Laetare Fosses Chinels carnaval

LÉTÂRÉ D’ FOSSE

Laetare de Fosses-la-Ville

Le (/LA *) Laetare (* cf ârtike pa-d’zos / article ci-dessous à 0.0)

0.   Introduction – Introdwîjadje

0.0   Généralités – Jènèrâlités

En souvenir d’un ancien membre de la famille, Léon Lainé (époux de Madeleine Viroux, d’une vieille famille fossoise (déjà au 16e s.)), qui nous recevait chaque Laetare dans sa petite maison de la Place du Chapitre). Lès bounès tautes da Lèyon èt Madelin.ne!

En souvenir de Raymond Vervotte, aussi un membre de la famille.

Le défilé carnavalesque de Fosses comporte deux groupes particulièrement originaux : les Doudous et  les Chinels.

La tradition des Doudous est sans doute vieille de plus de deux siècles. Les Chinels quant à eux n’apparurent que dans le second quart du XIXe siècle. Tandis que certains Fossois conservaient le traditionnel  costume du Doudou, d’autres prirent la livrée de plus en plus colorée du Chinel.

Le Doudou

Le Doudou avait pratiquement disparu. En 1970, il  n’en restait qu’un. Ancêtre du Chinel, il a des origines fort obscures. Il a été réintroduit depuis…

Les Fossois font appel à une légende pour expliquer son apparition. Il y a très longtemps vivaient à Fosses deux bossus. L’un pratiquait le bien. Grâce à un remède magique que lui conseillèrent des sorcières bienveillantes, sa bosse disparut. L’autre bossu, envieux et méchant, harcela par tous les moyens ces sorcières pour obtenir d’elles la même guérison. Mais il  se vit bientôt chargé d’une autre bosse qui lui poussa sur la poitrine. On dit que c’est par esprit de moquerie et de dérision que les Fossois s’affublèrent pareillement d’une double bosse.

Le Doudou fut, dès avant 1800, le premier personnage carnavalesque typique de Fosses. A l’origine, son costume ne se distinguait guère des autres travestis de carnaval.

Depuis quelques décennies et après une longue évolution, il porte un costume de toile blanche orné de galons et de boutons rouges. Il tient à la main un court sabre de bois appelé galziène (yatagan)..

Le Chinel

L’origine du nom du Chinel ne pose guère de problème; il provient de Polichinelle, nom d’un héros de la farce italienne, portant une double bosse. Véritable vedette de ce carnaval, il porte lui aussi, comme le Doudou, une double bosse. Elle est chez lui beaucoup plus marquée et recourbée.

A l’origine, l’habit des Chinels ne se distinguait pas ou guère de celui des Doudous. C’est dans le courant du siècle passé que leur costume, dont la toile restait assez terne, prit des couleurs contrastées. Aujourd’hui, le satin et la soie ont remplacé la toile et la livrée du Chinel est beaucoup plus bariolée. Il porte en outre un chapeau bicorne orné de plumes et en main, il tient, lui aussi, une  galziène (yatagan). De minuscules clotchètes (clochettes) sont attachées aux frindjes (franges) de son habit.

Au début du XXe siècle, les Chinels s’organisèrent en soces. A l’intérieur de ces groupes on s’occupait activement de l’amélioration de la livrée. Les préparatifs restaient très secrets.

Les Chinels sont toujours accompagnés de musiciens, car ils dansent continuellement. Ce groupe musical n’avait aucun attribut spécial au début de ce siècle. Vers 1905, ses membres revêtirent un costume de Pierrot. En 1955, on leur attribua un vêtement rappelant le XVle siècle. Pour que leurs airs soient bien entendus par tous, ils prennent place au milieu des danseurs.

La musique propre à la danse et aux cabrioles endiablées des Chinels fut composée au siècle dernier par Louis Canivet. Une partie de la partition est dite à surprise. En plein entrain, les instruments doivent s’arrêter subitement et les Chinels rester dans la position que leur a dictée la dernière mesure  jouée. Parfois, ils doivent s’empresser de former un cercle en croisant leurs sabres.

Les Chinels sont célèbres aussi par d’autres pratiques que leur danse, notamment le sabrage des dames et le coup de bosse. Le sabrage consiste à s’approcher d’une jeune fille et à lui toucher doucement les mollets avec son arme, le yatagan (li galziène). Il se redresse alors, la salue du sabre en souriant puis va rejoindre ses compagnons. Le coup de bosse est destiné aux fumeurs. Le Chinel s’approche parfois de l’un d’eux en faisant ses cabrioles, puis, de façon imprévue, se retourne et envoie le cigare ou la pipe sur la chaussée, d’un coup de la bosse qu’il porte sur le dos.

Autres groupes

Mais les Doudous et les Chinels ne sont pas les seuls groupes typiques de Fosses à la sortie carnavalesque du Laetare. On peut voir ainsi les échasseurs (lès skassîs) et les rodelindjes (en langue wallonne : rodeler: cancaner)., Sur le char de ces dernières, des commères aussi laides les unesque les autres passent leur temps à aiguiser et entretenir leur mauvaise langue à l’aide de grands couteaux.

Depuis la dernière guerre, on invite aussi des groupes folkloriques étrangers pour le Laetare à Fosses.

in: Le carnaval des Chinels au Laetare, Clio 70, 1974 (avec corrections et ajouts)

Autres sources d’informations

in: Jean Romain, Fosses, son passé, son folklore, 1949 

La Laetare à Fosses attire la grande foule, car nos sémillants Chinels sont uniques. Il y a, ici aussi, une légende : deux bossus allè­rent trouver les fées « au chêne du pont de l’Allou » mais, tandis que l’un, bon et charitable, voyait sa bosse disparaître, l’autre, dur et avare, en voyait pousser une deuxième devant. Les gens de Fosses, dont l’esprit frondeur est bien connu, se costumèrent avec deux bosses. Mais les Chinels sont, plus probablement, une déformation du Poli­chinelle de la Comédie italienne. Le costume, d’abord simple et sans recherche, s’améliora et peu à peu le satin et le velours remplacèrent la toile grossière ; de légers grelots prirent la place des sonnailles de la ceinture, dès espadrilles supplantèrent les sabots et le bicorne  réduisit ses dimensions de buse. Enfin, les bosses s’effilèrent, gagnant en longueur ce qu’elles perdaient en épaisseur. En même temps, on abandonnait les tambours et les fifres pour une musique alerte, légère et entraînante qui donnait à la danse 4 figures pittoresques et variées. Dans le chatoyement des satins de couleurs, dans les tintements des grelots, brandissant un sabre de bois recourbé en cimeterre, nos Chinels emportèrent toujours tous les suffrages aux concours des carnavals. S’ils n’ont pas les belles plumes des Gilles de Binche, leur costume est plus riche et leur danse incomparablement plus agréable, plus légère, plus vivante, plus gracieuse.

Li cavalcâde dès Chinèls à Tchèslèt (La cavalcade des Chinels à Châtelet) (in: La Nation Belge, 28/03/192(…))

 

Lès Chinèls, drole di bossus (Les Chinels, drôles de bossus (in: Dialogue Wallonie, 24, 2004)

in: Le folklore au pays de Namur, Guide-programme de l’exposition de folklore et d’industries anciennes, A.R. de Namur, 1930, p.23

A Fosses, c’est la légendaire sortie des « Chinels ». Tous les par­ticipants costumés en polichinelle, dansent au son d’une musique ryth­mée qui, parfois, cesse brusquement ; alors tout le monde doit s’immo­biliser dans la position, l’attitude du moment ; après un temps, la musique reprend avec la danse. C’est à Fosses également que nous trouvons la coutume du « sabrage des filles »: chaque masque circule, armé d’un grand sabre de bois, qu’il glisse sous les pieds des jeunes ûlles, les obligeant à sauter…

Les Chinèls (les Chinels / de Chinels) (in: VEGE, T1, p.96-99)

Lès Chinèls di Fosse (in: Carnaval en Wallonie, exposition, Ville de Binche, 1962)

Li Létâré à Fosse (Le Laetare à Fosses-la-Ville) (in : Fosses-la-Ville, Guide touristique, 1981)

Létâré, Chinèl, chinèlerîye (in: Auguste Lurquin, Dictionnaire du wallon de Fosses, s.d. (6000 p. manuscrites !))

En français : LE ou LA Laetare ? (E walon: LI létâré (féminin))
in: Laetare : le sexe des anges … Luc Baufay – 25 Mars 2017

A chaque mi-carême, à l’occasion du carnaval et de la sortie des Chinels et des Doudous, j’entends une nouvelle expression qui heurte ma passion pour notre folklore. Cette expression, c’est « LE » Laetare, celle qui attribue le genre masculin à notre fête … Disserter de l’application d’une règle grammaticale pourrait relever d’une douce originalité anecdotique, proche d’une discussion sur le sexe des anges. Mais que dire alors de cette insistance à imposer « Le Laetare » ? Je pressens là une volonté de codifier la présentation de notre folklore, et d’imposer ce code à tous. Mais cette démarche prend un visage quelque peu suffisant. Cela apparaît plus clairement à la lecture d’un récent article de presse (1). Le journaliste ne faisait alors que rapporter les propos de tiers, quand il écrivait « Si tous parlent de … “la Laetare” dans le langage populaire, les connaisseurs défendent à raison “Le Laetare” ». L’élément important est bien sûr la sortie des Chinels et des … Doudous, à Fosses-la-Ville, lors du carnaval de Laetare. Mais, je m’en voudrais aussi de ne pas réagir à un argument d’autorité en faveur d’une expression qui nie l’origine populaire du folklore. Je voudrais donc argumenter en faveur de « La Laetare » … « Laetare » est un terme de liturgie. C’est le nom du 4ème dimanche de carême, dont l’introït commence par le mot latin « Laetare » signifiant « Réjouis-toi » (de laetari, se réjouir, de laetus, joyeux). En latin, ce n’est pas un substantif. Il n’est donc pas question de masculin ou de féminin. De la même façon, qu’on parlera du « lundi de Pâques », on dira « dimanche de Laetare ». Dès lors, on ne devrait pas, en toute bonne logique, parler de « dimanche du Laetare », ou de « dimanche de la Laetare ». Françoise LEMPEREUR, spécialiste et référence du folklore wallon, écrit d’ailleurs, en parlant du carnaval de Fosses-la-Ville (2), qu’il a été « déplacé au dimanche de Laetare et considérablement modifié vers 1869 ». De la même façon, elle parle « des festivités de Laetare », au sujet des Blancs Moussîs de Stavelot. François MAURIAC – excusez du peu – écrit également « C’est le dimanche de Laetare : l’Église, au milieu de l’Avent, tressaille de joie à cause du Rédempteur qui va naître » (3). Nous devrions donc être tous d’accord pour proscrire des expressions telles que « carnaval du Laetare », où le « du » est la contraction de « de le », et privilégier le « carnaval de Laetare ». Certains pourraient me rétorquer qu’il convient aussi de rejeter la forme « carnaval de la Laetare » … La bonne foi devrait m’amener à en convenir, s’il n’y avait un autre aspect à prendre en compte. Revenons donc à l’argumentation sur le genre. Dans les dictionnaires – Littré, Larousse, … – le genre du substantif français « Laetare » est défini comme masculin. Donc, en bon français, langue moderne, nous devrions dire « le Laetare ». Mais, ceux qui prétendent à l’orthodoxie grammaticale devraient aussi considérer que le mot « Laetare » n’est pas officiellement reconnu en français comme substantif. En effet, il n’y a pas d’entrée « Laetare », ni dans le Dictionnaire de l’Académie, ni dans le Trésor de la Langue française. A puriste, puriste et demi … La philologie romane nous enseigne encore que, associé à « Laetare », l’usage du masculin « LE » sous-entend « dimanche » (le dimanche de Laetare), alors que le féminin « LA » sous-entend « fête » : il n’y a donc, d’un point de vue grammatical, pas la moindre erreur à dire ou écrire « LA Laetare » ! De plus, quand il s‘agit des Chinels, c’est le folklore qui est invoqué. Et, ce folklore est plus qu’un accord grammatical dans une langue moderne comme le français. Il a vécu sa vie indépendamment de cette langue moderne. Autrement dit, le Chinel, et son ancêtre le Doudou n’ont pas été baptisés par des parents francophones. Fosses-la-Ville n’est pas situé en France, mais bien en Région Wallonne. Si, aujourd’hui, on y parle français, la cité est située dans une zone où la langue vernaculaire était (est ?) le « wallon central ».

Or, en wallon, on dit « li létâré », et selon le dictionnaire wallon « Lîve di Mots » (4) de Lucien Somme, « Létâré » est un substantif … féminin. L’auteur précise qu’à Fosses-la-Ville, « faire la sortie de mi-carême » se dit en wallon « fé l’Létâré ». Les deux informations attestent donc l’usage, à Fosses-la-Ville, du féminin pour le wallon « létâré ». Il en va de même dans les dictionnaires wallons tels que celui portant sur le wallon de Moustier-sur-Sambre (5), qui rapporte l’usage des expressions wallonnes, « li dimègne dèl létâré », « li cavalcâde dèl létâré », qu’on traduira – mot à mot, en tenant compte du genre en wallon – par « le dimanche de la Laetare » et « la cavalcade de la Laetare », dans la mesure où « dèl » est la contraction de « di li ». Même dans la région de Bastogne (6), « Laetare » reste féminin ; on y dit « al Létâré ». Accessoirement, on notera encore que « Laetare » n’apparaît pas dans les dictionnaires des langues endogènes des régions de Cerfontaine (7), ou de Fagne et de Thiérarche (8). Je ne veux pas spéculer sur une possible corrélation avec l’absence de festivités de mi-Carême dans ces régions. Il est juste également de citer le « Dictionnaire de l’Ouest-Wallon » (9), pour qui le substantif wallon est de genre masculin. Mais, il faut noter aussi que cet ouest-wallon est en fait une transition du wallon vers le picard. Ce n’est pas applicable à Fosses-la-Ville, où se pratique le wallon central, éventuellement marqué par des expressions de l’Est-Wallon, héritées du rattachement de la ville à la Principauté de Liège. Bref, à Fosses-la-Ville, il est indéniable que « létâré » est un substantif wallon féminin ! Le langage populaire, en francisant le wallon, a gardé le genre féminin et a retenu « LA Laetare ». Cela est confirmé par le témoignage d’un grand nombre de personnes : les vieux Fossois reconnaissent volontiers que, « avant », on disait « LA Laetare ». Joseph NOEL, dans la brochure que publiait la Société Royale des Chinels de Fosses, en 1956, employait aussi la formule au féminin (10). D’ailleurs, c’est ce que reconnaît l’article de pesse dont question ci-dessus, puisqu’il y est dit que « tous parlent de “la Laetare” dans le langage populaire ». Beaucoup de ces Fossois croient aujourd’hui que « LA Laetare » est une expression utilisée uniquement à Fosses-la-Ville. Ils croient que les habitants de La Louvière ou ceux de Stavelot retiennent le masculin « Le Laetare » pour leur propre carnaval de mi-carême. Ces Fossois fondent leur croyance sur leur lecture de la presse … Or, c’est cette même presse qui emploie aussi le masculin « Le Laetare » pour la sortie des Chinels. Si cette presse se trompe pour Fosses-la-Ville, on peut imaginer qu’elle se trompe aussi pour d’autres cités. Renseignements pris auprès des personnes du cru, le langage populaire retient aussi l’expression « LA Laetare », tant à La Louvière, à Stavelot qu’à Fosses-la-Ville … Dans ces trois villes, les festivités de Laetare ont pour origine une réelle et vieille tradition populaire. Laissons éventuellement « le Laetare » aux jeunes oursons conçus à Andenne, il y a environ 50 ans. Mais, en fait « La Laetare » est plus que fossoise. Joseph HANSE (11) confirme, dans son « Nouveau dictionnaire des difficultés du français » (12), au mot « Laetare », que ce mot « se retrouve dans le nom dimanche de Laetare ». Mieux, il précise que « En wallon et en français régional de Belgique, on dit la Laetare alors qu’en France on dit le Laetare. C’est que d’un côté on a sous-entendu fête et de l’autre, dimanche ». Michel FRANCARD (13) , dans un article publié le 25 mars 2017, dans Le Soir, recommande lui aussi l’adoption du “LA” Laetare. Il ne cherche pas d’explication en faveur d’un genre ou d’un autre. Mais, par analogie avec le wallon, et pour les mêmes raisons que HANSE, il préfère sans ambiguïté « LA » Laetare. Préservons donc le langage populaire qui sied aux traditions. A Fosses-la-Ville, notamment, ce langage populaire a reçu en héritage, du wallon, le genre féminin. C’est là un caractère authentique de ces festivités ! C’est là l’expression traditionnelle, celle qu’on utilisait par le passé … sans se poser cette question de genre. Car le folklore est éminemment « populaire » ! C’est la tradition populaire qui le fait vivre, qui l’a amené jusqu’à nous. Le mot « folklore » est, en effet, issu de l’anglais « folk », qui signifie « peuple » et « lore » qui signifie « traditions ». Ce folklore, que Françoise LEMPEREUR préfère justement dénommer « arts et traditions populaires », est un ensemble de productions collectives, issues du peuple, se transmettant d’une génération à l’autre notamment par voie orale. Le respect de cette oralité me semble importante : le langage populaire doit nous guider dans le choix de l’expression authentique. Le sujet est plus qu’une discussion sur le sexe des anges. Bien sûr, « LE » ou « LA » n’est qu’un détail, qu’une facette de la problématique. Mais choisir le masculin, c’est céder à une forme de parisianisme, qui conduit à un nivellement par le bas, à une banalisation d’un folklore pourtant unique. Accepter de changer nos traditions orales, c’est accepter l’idée qu’on puisse rebaptiser le « Concours des soces » par des appellations telles que « Chinels Awards » ou « The Laetare Trophy ». Certes, elles peuvent sembler plus « glamour », mais elles aussi sont étrangères à notre patrimoine immatériel. Eyèt, “Le Laetare”, s’apinse li syincieûs qui mèt dès cols di tch’mîje à balin.nes, c’èst v’lu candjî po r’mète à l’novèle môde su qui nos tayons d’djin.nent dins l’timps. L’expression « LA Laetare » est donc non seulement grammaticalement correcte, en français, – quoiqu’en pense certains – mais c’est aussi la forme authentique, qui traduit réellement le caractère populaire de nos traditions. Avec « LA Laetare », nous revendiquons la généalogie de nos festivités. Si certains peuvent mettre en doute mes compétences philologiques, je n’imagine pas qu’ils puissent rejeter l’avis autorisé de Françoise LEMPEREUR (14). Elle écrit, sans ambiguïté, qu’il vaut mieux nous baser sur les usages locaux. De plus, elle reconnaît la validité de l’argumentation philologique en faveur de « LA Laetare ». Enfin, pour conclure en faveur de « LA Laetare », elle invoque l’actuelle position de l’UNESCO qui, remplaçant les expressions « folklore » et « arts et traditions populaire » par « patrimoine culturel immatériel », met en avant le rôle fondamental des détenteurs de celui-ci dans sa transmission et sa sauvegarde. Dans le même respect des traditions, plus important me semblerait être la relation privilégiée, sinon unique, que devraient entretenir Chinels et Fosses-la-Ville. Tout aussi nécessaire est la mise en œuvre du retour au véritable esprit des « soces ».

