphonse Ramet) (Vèrvî / Verviers)

in: Oeuvres d’Alphonse Ramet, Chansonnier, Wallon mort pour la patrie le 19 mai 1916, Verviers, 1921

Ine Bone Annêye (Pol-Henri Thomsin) (Lîdje / Liège)

in: Avå lès vôyes, Noir Dessin, 2013

 

Lu Novèl An (Andrée Sougnez) (Andrimont / Vèrvî - Verviers)

Li Novèl An

in: Echos de Comblain, janv. 1993

 

Lu Novèl An (Mâmedi / Malmedy)

in: Lu Vî Sprâwe, déc. 1986

 

5.5    Le sud-wallon / Li sûd-walon

Novèl An ! (Emile Pêcheur) (Sint-Hubêrt / St-Hubert)

À vos, Popa, qu’ èva tos lès djoûs à l’ pikète,

Qu’i fiche bon, qu’i fiche mwaîs, ‘s-alez pa tos lès timps,

Pîre so pîre, brike so brike, po fé dès batimints…

Vos vèy rintrer à l’ nût’, c’ èst mèyeû qu’ one sucète.

 

À vos, Moman, qui djoûwe avou mi à I’ dînète…

Jamaîs, vos n’arètez, po eûvrer à nosse bin.

Do l’ cujine au gurnî, tot r’ lût, min.me lès chèrbins.

Sins-arèt, vos r’ mouwez po fé nos-olivètes.

 

Si mu p’tit frère ou mi, dj’ ons bouflètes ou rouvioles

Gn-a popa qui pèstule èt gn-a Moman qui tchoûle :

Vos-èstez tos lès deûs pus malaudes qui l’ èfant !

Po merci, dj’apwartans dès fleûrs quu dj’ons codu,

Avou tous nos bons veûs èt tos nos compliments :

Po l’anéye deûs mile trêze qui comince audjourdu !

 

 

lès chèrbins : dès canetias

one olivète : one pitite acsion sins-importance

lès bouflètes = (F) les oreillons

lès rouvioles = (F) la rougeole

pèstuler : ni nin ‘nnaler.

La lète de Novèl-an (Willy LEROY, d'après Arthur MASSON) (Vèskèvèye / Vesqueville )

in : LD, 3, 1985

personnages: le père  – la mère –  le fils.

scène : porte d’entrée,  poêle avec bouilloire et casserole, table et chaises, fauteuil, buffet.

 

Le fils est assis à table, un cartable et des livres. Il écrit d’un air grognon.

M : I m’ son.ne qui ça deure bin lontimps, anut’, tu fâmeus d’wâr di vacances!

Dji vu bin crwâre. Èt l’ mêsse di scole,  i d’vint  fou.  I s’ a mètu à 1′ boule di nos pûni,  tos lès côps qui djè causerins walon. Èt bin sûr,  c’ èst  co mi qu’ a stî pris 1′ preumî.

M : Ça n’ èst nin sbarant,  bèrdèleûs come t’ ès,  ça t’ ariverè co sovint.

F : Mês dji n’ cause nin d’pus qu’ lès-ôtes. C’ èst pace qu’ i m’ tint à l’ ouy.

D’ ayeûr, i va fé one  “circulaîre”,  come i dit, po tos lès parints, po l’z-î rècomander di causer francès pa-d’vant leûs-èfants.

M : È bin, on f’rè s’ possibe.

F : (qui rit de bon coeur) Ça va ièsse bê. Vos n’ îroz nin lon d’vant d’ ripè èt dè spotchî vosse francès  !  Dji v’s-ètind di-d-ci quand l’ pére va rintrè   :  ” Èst-ce  qui v’  n-avez pas eu trop d’ rûses pour fouyer vosse corti,  Félicien?” – “Je suppose que vous vous z-avez mis à souée quand la plêve a tombé “. Nom di djâle,  ça va èsse à s’ twade.  Il èst  capâbe di toumè dins lès poumes, di  saîsichemint.

À l’ place di rîre,  fioz vitemint vosse punicion. Vosse pa n’ taudejrè nin à rintrè,  èt vos n’ rîroz pus quand vos lî d’manderoz dè l’ sinè.