(1) Vers L’Avenir du vendredi 4 mars 2016 – Marc LIEVENS – cf. http://www.lavenir.net/cnt/dmf20160303_00789439/l-hiver-vaincu-le-laetare-commence ; (2) « Du doudou au remoudou – Arts et traditions populaires de Wallonie », éd. Labor, 1999 (ISBN : 2-8040-1419-3), p. 95 « Le carnaval de Fosses-la-Ville » ; (3) MAURIAC, Nouv. Bloc-Notes, 1958, p. 141, citation extraite du Trésor de la Langue française ; (4) « Lîve di Mots » de Lucien Somme (Rèlîs Namurwès), 1997, p. 183 ; (5) « Dictionnaire du Wallon Central – Trésor de mots et d’expressions de Moustier-sur-Sambre et des environs, et textes glanés chez les écrivains du Pays de Namur », éd. Emile Gilliard, 2007 p. 332 ; (6) « Dictionnaire des Parlers Wallons du Pays de Bastogne » de Michel Francard, éd. De Boeck Université, 1994 (ISBN : 2-8041-1957-2), p. 552 ; (7) « Dictionnaire Wallon de Cerfontaine » d’Arthur BALLE, 2ème édition, éd. Musée de Cerfontaine, 1990 ; (8) « Dictionnaire illustré et encyclopédique des patois de Fagne et de Thiérarche » de P. Defagne, éd. Cercle d’histoire Régionale de Presgnaux, 1984 ; (9) « Dictionnaire de l’Ouest-Wallon », vol II, d’Arille Carlier, éd. Willy Bal et Jean-Luc Fauconnier – Association Littéraire Wallonne de Charleroi, 1998, p. 117 ; (10) Joseph NOËL, « Les Chinels de Fosse – Leur légende, leur histoire, leur références », Préface de J. Gosset, éd. Société Royale des Chinels de Fosse, 1956 ; (11) S’il a parfois été en désaccord avec l’Académie Française – même s’il en a reçu le « Prix de la langue française » – Joseph HANSE, né à Floreffe en 1902, n’en n’est pas moins un grammairien de la langue française reconnu. En effet, docteur en philosophie et lettres à l’Université Catholique de Louvain (UCL), puis, en 1945, professeur dans cette même université, il a été membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, premier président du Conseil supérieur de la langue française de Belgique et président fondateur du Conseil international de la langue française. Joseph HANSE est donc une référence reconnue en matière de langue française. ; (12) « Dictionnaire des difficultés du français » de Joseph Hanse et Daniel Blampain, éd. De Boeck-Duculot, 6 ème édition, 2012 […] ; (13) Michel FRANCARD, né à Bastogne en 1952, docteur en philosophie et lettres à l’UCL est devenu professeur ordinaire à l’UCL, en 2000, puis vice-recteur de 2004 à 2009, toujours à l’UCL. Michel FRANCARD est un linguiste réputé, titulaire de nombreux prix. Il enseigne et occupe divers postes tant en Belgique qu’à l’étranger. Il dirige la collection Grevisse Langue Française aux éditions De Boeck-Duculot. Pour cela, mais à beaucoup d’autres titres également, il est une référence tant en français qu’en langues régionales endogènes de la Belgique romane. ; (14) Je tiens à disposition du lecteur copie de la correspondance échangée avec Françoise LEMPEREUR sur ce sujet.

0.1   Origine – Orijine

in : Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956, p.31-47

Du Maccus romain au Polichinelle

Si le folklore a quelquefois pour bases des contes légendaires, il repose souvent sur des faits historiques ; c’est ainsi qu’en ce qui concerne les doudous et les chinels l’on est en mesure d’en re­constituer les origines réelles et le processus de leurs transforma­tions.

Les difformités humaines, de tout temps et en tous lieux, loin d’attirer la commisération ont été des sujets de moquerie et de debout ; l’on en trouve la preuve dans les statues de l’Inde an­cienne, de la Chaldée, de la pharaonique Egypte et de l’Hellade primitive ; les divinités mauvaises, elles mêmes, n’ont pas échappé à cette règle et leurs représentations ont des formes pour le moins outrageantes ; des jouets également, datant du séjour des Juifs sur les bords du Nil, ont, eux aussi, des contours hors-nature. De la statuaire, ces anomalies corporelles furent introduites au théâtre dans des pièces (réservées exclusivement aux hommes) qui ressemblaient à nos actuelles comédies, au cours desquelles les dieux n’étaient, dit Alexis Pierron (*), pas exempts de satires ; elles tiraient leur trame de scandales évoqués avec une critique acerbe et impitoyable, accompagnée d’un composé d’ordure, d obscénité, de bon sens, de folie, de vérité et de mensonges. Un des personnages principaux de ces scènes immorales re­présentait un malheureux difforme dont l’intellect était si pauvre qu’il personnifiait l’imbécillité. De Grèce, ce type d’acteur qui semblait torturé dans sa chair passa à Rome et changea de caractéristiques : tout en conservant son aspect hideux il devint plaisant et comique tout à la fois ; son nom, d’origine osque : « Maccus », désignait d’ailleurs un bouffon, sans cependant avoir le sens péjoratif que le français implique à ce terme, devenu synonyme de « sans civilité ». Communément le maccus latin entrait en scène tel qu’un être portant une bosse dorsale et une poitrine démesurément proémi­nente, un nez en bec d’aigle, de petites boules de matière dure aux commissures des lèvres, ayant le mollet sur le devant du tibia, une toge trop courte et pendant de gaingois avec, quelquefois, une courroie serrée aux reins. Cet histrion « brillait » dans les « atellanes », comédies de fort bas étage, qui eurent néanmoins une grande vogue dans la péninsule italienne. Une statue antique (v. grav. III), trouvée en 1757 au Mont Aquilin (Rome), confirme ce qu’ont écrit Lucius Apuleius — Apu­lée — dans son Apologie (fin du IIIe s. ap. J.-C.), Diomède dans : de Oradione et partibus orationis…, au livre VIII, et Lampridius dans : Historiée Augustae Scriptores au chapitre XLII du livre consacré à Alexandre Sévère (ces deux derniers auteurs florissaient au IVe siècle ap. J.-C.).

Au cours des âges l’accoutrement du Maccus se transforma et son nom même changea ; l’acteur porta le large pantalon et fut désigné sous le terme de « Pullicenus » — le poulet — ; sans doute le nez postiche recourbé en forme de bec, conservé pendant des siècles, fut-il à l’origine de ce qualificatif-sobriquet (v. grav. IV).  Le règne du paganisme ayant disparu, les atellanes n’en con­tinuèrent pas moins à rester fort en vogue, le pullicenus y figurait toujours mais dut s’effacer pourtant lorsque le public donna ses faveurs aux « saints » présentés dans les « Mystères » du Moyen-Age.

Lorsque, à la fin du XVIIe siècle, les mystères cédèrent à leur tour le pas à la renaissance du véritable théâtre ; le pullicenus revint sur les planches sous le nom de « Pulcinella » (grav.V) (1). Au pulcinella bouffon l’on adjoignit le pulcinella lourdeau et stupide ; ces personnages, italiens jusqu’alors, passèrent les Alpes et se produisirent dès avant 1685 à la « Comédie italienne » de Paris ; son nom fut francisé en « polichinelle » et son caractère conven­tionnel transformé ; le premier polichinelle de la scène française fut un certain Michel-Ange da Fracassano et il en tint le rôle jusqu’en l’an 1697, date de la fermeture de cette salle de spectacle (2). C’est du « pulcinella — polichinelle français » que nous vint le costume quelque peu modifié du doudou. En France, l’habillement du polichinelle se transforma et, à une date que l’on ne peut préciser avec certitude, il devint le costume du polichinelle actuel mais l’acteur garda le type que ses prédé­cesseurs de la Comédie Italienne de Paris avaient créé. Repré­sentant le gouailleur et le fanfaron, contrefaisant quelquefois l’ivrogne, jouant de la « batte » — l’on dit aussi : « latte » — comme arlequin avec insolence lorsque son rôle le lui commandait. Il plut beaucoup aux foules et principalement dans des parodies d’opéras (3). Plus tard, des marionnettes de François-Xavier Gillot (1673-1722), furent habillées comme « polichinelle »… c’est d’elles que naquirent les jouets articulés qui en sont l’imitation (v. grav. VI).

De France, Polichinelle-marionnette passa en Wallonie ; il s’y transforma complètement (costume et caractère) pour personnifier l’esprit droit et épris de liberté des Liégeois ; il devint le populaire « Tchantchèt » le redresseur de torts, l’homme aux répliques aussi subtiles que sont à craindre ses coups de tête quand il devient ba­tailleur, dont le langage est savoureux et qui porte souvent la cas­quette de soie noire, à fond hautement relevé, avec au cou le grand mouchoir rouge à pois blancs, si chers à nos grands-pères. Nous croyons devoir écrire en passant que le Musée de la Vie Wallonne possède une des plus belles collections de Marionnettes et de « Tchantchès » qui se puisse voir (4) et qu’à Bruxelles, le nom populaire de ces petits acteurs articulés se traduit sous le nom générique de « pouchenelles ».

Dans le cadre, forcément restreint, de la présente étude, il ne nous sera pas permis de nous étendre jusqu’aux « cousins germains » de ceux qui nous occupent ; nous laisserons de côté, mais en les citant cependant, le fameux « Punch » anglais qui diffère autant du polichinelle français que celui-ci de son lointain ancêtre romain car c’est un parfait égoïste ou un sanguinaire. Pas plus nous pen­cherons-nous sur le « Pendj » persan, dont le nom, qui signifie « cinq », a servi peut-être de parrain au « punch » d’Outre-Manche, à moins que ce dernier ait des attaches avec le « Panch » hindous-tani (qui a le même sens) et qui étaient tous deux l’un des cinq artistes d’un genre de comédie. Polichinelle a encore des « parents » sur les tréteaux flamands, en Hollande notamment, où on le connaît sous le nom de « Tonçel-gek ». Entré en Allemagne, le descendant du Maccus fut éclipsé par « Arlequin1 » germanisé en « Hanswurst » ; il en fut de même en Angleterre où Arlequin est connu, lui, sous l’appellation de « Jack-pudding » (*)

Notre héros ayant fait la renommée de nombreuses scènes, les graveurs ne pouvaient délaisser Polichinelle et une de leurs œuvres les plus anciennes a paru dans un calendrier bijou daté de 1787. Fort minuscule (0,03 x 0,025), nous avons jugé bon de la faire reproduire agrandie (v. la grav. VII). C’est une véritable aquarelle hélas ! un peu ternie par le temps, formant l’en-tête du mois de février, sortie de l’atelier d’un nommé « Jubert, Maître Relieur et Doreur, rue Saint-Jacques vis-à-vis des Mathurins » à Paris. Ce Polichinelle porte un pantalon bleu-ciel, la veste amarante et des sabots ; des bosses, adaptées comme celles de nos contemporains, la postérieure seule réunit les deux couleurs susdites, la collerette couvrant les épaules est blanche (comme de nos jours encore). Le chapeau qui est haut et de forme ronde, ressemble à celui de la gravure IV. A la ceinture pend une latte longue et mince. Le pantalon s’arrête au genou, sans aucune ornementation, mais à côté de Polichinelle se trouve un autre travesti portant, lui, un pantalon descendant plus bas que le genou et dont les extrémités sont garnies de dents de loup telles que l’on en voit dans les costumes actuels (v. grav. VII). Cette « relique » appartient à M. H. Colson, de Fosse, qui a bien voulu nous la communiquer, ce dont nous le remercions à nouveau.

(*) — V. son Hist. de la Littérature Grecque, 3e édition, p. 317 et ss.

(1) — Pulcinella   : prononcer poulkinella.

(2) — La Comédie Italienne, installée à cette époque dans l’Hôtel de Bour­gogne, fut fermée par ordre royal après une représentation d’une pièce satirique dans laquelle était moquée Madame de Maintenon. L’on peut donc croire Isi Collin  (que cite Maur. Piron dans son « Tchantchh en son évolution dans la tradition liégeoise » p. 47) quand il assure que « Pulcinella fut créé par le peuple pour se moquer des princes »  (Journal de Liège, 5 oct. 1912).

(3) —  Citons en autres Polichinelle Amadis,  Polichinelle Atys, Polichinelle Perses, Polichinelle Gros Jean, qui tournèrent successivement en ridicule les opéras Amadis, Atys, Persée et Roland de Philippe Quinault (1635-1688) ; le Héros de la Quenouille ou Polichinelle Aidée qui parodiait l’Omphale de Lamotte-Houdard (1672-1731), et Polichinelle, comte de Panfière qui parodiait a comédie « Le Gorieux » qu’avait signée Largilière.

(4) — Ce musée, confié aux soins érudit, P. André, est situé 136 rue Féronstrée à Liège. Petits et grands peuvent assister aux spectacles de marionnettes qui ont lieu le dimanche à 10 heures 30, et le jeudi à 14 heures 30, du 15 décembre jusqu’à Pâques.

Doudous et Chinels primitifs

Selon le langage de notre région, l’étymologie du mot « doudou » n’est guère aisée à expliquer. Aucun texte fossois ancien n’en fait mention officiellement. Il est très plausible que l’on puisse voir dans ce terme une abréviation de doublentin, qui, dans le vieux français, signifiait : double (double bosse). Peut-être aussi, un linguiste pourrait-il faire dériver doudou du redoublement, avec prononciation fautive du mot « dours » (dos) que l’on employait encore au XVIe siècle (5), mais nous nous permettrions de rejeter cette explication car elle ne ressort que d’une forme dialectale de province française : la Touraine. Reste encore à notre connaissance le mot montois doudou, et c’est lui, à notre sens, qui nous donnerait la véritable signifi­cation.

Paul Heupgen, à ses « Viéserîes montoises » (6) — LE LU­MEÇON — parues dans le journal « La Province » en 1930, ajouta six ans après, quelques explications dont nous déduisons que «doudou» en wallon rouchi, désigne un être vivant, gros et dif­forme, et que sa prononciation se retrouve dans l’anglais «dodo», terme par lequel on désignait la dronte (le didus ineptus qui est à présent disparu), oiseau lourd, pesant, stupide, mi-oie, mi-autru­che, trouvé en 1598 dans l’Ile Maurice, mais déjà antérieurement connu des Hollandais, puis des Portugais qui leur avaient conquis l’île, et qui nommaient cet animal « doedoe ». Or, dit Paul Heupgen, les Anglais rattachent directement leur « dodo » au portugais « doudo » lequel désigne un être gigantesque et grotesque. Le doudou rouchi c’est un vieillard gros et court, d’une gros­seur disproportionnée à la hauteur. Heupgen cite le dictionnaire de Hécart et ajoute : « Doudou, doedoe, dodo, doudo, toujours la même prononciation et le même sens : la « grosse biète » — (grosse bête) — comme on qualifie le dragon du lumeçon. Pour moi, il n’y a aucun doute, c’est le dragon, c’est le personnage principal du lumeçon : on peut le voir. Il devait nécessairement figurer dans la chanson et lui a servi de titre ». Au point de vue fossois, nous pouvons aussi entendre doudou comme synonyme de « gros et difforme » tel qu’il est employé à Mons et dans ses environs. Mais dire comment du rouchi il est passé dans notre dialecte… nous nous refusons à essayer d’en donner quelque explication… par prudence. Mieux vaut garder le silence que de mettre son au­ditoire dans l’erreur.

Les vêtements du doudou, primitivement, ne furent très proba­blement pas uniformes ; ils ne ressemblèrent qu’aux « travestis » du mardi-gras, s’apparentant ainsi aux « gros gngnos » (gros ge­noux) (7) dont les silhouettes ont disparu des groupes grotesques dans les folies du mardi-gras. Dans la suite, mais à une époque indéterminée, vint le souci d’une tenue, d’un costume qui les fit mieux remarquer et c’est ainsi que naquit leur « vestement » et leur « chapel » de carnaval. Sous de larges vestes, des coussins épais, bourrés de foin, représentaient des bosses ; un pantalon bouffant et court, s’arrê­tant sous le genou, avec des bas noirs cachaient les jambes ; les manches, très larges et démesurément longues, dans lesquelles se perdaient bras et mains, faisaient allusion à l’impuissance rageuse du Malvé de la légende. Autour des reins était passée une ceinture à laquelle pendaient de très gros et nombreux gârlots (grelots) de l’espèce que l’on pend aux harnais des chevaux (*). La tête était coiffée d’un chapeau en forme de mitre, avec des rebords latéraux arrondis verticalement ; la nuque était cachée par une toison de longs fils de chanvre fixée au rebord postérieur du chapeau sur le devant duquel, recouvrant le front, un bourrelet en chanvre également simulait les cheveux. La pointe du chapeau était surmontée d’une petite houppe de plumes. Comme la toge du maccus et l’habillement du pullicenus, la veste et le pantalon du doudou étaient de couleur blanche et quel­quefois bise et bordés de galons rouges (8).En fait de chaussures l’on avait adopté des sabots recouverts de couleur blanche dont la pointe était teintée en rouge. Au cou, une collerette, bordée elle aussi de rouge, était attachée. A notre époque, les doudous ont conservé le costume de leurs aînés dont la blancheur est avivée par de larges boutons de toile rouge ; ils ont en main un sabre de bois recourbé en forme de cimeterre, et la perruque est, depuis les épaules, tressée en natte. Quant aux manches, elles s’arrêtent aux poignets (v. les grav. I et VIII). Les grelots ont disparu de la ceinture. Les pas des doudous était scandés par les rigaudons en hon­neur à l’époque. De nos jours leurs saltations sont rythmées par les notes d’une musique dont nous ferons mention bientôt.

Après le premier quart du XIXe siècle et très probablement à la suite de la représentation par une troupe de comédiens ambu­lants, ou par un montreur de marionnettes qu’avait animée un polichinelle, le costume du doudou parut désuet à la majorité de ceux qui le portaient ; l’on décida de s’habiller — se déguiser — en poiicliinelie, mais le mot sembla trop long à prononcer et il fut réduit à six lettres ; c’est ainsi que naquirent les « CHINEES » (v. l’annexe II). La transformation avait été heureuse : son résultat cristallisait, si l’on peut dire, l’esprit du peuple de Fosse qui était (et est resté) franc de parler, jaloux de sa liberté d’action, frondeur et éveillé, quelquefois gaulois comme celui du polichinelle français, tapageur et farceur, aimant aux soirs de liesse se montrer quelque peu fan­faron, le fossois d’antan n’était guère honteux de ces petits travers… ne les avait-il pas déshérités de ses aïeux ? Le fossois d’aujourd’hui, qui a le même caractère et les mêmes défauts, avec les mêmes qua­lités, sait à l’occasion les montrer et s’en glorifier. Cependant, au contraire des autres marionnettes qui restèrent adoptées par certaines villes pour en incarner leur propre tempé­rament local (tels le Poesjeneilen » d’Anvers et le « Poriginelle » de Tournai) ou encore par certaines régions (tel le « Tchantchès » liégeois dont il a été fait mention) RIEN NE SUBSISTA A FOSSE du rôle théâtral des anciens polichinelles de la scène. L’on conserva seulement son accoutrement. Le costume des Chinels fossois primitifs était confectionné en flanelle et ne comportait que deux couleurs, le jaune marié au rou­ge, le rouge au vert, le vert au grenat ou au rosé, le noir au beige etc… selon les préférences.

(5)   — Charge sur son dours les deux caingnées… a écrit Rabelais (v. Gran-saigne de Hauterive  : Diction, d’ancien français, 190). — Ed. Huguet ne le men­tionne pas cependant dans ses « Mots disparus ou vieillis depuis le XVIe siècle ».

(6) — Montois-se  : originaire de Mons, en Hainaut. Ces pages nous ont été communiquées par le Musée de la Vie Wallonne, déjà cité, ce dont nous en remer­cions cordialement le bibliothécaire-conservateur.

(7)   — Les « gros  gngnos » s’affublaient de vestes sous lesquelles une fausse bosse dorsale était glissée  ; ils portaient des caleçons, déformés aux genoux — d’où leur nom — par des rembourrages qui exagéraient la grosseur de cette partie de la jambe. Les chaussures étaient soit des pantoufles ,soit des sabots  ; les gros gngnos étaient donc, eux aussi, des variations du maccus romain.

(*) — Notons en passant que le Gille de Binche porte lui aussi une ceinture — l’ apèrtintaye /en langue wallonne/ — mais que celle-ci est garnie de petites cloches de bronze, les son­nailles, et non de grelots.

(8) — De même en était-il à Rome pour les toges des adolescents  (toga praetexta). Etait-ce voulu ?…

Les Chinels modernes

La chorégraphie et la musique ne changèrent qu’à l’arrivée à Fosse d’un hennuyer, Louis Canivet, qui y avait été appelé pour diriger la société locale d’harmonie. Musicien de talent, Canivet prit à coeur la vitalité des cou­tumes fossoises et principalement du groupe des « Chinels », et c’est ainsi qu’il dota ces derniers d’un air de danse, lequel plut au point qu’il devint l’ « air national » de Fosse. Dès 1869, les rigaudons furent abandonnés définitivement car ils ne comportaient aucune unité rythmique. Orchestrées définiti­vement, les danses prirent des formes nouvelles et en furent plus élégantes, plus vivantes ; tout comme les menuets, les lanciers, les rédovas si chers à nos aïeules, elles comportèrent des « figures »,

La partition de Canivet fut écrite en quatre parties dont l’une comprendrait — nous a-t-on dit — quelques motifs d’un menuet ancien : la Sabotière (9), une autre est dite « à surprise » car en plein entrain, les instruments s’arrêtent subitement ce qui oblige les danseurs à, tout-à-coup, rester figés dans la position que leur a indiquée la dernière mesure, ou encore à vivement former un cercle et à croiser leurs sabres en les faisant s’entrechoquer (v. la grav. X). C’est là une des difficultés que réserve cet air à nos sé­millants faiseurs d’entrechats auxquels, doit-on l’écrire, il faut autant de bonne oreille que de sveltesse (*). Les notes, d’emblée, entraînent les Chinels dans une sarabande endiablée, elles mènent leurs dextres à dessiner de gauche ou de droite des circonvolutions gracieuses et leur enchaînement entraîne vers un impressionnant spectacle où la grâce se mêle à l’allégresse et à la vigueur. Puis viennent des passages sensibles qui cependant ne laissent pas de place à la rêverie car la couleur musicale, soulignée parfois par les sonorités massives des tambours, fait succéder des développements presque tumultueux que suivent, allègrement aussitôt, des étincelles de notes claires et cristallines, le tout, constamment, accompagné du cliquetis de milliers et de milliers des petits « clokins » (grelots) de cuivre (**). Canivet, on peut le dire, a mis le meilleur de son talent à écrire les quatre parties de l’air devenu, de suite, si cher aux cœurs de Fosse et qui émerveille ceux qui aiment à se laisser prendre aux sé­ductions musicales. Sans doute, sourirait-il de fierté, le vieux maître, s’il pouvait entendre sa composition s’envoler au-dessus des toits de la villette lorsque, par ses clochettes de bronze, le carillon de la collégiale fossoise annonce la marche de ses aiguilles (10).

(9)  — Ce passage imite d’ailleurs le bruit que l’on produit en sautillant avec des sabots.

(*) — L’on s’en fera facilement une idée à l’audition du disque sur lequel est gravé toute la partition. L’on pourra se procurer ce disque chez le président des Chinels.

(*) — L’extrémité des dints-d’-leup (« dents de loup ») qui enjolivent le costume du Chinel se terminant en pointe, cette pointe est garnie d’un grelot. L’on compte une moyenne de 45 grelots par costume. A remarquer : le bas des vestes et des pantalons ainsi que les collerettes aux grav. I, X et XIV.

(10) — Rappelons en passant, qu’en 1934, l’arrangement du tambour-musical de ce carillon a été réglé de maîtresse façon par l’abbé Molitor, 1’éminent musico­graphe de l’abbaye de Floreffe aidé, dans ce patient travail, par Jules Dewez qui est devenu le carillonneur attitré de la ville. — L. Canivet resta « chef » jusqu’en 1880, mais il revint quelquefois à Fosse et put jouir, ainsi, du triomphal succès que l’on réservait à son œuvre  ; né à Binche en 1837 il mourut à Ittre au cours de l’année 1911. Son œuvre comprend plus de 800 morceaux ; il s’éteignit en composant.

Depuis 1900

Avec le choix des tissus que nous amena l’époque qui avoisina l’année 1900, vint le désir de paraître plus scintillants, plus « frin­gants », aussi les Chinels adoptèrent-ils des étoffes brillantes. La soie et le satin remplacèrent la morne flanelle. La métamorphose fit du Chinel une véritable poupée vivante, riche de couleurs et de galons. Ne les admire-t-on pas partout où ils vont se produire ? Le peuple de Paris lui-même, que l’on croirait blasé par les chefs-d’œuvre de ses couturiers, a été transporté d’enthousiasme quand, en 1931, nos danseurs entrèrent au Grand Palais qu’éclairait ce jour-là un soleil magnifique et dont les voûtes immenses vibrèrent sous le déchaînement d’interminables bravos. Depuis ce changement de tissus, les fossoises sont à l’envi dans le mariage heureux des couleurs, mais la confection du costume, devenue plus délicate, est confiée aux mains des rares « costris » (couturières) spécialisées qui, patiemment, travaillent avec soin et « à bon compte », ce qui n’empêche pas que le prix moyen d’un costume soit actuellement de 3,000 francs environ (*). Comme il est évident qu’une partie de la population ne peut soustraire de son budget le prix du tissu (que ce fût même de la simple fulgurante !), des clochettes et de la main-d’œuvre, le comité des Chinels et l’administration communale allouent des subsides afin que les moins favorisés de la fortune puissent prendre part à toutes les manifestations de cette partie du folklore fossois.

Nous n’irons pas plus avant sans faire une remarque qui con­cerne le costume actuel. Il arrive parfois qu’après avoir vu des déguisements et entendu des airs folkloriques, certaines sociétés veulent les imiter et faire leurs des particularités que ceux qui les possèdent déjà considèrent comme des lettres de noblesse ; les « Gilles de Binche » en sont un exemple frappant car nombreuses sont les localités qui ont emprunté les plumes et les ritournelles « binchoutes », et c’est ainsi que des étrangers à Binche, s’affu­blant du costume typiquement « binchois », récoltent des bravos qui, bien que glorifiant la ville affranchie par Yolande de Gueldre au Xlle siècle, ne vont, dit S. Glotz (ouv. cité p. 16) qu’à des « pitres mercenaires », Pour prévenir toute imitation de ce genre le Comité des Chinels, présidé par M. Jules Gosset, sur le conseil de M. Rous­seau, président du Folklore Provincial namurois, fit « déposer » le costume et la danse au Greffe du Conseil des Preud’hommes en l’année 1948, et ce pour une durée renouvelable de cinquante ans. Habillements et rythmes sont et resteront donc spécifiquement fossois.

Dans les costumes qui « sortirent » vers 1895, se remarquèrent quelques fantaisies. L’on vit une « soce » d’environ six Chinels habillés en « mossèts » ; ce vêtement était de toile forte sur laquelle se trouvait cousue de la mousse de chêne ; le chapeau lui-même était aussi recouvert de cette végétation. L’effet était joli au possi­ble mais la mousse, assez pesante, rendait cet accoutrement fort incommode. Sa conservation d’ailleurs en était très précaire et né­cessitait son humidification. Les derniers « mossèts » firent leur apparition en 1936. Un autre affubîement, plus cocasse, fut également porté ; celui-ci était un costume, de toile également, complètement recou­verte de fins copeaux de bois patiemment faits au rabot et teints ensuite clé diverses couleurs. Plus léger certes que le précédent, il en avait, vu la ténuité des lamelles, les mêmes inconvénients ; de nos jours, les gens habillés « à scroules » ne se produisent plus dans les sorties.

Les Dames Chinelles

Les filles d’Eve, a Fosse, elles aussi, ne dédaignent pas se costumer en… Chinelles et, à plusieurs reprises l’on en vit prendre place dans le cortège. Si, de temps en temps parmi leurs frères ou leurs maris, elles se mêlaient à la danse, leur rôle cependant était plutôt philanthro­pique : elles quêtaient pour des œuvres de bienfaisance ; quelques-unes tenaient à la main de grands manches de bois dont le sommet était garni d’une aumônière destinée à recevoir deci-delà les dons des spectateurs placés aux étages des maisons. Des photos du début de ce siècle nous montrent de ces dames-chinelles et parmi elles nous pourrions reconnaître aisément une fille de pharmacien (*) et des filles de notaire… c’est dire que des « demoiselles » se mêlaient volontiers au peuple lorsque les jours de gaieté revenaient. N’étaient-elles pas, elles aussi, des fossoises ?

Les dames-chinelles ont disparu ; leur dernière « sortie » date, si nous ne nous abusons, de l’année 1936.

(*) — C’est la seule de cette époque, croyons-nous, qui vive encore à Fosse. Bornons-nous à dire qu’elle est de très nombreuses fois grand’mère…

Les Chinels en cortège

Les réjouissances, selon l’immémorable coutume, sont annon­cées pendant les huit jours qui précèdent la Laetare par la toni­truante « retraite » que font, quand est tombée la nuit, les tambou­rinaires qui passent dans chaque rue et chaque venelle de la bonne vieille ville. La veille de la « Sortie », pendant que les ménagères s’occu­pent fébrilement à mettre la maison en ordre, à ranger les tartes, à apprêter le dîner du lendemain (18), à donner un suprême et dé­licat « coup de fer » aux nombreux plis de collerettes de « son » ou de « ses » Chinels, se déroule une « retraite aux flambeaux », prémices joyeuses qui s’étendront bien avant dans la soirée. La matinée du « Grand Jour » se passe fiévreusement ; les repas pour beaucoup sont bâclés à la hâte tant l’on est, surtout chez les cadets, impatient d’endosser le pantalon aux « cloquins » — petites clochettes — et la veste déformée par les gibbosités. Beau­coup ne vont-ils pas les « strumer » — les étrenner — les mettre pour la première fois ? Quand sonnent les deux heures de relevée (comme disaient nos grands-pères) a lieu, toujours comme au bon vieux temps, le rassemblement des soces au bas de la rue de Vitrival, là où se trouvait anciennement l’estaminet dit « Emon An’ Dèri » (19).

À Fosse, dans toutes les fêtes carnavalesques, la tête des cortèges est formée invariablement d’un groupe d’hommes dont la veste est entièrement couverte de feuilles de lierre : ce sont les « sapeurs ». Ces figurants sont les descendants de ceux que les archives communales nomment les « hommes sauvages » et dont des mentions sont faites au sujet des processions et marches de Saint Feuillen (20). Ils sont conduits par le « sergent-sapeur » qui porte comme attribut une longue lame de scie dite «braquet » (scie à main), dont l’état brillant montre assez qu’elle n’a d’autre usage, ou en­core « one niasse », une massue de cuivre argenté dont les longs « piquots » n’empêchent aucunement le soleil de se refléter sur son pourtour poli comme un miroir (v. la grav. IX). Coiffés d’un haut chapeau cylindrique, s’évasant légèrement vers le haut et complètement tapissé extérieurement de « mossèts » (mousse du chêne), ils ont la nuque dissimulée sous une « ritape » (petit voile tombant), de couleur rouge, attachée à la bordure pos­térieure de ce « bonnet ». Au bord supérieur droit de cette coif­fure pend un triangle, du tissu et de la teinte susdites, qu’agré­menté un gros gland de laine de même couleur. Ils portent le long pantalon immaculé comme la neige et cachent le devant du corps par un tablier blanc. Les sapeurs tiennent en main une grande hache de bois ; tantôt ils la posent sur l’épaule, tantôt ils font mine de s’en frayer un passage.

Après les « hommes sauvages » viennent les tambours et les fifres que commande un Tambour-major (v. grav. XI), reconnaissable à sa haute taille et à la « canne-major » enrubannée, qu’avec dextérité il manie pour indiquer à ses tambourinaires les différents mouvements de la marche (21). Si le tambour-major portait une « tenue » spécialement conçue pour paraître dans un cortège carnavalesque, « ses » hommes n’avaient anciennement aucun costume qui, spécialement les fit re­marquer. Vers 1900 on leur donne celui des « pierrots ». Ils ne furent dotés de leur actuel uniforme qu’en même temps que les musiciens dont nous allons faire mention. Pas plus que les tambours, les musiciens du groupe des Chinels n’avaient de costumes autres que ceux qu’ils portaient comme « civils » aux jours de fête ; ils s’affublèrent en pierrots il y a une bonne cinquantaine d’années et gardèrent le costume de toile blan­che garni de parements noirs avec la toque de feutre dans laquelle était piquée une plume blanche, jusqu’en 1955.

Au cours de l’an 1952, les Chinels ayant été invités à participer aux festivités données lors de la joyeuse entrée à Namur du roi Baudouin, leur comité fut, pour la circonstance, pressenti par la Commission Nationale de Folklore, de faire porter « à la musique » un vêtement rappelant le XVIe siècle, ce qui fut décidé. Le pré­sident des Chinels, J. Gosset, chargea Victor Biot, un de ses col­laborateurs, ainsi que l’auteur de ces lignes de trouver ces « vêtures » ; celles-ci furent louées chez un costumier de théâtre bru­xellois. Elles eurent l’heur de plaire à ceux qui devaient les porter et c’est ainsi que l’année suivante il fut décidé de faire confec­tionner d’identiques vêtements, pour un essai les jeunes « tam­bours » en furent gratifiés ( rev. la grav. XII ). La tête est coiffée de la toque ancienne, de couleur vert foncé ; la veste, de même teinte, est large et n’empêche aucun mouvement ; le pantalon, court et bouffant, est brun, tandis qu’autour des reins s’enroule une large ceinture orange. Par suite de raisons pécunières, les autres tambourinaires et musiciens ne reçurent un uniforme identique qu’en 1955. Les musiciens, dans le cortège, se placent au centre des groupes de chinels afin que ceux-ci puissent, de partout, entendre les airs qui doivent conduire leurs pas de danse.

Le soir, lorsque la nuit est venue, a lieu l’apothéose… Par petits groupes — par soce — nos amis montent sur le kiosque situé sur la place du Marché et, sous les projecteurs aux multiples couleurs, se succèdent, dansant, dansant toujours, inlassablement, sous les frénétiques applaudissements des foules assemblées. Ici non plus, nous n’écrirons pas ce qu’est ce spectacle : il faut y avoir été présent pour pouvoir en juger. Tout ce que nous en pensons, les spectateurs émerveillés le disent ou le rediront eux-mêmes.

(18)   — Nos amis français devront se rappeler, qu’en Belgique, le « dîner » se prend vers midi.

(19)  — Emon (contraction de ès-mon) c’est-à-dire . chez Anne Deri. Ce nom d’ « An’ Dèri » était devenu le patronyme populaire des descendants de la femme qui. avait porté ce nom et été tenancière du cabaret.

(20) — Les textes qui vont suivre sont tirés du compte communal de 1738 et de 1751 avec leur graphie originale.

(21) — Pendant plus de quarante ans consécutifs un nommé Jacques Hardy (djâdjâques) mania la canne-major, puis en 1900 ce fut li Blanc-Coucou (Joseph Drèze), homme d’une stature et d’une force peu commune, décidé et remplacé en 1927 par le « Wallon toujours » Arth. Motteaux qui en garda les « fonctions » jusqu’en 1954, année pendant laquelle l’âge les lui fit remettre à l’actuel titulaire : Tercien (Lucien Piéfort) — de la famille de Drèze — auquel succédera Guy Drèze, tambour-major en herbe, l’arrière-petit-fils du « Blanc Coucou » lequel, à 13 ans, conduit déjà les six cadets-tambours qui, empressons-nous de l’écrire, sont déjà de fameux tapins (v. grav. XII).

(*) — Pour les dames que la confection de ce costume intéresse, nous dirons que l’assemblage requiert des soins minutieux. Si les tissus chatoyants sont drapés fort largement, ils sont cependant montés sur un corsage de forte toile, c’est à cette toile que sont adaptées les bosses ; chacune de celles-ci est, à sa base, garnie de quatre cordons ; ceux de devant vont, par-dessus et sous les épaules, se réunir par un nœud fortement serré sur le dos ; les cordons de la bosse postérieure, de la même façon, s’accouplent sur la poitrine, ce qui fait qu’un Chinel ne peut s’habiller seul. Généralement la veste, dont le devant forme plastron, se ferme par des boutons’ invisibles dits : à pression. Les jambes du pantalon sont serrées au-dessous .du genou, le bas des jambes se terminent par des dentelles qui recouvrent tout le poignet.

Autres archives sur le sujet

in: Jean Lefèvre, Traditions de Wallonie, éd. Marabout, 1977

Lès chinèls (chinels) dérivent de la Comédie italienne, comme les gilles, les pierrots, et les arlequins. Ils sortaient au 18e s. aux jours gras, maintenant à la Laetare.

Il existait encore notamment en 1904 des sortes de sapeurs avec des espèces de tuniques de feuilles de lierre. (cf lès sauvadjes omes (hommes sauvages)) (couverts de mousse de chêne, avec une tunique revêtue de feuilles) (à partir du 15e/16e-, comme à Rutten (Limbourg) lors du Mirakelspel van Sint Evermarus (Miracle de St Evermare).