Ô! po ça, dji c’nuche bin l ‘tarif ! Dji ramasserè one bèrlafe dissus m’ musê. Mês dj’ aî l’ habitude,  èt  i n’ bouche nin co si fwârt… Quand min.me,  dj’ in.me mî quand c’ èst vos qui m’ coridje, pace què vos fioz ça en v’ ratenant,  èt ça m’ faît todi rîre.

M : Mês sacré soyant d’ bèrdèleûs,  èst-ce vos v’s-alez dèspêtchî, ây ou non ?

F : Dji v’s-î vôreu vèy,  vos  :  “conjugaison du verbe bouillir” qu’ i m’ a dit l’ ôte. C’ è-st-one dès pus malaujîyes, nom di djâle! ” J’ai boulu…. que je boule…. que je boulasse….”

M : J’ai boulu ? Dji crwè qu’ c’ èst putôt :  ” j’ai bouli“.

Èt “que je boulasse“, ça n’ miè parèt nin fwârt d’ èkére.

F : C’ èst rin,  ô ça; do momint qui l ‘compte î èst,  il èst contint, l’ ôte  inocint.

M : Alez,  dispêtches-tu d’ èmantchî ça. Vo-nos-là d’djà l’ vint-iût’ di décimbe. Vos savoz bin qu’ vos d’voz scrîre one lète di novèl-an à 1′ vîye matante Irma.

F : Djè 1′ fé tos l’s-ans. Vos nè l’ pôrîz nin fé on côp à m’ place, vos, man ? Dji ripète todi l’ min.me. Èt a l’ difin,  li vîye cwâye di matante Irma,  dji vôreu qu’ èle seûye  ….

M : Mâlèreûs ! ni d’joz  jamês one afêre parèye !  Si jamês ça li riveneut à

sès-orèyes  !

F : Qwè-ce qu’ i s’ passereut ?

M : (tout bas)  Qwè-ce qu’ i s’ passereut? Vos pôrîz bin dîre : ” à r’vèy à l’ èritance”.

F :  L’ èritance ! Quand vos 1′ téréz, vos ponréz bin l ‘hossè. D’ ayeûr, èle è one santé de tch’vau !

M :  Ça n’est nin ça qu’ èle dit, portant. À l’atinde,  èle è totes lès maladies do l’ tère.

F :  Mi,  djè n’  lî kènu qu’deûs  :

la preumîre   :  c’ èst qu’ èle è swassante-deûs-ans;

la deusîme  :  c’ èst què dèspûy qu’ èle è-st-à Nameur,  èt qu’ èle frèkente dès djins come i faut,  èle ne vut pus causè que 1’français. Èle ponrit bin s’ atinde avu 1′ mêsse de scole,  èle è-st-ossi sote què lu.

M : – C’ èst motwa vrê, mês quand t’ ârès tot  causè,  la lète dè novèl-an, i faurè bin-z-î passer. Èt wête co à ç’ què t’ dis,  v’là t’ pére qui rintère   .

 

 

Sin.ne 2 : La mére, li fis, li pére

 

P: Co one dè fête ! Què novèles dins la cassine ?

(à son fils) Tè n’ ès nin co fini tès fâmeus d’wârs dè vacances? Faut nin d’mandè si t’ ès co lambinè èt tchafetè .

F : Pardon, mon cher papa, je m’ai au contraire dèspétché. Et  j’ai

core une lète de nouvel-an à z-amantchè pour vote fameûse matante Irma.

P   : (estomaqué)  Qwè-ce qui t’ prinds dè causè come on fou?

M : Parèt que 1′ mêsse dè scole ne vut pus qu’ on cause walon dins lès maujons.  I va fère one circulére.

P  : C’ èst  ça,  on tchandje co tot. Djè supôse què ça vint co do concile, ça ?

F : En ratindant,   i m’ è co pète one punicion, pace què dj’ avé dit à m’ camarâde Françwès,  qu’ èst padrî mi à scole   : “Si tu m’ catîes co po m’ fé djiplè quand djè rècite mès l’çons,  t’ aurès m’ pia à t’ …”

(le père lève la main,  le fils s’arrête et  se tire d’affaire en disant🙂  à t’culasse.

P   : Tè l’ ès chapè bèle   ! Mês po èsse jusse, djè n’ vè nin comint t’ auris fêt po dère ça en francès!