 / NDLR: Les femmes préparaient cette tunique la nuit précédant le jour du Laetare car les feuilles de lierre avaient un délai de conservation très court. Il est compréhensible que ce travail harassant fut un jour abandonné. /

AUPARAVANT, le pantalon et le costume étaient bourrés de paille ; les acteurs avaient des sabots, le sabre ou la batte des acteurs de la Comédie italienne. La danse était une vieux de rigaudon. Les grelots étaient semblables à ceux portés par les chevaux. Vers 1870, le rigaudon abandonné, les sabots deviennent des escarpins et les bosses rondes s’effilent en avant et en arrière. Les costumes de soie, de satin en 2 teintes contrastées apparaissent, de même que des grelots miniaturisés, un sabre exotique, à la turque.

Par contre, lès doudous restent fidèles à l’ancien costume.

NB On retrouve des costumes avec des cloches dans des groupes folkloriques au Pays Basque, en Allemagne.

in: Jean Romain, Fosses, son passé, son folklore, 1949

Lès sauvadjes omes (les hommes sauvages)

Une brasserie de Fosses s’intitulait : « A l’Homme sauvage ». Il s’agissait sans doute de la maison du chef de cet ancien groupe agré­mentant la Procession Saint-Feuillen au XVIIIme s. Les comptes com­munaux de 1737 renseignent la fabrication des costumes des « Hommes sauvages… » Les récits des missionnaires et des voyageurs sur les Hurons, les Iroquois et les habitants de l’Amérique du Nord ont sans doute été à l’origine d’un groupe d’hommes vêtus de peaux de bêtes et armés de massues. Ces curieux spécimens de folklore populaire se trouvent aussi au Carnaval de Malmédy, avec les géants de Ath et même, on signale qu’à Londres, avant 1711, le Lord Maire fit son entrée avec une escorte d’Hommes sauvages… Ils n’ont guère vécu à Fosses, car en 1751, les habits ont été transformés (« accomodés » pour 3 florins). Ne serait-ce pas l’origine des « Mossès » de la Laetare ? Le groupe des Chinels est précédé de Sapeurs, mais ce ne sont pas les Sapeurs de la Marche ; sur leur costume de Grognards de Napoléon (sic), ils cousent des feuilles de lierre et leur chapeau est tout couvert de mousse. La « soce des mossès » n’aurait-elle pas remplacé le groupe des « Hom­mes sauvages… ».

Lès tch’vaus-godins, in : Commission Royale belge de Folklore, T9-14, 1956-1961, p.97-136

Chevaux-jupon de Wallonie

Communication de M. René MEURANT

NOTE TARDIVE

Une chanson dialectale anonyme intitulée « Li Laetare à Fosses », restée inédite et datée de 1873, que rappor­te Auguste Lurquin dans son dictionnaire manuscrit du dialecte de Fosse, établit l’existence et le rôle, très intéressant de godins locaux :

Mins nos godins, n’ séyenut-is pus ruwer ?

I gn-a longtimps, m’ chone-t-i, qu’ is n’ s’ ont mostrés.

C’ è-st-one indjince one pitite miète èrnauje,

Mins ayèssante : i lès faut po fé l’ auje.

Lès p’tits côps d’ cu qu’ tchôkenut pa tos castés

Trawenut l’ passadje po totes lès sociètés.

Quî èst-ç’ qui r’culeréve po qu’ les flècheûs tirenuche ?

S’ on n’avéve nin, po fé l’ police, li tch’vau,

Li vraî godin qui rûwe bin sins fé mau.

Traduction : Mais nos chevaux-jupon, ne savent-ils plus ruer ? – Il y a longtemps, me semble-t-il, qu’ils ne se sont plus montrés. — C’est une engeance un petit peu remuante, — Mais utile : on a besoin d’eux pour faire de l’aise. — Les petits coups de cul qu’ils pous­sent en tous sens — Trouent le passage pour toutes les sociétés. — Qui est-ce qui reculerait pour que puis­sent tirer les archers ? — Si on n’avait pas, pour faire la police, le petit cheval, — Le vrai cheval-jupon qui rue bien sans faire mal.

Le cheval-jupon de Fosse, selon Lurquin, correspon­dait à la définition que donne Grandgagnage s. v° (t)ch’vau godin : « cheval en carton dans lequel était un homme dont les jambes étaient cachées par le godin (= jupe) du cheval » Lurquin parle d’une « cavalerie carnavalesque ». Selon Adolphe Collin, dans son roman dialectal Onk keur inocint, paru dans L’Echo, « organe politique du canton de Fosses et de la Basse-Sambre », VI, n° du 3 mai 1914, « lès tch’faus godins, lèdjêres come dès djon.nes polins, fiyin.n rèculer l’ monde su lès trotwêrs, fiant dès ruwâdes èt bouchî lès scorîyes ». Ceci au départ et en tête du cortège des Chinels du Laetare. On remarquera donc qu’ils ont des fouets qu’ils font claquer.

L’érudit fossais Joseph Noël a retrouvé une chanson de François Gailly, qu’il date de 1890 approximativement et qui s’intitule :  LES TCH’VAUS-GODINS D’ FOSSE (cf 3.2 Tchansons / Chansons).

(…) On relèvera, que les chevaux-jupon constituent un groupe important et que le « clou » de leur rôle semble être un « carrousel » ; qu’en outre ils mimaient des set qui rappellent les jeux de la limotche locale et du vétérinaire.

Auguste Lurquin ajoute que le (tch’vau-)godèt est aussi le cheval de Laulau, le fils de Largayon, dans l’épopée de l’abbé Michel Renard, de Braine-l’Alleud (voir la n 61). Comparez pp. 98 et 99 de M. C. Renard, L’Argayon, èl jéant d’ Nivèle.

Lès sauvadjes omes (les hommes sauvages) / Sapeûrs (Sapeurs) / Omes couvièts d’ lêre (Hommes couverts de lierre)

in : Le Messager, 28/02/1982

Omes-lêres ôte paut / Hommes-lierre ailleurs : Rutten / Sint-Evermarusspel (Limboûrg / Limbourg / Limburg) 

0.2   Souvenirs – Souvenîrs

Sources et légendes des photos ci-dessus :

– “Photo retro” (Létâre 19…) : in: Le Messager, 28/04/1989

– Photo des Chinels dans la rue (en arrière-plan devanture “A Saint Michel”) : 1960 – Nameur / Lès Chinèls auzès Féérîyes di julèt’ (Namur / Les Chinels aux Fééries de juillet)

– “Les Chinels dans l’îlot sacré” : 1970s – Lès Chinèls à Brussèle (Les Chinels à Bruxelles)

– “Un des meilleurs épisodes du spectacle : le passage des petits Chinels” : 1970s (VA, 03/…)

– “Les “Chinels” déchaînés pour leur Laetare à Fosses-la-Ville” : 1980s, in: Nouvelle Gazette

– Photo des 5 Chinels avec un petit enfant en Chinel au milieu dans les bras : 1980s

– 2 dernières photos : 2013

 Sources et légendes des textes ci-dessus :

– “Quand les dames dansaient le Chinel” (Lès Chinèles) : in: Le Messager, 14/04/1989

– “Humour et folklore ont fait bon ménage, à Fosses-la-Ville” : 1970s – Li Banbwès do timps dès Gaulwès (Bambois au temps des Gaulois)

– “Laetare d’autrefois” : 1971-1976, in: Le Messager, 10/11/2006

– “Ce dimanche 12 mars : Laetare” : 1990s

– “L’accident du lundi…” : Létâré 2006 (in: Le Messager, 14/04/2006)

– Laetare 2010 : foto / photo:  ByKri

Létâré 1982 (in: Le Messager)

Létâré 1983 (in : Le Messager, 18/03/1983)

Létâré 1989 (in: Le Messsager, 10/03/1989)

1.   Li Chinèl / Le Chinel

1.1   Costume èt matériél / Costume et matériel

(à Regare (Fosse / Fosses-la-Ville))

in: Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956, p.39

Si nos doudous contemporains ont conservé le costume, la coiffure et les sabots de leurs prédécesseurs, le Chinel a échangé les chaussures de bois, plutôt pesantes et malaisées pour danser, contre de fins escarpins ou de légères pantoufles de cuir garnis, pour la circonstance, de rosaces en tissus sur la partie recouvrant le coup du pied. Quant au chapeau, il fut surmonté non d’une petite touffe de plumes, mais devint plus décoratif par de grandes plumes multicolores de coq, retombant en cascade, à gauche et à droite de la coiffure. Ces innovations ajoutèrent plus de grâce et de beauté à la silhouette du Chinel dans les voltes, et les contre voltes, indiquées par l’entraînante musique.

Avant 1914, très souvent les Chinels aimaient que fussent changées les teintes de leur accoutrement et, comme ils « sortaient en soces » — chacune avait ses couleurs — (11), ils tenaient à ce que restassent inconnues, jusqu’au jour de Laetare, les particula­rités de leur dernier choix — ceci est tellement vrai qu’ils en gardaient le secret — respecté jalousement par leurs mères, épou­ses ou sœurs — au point que chaque groupe avait soin de se cou­vrir le visage d’un « loup » garni d’un voile pour cacher le bas du visage. Ce léger masque était renouvelé chaque année et particu­lier à la soce (12). Ils se réunissaient chez l’un d’eux, de préférence chez celui qui avait une demeure à deux issues et ce n’était qu’au bout de quelque temps, après avoir intrigué voisins et voisines ou s’être livrés à des saillies joyeuses et sans nombre, qu’ils se décidaient, enfin, à se démasquer tous ensemble, et ce, à la grande surprise de leurs victimes qui avaient enfin ri de leurs boutades ou qui s’étaient étonnés des « doûdoûces » données par les légères lattes de bois (*). Les lattes, elles aussi, disparurent des mains de nos plaisants drilles et c’est un sabre, également en forme de yatagan (comme celui des doudous) qui les remplaça. De ces sabres, le bois est vernis ou teinté ; un cordonnet, passé dans un trou perçant la poi­gnée, permet de l’assujettir bien en main… et de pouvoir lever le coude pour se désaltérer sans se dessaisir de cette arme peu meur­trière qui, d’ailleurs, ne sert qu’à souligner les gestes des danseurs et à « sabrer ».

(11)  — Soce  : groupe d’amis. — Soçon  : ami, camarade. — Ces groupes se composaient d’un nombre variable mais, généralement, n’excédant pas un total de huit. Chacun des Chinels « misaient » et l’un d’eux étaient chargés des débours faits au cours de la sortie ; lorsque la bourse était vide, on « rilpgéve » (lire : riloguéve), c’est-à-dire que l’on mettait dans le gousset comrrfun une nouvelle quote-part.

(12)  — II serait heureux que l’on reprit cette coutume de porter le « loup » traditionnel tout  comme les «  Gilles  »  de  Binche  gardent  le  masque  toute  la matinée du Mardi-Gras (v. à la p. 32 et suiv. de l’ouvrage cité ici au renvoi 15). — A Fosse, lorsque le port du loup fut abandonné, l’on vit certains Chinels se farder de carmin  ; cet usage persiste encore pour la plupart des enfants-chinels.

(*) — Doûdoûces : caresses de petit enfant.

Maurice Chapelle, LI “FOLKLÔRE” A FOSSES-LA-VILLE

Divant qu’ i n’eûche dès chinèls, li carnaval èsteuve animé pausès Doudous. C’ èst lès Doudous qui dansenut padrî lès Chinèls au Létâré. Is sont-st-abiyîs d’ on blanc costume à gros rodjes botons avou, à l’ place di bosses, on gros rinfladje pa-d’vant èt pa-drî. Is sont tchaussîs d’ chabots avou l’ ponte qui r’monte aviè l’ côp d’pîd, come one cwane. Is dansenut l’ min.me pas qu’ lès Chinèls.

Tant qu’ au Chinèl li-min.me, c’ èst fwârt bin possibe qui l’ novia moussemint aureûve sitî lancî aviè 1869, au momint qui Louwis Canivet, li Dirècteûr dè l ‘filârmonike fosswèse, a scrît li musike dè l’ novèle danse (…). Ca li Chinèl pwate on mèrvèyeûs moussemint qui lès coleûrs candjenut di “soce” à “soce”». Leû casake èst gârni d’ dêus-èfiléyes èt crombès bosses, – aviè l’ têre po l’ cène di d’vant, aviè l’ ciél po l’ cène di drî. Il èst faît di v’loûrs èt d’ satin èwou-ce qui lès frankès coleûrs si marîyenut avou d’ l’ agrès : li rodje èt l’ vèt’, li rôse èt l’ mauve, li djane èt l’nwâr, ou bin l’ bleuw èt l’ gris. Li d’zos èst discôpé en fèstons avou au d’bout one chîlète. Dès coûtès culotes s’arètenut pus d’zos qu’ leûs gngnos. Dès fins solés gârnis d’ one rôsète remplacenut lès chabots dès Doudous. One blanke colorète avou on doré galon essère leû cô. Is sont cwèfés d’ on tchapia à deûs cwèfes, on bicorne direûve-t-on è francès, avou su li d’zeû dès plomes di cok ou d’faîsan qui stritchenut. Tot dansant, is bloncenut on lèdjêre sâbe di bwès qu’ a l’fôrme d’ on sâbe di Turk èt i lî siève po « sâbrer ».

1.2   Fabricants – Fieûs (encore rien trouvé – co rin trové)

2.   Cortège – Cortêje

2.1   Les Chinels – Lès Chinèls

2.1.0   Présentation – Présintâcion (statuts; déroulement)

Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956, p40-41 et 45

Le sabrage et le coup de bosse 

Le sabrage des filles et des femmes est une marque d’amitié, de camaraderie ou de politesse galante que se réservent les Chinels et les Doudous envers les dames, qu’elles fussent ou non fort connues d’eux ; l’époux ou le fiancé fossois jamais ne s’en offusquera. Pour nos danseurs, sabrer est un geste qui, en lui-même, n’a aucune importance ; il consiste en une gaminerie, une « arsouyerîye » selon le terme lénitif de notre terroir (13), qui n’est qu’un simple amusement pour le Chinel et à laquelle se prêtent toujours de bonne grâce, et en riant comme il se doit, les fossoises et celles qui connaissent la coutume. Malgré les protes­tations de quelques collets-montés (la plupart masculins) qui quali­fient le sabrage déshonnête et même impudique, l’amateur de fol­klore ne peut que rire lui aussi, si pas applaudir, quand il voit un Chinel quitter les rangs, même au cours de la danse, et s’ap­procher en sautillant d’une demoiselle ou d’une dame, lui tourner le dos, s’abaisser brusquement et, passant le sabre soit entre ses propres jambes, soit de côté, caresser de son « arme » les mollets de celle qu’il s’est désignée. Cela ne dure qu’un instant, instant très bref après lequel le Chinel se redresse, fait face à la « sabrée », la salue du sabre (H) et d’un sourire puis, vivement, va reprendre place au milieu de ses compagnons (*).

Mais avec le sabrage inoffensif existe une autre habitude, un autre privilège que se sont arrogé les Chinels. Si à Binche, spec­tatrices et spectateurs doivent nécessairement être déguisés sous peine de recevoir des coups de vessie gonflée d’air (15), le fumeur, à Fosse, doit se méfier des danseurs, car pipes, cigares et cigarettes entre les lèvres des spectateurs sont toujours sur le point de quitter brusquement la bouche de ceux qui s’en délectent. En tapinois, le Chinel qui a repéré un cigare, par exemple, s’en ira vers le fumeur attentif à regarder les danses ; notre porteur de bosses fera quelques cabrioles devant sa future victime et, comme mu par un ressort, pivotant sur lui-même, de sa bosse ar­rière enverra le brûlot se consumer… sur la chaussée. Passe encore si ce n’est qu’un cigare ou une cigarette, mais gare aux pipes de valeur ! Le Chinel est souvent sans pitié sur ce point et n’aura cure du dégât ni des récriminations. Heureusement, grâce aux reproches et recommandations réitérées des « officiels » du comité, le prétendu droit à ce petit vandalisme tend à ne plus être revendiqué. Un conseil cependant : amateurs de la plante à Nicot, laissez en poche vos pipes, si chères à tous points de vue.

(13)  — L’on sait qu’en France le mot « arsouye » place celui qui en est qua­lifié dans la classe des vauriens aux manières crapuleuses. En Wallonie, sa signification est  tout autre,  elle exprime  l’idée d’espièglerie malicieuse mais sans méchanceté appréciable

(14)  — Le Chinel salue en levant son sabre de la main droite au-dessus de la tête, de façon à montrer une face de celui-ci, la pointe tournée vers l’épaule gauche.

{*) — Nous ne savons où certains auteurs non fossois ont été puiser la version qui relate qu’ « armé d’un grand sabre de bois, le masque le glisse sous les pieds des jeunes filles qui doivent sauter au-dessus de la lame » ; ceci relève de la plus haute fantaisie. Hélas ! certains folkloristes n’ont cure des contre-vérités !

(15)  — Notons que ce ne sont pas les « Gilles » qui les donnent. V. sur les « Gilles » : Le Carnaval de Binche, de Samuel Glotz, Ed. du Folkl. Brabançon, Bru­xelles, 1949, et notamment pour les vessies, à la p. 38.

Qui dit Fossois dit Chinel

La fête de la Laetare, pour l’Eglise qui l’a introduite dans le calendrier, est jour où l’on doit se réjouir et Fosse, principalement, ne manque pas de suivre le conseil donné par l’introït du quatriè­me dimanche de Carême : Laetare Jérusalem,., gaudete cum laetitia… mais dans un autre sens, car c’est la journée des Chinels, journée de joie familiale, de franches lippées où ne manquent ni vins ni capiteux alcools. C’est la journée pendant laquelle les tout-petits revêtiront leurs premières bosses et essayeront leurs premiers pas de danse en public (16) ; c’est aussi le jour où la maman sera fière de suivre des yeux son rejeton, son petit dieu, tout le long du parcours… car le papa aura peut-être oublié que son fils se trouve parmi les cadets et qu’il n’a pas quatre ans (v. grav. XIV).

Ces derniers mots auront sans doute rendu sceptique notre lecteur, mais qu’il vienne en nos murs et il sera convaincu que chez nous « l’on naît Chinel ». Comment en serait-il autrement puisque gamine, la mère, en bonne fossoise, a, elle aussi, esquissé les pas de son père et de ses frères, qu’elle a uni sa vie à un Chinel, qu’elle a conçu ou donné son lait pendant que les airs de Canivet résonnaient à ses oreilles ; qu’à chaque fête locale les notes mutines et entraînantes explosent vraiment après chaque concert ou après chaque aubade, et que l’enfant a respiré, mais oui ! déjà avant de voir le jour, une atmosphère vibrante de nos rythmes. Puis, à peine rifachî (mis dans ses langes), ne s’endormira-t-il pas toujours pendant que sa « mémére » le bercera en scandant lentement un passage de la musique locale. Plus tard, encore tchimot (encore fort petit) ne montera-t-il pas sur le kiosque ou ne rodera-t-il pas autour des loges foraines en chantonnant ou en sifflant l’un ou l’autre passage de la musique de Canivet qui nous rappelle les Gailly, les Colson, les Lefèvre, les Crame, les Puissant, les Mairy, les Evrard, les Georlette, les Hue, les Wiot (17), le « Doudou » qui avait nom : Victor Verbaert (son sobriquet disait assez le costume qu’il affectionnait) et ne pouvant les citer tous, enfin Jo­seph Neûje (à l’état-civil : Hannicq), un des plus célèbres par son endurance et sa bonne humeur (mort à 78 ans), avec li mârtchand (Gustave Goffaux) qui, âgé de 83 ans, le sabre à la main droite, et s’appuyant de l’autre sur un bâton, prit encore part au cortège ; il s’apprêtait à « faire le Chinel » l’année suivante (1951) lorsque, curieuse coïncidence, il commença à s’éteindre le jour même de la Laetare et rendit l’âme alors que les dernières notes de l’air qu’il aimait tant, dans la nuit suivant le lundi, venaient à peine de cesser.