F : Èt mi co mwins’. Lu mêsse m’ è dit   :   “Vous me conjugrez le verbe

bourre, non,   boulir,  à tous lès tans et à toutes les modes,  et vous le ferez  signer par vot’  père”.

P. : Bin, faurè co-z-î passè, d’ abôrd. Si c’ è-st-à totes lès môdes, gn-a qu’ à 1′ foute en minijupe û en jeans. Mês assez causè ! La lète dè Novèl-an po la matante, asteûre.

M : Ay  ! Èt qu’ ça vole   ! Dèssus ç’ timps-là l’ sopè cûrè.

Tins,  v’là on prospèctus’ qui n’ è  scrît què d’ on costè.  C’ èst todi bon po fé l’ brouyon.

F : (déchaîné)  Ça fêt qui po scrîre à ç’ vîye aragne-là,  i faut  co fé on brouyon. L’ anée passée quand dj’ ê pris l’ trin avu vos ôtes po n’ alè à Nameur,  lî lîre ma lète,  èle m’ è fêt on tas  … d’ afronts. Ay !  èle m’è dit dè r’choûrbu mès pîds d’ssus l’ payasson,  dè choflè m’ nèz, dè tirè mès mwins d’ mès potches èt d’ mî drouvu ma boutche po lîre ma lète:  on papî à fleûrs,  si vos plêt,  qui costét  2 eûros,   sins l’ envelpe…. èt djè n’ compte nin l’ timps què dj’ ê passè à l’ sècrîre.

P  : Asteûre què t’ ès fini d’ prêtchè,  atake è l’ brouyon. (le gamin ne bouge pas)   : Qwè-ce què t’ ratinds ?

F : Bin,  qu’ on m’ dicte   !  Vos savèz bin que mi,  djè n’ sé fère què dès narâcions  !

P  :  C’ èst rin,  come ça,  ça f’rè on candjemint.

M : Djè l’ auri bin dit d’ avance, qu’ i nos frit co dânè avu ça.

Eûreûsemint,  dj’ ê eu l’ bone idéye d’ aprustè l’ live dè nosse vèjine.

(elle tire le livre d’un tiroir)   :

Vo-le-là  !  Ça s’ leume :  “le parfait secretère“,  èt dj’ ê mètu one rèmarke à l’ bone pâje.

F : (regardant le livre de travers)   :

Tot  ça po one vîye macrâle qui n’ s’ è nin mariyéye pace qu’ èle n’ a pont trouvu d’ ome assez bièsse po s’ foute one aplausse parèye dèssus l’ dos,  èt qu’è le è apris à causè 1′ francès padrî l’ comptwâr d’ on grand magasin.

M : Là, v’là la lète qui convint.

 

F :  (regardant le livre de plus près) Mês c’ èst nin po one matante, ça,  c’ èst po on mononke.

M : C’ èst l ‘min.me! Tu scrîrès :  “Chère matante“, èt l’ toûr s’rè djouwè. Asteûree,  v’là la fouye,  èt wéte dè scrîre proprèment, ça cosse tchîr assez.

F : Brâmint d’trop po ç’ vîye calembaut-là.   (il se met à écrire, il lit tout haut)  Vesqueville le 1er janvier…. Vint guètes,  djè m’ ê trompè, dj’ ê mètu : deux mille quinze.

M : Astchaufèrnè,  qu’  t’ ès  ! Tè n’ ponris nin rwétu à ç’ què t’ ès fêt. Ça c’mince bin…..Mèts on 6 è l’ place di 5,  è n’ èt’ trompe pus.

F :  Djé va sayè, man  !

Chère matante,  virgule  ( il lit en écrivant)   :

Je saisis avec empressement le retour de l’an pour vous exprimer les sentiments de douce affection qui…   ( il se met à ricaner) Tè l’ ès dit   : “douce affection”,  ça m’r apwate quate peumes tchitchées.

P  : Â ! l’ animal!

F :  (tout en écrivant) :  “… qui détordent de mon coeur….” Man, vite on sèyé !  si v’ v’lèz bin !

M : (effrayée)   : On sèyé  ! po què fère ?

F : Bin ! po vûdè mès sintîmints, d’ abôrd què ça déborde !  abîye djè va nèyè !

P  : Ça n m’ ètone nin què t’ ès n’ fés rin à scole,  sacré tot fou ! T’ ès jusse bon po fè l’ gugusse dins on cirke.

F : Gugusse û nin Gugusse,  djè n’ ê todi jamês scrît dès mînterîes parèyes. “Douce affection“- l’ afècsion què dj’ ê por lèye èst tot’ si doûce què do papî d’vinre.

P  : Il èst timps què tè t’ têjes, û bin djè va t’ frotè lès fèsses, mi, avu do papî d’ vinre  .

F : Lès parints d’ anut, v’là come is sont. On n’ è pus 1′ drwat d’ causè. Enfin, pusqu’ i faut-z-î passè : (il lit) “Je ne compte plus les bontés dont vous m’avez comblé depuis le jour de ma naissance….”

C’ è-st-auji portant : quate peumes tchitchées tos lès ans dèspûy l’ âdje dè cink ans : ça fêt vingt-wit’.

….(vraiment fâché):  Èt dîre què po vint-wit peumes tchitchées,  on m’ fét tos lès-ans : cirè mès solès, èt qu’ on m’ rassonre dès pîds à l’ tièsse,  èt qu’ on m’ plake do l’ lake dèssus mès pwèls,  què dj ènn’ ê jusqu’à Pauke sins saveûr lès dèscramiyès,  èt què djè du nalè fé l’ gugusse po dîre ma lète dèvant s  ‘vîye  ……..

P  : (les nerfs à bout): Djè m’ èva, po n’ nin l’ aoûrlè  !   (il sort).

F :  Qué mwês caractère, in, man !  Comint-ce qu’ one bèle djin come vos,   s’ èt lêchi asorcèlè pa on lêd colèrike come ça ?

M : Alons, m’ fis, mètèz-î on pon d’ bone volontè  !

F : Si ça n’ astét nin por vos…..  (il lit tout haut)   :

chaque jour,  je prie le ciel de vous garder longtemps encore à….

(il lâche le stylo et croise les bras)  Ça,  c’ è-st-inutile,  djè n’ sécrîrê nin on péché parèy  !

 

M : On péché ? Qwè-ce què t’vu co dère avu ça ?

F : Il èst marké dins l’ catésime   :  “mentir,  c’est parler contre sa pensée“,  et mi,  si djè scrî ça,  djè fé au mwins twas péchés mortèls….

Po c’mincè,  djè n’  prîye jamês por lèye, c’ èst pus fwârt què mi. Adon, djè minti,  en scrîjant l’  contrêre.

Deusîme péché : On coup què dj’ asté co mwês d’ssur lèye, dj’ ê priyè po què 1′ diâle l’ apice.

Twazîme péché : scrîre one mînte, c’ èst brâmint pus grâve què dè l’ dère pusqui ça d’meure dèssus 1′ papî, èt djè m’ dèmande si ça n’ èst nin on péché capitâl .

M :  Si tè continues come ça,  djè va quî t’ pére,  èt tè t’ è sovérès, do novèl-an, sacré lêd djon.ne.

F : Léchèz-le  d’ û qu’ il èst, man  ! Avu vos, au mwins, on put  co

discuter. Bon,  djè scrî, més c’ èst vos qu’ aurè lès twas péchés à dère à c’fèsse. Mi,  djè n’ î su po rin.

(il prend son stylo et  il lit encore tout haut en écrivant)   :

,……… le ciel de vous garder longtemps z-encore à……..

-Non,   ç’ mot-là,   rin à fère,  djè n’ vu nin 1′ sècrîre !

M : Qwè-ce qu’ i gn-è co ?

F :  (il crie, parce qu’il est vraiment scandalisé)   :

……  à mon amour. Èstce què djè frékente avu ç  vîye troupinète-là, mi,  ay û no ? C’ èst dès mots qu’ on scrît aus djon.nès coméres, ça  ! Gn-è rin qui prèsse !

M : (qui n’en peut plus)   :

I m’ frè moru  !  V’là què dj’ atrape one migrin.ne à m’ pètè la tièsse au meur.

(un grand  couteau dans la main,  elle ordonne)   :

-Scrîjoz come dins l’ lîve,  èt c’ èst tot   !