(16) — Nous disons « en public » parce que quelques jours avant la sortie, dans une salle de la localité et avec accompagnement de la musique, un vieux Chinel inculque les différents mouvements aux tout petits ; il nous semble être un devoir de rendre hommage à Louis MORET, à Jules SONNET et à Léon JACQMAIN qui, au cours du dernier demi-siècle et comme un véritable apostolat, ont accompli cette patiente mission.

(17) — Après s’en être servi lui-même longtemps, l’auteur de ces lignes conserve comme une véritable relique, le sabre d’un de ces Wiot, oncle de sa mère ; sur la poignée est inscrit en fines pointes de cuivre : Nicolas Wiot, avec la date : 1853. — Ce Nicolas est le « Blanc-Wiot » dont il sera fait mention dans une des chansons qui suivent.

Les Chinels en cortège

Les réjouissances, selon l’immémorable coutume, sont annon­cées pendant les huit jours qui précèdent la Laetare par la toni­truante « retraite » que font, quand est tombée la nuit, les tambou­rinaires qui passent dans chaque rue et chaque venelle de la bonne vieille ville.

La veille de la « Sortie », pendant que les ménagères s’occu­pent fébrilement à mettre la maison en ordre, à ranger les tartes, à apprêter le dîner du lendemain (18), à donner un suprême et dé­licat « coup de fer » aux nombreux plis de collerettes de « son » ou de « ses » Chinels, se déroule une « retraite aux flambeaux », prémices joyeuses qui s’étendront bien avant dans la soirée.

La matinée du « Grand Jour » se passe fiévreusement ; les repas pour beaucoup sont bâclés à la hâte tant l’on est, surtout chez les cadets, impatient d’endosser le pantalon aux « cloquins » — petites clochettes — et la veste déformée par les gibbosités. Beau­coup ne vont-ils pas les « strumer » — les étrenner — les mettre pour la première fois ?

Quand sonnent les deux heures de relevée (comme disaient nos grands-pères) a lieu, toujours comme au bon vieux temps, le rassemblement des soces au bas de la rue de Vitrival, là où se trouvait anciennement l’estaminet dit « Èmon Ane Dèri » (19).

À Fosse, dans toutes les fêtes carnavalesques, la tête des cortèges est formée invariablement d’un groupe d’hommes dont la veste est entièrement couverte de feuilles de lierre : ce sont les « sapeurs ». Ces figurants sont les descendants de ceux que les archives communales nomment les « hommes sauvages » et dont des mentions sont faites au sujet des processions et marches de Saint Feuillen (20). Ils sont conduits par le sèrdjent-sapeûr (sergent-sapeur) qui porte comme attribut une longue lame de scie dite brakèt (scie à main), dont l’état brillant montre assez qu’elle n’a d’autre usage, ou en­core one masse, une massue de cuivre argenté dont les longs « piquots » n’empêchent aucunement le soleil de se refléter sur son pourtour poli comme un miroir (v. la grav. IX). Coiffés d’un haut chapeau cylindrique, s’évasant légèrement vers le haut et complètement tapissé extérieurement de mossèts (mousse du chêne), ils ont la nuque dissimulée sous une ritape (petit voile tombant), de couleur rouge, attachée à la bordure pos­térieure de ce bonèt. Au bord supérieur droit de cette coif­fure pend un triangle, du tissu et de la teinte susdites, qu’agré­menté un gros gland de laine de même couleur. Ils portent le long pantalon immaculé comme la neige et cachent le devant du corps par un tablier blanc. Les sapeurs tiennent en main une grande hache de bois ; tantôt ils la posent sur l’épaule, tantôt ils font mine de s’en frayer un passage.

Après les « hommes sauvages » viennent les tambours et les fifres que commande un tambour-major (v. grav. XI), reconnaissable à sa haute taille et à la « canne-major » enrubannée, qu’avec dextérité il manie pour indiquer à ses tambourinaires les différents mouvements de la marche (21). Si le tambour-major portait une « tenue » spécialement conçue pour paraître dans un cortège carnavalesque, « ses » hommes n’avaient anciennement aucun costume qui, spécialement les fit re­marquer. Vers 1900 on leur donne celui des pièrots. Ils ne furent dotés de leur actuel uniforme qu’en même temps que les musiciens dont nous allons faire mention.

Pas plus que les tambours, les musiciens du groupe des Chinels n’avaient de costumes autres que ceux qu’ils portaient comme « civils » aux jours de fête ; ils s’affublèrent en pierrots il y a une bonne cinquantaine d’années et gardèrent le costume de toile blan­che garni de parements noirs avec la toque de feutre dans laquelle était piquée une plume blanche, jusqu’en 1955. Au cours de l’an 1952, les Chinels ayant été invités à participer aux festivités données lors de la joyeuse entrée à Narnur du roi Baudouin, leur comité fut, pour la circonstance, pressenti par la Commission Nationale de Folklore, de faire porter « à la musique » un vêtement rappelant le XVIe siècle, ce qui fut décidé. Le pré­sident des Chinels, J. Gosset, chargea Victor Biot, un de ses col­laborateurs, ainsi que l’auteur de ces lignes de trouver ces « vêtures » ; celles-ci furent louées chez un costumier de théâtre bru­xellois. Elles eurent l’heur de plaire à ceux qui devaient les porter et c’est ainsi que l’année suivante il fut décidé de faire confec­tionner d’identiques vêtements, pour un essai les jeunes « tam­bours » en furent gratifiés ( rev. la grav. XII ). La tête est coiffée de la toque ancienne, de couleur vert foncé ; la veste, de même teinte, est large et n’empêche aucun mouvement ; le pantalon, court et bouffant, est brun, tandis qu’autour des reins s’enroule une large ceinture orange. Par suite de raisons pécunières, les autres tambourinaires et musiciens ne reçurent un uniforme identique qu’en 1955. Les musiciens, dans le cortège, se placent au centre des groupes de chinels afin que ceux-ci puissent, de partout, entendre les airs qui doivent conduire leurs pas de danse.

Le soir, lorsque la nuit est venue, a lieu l’apothéose… Par petits groupes — pa soce — nos amis montent sur le kiosque situé sur la place du Marché et, sous les projecteurs aux multiples couleurs, se succèdent, dansant, dansant toujours, inlassablement, sous les frénétiques applaudissements des foules assemblées. Ici non plus, nous n’écrirons pas ce qu’est ce spectacle : il faut y avoir été présent pour pouvoir en juger. Tout ce que nous en pensons, les spectateurs émerveillés le disent ou le rediront eux-mêmes.

(18)   — Nos amis français devront se rappeler, qu’en Belgique, le « dîner » se prend vers midi.

(19)  — Èmon (contraction de ès-mon) c’est-à-dire chez Anne Deri. Ce nom d’« An’ Dèri » était devenu le patronyme populaire des descendants de la femme qui avait porté ce nom et été tenancière du cabaret.

(20) — Les textes qui vont suivre sont tirés du compte communal de 1738 et de 1751 avec leur graphie originale.

(2l) — Pendant plus de quarante ans consécutifs un nommé Jacques Hardy (Djâdjâke) mania la canne-major, puis en 1900 ce fut li Blanc-Coucou (Joseph Drèze), homme d’une stature et d’une force peu commune, décidé et remplacé en 1927 par le « Wallon toujours » Arthur Motteaux qui en garda les « fonctions » jusqu’en 1954, année pendant laquelle l’âge les lui fit remettre à l’actuel titulaire : Tèrcyin (Lucien Piéfort) — de la famille de Drèze — auquel succédera Guy Drèze, tambour-major en herbe, l’arrière-petit-fils du « Blanc Coucou » lequel, à 13 ans, conduit déjà les six cadets-tambours qui, empressons-nous de l’écrire, sont déjà de fameux tapins (v. grav. XII).

http://www.chinels.be/

La plus populaire est, à n’en pas douter, le sabrage des dames : mû par sa tendance à la plaisanterie – et sans doute aussi par la part de sang latin coulant dans ses veines, le Chinel aime à quitter les rangs pour s’approcher d’une agréable représentante du sexe dit faible. Se présentant devant la dame ou la demoiselle qu’il a remarquée, il lui effleure le mollet avec son sabre en bois. La réaction de la « sabrée » peut aller de l’étonnement au début de panique en passant par le fou rire. La saluant d’un dernier sourire – ou l’invitant à toucher sa bosse arrière en guise de porte-bonheur, le plaisantin ravi regagne le groupe et reprend la danse. Il ne faut voir dans cette pratique qu’une marque de galanterie et d’amitié bien qu’il soit parfois arrivé qu’elle provoque certaines réactions un peu vives de quelque mari jaloux.

Maurice Chapelle, LI “FOLKLÔRE” A FOSSES-LA-VILLE

Pace qui gn-a, come d’ èfèt, deûs-abitudes qui l’ Chinèl tint à rèspècter.

Li prumî pli, c’ èst l’ sâbradje dès coméres.  Quitant l’ danse, sins fé chonance di rin, li chinèl s’aprotche d’ one comére qu’ i conèt bin, qu’ i lî vout fé plaîji; tot d’ on côp, i s’ ritoûne èt carèssî dè l’ ponte di s’ sâbe lès molèts dè l’ feume, èt pwîs, il èva tot s’ saluwant avou s’ sâbe.

Li deûzyin.me, c’ èst l’ côp d’bosse èt i s’ adrèsse auzès feumes. Li Chinèl a r’mârké li pupe ou 1′ cigâre d’ on monsieû. Tot fiant chonance di rin, i vint adlé l’ ome èt si r’toûrnant come on r’ssôrt, avou l’ ponte di s’bosse di drî, il èvôye au lon li fumadje do r’waîtant.

Une fête de Laetare frigorifique, in: /Jean-Pol Georgery/, Qué novèle, 5, 11 mars 2005

On peut affirmer que pour être Chinel il faut s’adapter à toutes les températures : ils ont souvent transpiré sous le soleil – même assez souvent car parfois on disait que le Chinel avait des accointances avec le ciel qui découvrait un soleil quelque peu voyeur pour les regarder danser ; ils ont parfois bravé la pluie, ou des températures plutôt fraîches (la Laetare tombe souvent en mars), mais aussi par temps glacial et neigeux, la chose est beaucoup plus rare. Avec une date précoce, on ne devait pas s’attendre à de fortes chaleurs ! Il y a exactement vingt ans, en 1985, ce fut pourtant le cas : c’était un 17 mars. Il y avait, au départ, 5 cm dans les prairies et sur les talus, mais la neige n’encombrait pas les rues ; le froid faisait aussi partie de cette journée hivernale.

Dimanche, si la température oscillait plutôt en dessous de zéro, la neige tombée encore avec obstination la nuit précédente, ne fit qu’une timide réapparition avant les rondeaux, alors que le public patientait stoïquement, attendant l’arrivée des premiers groupes. Et du public, il y en eut, malgré le froid et l’absence de groupes étrangers ; sans doute moins que les autres années, mais il est certain que la réputation des Chinels attire et leur cotation est toujours en hausse, pour utiliser le langage boursier.

Ce qui impressionne, un jour de Laetare, c’est le nombre incroyable de Chinels. Un nombre difficile à chiffrer, car sans « voiture-balai les retardataires finissent toujours par regagner le groupe ; il y a finalement très peu d’abandons ! Très impressionnant également le groupe des Clowns en Folie : près de 340 dit-on ! A croire que leur syndicat a battu le rappel des cirques du monde entier pour se retrouver en grande manifestation à Fosses ! Ils ont surtout donné un aperçu de leurs nouvelles danses et chants, parfaitement exécutés et appréciés lors du rondeau du soir. Très enthousiastes également les sorcières de Clara Bistouille et Abel Zébuth, qui font valser les balais et les tridents pour effrayer, sans grande réussite, un public amusé. Un groupe qui a très bien réussi son redémarrage. Enfin, toujours au poste sur leur sorte de mirador, les Echasseurs rouge et vert, dont on ne compte plus les participations, sont toujours fidèles au rendez-vous du Laetare. Il ne faut pas oublier non plus les Pierrots musiciens, qui font partie intégrante du groupe des Chinels, qui reproduisent, en continuité, les précieuses figures composées par le célèbre Louis Canivet. Heureusement, malgré le froid, leurs doigts assouplis par la pratique, ne se sont pas figés sur les têtes de piston.

Tous ces participants (près de 800 (qui ont bravé le froid, ont bien mérité les applaudissements nourris lors de la traditionnelle soirée des rondeaux, une bonne façon de se réchauffer !

Les petits à-côtés d’une grande fête locale

• On peut s’étonner de voir écrit indistinctement « la » Laetare » ou « le » Laetare ; un « le » qui ne sonne pas toujours très bien à l’oreille. Nous parlions toujours dans nos colonnes de la Laetare ; plus récemment, nos correspondants ont employé le masculin, car Laetare est masculin. Alors, pourquoi « la » ? Parce que « la » sous-entendu « fête ». La « fête » du Laetare, ou la Laetare. Ne dit-on pas « la » Noël, alors que Noël est masculin (un Noël blanc) ?

• Il est intéressant de signaler la participation massive d’une famille Fossoise au sein du groupe des Chinels. Les GENARD (descendants de la famille de Raoul Genard-Herregodts) ont toujours été en nombre et la relève étant assurée, ils étaient une vingtaine cette année, dispersés au milieu des danseurs, petits et grands. Et si les dames étaient acceptées… ?

• Un grand bravo au doyen des Chinels : le vétéran Raymond qui, à 84 ans, a su braver le froid. Et bientôt…, le bondissant Hector viendra former un duo de 4×20. Mais laissons sautiller ces jeunots exemplaires.

• Un règlement impitoyable : après 12 ans, on n’accepte plus de Chinel : on ne veut pas de Chinel à 4 bosses !

• Après la neige, les trottoirs des rues de Fosses ont été envahis de confettis, qui furent engloutis, après la fête, par l’aspirateur géant de la commune de Fosses.

• Bientôt, pour le prochain Laetare peut-être, on retrouvera les « Hommes sauvages » recouverts de lierre, comme autrefois…

Société Royale

« Les Chinels de Fosses-la-Ville » a.s.b.l.

5070 Fosses-la-Ville

STATUTS

(parution aux annexes du Moniteur belge le 29/09/2003.)

Entre les soussignés :

– CORTESE Jean, pensionné, rue du Tisserand 18, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Bassano del Grappa le 10/04/1946,

– DELVAUX Marcel, pensionné, rue Tri-du-Bois 4, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Mettet le 20/04/1935,

– DREZE Etienne, enseignant, rue des Forges 35, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Namur le 06/02/1969,

– DREZE Jacky, enseignant, avenue des Combattants 42, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Fosses-la-Ville le 27/09/1948,

– GODEFROID Christian, inspecteur de police

– GOSSET Guy, fonctionnaire au MET, rue du Tisserand 19, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Namur le 08/09/1965,

– GOSSET Hector, indépendant, rue Delmotte 10, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Fosses-la-Ville le 09/09/1926,

– LAPAGLIA Salvatore, employé, route de Bambois 39, 5070 Fosses-la-Ville, italien (N.N. 661102015-30), né à Namur le 02/11/1966,

– LEBRUN Michel, mécanicien automobile, route de Tamines 242, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Namur le 23/08/1968,

– LECLERCQ Philippe, agent pénitentiaire, rue de la Montagne 38, 5060 Sambreville, belge, né à Namur le 02/04/1965,

– MASSART Guy, enseignant, rue Fichefet 17, 5100 Jambes, belge, né à Namur le 16/03/1943,

– MICHEL Patrick, militaire de carrière, route de Tamines 27, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Namur le19/12/1965,

– MIGNON Michel, demandeur d’emploi, rue Haut-Vent 64, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Namur le 12/01/1959,

– POPULAIRE Pol, pensionné, ruelle du Château 7, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Auvelais le 24/06/1937,

– PREUD’HOMME Lucien, pensionné, rue Haut-Vent 21, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Fosses-la-Ville le 06/05/1923,

– VERVOTTE Raymond, pensionné, rue des Remparts 21, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Falisolle le 23/01/1922,

– WOUTERS Willy, employé, rue Pinsonhaie 3, 5070 Fosses-la-Ville, belge, né à Fosses-la-Ville le 20/07/1950.

ont constitué une association sans but lucratif (a.s.b.l.) sous la dénomination “Société Royale Les Chinels de Fosses-la-Ville”.

TITRE I : Siège social

Art.1 : L’association est dénommée « Société Royale Les Chinels de Fosses-la-Ville » a.s.b.l..

Art.2 : Son siège social est établi en Belgique à 5070 Fosses-la-Ville, chaussée de Charleroi 400 (MB14/02/2006). Il peut être transféré par décision de l’assemblée générale dans tout autre lieu. L’acte de modification du siège social est, conformément à la loi du 27 juin 1921, déposé au greffe du tribunal compétent et publié aux annexes du Moniteur Belge.

TITRE II : But, objet, durée

Art.3 : a) L’association a pour but :

la défense du patrimoine folklorique local et de perpétuer les traditions léguées par nos prédécesseurs.

b) Son objet est de participer à des manifestations folkloriques et traditionnelles, ainsi que l’organisation du Laetare de Fosses-la-Ville. Elle peut accomplir tous les actes se rapportant directement ou indirectement à son objet. Elle peut notamment prêter son concours et s’intéresser à toute activité similaire à son objet.

Art.4 : L’association est constituée pour une durée illimitée.

TITRE III : Membres, nombre, admission, démission, cotisation

Art.5 : L’association est composée des membres effectifs et de membres adhérents. Le nombre des membres effectifs de l’association est illimité, sans pouvoir être inférieur à quatre. Les premiers membres sont les fondateurs soussignés.

Art.6 : Les admissions de nouveaux membres effectifs sont décidées souverainement par l’assemblée générale.

Art.7 : Sont considérés comme membres effectifs :

les personnes physiques dénommées Chinels, Doudous, Musiciens, Sapeurs et Porte-Drapeau participant au moins une fois par an aux activités de ladite association (sans prendre en compte le Laetare) et âgé d’au moins seize ans,

Sont considérés comme membres adhérents :

Toute personne admise en cette qualité par décision du conseil d’administration et notamment : les personnes physiques dénommées Petits Chinels, Doudous, Musiciens et Sapeurs participant au moins une fois par an aux activités de ladite association (sans prendre en compte le Laetare) et âgé de moins de seize ans. Les droits et obligations de ceux-ci sont définis à l’article 10 des présents statuts.