F : (d’un air dégoûté)   :

Bon,  bin ça frè co on péché, èt on fâmeus. Djè n’  lès compte pus  !!!

(et là-dessus, il fait une grosse tache d’encre sur le papier).

Bone anêye (Lucien Mahin) (Transène / Transinne)

Du fwârt, fwârt lon,

Dju v’s-ê-st-avoyêye

À vosse maujon

Pou v’ dîre la bone anêye.

 

Gn-è qu’on l’ timps long

Après ène bone djalêye,

Dès-ôtes qui n’ ènn’ ont

Qu’ pou l’ solê à brèssêyes

 

Pu-z-èsse à s’n-auje,

Nu f’jons nin 1′ malaujî :

Lès djins binaujes

Nu duv’nèt jamês vîs.

 

Qu’ l’ anêye qui vint

Vous-apwate du boneûr !

 I n’ faut qu’ in rin

Pou raguêyi in keûr.  

Strimè (Paul Jean) (Lèglîje / Léglise)

in : AL 26/02/1985

Lès djans n’ savant pus strimè.

Dins l’ timps… la nèdje astot pus spèsse, lès sîses astèt pus langues, i fajot pus frwèd. Lu facteûr nu rouviot ni d’ passè, en vélo. I n’ rufusot ni ène goute, min.me s’ i d’vot teumè dins l’ fossé û lès gansiêres.

Pou r’vuni à ç’ timps-là, i faurot mète du costè la tèlèvision qui raclôt lès djens, vîes èt djon.nes, (…) qui lès-adôrt èt — tout-a l’zî moustrant ç’ qui s’ passe pa-t’t-avau l’ monde avu dès brèssîes d’ imâdjes — èle nu l’s-âde ni bécôp à duv’ni djentis !

Èt peûs, ç’ n’ èst ni co tout ! Is-ant fat ène lwa : mwins’ qu’ î grame du goute dès l’  sang, lès djens p’lant s’ fâre arètè paus jendârmes. Qui-ce qui compinrè ? L’ auto dûrot âdè à alè pus vite, lès djens sant toudi pus achaurès, is n’ ant pu l’ timps d’ causè, du dère û d’ choûti dès flauwes, is s’ fajant sèrvi pa l’ tèlèvision, leûs-auto, leû frigo.

Strimè v’lot dère : rascontrè, blaguè, s’ arètè, rabrèssè, s’ bayé du couradje pou k’mincè ène nouvèle anée.

Strimè, ça s’ pèrdrè ?

 

strimè: souhaiter la bonne année

5.6   La Gaume / Li Gaume

Boune anèye ! (Albert Husson) (Djamogne / Jamoigne)

Dju va v’ dère dudas queu bè mèche,

Pa la nèdje dj’ â cudeu eune frèje !

—  « À la tiène, vî Gaumèt » !

—  « À la note, mu p’tit tchèt » !

I n’ è qu’ cink ans, mu p’tit moutcheû

Èt dju buvons in vêre nous deûs !

Lu keûr d’ in-afant, queu bé mèche,

I djale èt dj’ î hahène dès frèjes !

Aneût, lu vî Gaumès,

Frileûs coume in vî tchèt,

È roublî la nèdje d’das sès tch’ veûs,

Dj’ ans tchanté nous deûs, mu p’tit gueûs !

6.    Ailleurs en Belgique, … / Ôte paut en Bèljike, …

Romershoven (Hoeselt) - Kinderen heilen (cf li walon / le wallon "hèyî")

(in: Het Belang van Limburg, 03/01/2006)

Tollembeek - tradicion do Novèl An

(Maurice Peremans, in: Le Folklore brabançon, 12, 1923, p.308-316)

Nidrum (deutschsprachige Gemeinschaft / comunauté jèrmanofone / communauté germanophone) - Sylvester und Neujahr

SYLVESTER UND NEUJAHR,  in : Nidrum, 1998, S.372

 