Art.8 : Tout membre, y compris les adhérents, peut se retirer de l’association en adressant sa lettre de démission au Conseil d’Administration.

Est réputé démissionnaire :

– le membre effectif ou adhérent qui ne paie pas la cotisation qui lui incombe dans les deux mois du rappel qui lui est adressé par simple lettre,

– le membre ne participant à aucune activité durant l’année (sans prendre en compte le Laetare),

– le membre féminin âgé de plus de douze ans.

L’exclusion d’un membre effectif est prononcée que par l’assemblée générale statuant à la majorité des deux tiers. L’exclusion d’un membre adhérent est prononcée par le conseil d’administration.

Les décisions d’exclusion, tant du conseil d’administration que de l’assemblée générale, sont souveraines et ne doivent pas être motivées.

Les membres démissionnaires, suspendus ou exclus, ainsi que les héritiers ou créanciers du membre décédé, n’ont aucun droit sur le fonds social et ne peuvent réclamer le remboursement de ce qu’ils ont donné.

Art.9 : Chaque membre est appelé à payer une cotisation annuelle fixée par l’assemblée générale et payable au trésorier ou sur le compte bancaire de l’association avant le premier décembre de chaque année. Cette cotisation ne pourra être supérieure à 10,00 €.

TITRE IV : Assemblées générales, composition, compétences, résolutions

Art.10 : L’assemblée générale est composée de tous les membres effectifs. Elle est présidée par le président du conseil d’administration en fonction.

Les membres adhérents peuvent participer à l’assemblée générale et émettre leur avis au sujet des points à l’ordre du jour. Ils n’ont pas de droit de vote.

Art.11 : L’assemblée générale est le pouvoir souverain de l’association. Elle possède les pouvoirs qui lui sont expressément conférés par la loi ou les présents statuts.

Les attributions de l’assemblée générale comportent le droit :

1. de modifier les statuts,

2. d’admettre les nouveaux membres associés,

3. d’exclure un membre,

4. de nommer et révoquer les administrateurs, le ou les commissaires, le ou les vérificateurs aux comptes ainsi que le ou les liquidateurs,

5. d’approuver annuellement les comptes et budget,

6. de donner la décharge aux administrateurs, aux commissaires et, en cas de dissolution volontaire, aux liquidateurs,

7. d’approuver le règlement d’ordre intérieur et ses modifications,

8. de décider d’intenter une action en responsabilité contre tout membre de l’association, tout administrateur, tout commissaire, toute personne habilitée à représenter l’association ou tout mandataire désigné par l’assemblée générale,

9. de prononcer la dissolution volontaire de l’association ou la transformation de celle-ci en société en finalité sociale,

10. la destination de l’actif en cas de dissolution de l’association.

Art.12 : L’assemblée générale se réunit au moins une fois par an, le quatrième vendredi de janvier et aussi souvent que les intérêts de l’association l’exigent, par décision du conseil d’administration ou à la demande d’un cinquième des membres au moins.

Les convocations aux assemblées générales sont adressées à chacun des membres, au moins huit jours avant la réunion, par lettre ordinaire et contiennent l’ordre du jour.

Art.13 : Tous les membres effectifs ont un droit de vote égal à l’assemblée générale. Les résolutions sont prises à la majorité absolue des voix présentes ou représentées, sauf dans le cas où il en serait décidé autrement par la loi ou les présents statuts. En cas de partage des voix, celle du président ou de l’administrateur qui le remplace est prépondérante.

Les décisions de l’assemblée générale sont consignées dans des procès-verbaux signés par le président, secrétaire et trésorier. Les décisions sont adressées, sous simple pli, au membre qui en fait la demande. Les procès-verbaux sont conservés par le secrétaire.

TITRE V : Conseil d’Administration

Art.14 : L’association est gérée par un Conseil d’Administration composé de trois administrateurs au moins, nommés et révocables par l’assemblée générale et choisis parmi les associés effectifs de plus de dix-huit ans. Le nombre maximum d’administrateurs est fixé par une décision de l’assemblée générale.

Le conseil d’administration désigne parmi ses membres un Président, deux Vice-Présidents, un Secrétaire, un Trésorier et un Chef de Musique.

Art.15 : Les membres du Bureau sont nommés à la majorité des deux tiers des membres présents à l’assemblée générale pour une durée de sept ans de manière alternative : Président, premier Vice-Président et Trésorier une année ; deuxième Vice-Président, Secrétaire et Chef de Musique l’année suivante.

Les autres administrateurs sont nommés par vote préférentiel pour une durée de cinq ans.

Art.16 : Le conseil d’administration a les pouvoirs les plus étendus en ce qui concerne les actes de gestion journalière ou administratifs. Ces actes peuvent être avalisés soit par le président seul, soit par le trésorier seul, signant seuls.

Sont exclus de sa compétence, les actes réservés par la loi ou les présents statuts à l’assemblée générale.

Art.17 : Le Conseil d’Administration se réunit sur convocation du président. Le Conseil d’Administration ne pourra délibérer valablement que si la majorité de ses membres est présente ou représentée.

Les décisions seront prises à la majorité des membres présents ou représentés et seront consignées dans les procès-verbaux signés par le président et le secrétaire. En cas de partage de voix, celle du président ou de l’administrateur qui le remplace est prépondérante.

Art.18 : L’association est valablement engagée dans ses actes de disposition, hormis ce qui est dit à l’art.21, par la signature de tous les membres du Conseil d’Administration.

Les actions judiciaires, tant en demandant qu’en défendant, sont intentées ou soutenues au nom de l’association par le président.

Art.19 : Les administrateurs ne contractent, en raison de leurs fonctions, aucune obligation personnelle et ne sont responsables que de l’exécution de leur mandat. Celui-ci est exercé à titre gratuit.

Art.20 : Les membres du Bureau sont tenus de remplir leur mandat administratif en toutes circonstances, en se faisant aider éventuellement par un membre du Conseil d’Administration. Si pour des raisons valables, un membre du Bureau n’était plus capable d’assurer son mandat, un membre du Conseil d’Administration assurerait l’intérim.

TITRE VI : Biens, budgets, comptes

Art.21 : Aucun immeuble de l’association ne pourra être acquis, vendu, hypothéqué ou avoir sa destination modifiée, que par autorisation spéciale de l’assemblée générale réunie en séance extraordinaire.

L’autorisation n’est acquise que si elle est approuvée à la majorité des trois quarts des membres.

Art.22 : L’exercice social commence le premier janvier pour se terminer le trente et un décembre. Les comptes sont examinés par deux vérificateurs aux comptes désignés lors de l’assemblée générale de l’exercice précédent et arrêtés par le Conseil d’Administration en vue de leur présentation à l’assemblée générale de même que le projet de budget de l’exercice nouveau.

TITRE VII : Règlement d’ordre intérieur

Art.23 : Le règlement d’ordre intérieur est celui défini par la « Société Royale Les Chinels de Fosses-la-Ville », auquel il est fait référence.

Des modifications à ce règlement pourront être apportées par une assemblée générale statuant à la majorité simple des membres présents ou représentés.

TITRE VIII : Modifications des statuts, dissolution, liquidation

Art.24 : La modification des statuts a lieu conformément aux prescriptions de la loi, la convocation doit être envoyée au moins un mois avant la date de l’assemblée. La modification de ces présents statuts requiert l’accord des trois quarts des membres.

Art.25 : La dissolution volontaire de l’association ne pourra être prononcée que par l’assemblée générale, conformément aux prescriptions de la loi, elle désigne le ou les liquidateurs, en détermine les pouvoirs et indiquera l’affectation à donner à l’actif net de l’avoir social de l’association.

TITRE IX : Dispositions transitoires

Art.26 : Tous les avoirs de l’association de Fait « Société Royale Les Chinels de Fosses-la-Ville » sont transmis intégralement à l’a.s.b.l. et ce, en date de l’approbation des présents statuts.

Art.27 : Tout ce qui n’est pas réglé par les présents statuts est soumis aux dispositions de la loi du 27 juin 1921 sur les a.s.b.l. et par les autres dispositions légales applicables en la matière.

A l’instant, l’association étant constituée, les soussignés se sont réunis en première assemblée générale avec les membres présents et ont nommé en qualité d’administrateurs les membres nommément identifiés ci-dessus, lesquels ont déclaré accepter leurs fonctions.

Le Conseil d’Administration étant constitué, l’assemblée générale a décidé à l’unanimité de nommer :

– LECLERCQ Philippe en qualité de Président, qui accepte.

– WIAME Philippe en qualité de Secrétaire, qui accepte.

– DREZE Etienne en qualité de Trésorier, qui accepte.

– PREUD’HOMME Lucien en qualité de premier Vice-Président, qui accepte.

– MICHEL Patrick en qualité de deuxième Vice-Président, qui accepte.

– MASSART Guy en qualité de Chef de Musique, qui accepte.

Fait à Fosses-la Ville, le 27 juin 2003.

Laetare et bon vent à l’hiver

(DH, 15/03/2010)

FOSSES-LA-VILLE

Le Chinel, le roi du Carnaval de Fosses-la-Ville

FOLKLORE C’est la fête et l’hiver est presque parti ! ”, clame sous un ciel gris Marie-Thérèse, épouse d’un ancien Chinel. Hier, le grand cortège traditionnel du Laetare a déambulé, vers 14 h 30, dans les rues de Fosses-la-Ville.

Le temps maussade et instable s’est fait vite oublier par la venue des groupes multicolores et notamment par les trois danseuses brésiliennes, du groupe Batuqueria, qui ont ouvert le cortège sur un air de carnaval brésilien pour réchauffer le cœur des spectateurs.

Suivi du groupe Disco Moignelée, les Anges, le club Colorado city, les clowns en folie, Clara Bistouille et Abel Zébuth (les sorcières), les échasseurs Rouge et Vert et les très attendus Chinels. Ceux-ci sont toujours prêts à sabrer les mollets de la gente féminine, comme hommage à leur beauté, à l’aide de leur yatagan (petit sabre de bois).

Une mère de famille, avec son petit Chinel Noé dans les bras, est fière de voir défiler son mari et ses deux autres fils. “Je le suis d’autant plus car ils dansent en portant les costumes que j’ai cousus. Il faut 100 heures de travail par costume, qui équivaut à trois semaines d’ouvrage ”, indique Bérangère, Fossoise depuis toujours.

Le costume est un mélange de satin coloré et de velours foncé, principalement noir. Chaque Chinel porte un pantalon à grelots et une veste à col mousseux ornée de deux bosses.

L’histoire se refuse à donner une origine certaine aux Chinels, une légende se transmet de génération en génération à Fosses-la-Ville : celle des deux bossus…

Au temps où l’on croyait encore aux fées, vivait à Fosses-la-Ville un gentil petit bossu. En passant dans une forêt, des sorcières, voulant le récompenser pour sa serviabilité, l’ont débarrassé de sa difformité. Quand, le lendemain, le méchant bossu de la région apprit la chose, il s’est rendu dans la forêt. Mal lui en prit… Il est revenu affublé d’une seconde bosse, une devant et une derrière. Carnaval étant proche, les Fossois ont voulu se moquer de lui. Ainsi serait né le Chinel ”, raconte malicieusement Jérémy, employé du syndicat d’initiative.

Aurélie Penasse

2.1.1   Lès Doudous

(VA, 19/03/2012)

2.1.2   Lès Chinèls

li bossu (le bossu)

(One èspôsicion à Fosse, VA, 10/03/2015) 

2.2   Les Echasseurs – Lès Skassîs

Skassîs (Echasseurs) - anéyes 1960 ? (années 1960 ?)

drapia dès Skassîs (drapeau des échasseurs)

2.3   Lès Rodelindjes

Rodeler : causer su l’ compte d’ on-ôte: on-z-a sûremint bran.mint  rodelé su m’ compte (parler sur le dos de quelqu’un d’autre)

Rodelindje : djin qui cause su l’ compte dès-ôtes (personne qui parle sur le dos d’autrui)

drapia dès Rodelindjes (drapeau des "Rot'lindjes")

lès Rodelindjes

2.4   Autres groupes – Ôtes groupes

Les Clowns en Folie

“Clâra bistouye èt Abèl Zébut’ ” (Clara Bistouille et Abel Zébut)

3   Musique – Musike

3.0   Louis Canivet

Louis Canivez (/ Canivet), compôseû (compositeur)

Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956

La chorégraphie et la musique ne changèrent qu’à l’arrivée à Fosse d’un hennuyer, Louis Canivet, qui y avait été appelé pour diriger la société locale d’harmonie. Musicien de talent, Canivet prit à coeur la vitalité des cou­tumes fossoises et principalement du groupe des « Chinels », et c’est ainsi qu’il dota ces derniers d’un air de danse, lequel plut au point qu’il devint l’ « air national » de Fosse. Dès 1869, les rigaudons furent abandonnés définitivement car ils ne comportaient aucune unité rythmique. Orchestrées définiti­vement, les danses prirent des formes nouvelles et en furent plus élégantes, plus vivantes ; tout comme les menuets, les lanciers, les rédovas si chers à nos aïeules, elles comportèrent des « figures ».

La partition de Canivet fut écrite en quatre parties dont l’une comprendrait — nous a-t-on dit — quelques motifs d’un menuet ancien : la Sabotière (9), une autre est dite « à surprise » car en plein entrain, les instruments s’arrêtent subitement ce qui oblige les danseurs à, tout-à-coup, rester figés dans la position que leur a indiquée la dernière mesure, ou encore à vivement former un cercle et à croiser leurs sabres en les faisant s’entrechoquer (v. la grav. X). C’est là une des difficultés que réserve cet air à nos sé­millants faiseurs d’entrechats auxquels, doit-on l’écrire, il faut autant de bonne oreille que de sveltesse (*). Les notes, d’emblée, entraînent les Chinels dans une sarabande endiablée, elles mènent leurs dextres à dessiner de gauche ou de droite des circonvolutions gracieuses et leur enchaînement entraîne vers un impressionnant spectacle où la grâce se mêle à l’allégresse et à la vigueur. Puis viennent des passages sensibles qui cependant ne laissent pas de place à la rêverie car la couleur musicale, soulignée parfois par les sonorités massives des tambours, fait succéder des développements presque tumultueux que suivent, allègrement aussitôt, des étincelles de notes claires et cristallines, le tout, constamment, accompagné du cliquetis de milliers et de milliers des petits « clokins » (grelots) de cuivre (**). Canivet, on peut le dire, a mis le meilleur de son talent à écrire les quatre parties de l’air devenu, de suite, si cher aux cœurs de Fosse et qui émerveille ceux qui aiment à se laisser prendre aux sé­ductions musicales. Sans doute, sourirait-il de fierté, le vieux maître, s’il pouvait entendre sa composition s’envoler au-dessus des toits de la villette lorsque, par ses clochettes de bronze, le carillon de la collégiale fossoise annonce la marche de ses aiguilles (10).

(9)  — Ce passage imite d’ailleurs le bruit que l’on produit en sautillant avec des sabots.

(*) —L’on s’en fera facilement une idée à l’audition d’un CD.

(*) — L’extrémité des « dents de loup » qui enjolivent le costume du Chinel se terminant en pointe, cette pointe est garnie d’un grelot. L’on compte une moyenne de 45 grelots par costume. A remarquer : le bas des vestes et des pantalons ainsi que les collerettes aux grav. I, X et XIV.

(10) — Rappelons en passant, qu’en 1934, l’arrangement du tambour-musical de ce carillon a été réglé de maîtresse façon par l’abbé Molitor, l’éminent musico­graphe de l’abbaye de Floreffe aidé, dans ce patient travail, par Jules Dewez qui est devenu le carillonneur attitré de la ville. — L. Canivet resta « chef » jusqu’en 1880, mais il revint quelquefois à Fosse et put jouir, ainsi, du triomphal succès que l’on réservait à son œuvre ; né à Binche en 1837 il mourut à Ittre au cours de l’année 1911. Son œuvre comprend plus de 800 morceaux ; il s’éteignit en composant.

A l’origine, tambours et fifres rythmaient les mouvements des Doudous et Chinels primitifs.

En 1869, Louis Canivez, alors directeur de la philharmonique fossoise composa la musique de l”Air des Chinels”.

La partition se compose de quatre figures : essai, ballet, rigaudon et carnaval.

Un de ces morceaux est dit “à surprise” en raison de l’attitude figée que prennent les danseurs lors de certains passages. Plus loin, ils s’assemblent en de petits cercles, faisant claquer leurs sabres les uns contre les autres. Un autre comprendrait quelques mesures d’une ancienne composition musicale – “la Sabotière”. Serait-ce à cause de cette dénomination qu’ils frappent vigoureusement le sol (ou le plancher d’une estrade) de leurs chaussures ou de leurs… sabots?

Maurice Chapelle, Li folklôre à Fosse, s.d.

Aviè 1869, Louwis Canivet, li Dirècteûr dè l’ filârmonike fosswèse, a scrît li musike dè l’ novèle danse qu’ a remplacé li prumî pas dès Doudous, fwârt pèsant, dès rigodons djouwés pa dès sifes èt dès tambours.

Li musike da Canivet comprind quate figures: “essai”, “balèt”, “rigodon” èt “cârnavâl” 

On passadje, li “sabotiére” sindje li brût faît en zoublant avou dès chabots; on-ôte èst dit ” à sorprîje” ca,  tot d’ on côp, li musike lauke èt lès danseûs,  s’ is sont bons – èt is l’ sont todi  – duvenut d’meurer su leû-z-arèt, come il èstin.n dins leû dêrin mouvemint.

Au son di ç’ lèdjêre èt spitante musike-là qu’ a divenu l’ « hime nacionâl » dès Fosswès, lès Chinèls dansenut, toûnenut, zoubèlenut, s’ ècomèlenut en- entrechats èwou-ce qui l’ lèdjêreté èt l’ biaté s’ marîyenut avou lès-asbleuwichantès coleûrs di leûs moussemints.

FOSSES – Hommage au compositeur de l’air des Chinels,  VA 10/05/2007

Fosses rendra ce dimanche 13 mai un hommage coloré au compositeur de la marche des Chinels, Louis Canivet. Ce sera une première à Fosses. Un oubli à réparer au plus vite.

Ce dimanche, la réception en l’hôtel de ville, avec les autorités, les Chinels et les pierrots musiciens, sera rehaussée par la présence de quelques descendants de Louis Canivet. Parmi eux, un couple d’agriculteurs de Wépion et d’autres. Il y aurait des Canivet partout. Au terme de la cérémonie, les Chinels danseront sur la place du Marché avant de faire le tour de Fosses, sans toutefois s’imposer sur les grands axes. Ils clôtureront cette sortie exceptionnelle à 16h30, juste avant le début du concert du jubilé de la philharmonique.