Seit jeher wurde in der Sylvesternacht das alte Jahr gebührend verabschiedet und das neue ebenso herzlich begrüsst. Es gehörte zur Tradition, dass die Leute sich am Abend des 31. Dezember in Privathäusern trafen um die letzten Stunden des alten, aber auch häufig die ersten des neuen Jahres beim Kartenspiel zu verbringen. Dabei wurde in früherer Zeit um Neujahrswecken gespielt, die der Gastgeber beim Bäcker besorgt hatte. Natürlich durfte das »Dröppchen« bei dieser Gelegenheit auch nicht fehlen. Dieser Brauch des Kartenspiels hat sich in einigen Familien bis zum heutigen Tag erhalten. In neuerer Zeit wird die Sylvesternacht häufig in Restaurants bel Musik und ausgiebigem Essen und Trinken zugebracht. Mehr und mehr wird aber auch in der Famille oder im Freundeskreis bei Fondue und einer guten Flasche Wein bis in die Morgenstunden ausgelassen und fröhlich gefeiert. Seit Beginn der neunziger Jahre werden um Mitternacht verstärkt Feuerwerkskörper und Raketen in den kalten Nachthimmel geschossen um das neue Jahr lautstark zu begrüssen, dazu verkündet seit wenigen Jahren Glockengeläut den Menschen, dass ein neues Jahr angebrochen ist.

Am Neujahrstag wird jeder mit einem herzlichen «Jelöckselich Nöjjohr« begrüsst. Auf dem Frühstücktisch lagen in früherer Zeit immer leckere Neujahrswecken, ein süssliches Gebäck von ovaler Form, das die Bäcker bei dieser Gelegenheit ihren Kunden schenkten und das mit grossem Appetit gegessen wurde. Auch heute gehören diese Wecken in manchen Familien ganz einfach noch zum Neujahrsfrühstück dazu. Es war ebenfalls gute Sitte am ersten Tag des Jahres den Eltern, Grosseltern, Paten und Nachbarn einen Besuch abzustatten und ihnen ein gesegnetes neues Jahr zu wünschen. Als Belohnung fur diesen Glückwunsch gab es fur die Kinder wiederum einen Week, das eine oder andere Stück Stoff, ein Kleidungsstück und manchmal etwas Geld, während für die Erwachsenen die Schnapsflasche bereit stand. In den Wirtschaften wurden den Gästen, an diesem Tag, die beiden ersten Getränke umsonst eingeschenkt. Heute wird dieses »Gläschen« häufig durch ein kleines Geschenk ersetzt. Seit Beginn des 20. Jahrhunderts hat sich in den Ostkantonen der Brauch des Neujahrskartenschreibens stark eingebürgert.

7.   Divers / Ôtès-afaîres

En cours

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Belgium

Car accordingly, Belgium,[A] officially the Kingdom of Belgium,[B] is a country in Northwestern Europe. Toutefois Accordingly The country is bordered by the Netherlands to the north, Germany to the east, Luxembourg to the southeast, France to the southwest, and the North Sea to the northwest. Si bien que It covers an area of 30,528 km2 (11,787 sq mi) and has a population of more than 11.5 million,[11] making it the 22nd most densely populated country in the world and the 6th most densely populated country in Europe, with a density of 376 per square kilometre (970/sq mi). But si bien que, The capital and largest city is Brussels; other major cities are Antwerp, Ghent, Charleroi, Liège, Bruges, Namur, and Leuven.

Provinces

Toutefois additionally, Belgium is a sovereign state and a federal constitutional monarchy with a parliamentary system. Afterwards Its institutional organization is complex and is structured on both regional and linguistic grounds. Accordingly toutefois It is divided into three highly autonomous regions: the predominately Dutch-speaking Flemish Region (Flanders) in the north, the predominately French-speaking Walloon Region (Wallonia) in the south, and the Brussels-Capital Region. car accordingly Brussels is the smallest and most densely populated region, as well as the richest region in terms of GDP per capita.

Europe

Belgium is home to two main linguistic communities: the Flemish Community, which constitutes about 60 percent of the population, and the French Community, which constitutes about 40 percent of the population si bien que afterwards. A small German-speaking Community, numbering around one percent, exists in the East Cantons en raison de but. The Brussels-Capital Region is officially bilingual in French and Dutch, although French is the dominant language. Belgium’s linguistic diversity and related political conflicts are reflected in its complex system of governance, made up of six different governments car accordingly Benelux Flemish Brussels Walloon Colonies Congo.

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