Omadje à Louis Canivet (Hommage à Louis Canivet)

(VA, 10/03/2015)

3.1   Airs – Aîrs

3.2   Chansons – Tchansons

Lès Chinèls fosswès (François Gailly) (1887) (Les Chinels fossois)

Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956, p48

Entre les danses, nos ancêtres « chinels » se plaisant à la gaudriole, avaient quelques refrains qui les aidaient à… devoir se désaltérer. La chanson qui eut le plus de succès fut celle composée par François Gailly, un fossois, cabaretier et cordonnier tout à la fois ; elle a trait naturellement à la sortie du groupe et est encore « à la mode ».

I

Volà co lès Fosswès

Cor on côp en dèroute,

C’ èst dès droles di cadèts

On côp qui 1′ molon s’ boudje ;

Is n’ faîyenut pupont d’ bin,

On vèt qu’ ça lès kèkîye

Dispû tot-au matin

Po p’lu fé leû sôrtîye.

 

Rèfrin :

Alons, tos lès Chinels,

Fioz ranchî vos galziènes,

C’ èst 1′ djoû do Létâré :

I faut sawè sâbrer.

Eûchîz sogne, timps-in timps,

D’ lètchî on p’tit vèrkin :

Ça r’tchaufe lès-intestins

Po r’comincî 1′ lèdemwin.

 

II

L’ dîmègne après grand-mèsse

Li tambour bat l’ rapèl

Po qu’ on s’ tègne tortos près’ :

Qu’ i n’ manke nin on Chinèl !

Qu’ on waite di vôye Gossèt (a)

D’vant d’ comincî 1′ djoûrnéye,

Po qu’ i n’ dîye nin : va-r’-z-è

D’vant 1′ londi à l’ vièspréye.

 

III

Dins 1′ reuwe di Viètrîvau,

C’ èst là qu’ on s’ rèyunit,

Po danser 1′ prumî saut

D’vant 1′ majôr An’ Dèri.

Is passenut 1′ inspècsion

Zèls deûs l’ vîye Capitin.ne.

On djoûwe on rigodon

Qu’ is dansenut co zèls-min.mes.

 

IV

Arivé su 1′ Mârtchi,

On djoûwe l’ aîr dès Chinèls.

Jésus’ Maria Dèyi,

Quéne comèléye inte zèls :

Abanant lès bolaus,

Gripant djusqu’à d’ssus l’pompe

Èt sautelant d’ on plin saut

Dins 1′ reuwe dè l’ Pwate à l’ Vau.

 

V

Li Doudou èt 1′ vîye Crame,

Fi Jwârlète et Morèl vôront

co fé d’ leû crâne

Conte tos lès-ôtes Chinèls.

Is-auront fwat’ à fé :

Ci s’rè one deure djoûrnéye,

Dji crwè qu’ is-auront co

Conte zèls li Blanc-Wiyot.

 

VI

Èmon Neûje, i gn-a co

Vêlà one drole di soce.

Gn-a jusqu’à do Congo (b)

Vinus èsprès à Fosse.

On l’ aprind à danser

Dispû trwès quate samwin.nes

Mins quand c’ èst po sâbrer,

Ça, i 1’ faît bin d’ li-min.me.

 

VII

Li londi à 1’ vièspréye,

Po-z-achèver 1′ djoûrnéye,

On passe lès-ègzamins

Po 1′ grande  mèdaye d’ ârdjint.

L’ cia qu’ aurè 1′ prumî pris

Gangnerè onr bone djoûrnéye

Èt s’ passer li vinrdi

D’ aler fe s’ grande toûrnéye (c).

 

VIII

On bossu, on chalé (d)

Ça, c’ è-st-one fwârt bèle cope.

Is s’ ont bin rèscontrés,

I n’ leû manke pus qu’ one hote

Èt po vinde dès tchansons,

Z-è trouver deûs parèyes,

I fauréve aler lon

Co pu lon qu’ Nèvrumont.

 

IX

Lès mimbes dè l’ Comission

Ont rindu bin dès pwin.nes

Èt fé dès rèyunions

Tos lès djoûs dè l’ samwin.ne

Èt mi, dj’ a faît 1′ tchanson

En twârtchant li p’tite gote

D’vant deûs-ous dins 1′ pêlon,

Li lèdemwin d’ one ribote !

I

Voilà encore les Fossois

une fois de plus en déroute,

ce sont de joyeux drilles

lorsque l’idée leur en prend,

ils ne savent pas être patients,

on remarque que cela les démange

depuis tôt le matin

pour faire leur sortie.

 

Refrain :

Allons tous les Chinels,

faites trémousser vos jambes.

C’est le jour de la Laetare,

il faut avoir l’occasion de sabrer.

Ayez soin de temps à autre

de lécher (boire) un verre de péket,

cela réchauffe les intestins (cela leur donne du courage)

pour recom­mencer le lendemain.

 

II

Le dimanche (de ce jour) après la grand’messe,

le tam­bour bat le rappel,

afin que tous se tiennent prêts.

Qu’ils ne man­que aucun Chinel (et)

que l’on voie Gosset (personnification du « gossèt » — gousset —, c’est-à-dire : que l’on se munisse d’argent)

avant de commencer la journée (avant de se mettre en route)

afin qu’il (le gousset, le porte-monnaie vide) ne dise : retourne (chez toi, abandonne la fête)

avant le lundi soir (avant que les festivités ne prennent fin).

 

III

Dans la rue de Vitrival,

c’est là que l’on se réunit

pour faire le premier pas (de danse)

devant le major An’ Dèri (rev. le renv. 19 ; major fait probablement allusion au grade du nommé An’ Dèri lors des processions de Saint Feuillen).

Ils font l’inspec­tion

eux deux, le vieux capitaine et lui (capitaine : grade d’un cer­tain Florent Evrard).

L’on joue un rigaudon

qu’ils (les deux exa­minateurs) dansent eux-mêmes également.

 

IV

Arrivé sur le Marché,

l’on joue l’air des Chinels.

Jésus Maria Déi (interjection),

quelle mêlée entre eux  :

passant au-dessus des bornes-cochères,

grimpant même sur la pompe

et (de là) d’un seul élan (ils) s’élancent

dans la rue de la Porte Al Val.

 

V

Le Doudou et le vieux Crame,

Fi Jwârlète (Georlette) et Morel voudront

encore crâner

face à tous les autres Chinels,

(mais) ils auront à faire à forte partie,

ce (leur) sera une dure (fa­tigante) journée

(car) je crois qu’ils auront encore

comme adver­saire le blanc Wiot (rev. le renv. 17).

 

VI

Chez Neûje (Jos. Hanicq, déjà nommé)

il existe là aussi un groupe bizarre (parmi lequel)

il y en a un (un Chinel) venu du Congo

expressément à Fosse,

on lui apprend à danser

depuis trois (ou) quatre semaines

mais lorsqu’il s’agit de sabrer,

il le fait bien de lui-même.

 

VII

Le lundi quand tombe le soir,

pour terminer la journée,

l’on passe les examens (rev. le renv. 24)

pour la grande médaille d’argent (ô ironie !) ;

celui qui aura le premier prix

gagnera une bonne journée

et (pourra) se passer le vendredi

d’aller faire sa grande tournée (de mendicité).

 

VIII

Un bossu, un boiteux,

cela fait un fort beau couple ;

ils sont bien assortis,

il ne leur manque plus qu’une hotte…

et, afin de vendre des chansons,

pour en trouver deux semblables,

il faudrait aller (chercher loin),

bien plus loin que Névremont (ce (p.52) lieu-dit est section de Fosse

dont il est éloigné d’environ un kilo­mètre et demi) (22).

 

IX

Les membres du Comité

se sont donné bien du tracas

et fait des réunions

tous les jours de la semaine…

Et moi, j’ai composé ma chanson

en buvant la « petite goutte »

devant deux œufs dans la poêle,

le lendemain d’une ribotte (petite beuverie).

 

(*) — Le texte original de cette chanson, ainsi que celui de celle qui suit, ayant disparu, diverses copies en ont été éditées ; (…). Quelque peu averti des prosodies française et wallonne, le lecteur se rendra compte que le poète fossois n’égalait pas Wérotte ni autres « Moncrabeautiens » de son époque, mais l’on reconnaîtra qu’il fit tout son possible pour mettre en valeur cette tranche folklorique de « son » terroir. — Jin, Tâje, Tidârt, Rouche-Noûlârd, Gousse et plus loin, Doudou. Crame, Jwârlète, Morèl, Blanc-Wiyèt, Neûje : sobriquets ou noms de concitoyens contemporains de Fr. Gailly. — (Pour la lecture, il faut prononcer toutes les syllabes ; mais la plupart des « e » sont muets.)

(a)  V. à la traduction ci-après.

(b)  Du Congo  : allusion à un nommé Van Cutsem, qui avait effectivement été au Congo.

(c)  Le vendredi était un jour spécialement choisi par les mendiants.

(d)  Bossu  : il s’agissait de Jules Milcamp, lequel était quelque peu bossu et, de plus, avait une poitrine anormalement forte. Quant au « Chalé » (le boiteux), c’était Désiré Puissant, dit aussi « Blanc-Pajan » qui, malgré une claudication pro­noncée, dansait quand même.

Je dois les renseignements repris sous (b) et (c) à François Dupont, ancien Chinel, né en 1876 auquel vont à nouveau mes plus vifs remerciements et notre ad­miration pour sa mémoire extraordinaire, maintes fois par ailleurs, confirmée par de vieux textes.

Li Létaré Fosswès (François Gailly)

 

Non content d’avoir lancé une chanson pour ses camarades, Gailly, ultérieurement, en composa une autre.

Air : A pleins verres, mes bons amis…

I

C’ è-st-odjoûrdu li pus bia djoû d’ l’ anéye ,

Tos lès Fosswès sèront co dins l’ trayin ,

Is passeront co deûs-trwès bèlès djoûrnéyes

Mins po 1′ maurdi, branmint auront 1′ balzin !

 

Rèfrin :

À plins vêres, bèvans tortos,

Bèvans tortos,

C’ èst l’ Létâré, tchantans tortos èchone

À plins vêres, bèvans tortos,

Bèvans tortos,

Po l’ saut, Chinèl, faut bwâre on vêre di trop.

 

II

Come tos lès-ans, li tambour bat l’ rapèl

Po s’ rassimbler divant mon Ane Dèrî,

Li comission avou tos lès Chinèls

Comincenut d’djà à fé danser lès p’tits.

III

C’ è-st-on plaîji d’ lès vôy tortos èchone,

Gn-aurè d’ qwè rîre quand on vièrè l’grand Yin :

I faît dès sauts, i vos abane on-ome

C’ èst bin d’ asârd s’ i n’ faît nin 1′ picotin.

 

IV

Dissus 1′ Mârtchi, c’ è-st-one vraîye comèléye ,

On pôrè bin prinde dès grandes précaucions.

Principâlemint po lès djon.nès coméres ,

Ça pôrévebin ni rin amwinrner d’bon.

 

V

Montant 1′ Tchapite, on va fé l’ toû dè l’ pompe (*)

On faît one halte, on danse on rigodon.

Vos lès vièroz ; i gn-ènn’ a deûs dins l’ nombe :

Tâje èt l’ Tîdârt, qu’ vont sauteler au pus lon.

 

VI

Pwîs, à l’ Goyète, ci s’rè one ôte histwêre :

C’ è-st-on-assaut qu’ on n’ a nin co vèyu,

Li Rouche Noûlârd vôrè fé tant d’ afaîres

Mins dj’ crwè qui 1′ Gousse l’ aurè rade rascoudu.

 

VII

L’londi matin, po r’comincî 1′ djoûrnéye,

On s’ ramonceléye, on laume saquants vèrkins

Po s’mète en route avou 1′ tièsse èstchauféye,

Lès claunes vont fé assoti 1′ grand Kaîsin.

 

VIII

Dissus l’ Mârtchi, li londi à l’ vièspréye,

Po-z-achèver, on passe lès-ègzâmins

C’ èst d’dià seûlemint qu’ après deûs deures djoûrnéyes

Qu’ gn-aurè qu’ îront trouver li fârmacyin.

 

IX

Po l’ prûmi pris, ci s’rè one grande surprîje,

Li cia qu’ l’ aurè pout dîre qu’ il èst chapè.

I srè saîsi, s’ i n’ tchaît nin dins one crîje

I srè todi fameûsemint stomaké.

 

X

Li Blanc-Pajan avou s’ djambe tote chaléye

A ieû 1′ maleûr di piède li p’tit bossu

Mins avou Deu, li cope n’ èst nin gâtéye

Ç’ a co bin stî d’ asârd di r’tchaîr* dissus.

C’est aujourd’hui le plus beau jour de l’année ;

tous les fossois seront encore en mouvement.

Ils passeront encore deux (ou) trois belles journées,

mais pour le mardi, beaucoup auront la tremblotte!

 

Refrain :

A pleins verres, buvons tous,

buvons tous.

C’est la Laetare, chantons tous ensemble,

A pleins verres, buvons tous, buvons tous,

pour le saut (la danse…) du Chinel, il convient de boire un verre en trop…

 

II 

Comme tous les ans, le tambour bat le rappel.

Pour s’assembler devant chez Anne Deri,

le comité, avec tous les Chinels

commencent déjà à faire danser les petits (les cadets).

 

III

C’est un plaisir de les voir rassemblés,

il y aura de quoi rire quand l’on verra le grand Yen (Julien) ;

il fait des sauts (tels) qu’il passe au-dessus d’un homme ;

c’est bien le hasard, s’il ne fait pas une chute.

 

IV

Sur le Marché, c’est une véritable mêlée,

on pourra bien prendre de grandes précautions ;

principalement pour les jeunes filles,

cela pourrait n’amener rien de bon.

 

Montant le Chapitre, on va faire le tour de la pompe (*).

L’on fait une pause, l’on danse un rigaudon.

Vous les  (y) verrez ; il en est deux dans le nombre,

Tâje et le Tidart, qui vont sauter au plus loin.

 

VI 

Puis, à la Goyète (23), ce sera autre chose :

c’est un assaut inoui  (non encore vu),

le Rouche-Noulard voudra  faire tant de choses (se faire remarquer), 

cependant je crois  que le Cousse le remettra vite à sa place.

 

VII

Le lundi matin, pour recommencer la journée,

l’on se rassemble, l’on boit quelques grands verres (de goutte, de péket) ;

pour se mettre en train avec la tête un peu échauffée,

les gais lu­rons vont importuner (littér. : faire devenir fou) le grand Kaisin.

 

VIII 

Sur le Marché, le lundi à la tombée du jour,

pour terminer, l’on passe les examens (24).

C’est de là seulement, qu’a­près deux dures (fatigantes) journées,

qu’il y en aura qui iront demander un remède chez le pharmacien.

 

IX

Comme premier prix (de l’examen), ce sera une grande surprise ;

celui qui l’obtiendra pourra s’estimer heureux ;

il sera étonné, s’il ne tombe pas en pâmoison,

il sera fameusement ahuri.

 

X

Le Blanc Pajan avec sa jambe toute claudiquante,

a eu le malheur de perdre (son ami) le petit bossu.

Mais avec De (Jos. Ruidant) le couple n’est pas détérioré ;

ce fut encore un heureux hasard (pour le Blanc) de l’avoir rencontré.

 

 

(*) II est de coutume qu’au cours de l’après-midi du lundi, les Chinels vont danser sur le Chapitre autour de la pompe monumentale qui s’y trouve ; la maison du doyen se trouvant en face de cette pompe, celui-ci vient regarder les ébats de ses concitoyens et prend plaisir à leur offrir quelques rafraîchissements. Ajoutons qu’aux temps passés, nulle manifestation religieuse ou autre ne se produisait sans que l’on ne fît le tour de cette pompe (v. la grav. XIII).

(23) Goyète : mot wallon qui désigne un endroit où, à l’air libre, l’on peut puiser de l’eau. La Goyète se situait au bas de la rue du Postil et a donné son nom à la petite place qui s’y trouve (v. à ce sujet Aug. Lurquin, Glossaire de Fosse-lez-Namur, 1910, p. 41). Par antinomie, on emploie « pûjâr » pour un de ces endroits couverts, par exemple dans une cave.

(24) Cet examen, l’on s’en doute, était une plaisanterie ; il consistait à danser devant les camarades réunis et celui qui paraissait le moins fatigué recevait une soi-disant médaille, en l’occurrence une rondelle de cuir, d’où l’expression : in.mer one mèdaye di cû, être récompensé par une chose de peu de valeur. Cet examen est à présent délaissé.

À tos lès chinèls! (A tous les chinels)

 Oyi ! subtils Chinèls, fioz ranchî vos galziènes,

Dansoz todi su l’ aîr da Louis Canivet,

Ni lèyoz nin ‘nn’ aler lès rubrikes anciènes !…

C’ èst vosse plaîji… dîroz ! mins c’ èst l’ cink d’ quî vos vèt !

Quand r’vêrè l’ Létâré èt qu’ on r’mètrè sès bosses,

Qu’on s’rè one miète chifetés après saquants vèrkins,

Qui lès niêrs èfeuwés, on fôrméyerè lès soces,

Tchantoz, riyoz tortos, sins sondjî aus lèdemwins.

Gaiys, arsouyes, spitants, ç’ djoû-là, èchone, fioz 1′ losse :

Pintoz, zoubloz, sâbroz, profitez dès djoûrnéyes

Woù-ce qui l’ chinèl èst rwè dins nosse bia p’tit trau d’ Fosse.

 

Oyi ! à vos, djon.nias qui cominçoz à pwin.ne

Di roter come u faut mins d’ quî linwe, wôt èt clér,

Vout dèdjà ramadjî, sins mwin.nadjî s’-t-alin.ne,.

Lès coplèts d’ nos tchansons, qui leû-z-aîr, todi chér,

Fuche rivé dins vos keûrs ostant qu’ on li r’mârkéye

Dins lès cinks dès pus vîyes qui, rintrant dins l’ trayin,

Radjon.nichenut d’ vint’ ans ou d’ vosse mame ocupéye

À keûde vos colorètes tot è mûsant on r’frin.

 

Oyi ! à vos surtout, lès pus ancyins dè l’ vile,

Au cink qu’ a lès tch’viasblancs ou… quausu pus du tout,

Au cink qui, min.me malade, ni sét d’mèrer trankile,

Au cink qu’ a l’ pîd stwârtchî mins qui s’ « abîyî » vout,

Au cink qui d’meûre au lon èt qui r’vint au payis…

Tantia aus vètèrans, qu’ ont, èco, l’ endurance

Di danser do dîmègne jusqu’à, bin taurd, londi,

Nos tirans noss’ tchapia… Â ! qué bèle èfeuwance,

Quén-amoûr vos mostroz, mès vîs fréres walons,

Po ç’ qu’ èst vraimint fosswès !… Bravô ! po vosse vayance…

Qu’ on vos compte co longtimps au mitan d’ nos soçons !

Oui, alertes chinels, faites remuer vos jambes,

Dansez toujours sur l’air de Louis Canivet,

Ne laissez pas se perdre les coutumes anciennes.

C’est votre plaisir… dites-vous, mais c’est aussi celui de qui vous voit !

Lorsque viendra le Laetare et que l’on remettra ses bosses,     

Que l’on sera un peu « ému » après quelques verres de genièvre,

Qu’avec les nerfs enfiévrés l’on formera les groupes,

Chantez, riez tous, sans songer aux lendemains.

Comme vos aïeux et vos pères ont fait en leur temps,

Gais, espiègles, avec verve, ce jour-là, ensemble, faites le gamin malicieux

Buvez, sautez, sabrez, profitez des journées 

Pendant lesquelles le Chinel est roi dans notre beau petit trou de Fosse.

 

Oui, à vous, les petits, qui commencez à peine

A marcher comme il se doit mais de qui la langue, à voix haute et claire

Veut déjà babiller, sans ménager son haleine,                    

Les couplets de nos chansons, que leur air, toujours cher.

Soit rivé en vos cœurs autant qu’on le remarque

Dans ceux des plus vieux qui, rentrant dans la mêlée (des Chinels)

Rajeunissent de vingt ans ou (dans celui) de votre mère occupée

A coudre vos collerettes tout en en musant un refrain.

 

Oui ! à vous surtout, les plus anciens de la ville,

A celui qui a les cheveux blancs ou qui n’en a presque plus,

A celui qui, même malade, ne peut se tenir en place,

A celui qui a le pied foulé mais qui veut s’habiller (en Chinel),

A celui qui demeure au loin et qui revient dans le terroir,

Bref, aux vétérans qui ont encore l’endurance

De danser du dimanche jusqu’à bien tard le lundi,

Nous tirons notre chapeau… Ah ! quelle belle flamme,

Quel amour vous montrez, mes vieux frères wallons,

Pour tout ce qui est vraiment fossois ! Bravo pour votre vaillance…

Que l’on vous compte encore longtemps parmi nos amis !

Li tchanson dès Rodelindjes (La chanson des "Rodelindjes") (1880) (Paroles : Joseph Burton/Djôsèf Burton) (Arrangement/arindjemint : A. Legrain) : "Aprotchîz lès mwaîjès lin.wes !"

1î coplèt

Â, mès soçons, combin d’ miséres !

Poqwè* faut-i vos 1′ dîre ?

C’ è-st-à cause di totes lès coméres,

Dissus l’ têre çu qu’ gn-a d’ pîre !

Èles volenut todi awè drwèt,

È leû maujone, au cabarèt.

Èles frin.n mète leûs cotes

Po pwârter l’ culote !

 

Rèspleû

Waî one miète, su l’ tchèrète,

Comint-ce qu’ on l’s-arindje

Totes lès rodelindjes !

Alans lès-omes, amwinrnez lès ! (BIS)

Ça îrè mia après !  (BIS)

 

2e coplèt

Èles vont byin maudi nosse toupèt

co d’ pus nosse machine

Què lzeû va rabate leû cakèt

Vola ç’ què lès chagrine !

Mins bah ! Qu’ èles dîyenuche  : “Qué maleûr

Rûjant, lûjant, c’ èst nosse boneûr !

Pôve ome à l’ ovradje,

Purdans do coradje !

 

3e coplèt 

Nos-opèrans, ni r’crindant nin 1′ critike,

È publik, è musike;

Gn-a pont d’ dandjî, si po 1′ comére

N’s-èstans sérieûs compéres;

Nos rindans sèrvice è sûreté,

Nos fians tot ça pa pure bonté !

Gn-a nu crik nu crak,

On s’ ode di leûs blagues !

 

4e coplèt

Enfin ! Pwisqu’ i faut-z-è fini,

Pèrmètoz nos d’ vos l dîre,

Qu’ i n vos faut nin prinde on mwaîs pli

Qu’ i n vos faut nin d’ trop rîre;

Avou 1′ baston faut lès triketer

Tos lès côps qu’ èles l’ ont mèrité !

Sins ça, c’ èst bèrnike, Vos sèroz l’ bourike !

 

 

one rodelindje: = one mwaîje linwe

rodeler: = causer su l’ dos dès-ôtes

triketer: doner dè l’ trike

 

* (vêrsion coridjîye pa Roger Viroux: duvint: qui d’mande lès causes (è l’ place di ‘poqwè’: qui d’mande li but’)

Lès tchansons dès tch'vaus-godins (les chansons des chevaux-jupons)

Lès tch’vaus-godins

Roger Goffaux

Coplèt I

V’là lès tch’vaus-godins,

Gn-a bran.mint dès plins   !

N’ fioz nin atincion, Ca adon, is rûweront   !

Rèspleû  1

Û! Auw ! Waîtîz aus tch’vaus !

I gn-a dins l’ binde qui sont sauvadjes

Û! Auw ! Waîtîz aus tch’vaus !

Lès tch’vaus-godins

Ont sovint pus swè qu’ fwin !

Coplèt   II

Li famile Ernoux

È-st-ossi dins l’ côp !

Avou leûs trwès tch’vaus

Is vont prinde Fosses d’ assaut !

Rèspleû II

Hû ! Hauw ! …

Lès trwès mwins’ doûs,

C’ èst lès tch’vaus d’ mon Ernoux !

Coplèt III

Onk  qu’ ènn a on diâle,

C’ èst bin nosse vîy Châle   :

S’ i sint li scorîye,

I n’ arète qu’ à l’ Folîye !

 

Rèspleû III

Û! Auw !…

L’ cia da Marique,

Ci n’ èst nin one vîye bike !

Coplèt IV

Voci co l’ Samson

Dissus s’ “canasson” :

C’ è-st-on djon.ne polin

Qui n’ pout mau d’ ièsse dêrin !

 

Rèspleû IV

Û! Auw ! …

L’ cia da Alfonse

Ni waîte nin où-ce qu’ i fonce !

Coplèt V Onk qu’ a on bia tch’vau,

C’ èst Roger Goffaux,

Mins po n’ nin qu’ rècule I lî faut one virgule !

Rèspleû V Û! Auw !… L’ cia qu’ a l’ pus swè, C’est l’ cia da Tîmelèt ! (/Thimelet/)

Coplèt VI Lès deûs fréres Midjot  (/Migeot/) Ont dès byin bias tch’vaus ! Ç’’n’ èst nin dès bourikes, Ca ça vint d’ mon Dèrik !     Rèspleû VI Û! Auw !… Dès tch’vaus d’ cwamejî, ça tint todi su pîd !   Coplèt VII Voci li p’tit Ton Dissus s’ “canasson” ! Po bwâre on vèrkin, I faît come si pârin !

Rèspleû VII Û! Auw !… Nosse binjamin, C’ è-st-onk qui promèt bin !

Coplèt VIII Lucyin l’ ôrlodjî Va co ièsse tinkyî : I faurè quékefîye Qu’ on l’ rèmwin.ne aus Bièdjerîyes

Rèspleû VIII Û! Auw !… On grimaçyin, C’ èst li tch’vau da Luçyin !

Coplèt IX Li cia da Camile Si lome “Pétronile”, C’ è-st-on bia pur sang, Qu’ èst co assez r’muwant !

Rèspleû IX Û! Auw !… Onk qu’ èst fwârt fèl, C’ èst bin l’ cia da Michèl !

Coplèt XI Maîs nos tch’vaus riv’nus, Volà qu’ is pitenut; Ça n’ va nin tot drwèt, Quand nos pur-sangs ont swè !

Rèspleû XI Û! Auw ! Oyi, mès djins, Divant one eûre, Dji vos l’asseûre,    Hû ! Hauw ! Oyi, mès djins, Lès tch’vaus godins S’ront tortos au pus plin !

Li djoû do Létâré à Fosse (1893)

(Tchivaus-godins)

Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956

 

RIFRIN

Iû! Au!,

Waîtî aus  tch’vaus,

Is d’vègnenut vîys,

Gn-a pus d’ one qui bwèstîye

Iû! Au!,

Waîtî aus  tch’vaus,

Cléme achète lès stropyîs

po r’vinde à Cabouye.

 

1î Coplèt

Li cia da Colârt,

C’ è-st-ton vîy trotârd.

Vos n’ vièroz nin

Parèy à l’ fwêre dimwin.

On bon vîy roncin,

Paujêre dins lès djins.

S’ i vind si tch’vau lond,

I frè bibide maurdi.     (Refrain.)

 

2

Li cia do blanc Pajan,

On roncin alemand.

Qu’ a stî tot câssé,   ,

Èt qu’ èst d’mèré chalé.

Maîs quand c’ èst po sauteler,

Gn-a co pont à l’ pèter.

Il a co, po l’ momint,

One cavale à polin.       (Refrain).

 

3

Nan.nan a vindu s’-t-Holandès,

Po-z-‘acheter on-Ârdinwès.

Vive lès tch’vaus d’ payis,

C’èst Damanèt qu’ l’ a dit.

Il è va r’prinde on nwâr,

Èt aler bate s’ i vous bwâre.

À Cabouye, i l’ mwin.nerè,

Po fé dès vitoulèts.     (Refrain).

 

4

Nos-avans pa-d’vant,

Deûs polins d’ deûs-ans.

Cès-là, di-st-i, l’ blanc,

C’ èst dès clémes pur-sang.

Deûs roncins parèys,

Gn-a one pouliche come zèls.

D’ on p’tit crwèsemint,

D’ one cavale d’ au Hôt-Vint.    (Refrain).

 

5.

Zîré vous monter à tch’vaus,

C’ è-st-one cavale qu’ i lî faut.

I n’ vout nin on roncin,

C’ èst riskant dins lès djins.

C’ ènn’ èst cor on drole,

Et si s’ cavale tchivol,

Li blanc qui sût padrî,

L’ aurè vite rapauji.      (Refrain).

                     

                                                                                                                                                                             foto / photo: modèle di tch’vau-godin à Folknam, 2014

 

4.   Littérature – Scrîjadjes

Rèsconte (Véronique Henrard)

Ça s’ a passé au Létâré;

Dji n’ aveûve jamaîs vèyu ça :

Dès Chinèls, tot endimanchés,

Avou dès plumes à leû tchapia !

 

Il èstin.n autoû do kiyosse

Avou leû sâbe èt leûs chîlètes

Po danser come one binde di losses,

Tot sâbrant lès vîyès tchawètes !

 

Il èsteûve rodje come on cokia

Èt por mi, c’ èsteûve li pus bia !

I m’ a r’waîtî, i m’ a sâbré,

Pwîs i m’ a apicî pau brès !

 

On-z-a dansé, on-z-a tchanté,

Brèf, on-z-a fièsté 1′ Létâré.

On vîy Chinèl, qui vèyeûve clér,

Passe pa-d’vant nos avou 1′ notaîre :

“Riwaîtîz bin lès deûs soçons !,

Di-st-i Vervotte, d’ one aîr ârsouye,

“L’ anéye qui vint, is s’ mârîyeront,

Ou bin, dj’ a dè 1′ djote dins mès-ouys   !”

 

Ça s’ a passé come i l’ a dit   :

On-an après, on s’a marié   !

Èt odjoûrdu, au Létâré,

Quand on vèt rèche tos lès Fosswès,

Dji n’ mwin.ne pus on Chinèl, mins trwès   !

 

losse = arèdjî ; dislachî one chilète = on  gârlot ; li  tchawète = li bèrdèlaude rèche = aler à l’ uch

A tos les Chinèls (Joseph Noël, Les Chinels de Fosse, 1956)

 

Oyi ! subtils Chinèls, fioz ranchî vos galziènes, (= jambes)

Dansoz todi su l’ aîr da Louis Canivet,

Ni lèyoz nin ‘nn’ aler lès rubrikes anciènes !…

C’ èst vosse plaîji… dîroz ! mins c’ èst l’ cink qui vos vèt !

Quand l’ Létâré r’vêrè èt qu’ on r’mètrè sès bosses

Qu’ on s’rè one miète chifetés après saquants vèrkins,

Qui lès niêrs èfeuwés, on fôrméyerè lès soces

Tchantoz, riyoz tortos, sins sondjî aus lèd’mwins.

Gaîys, ârsouyes, spitants, ç’ djoû-là, èchone, fioz 1′ losse :

Pintoz, zoubloz, sabroz, profitez dès djoûrnéyes

Woù-ce qui l’ chinèl èst rwè dins nosse bia p’tit trau d’ Fosse.

 

Oyi ! à vos, djon.nias qui comincenut à pwin.ne

Di roter come u faut mins qui l’ linwe, wôt èt clér,

Vout dèdjà ramadjî, sins mwin.nadjî s’-t-alin.ne,

Lès coplèts d’ nos tchansons, qui leû-z-aîr, todi chérs,

Fuche rivé dins vos keûrs ostant qu’ on li r’mârkéye

Dins lès cinks dès pus vîyes qui, rintrant dins l’ trayin

Radjon.nichenut d’ vint’ ans, ou, d’ vosse mame ocupéye

À keûde vos colorètes tot è mûsant on r’frin.

 

Oyi ! à vos surtout, lès pus ancyins dè l’ vile,

Au cink qu’ a lès blancs tch’vias ou… quausu pus du tout,

Au cink qui min.me malade ni sét d’mèrer trankile,

Au cink qu’ a l’ pîd stwârtchî mins qui s’ « abîyî » vout,

Au cink qui d’meûre au long èt qui r’vint au payis…

Tantia aus vètèrans, qu’ ont, èco, l’ endurance

Di danser do dîmègne jusqu’à, bin taurd, londi,

Nos tirans nosse tchapia… Ah ! qué bèle èfeuwance,

Quén’ amoûr vos mostroz, mès vîs fréres walons,

Po ç’ qu’ èst vraîmint Fosswès !… Bravô ! po vosse vayance…

Qu’ on vos compte co longtimp au mitan d’ nos soçons !

A tous les Chinels

 

Oui, alertes chinels, faites remuer vos jambes,

Dansez toujours sur l’air de Louis Canivet,

Ne laissez pas se perdre les coutumes anciennes.

C’est votre plaisir… dites-vous, mais c’est aussi celui de qui vous voit!

Lorsque viendra le Laetare et que l’on remettra ses bosses,  

Que l’on sera un peu « ému » après quelques verres de genièvre,

Qu’avec les nerfs enfiévrés l’on formera les groupes,

Chantez, riez tous, sans songer aux lendemains.

Comme vos aïeux et vos pères ont fait en leur temps,

Gais, espiègles, avec verve, ce jour-là, ensemble, faites le gamin

Buvez, sautez, sabrez, profitez des journées                   

Pendant lesquelles le Chinel est roi dans notre beau petit trou de Fosse.

 

Oui, à vous, les petits, qui commencez à peine

A marcher comme il se doit mais de qui la langue, à voix haute et claire

Veut déjà babiller , sans ménager son haleine,                    

Les couplets de nos chansons, que leur air, toujours cher,

Soit rivé en vos cœurs autant qu’on le remarque

Dans ceux des plus vieux qui, rentrant dans la mêlée (des Chinels)

Rajeunissent de vingt ans ou (dans celui) de votre mère occupée

A coudre vos collerettes tout en en musant un refrain.

 

Oui ! à vous surtout, les plus anciens de la ville,

A celui qui a les cheveux blancs ou qui n’en a presque plus,

A celui qui, même malade, ne peut se tenir en place,

A celui qui a le pied foulé mais qui veut s’habiller (en Chinel),

A celui qui demeure au loin et qui revient dans le terroir,

Bref, aux vétérans qui ont encore l’endurance

De danser du dimanche jusqu’à bien tard le lundi,

Nous tirons notre chapeau… Ah ! quelle belle flamme,

Quel amour vous montrez, mes vieux frères wallons,

Pour tout ce qui est vraiment fossois ! Bravo pour votre vaillance…

Que l’on vous compte encore longtemps parmi nos amis !

5.   Varia

Li léjende dès deûs bossus (la légende des deux bossus)

(in: Légendes de Belgique, s.d.)

Li Toû dès Chinèls (Le Tour des Chinels)

Le circuit des Chinels. (Plan)

1 Quitter l’entrée du lac et emprunter sur 400 m la rue de la Plage. S’engager à gauche dans le sentier pour arriver à l’ancien Moulin de la Bocame.

2 Prendre à droite et remonter la rue Neuve. Continuer à gauche vers le hameau de Haut-Vent. S’engager vers la gauche et descendre la rue pentue des Forges. Rejoindre le pont du chemin de fer. Devant celui-ci, tourner à droite et rejoindre la gare puis la route Charleroi-Namur (traversée dangereuse).

3 Se diriger tout droit vers le Château du Chêne et poursuivre la route bitumée. Rejoindre la vallée du ruisseau de Fosses. Puis prendre à gauche, longer la rivière un court moment jusqu’au Bossu Pont. Le traverser, prendre à droite. Remonter la ruelle du Grand Gau jusqu’à la route de Tamines (traversée dangereuse).

4 Rejoindre, en face, la ferme de Doumont et longer la propriété jusqu’au chemin de terre sur la droite. Emprunter celui-ci à travers champs jusqu’à la route Fosses-Franière au lieu dit le Benoît (ou Bonoi). Prendre à droite sur 200 m et s’engager alors sur la gauche dans la drève caractéristique appelée Chemin de St Feuillen. Parcourir la drève puis prendre à gauche et suivre à travers champs pour rejoindre la Ferme de la Folie que vous apercevez sur votre droite.

5 Point de jonction avec le circuit des Amis de Sart-St-Laurent. Contourner la ferme et redescendre vers Fosses (vaste panorama). Tourner à droite immédiatement après la première maison rencontrée sur la gauche (petite entreprise). Suivre le sentier étroit jusqu’à la rue Ste-Brigide. A cet endroit, remonter quelques mètres et s’engager vers la gauche sous la drève des marronniers conduisant au Home Dejaifve. Avant la Chapelle Ste-Brigide, tourner à gauche, longer le vieux mur et s’engager toujours à gauche sur une sente à travers bois. La suivre pour rejoindre la rue Ste- Brigide. Continuer à descendre et rejoindre la Place du Marché par la rue AI Val en laissant à votre droite le Square Chabot.

6 Au pied de l’Hôtel de ville, tourner à gauche, rejoindre la Collégiale St-Feuillen. Face au “Petit Chapître”, parcourir les nombreuses ruelles de Fosses: la ruelle du Château, puis celle des Brasseurs et ensuite l’impasse conduisant à la rue Victor Roisin Enfin, la ruelle d’une Personne et la ruelle des Remparts pour aboutir aux “Quatre Bras”.

7 Traverser aux feux, emprunter le sentier entre la banque et la pompe à essences. Rejoindre la rue du Moulin, longer un court instant le ruisseau de Fosses (le Moulin du Joncquoy) et remonter à gauche la rue des Bergeries.

8 Emprunter, en face, la rue de la Petite Couture et prendre à droite la rue du Herdal. Tourner à droite dans la rue du Tisserand (Reuwe do Tècheu). Parcourir celle-ci et prendre à gauche la rue du Château d’Eau. Au Château d’Eau, prendre à droite la rue de Stierlinsart. Passer devant les bureaux de l’IDEF (maisons solaires) puis rejoindre le lac en tournant à gauche.

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